mercredi 25 décembre 2013

"Rapport sur la désintégration"

L'historien François Kersaudy revient sur l'histoire de la France et de son immigration pour mettre en pièces le rapport commandé par Ayrault sur l'intégration.

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- Influence marquée de sociologues d'extrême gauche sur la rédaction du texte, apparaissant dans l'imitation récurrente des engouements passagers de la société américaine. Deux exemples : l'allusion méprisante à la panthéonisation des "grands hommes mâles, blancs et hétérosexuels", qui est un simple plagiat de la dénonciation par les gauchistes, noirs et gays américains, de l'influence culturelle des "Dead White Straight European males" ; l'autoflagellation, pratique masochiste initiée par les présidents Ford et Carter après le traumatisme de la défaite du Vietnam, qui est également reproduite ici jusqu'à la caricature. Dans une chronique intitulée "American Graffiti", j'estimais qu'il fallait entre quinze et trente ans après leur abandon aux États-Unis pour que les fadaises américaines soient imitées par des intellectuels français en mal d'inspiration. Le test que nous avons réalisé s'avère positif : la détestation des grands hommes mâles blancs hétérosexuels a été abandonnée outre-Atlantique il y a 25 ans[1], et l'autoflagellation il y a 33 ans, lorsque le président Reagan a rendu à ses concitoyens la fierté d'être américains. La fixation sur l'esclavage, l'invocation obsessionnelle du "genre", l'agitation fébrile autour des gays, bi et trans, la promotion du hip-hop, le discours victimaire de minorités prétendument persécutées procèdent tous de cette même servilité dans l'imitation décérébrée de l'Amérique, qui surprend toujours chez des intellectuels vomissant par ailleurs les "impérialistes américains".
- La référence incessante à l'Algérie, à la guerre d'Algérie et aux descendants d'immigrés algériens semble indiquer que les associatifs ayant participé à la rédaction du rapport étaient majoritairement algériens, avec de lourdes rancunes inassouvies contre la France. Les références occasionnelles aux Tunisiens, Marocains, Turcs, Roms, Africains subsahariens et Antillais paraissent surtout avoir été ajoutées pour faire nombre, à défaut de "faire genre".
- Les violentes attaques contre l'enseignement, la police, les institutions, les lois, les politiques, la langue et même le drapeau français dénotent chez tous les auteurs, marxistes et associatifs confondus, une volonté de "déconstruire la France", pour faciliter sa conversion en un carrefour d'immigration entièrement dénationalisé et essentiellement arabisé, avec toujours plus de droits et toujours moins de devoirs pour les immigrés réguliers ou clandestins. La "naturalisation sur simple déclaration", le délit de "harcèlement racial" et la "cour des comptes de l'égalité", tout comme la suppression de l'interdiction du voile à l'école, apparaissent comme autant de moyens d'obliger le pays d'accueil à s'adapter aux immigrés plutôt que l'inverse. Tout cela est conforme aux obsessions communautaristes d'une certaine gauche orpheline du Grand Soir, mais ne serait toléré dans aucun autre pays au monde.

