mercredi 16 janvier 2008

La France en danger d’islam

La France en danger d’islam, livre de René Marchand (2003).

Ancien élève de l’école des langues orientales, est un bon connaisseur de la civilisation arabo-islamique : parlant l’arabe, ayant travaillé en qualité de journaliste dans des pays musulmans, il a de l’islam une approche déférente : « J’ai le devoir de le combattre s’il m’agresse, je ne l’abaisserai jamais » (p. 22). Son analyse saura éviter deux écueils : le mépris mais aussi le sentiment de supériorité. « L’islam est une personne, la civilisation française en est une autre » (p. 15). Il combat l’ethnocentrisme, cette fâcheuse tendance à regarder les autres cultures avec nos lunettes d’occidentaux. Il invite à prendre l’islam comme un système en soi dans sa cohérence alors qu’habituellement nous lui prêtons nos conceptions, nos aspirations, notre vision de l’Homme et de Dieu. Cette vision ethnocentrique est en partie à l’origine de notre aveuglement. Aux naïfs qui affirment que la menace islamiste est derrière nous, que les islamistes ne mènent que des combats désordonnés et sporadiques, René Marchand répond que « les islamistes nous font la guerre à leur manière et non selon le principe de nos écoles militaires » (p. 31)

-1. Une menace bien réelle.
René Marchand affirme que le danger d’une islamisation rapide de notre pays doit être considéré avec sérieux et réalisme : la France, de par sa position géographique, est aux frontières de l’islam comme une marche et constitue donc la première nation européenne devant être islamisée : « elle sera musulmane au 21ème siècle » prophétisent les islamistes.
Leur certitude repose :
1) Sur une renaissance puissante de l’islam en tant que force politique et économique : « le royaume saoudien, premier pays exportateur de pétrole brut au monde est aussi le premier pays exportateur d’islam fondamentaliste… le premier pays exportateur de terroristes » (p. 52). Renaissance qui fut pour les musulmans de France une surprise totale ; ils ont alors commencé à regarder l’islam avec un œil nouveau.
2) Sur les prévisions démographiques concernant les communautés musulmanes de France et du Maghreb : « les démographes escomptent 20, 30 voire 50 millions de musulmans en France dans 50 ou 60 ans » (p.36).
3) Sur la décadence de la France : « pour la plupart des musulmans (…) les Français ont abandonné leur pouvoir dans « les quartiers difficiles » à des truands maghrébins qui trafiquent de la drogue (…) ils ne punissent pas les voleurs (…) sont incapables de faire respecter la justice ou simplement l’ordre, la sécurité des personnes et des biens. Ils sont faibles » (p. 37). Face à cette France que René marchand qualifie « d’avachie », qui constitue « un butin offert aux prédateurs », le parti islamiste dispose d’un plan. Celui-ci a été exposé à l’auteur par un islamiste clandestin rencontré à la terrasse d’un café de Montparnasse durant l’hiver 94. Révéler sa stratégie à l’ennemi, n’y a-t-il pas là de quoi nous étonner ? Pas vraiment pour Marchand : Hitler avait bien exposé lui aussi son objectif dans Mein Kampf dès 1923 puis dans des discours publics sans que jamais les dirigeants français se soient émus de ses propos. Même cécité aujourd’hui de la part des démocraties.

En quoi consiste ce plan ?

- Eviter tout ce qui pourrait provoquer une réaction vive des dirigeants français, anesthésier les élites : les attentats seront en nombre limité et groupés sur une certaine période, cela de façon à maintenir chez l’ennemi l’illusion que le mouvement ne peut agir que de façon sporadique.
- Favoriser l’installation en France du plus grand nombre possible de musulmans d’où qu’ils viennent et obtenir pour eux la nationalité française, favoriser l’enseignement religieux, l’enseignement de l’arabe, le voile des femmes, la construction de mosquées, bref, habituer le Français « au fait musulman » ; quant à l’encadrement, il doit être serré mais indétectable.
- Ensuite massifier les millions d’individus vivant en France en organisant leur rassemblement identitaire autour de l’islam : cette phase sera déclenchée après l’installation d’une république islamiste en Algérie.
- Enfin, le JIHAD : les islamistes n’envisagent pas une guerre de ligne mettant face à face les combattants : « un statut juridique dérogatoire devra être obtenu des Français travaillés de longue date par les communautaristes (…) Nous (Français) serons invités au nom de la tolérance, des droits de l’homme (…) à prendre acte juridiquement du fait accompli : la constitution à l’intérieur du territoire français d’une communauté musulmane ayant sa loi propre » (p. 44). Ainsi apparaîtront les premières tâches de la peau de panthère et « avec les même méthodes et les mêmes complicités, ces tâches s’agrandiront jusqu’à recouvrir la totalité du territoire de la France » (p. 49).
2. Méconnaissance de l’islam. Nous ne savons presque rien de l’islam alors qu’ « eux » savent tout de nous. Nous demeurons les coloniaux que nous avons été, nous jugeons l’islam comme une civilisation en retard par rapport à la nôtre. Influencés par Auguste Comte et sa loi des trois états, nous croyons que l’islam est demeuré à l’âge théologique, qu’il n’a pas encore opéré la révolution de la laïcité, bref nous voyons en lui une religion ni meilleure, ni pire qu’une autre appelée à disparaître comme les autres avec le progrès de l’instruction. Même les dirigeants nationalistes arabes, dignes élèves des Lumières et de nos écoles ont eux aussi sous estimé l’adversaire en croyant que la solution résidait dans le progrès économique, social, culturel… L’échec des laïcistes du monde arabe est dû au fait qu’ils n’ont pas osé se déclarer ouvertement non musulmans par peur de se couper des masses, par peur aussi d’être exécuté par n’importe quel croyant : pas d’apostasie en terre d’islam ! N’est-ce pas ? Il n’y a donc pas de dépassement du religieux dans le philosophique en terre d’islam ; ne plaquons pas non plus la théorie hégélienne sur la culture islamique. La méconnaissance de l’islam est à l’origine de l’islam rêvé de la pensée unique, qui constitue en grande partie un produit de la mauvaise conscience consécutive à la colonisation. Pourtant, le phénomène n’est pas totalement nouveau : il remonte au 18ème siècle au cours duquel les philosophes s’intéressent à l’islam pour en faire une arme contre l’Eglise et le contre exemple parfait de l’Infâme. Pour illustrer cet islam fréquentable, revisité, on ressort habituellement 2 grandes figures : Omar Khayyan et Averroes. Ce qui constitue une véritable escroquerie intellectuelle : le poète persan qui a su chanter la sensualité et les vertus du vin tout comme le philosophe commentateur d’Aristote réclamant l’autonomie de la raison sont en réalité deux marginaux bien peu représentatifs de l’islam traditionnel ! Contrairement à ce que répète la pensée unique, « l’islamisme n’est pas un épiphénomène, quelque chose comme une excroissance maladive limitée dans l’espace et épisodique qui pourra être rapidement éradiquée » (p. 25). Ce que nous nommons islamiste est ni plus ni moins que la résurgence à l’époque contemporaine de la forme de l’islam qui a prévalu au long de l’Histoire et qui n’a cédé ça et là que sous la pression de la colonisation : « L’islamisme est dans le droit fil de l’islam » (p. 68). La pensée unique qui dépeint les islamistes agissant en France comme un ramassis d’individus égarés est totalement fausse. Déjà, au moment de ce qu’il est convenu d’appeler la guerre d’Algérie, le discours conformiste était le suivant : « Les Fellaghas sont très peu nombreux, ils n’ont pas le soutien de la population musulmane qui reste dans sa majorité modérée et pro-française » et le FLN était décrit comme « un essaim d’agités sans cervelle » (p. 30). Ne cédons pas aujourd’hui à une nouvelle intoxication, n’écoutons pas ceux qui répètent que l’islamisme algérien est vaincu implore R. Marchand. L’islamisme ne peut être vaincu ni par des opérations policières ponctuelles, ni par l’argent. Le fondamentalisme musulman n’est pas traitable par l’économisme : les richesses qui ont jailli au 20ème siècle en Arabie Saoudite ne l’ont pas fait reculer…
3. Triste bilan de la politique française. Sur le plan politique, René Marchand dresse le triste bilan de ces trente dernières années. Il déplore, en gaulliste qu’il se flatte d’être, qu’après le départ du Général de Gaulle « la politique des partis » ait repris la place qu’elle occupait sous la 4ème République. Il dénonce ainsi l’irresponsabilité des dirigeants : Pompidou qui fait venir une main-d’œuvre à bas prix pour « tenir » les salaires ouvriers, Giscard qui se fait l’artisan du rapprochement familial en 1975… encore pouvaient-ils se donner l’excuse d’être poussés par de prétendues raisons économiques ! En revanche avec Mitterrand les priorités sont électorales : le droit d’asile est accordé à tout demandeur. De nombreux clandestins monogames ou non sont régularisés avec leur famille. Les quotas d’immigration avec l’Algérie sont supprimés de fait en 1981 : désormais les Algériens peuvent entrer librement en France et bénéficier d’un permis de séjour de 10 ans renouvelable automatiquement. Tous ces immigrés vont constituer une réserve d’électeurs et avec la création de SOS Racisme, le but des socialistes que croit déceler l’auteur est de fabriquer des racistes pour se maintenir au pouvoir. Évoquer l’immigration devient désormais tabou, et la classe politique n’a plus qu’un objectif : maintenir l’opinion dans sa léthargie. De fait, la France est devenu une société multiethnique et multiculturelle. Elle est déjà balkanisée : c’est le stade préalable à la juxtaposition de communautés ayant leur propre droit, et des destins séparés. Déjà depuis plusieurs années des maires cèdent, ils gèrent les problèmes de délinquance avec des associations religieuses ; « après avoir supprimé les tribunaux catholiques, nous tolérons les juges islamiques… sans même nous préoccuper de savoir qui les a nommés » (p. 243). René Marchand insiste aussi sur le fait que dans « la France en danger d’islam » les plus menacés sont les musulmans qui nous ont fait confiance. Des Français de vocation, même s’ils sont peu nombreux, ont cru que la France leur offrait un statut républicain sans équivoque : ils risquent de se retrouver prisonniers du statut communautaire. A-t-on pensé à l’avenir de la jeune maghrébine qui risque de se retrouver mariée sans son consentement, enfermée, voilée, interdite de profession puis répudiée sans aucun droit sur ses enfants ? Or la pression communautaire a pris ses aises dans la société française ; ainsi dans nos cités plus aucun musulman d’origine ne peut donner un prénom français à son enfant : « il n’y aura plus de Marcel Mouloudji ni d’Isabelle Adjani… Dommage ! on vous aimait bien » (p. 248)…
Polemia.

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