La tentation totalitaire

- Le traitement de la question de l'enseignement peut frapper par son incohérence et sa dangerosité. Bourrer le crâne des enfants dès la maternelle avec la colonisation, l'esclavage, la repentance et l'antiracisme agressif traduit une volonté d'emprise totalitaire sur la jeunesse, du type de celle exercée dans les quelques pays communistes encore existants et dans les madrassas intégristes du Pakistan ou de la Somalie. L'exigence de l'enseignement généralisé de l'arabe et d'"une langue africaine" pour ne pas couper l'enfant de ses racines est à la fois raciste et dérisoire : raciste parce qu'elle suppose que les parents maghrébins et africains ne sont même pas capables d'enseigner aux enfants leur langue maternelle, et dérisoire à la fois parce qu'il y a 1 530 langues africaines (principales), parce qu'on voit mal pourquoi des jeunes d'origine berbère devraient apprendre l'arabe plutôt que le kabyle, le chleuh, le chaoui ou le rifain, et surtout parce que tout ce qui peut faire obstacle à l'apprentissage de la langue française - déjà fortement mis à mal - est un facteur additionnel de désintégration sociale. On nous objectera sans doute que c'est précisément le but recherché par ceux que le Bourguignon-Camerounais Gaston Kelman qualifiait d'"apprentis-sorciers-intello-gaucho-paternalo-racistes".
- Les erreurs du rapport sont trop nombreuses pour que l'on s'y attarde. Prétendre que la France a toujours été une terre d'immigration dénote une certaine méconnaissance - volontaire ou non - de l'histoire de France, tout comme le fait de continuer à traiter d'esclavagiste une France qui a pris l'initiative d'abolir l'esclavage. Les lacunes du rapport sont tout aussi frappantes : rien sur l'immigration clandestine, pas un mot sur la traite des enfants qui subsiste dans de nombreux pays africains, motus sur l'intégration réussie des immigrants de l'ex-Indochine à une société prétendument raciste, impasse totale sur le dévouement de professeurs rarement payé en retour par des parents vindicatifs et des enfants en manque d'éducation parentale, pas question de la surreprésentation des Maghrébins et Africains subsahariens dans les prisons, aucune explication sur les raisons pour lesquelles les populations arabes récemment libérées de leurs dictateurs se précipitent vers une France raciste... Quant aux litanies sur la "dimension arabo-orientale de la France" dont le développement est tant souhaité, elles font naturellement l'impasse sur l'excision, la polygamie, la soumission de la femme, la lapidation, l'amputation des voleurs et autres joyeuses coutumes de l'islam intégriste, ainsi que sur les haines mortelles entre chiites et sunnites. Mais dans ce domaine, il nous faut transmettre le dossier à d'autres experts.
Notre conclusion provisoire est que ce rapport sur l'intégration semble être le fruit du travail d'une commission fortement endogamique, composée de personnalités marxistes, islamo-intégristes et immigrationnistes, qui se sont renforcées mutuellement pour raviver un schéma communautariste rejeté par la grande majorité de l'opinion - toutes origines et religions confondues. La question de savoir à quels motifs pouvait obéir Jean-Marc Ayrault en commandant un tel rapport et en le publiant dépasse le cadre de notre expertise comme de notre entendement.

Analyse musulmane

Il nous faut commencer par l'histoire : les travailleurs maghrébins de la première génération étaient venus en France avec une religion "apaisée", sans ostentation ni prosélytisme. Ils avaient certes une conception passéiste des relations entre les sexes, mais la République pouvait compter sur le temps, l'école, le renouvellement des générations et la force des institutions pour faire évoluer les mentalités. Seulement, le fort courant d'immigration qu'a connu la France à partir des années 70 a charrié plusieurs organisations islamistes radicales, bien souvent expulsées de leurs pays d'origine par mesure de sécurité[2]. D'abord le Tabligh, un mouvement fondé en Inde au début des années 20, qui prône le retour aux pratiques rigoristes de l'Islam du VIe siècle, et donc une rupture avec la société occidentale "impie". À la fin des années 80, il s'est trouvé concurrencé par le salafisme, de l'arabe salaf (ancêtre), qui milite également pour un islam fondamentaliste calqué sur la vie du Prophète et pour une rupture complète avec la société française ; il est divisé en deux courants rivaux : les djihadistes, partisans de la lutte armée à outrance contre les kuffar - les mécréants - , et les piétistes, qui se veulent apolitiques et opposés à toute violence. Il y a ensuite les Frères musulmans, disciples de l'Égyptien Hassan el-Bannah, qui misent sur une islamisation progressive du pays au moyen d'une implantation dans l'espace public de leur vitrine française, l'UOIF - Union des organisations islamiques de France. Mais cette France devenue Dar-al-daàwa - terre de prédication - est également travaillée par la Fraternité algérienne française, par la Fédération nationale des musulmans de France d'obédience marocaine, par les extrémistes pakistanais du Jama'at-i-islami et du Lashkar-e-Taiba, par les "Fous de Dieu" du Hezbollah chiite pro-iranien, par la cellule française du GICM (Groupe islamiste combattant marocain), par le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien), par le Parti des musulmans de France pro-syrien, par les Wahhabites du Qatar et par les Kaplanci, ces fanatiques turcs expulsés d'Allemagne - pour ne mentionner que les plus actifs.
En France, tous ces extrémistes ont rencontré les enfants du regroupement familial - Beurs, Noirs et Turcs massivement égarés dans nos banlieues. C'est ainsi qu'ils ont pu entraîner des gamins désoeuvrés, mais aussi des adultes désemparés et des intellectuels fragilisés, vers les associations et les mosquées qui prêchent la haine de la société occidentale, de la laïcité et surtout des juifs, car l'antisémitisme virulent reste leur fonds de commerce. À partir d'une relecture orientée du Coran, on a pu aisément déboucher sur un islam radical, avec des actions violentes et des revendications de plus en plus sectaires et communautaristes...

Le fruit de l'ignorance

Il est vrai que ces fanatiques ont bénéficié de la passivité des autorités françaises - basée elle-même sur la démagogie, l'électoralisme, la faiblesse et l'ignorance. Les trois premiers facteurs sont connus, mais l'ignorance l'est moins : c'est d'abord l'incapacité à faire la différence entre les islamophobes, qui sont de dangereux imbéciles, et les islamistophobes, qui sont l'espoir du pays et comprennent la plupart des musulmans de France. L'ignorance, c'est aussi celle du droit musulman, selon lequel tout fidèle qui se trouve en terre de mécréance (Dar el-Harb, terre de guerre) a le devoir d'émigrer vers la terre d'Islam (Dar el-Islam), sauf raisons de maladie ou de contrainte. Les intégristes installés à demeure en France pour profiter de ses lois laxistes ou défier la République violent donc déjà plusieurs versets du Coran. En outre, le droit musulman dispose que les fidèles ayant à vivre dans des pays de mécréance où ils sont minoritaires sont dispensés de respecter les obligations religieuses, afin d'éviter de subir des réactions de rejet du pays d'accueil. Cela inclut le port du voile (qui n'est même pas une obligation islamique), la non-mixité des sexes, l'excision, la polygamie, les prières trop ostentatoires, et bien entendu l'exigence de viande halal dans les écoles ou les prisons. C'est d'ailleurs en vertu des préceptes coraniques précités que le Cheikh Tantaoui, recteur de la grande mosquée du Caire, avait déclaré en 2003 : "Le musulman est tenu de se plier aux lois du territoire où il vit, ou bien de le quitter." Voilà tous les éléments que le rapport remis à Jean-Marc Ayrault aurait dû rappeler, afin de faciliter considérablement l'intégration à la société française de musulmans qui n'auraient à renoncer ni à leur foi ni à leur identité. Quant aux fondamentalistes qui veulent changer la France par le harcèlement ou la violence, ils devraient subir le sort que leur ont réservé tous les pays arabes ayant des États responsables : l'expulsion. Faute de quoi la France sera libanisée ou somalisée, et les islamistes fanatiques de douze obédiences pourront commencer à s'étriper sur un Hexagone en grande partie déserté par ses "Blancs à face de craie". Si le gouvernement socialiste est incapable de voir tout cela, c'est que son horizon est bouché par la perspective infiniment plus dangereuse d'une défaite aux élections municipales. Allah commence par aveugler ceux qu'il veut perdre...

Colombey-Les-Deux-Mosquées

Le dernier mot reviendra à un grand homme mâle, blanc, européen et hétérosexuel nommé Charles de Gaulle : "C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns : ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité ; sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne !" Dont acte... 

[1] En partie après la redécouverte du fait que les icônes de l'histoire américaine George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln étaient tous de sexe masculin, grands (1,91 m, 1,89 m et 1,93 m respectivement), blancs et désespérément hétérosexuels.
[2] À juste titre, puisqu'en Égypte, les Frères musulmans ont assassiné le président Sadate, et qu'en Algérie, le Front islamique du Salut a provoqué les boucheries que l'on sait.

lundi 16 décembre 2013

Quand la une du Monde en dit long sur la confusion idéologique "des élites" dans l'analyse du racisme et de l'islam

Le titre du journal dit tout : "Racisme : une France tolérante mais crispée sur l'islam". Une France tolérante : tout va bien alors ! Crispée sur l'islam : tout va mal ! Ainsi dans la très riche rubrique de l'antiracisme, l'islam est venu s'ajouter aux Arabes, aux Juifs, aux Noirs, aux Jaunes… Une nouvelle race en quelque sorte que la République (telle que l'entend Le Monde) se doit de protéger contre les racistes.
L'article en question a nécessité beaucoup de travail. Nombre d'experts et de spécialistes ont été interrogés. Presque autant que ceux qui ont planché sur le grotesque et célèbre rapport qu' Ayrault a dû mettre à la poubelle sur la colérique injonction d'Hollande.De ce travail de fourmi, il ressort que la crainte (ou la détestation) qu'inspire l'islam aux Français "crispés" doit être apparentée au racisme. Un racisme de substitution qui aurait pour nom l'islamophobie.
L'article contient une évidence d'importance : "l'islam de France n'est pas l'islam afghan" ! Oui, il fallait que cela soit dit, faute de quoi la très fragile architecture du texte se serait aussitôt effondrée. Bien-sûr que l'islam de France n'est pas l'islam afghan. Tel n'est certainement pas l'aspiration de la plupart des musulmans français. Et, surtout, ni nos lois ni la majorité, déjà "crispée", de la population française ne permettraient que Paris ne ressemble à Kaboul.
Mais les musulmans de France ont quelque chose en commun avec leurs coreligionnaires afghans, pakistanais, saoudiens, syriens, somaliens, maliens et autres : ils prient le même Dieu, vénèrent le même prophète et considèrent comme saint le même livre. Ça ne crée pas nécessairement une connivence ni même une proximité. Mais cela devrait créer, au moins, quelques devoirs. Et là rien. Pas un cri. Pas un mot.
N'entendent-ils pas les plaintes de ceux qu'on ampute ? Les hurlements des femmes qu'on lapide ? Les gémissements de ceux qu'on égorge ? Les cris des filles qu'on fouette ? Évidemment qu'ils ne sont pas comme ça. Evidemment qu'ils n'en sont ni responsables ni coupables. Mais on aimerait que de temps en temps la hiérarchie religieuse de l'islam français fasse part du dégoût que lui inspirent ces pratiques commises au nom du même dieu, du même prophète et du même livre.Dès lors, Le Monde pourrait, à coup sûr, faire un titre sur les Français "décrispés" face à l'islam.
Imaginons que le catholicisme soit religion d'Etat dans un quelconque pays et que le fait de dire que Jésus était un pauvre illuminé entraîne là-bas la peine capitale pour blasphème. Aussitôt tous les évêques de France protesteraient contre cette infamie. Ces pays existent : l'Afghanistan, le Pakistan, l'Arabie Saoudite. A première vue ils ne sont pas catholiques… Imaginons encore que des intégristes catholiques, genre Saint-Nicolas du Chardonnet, s'emparent de quelques jeunes filles court-vêtues, et donc impudiques, et les fouettent en public.
Ils seraient aussitôt excommuniés, vomis, rejetés par toutes les églises de France et de Navarre. Le fouet pour les pécheresses tentatrices est en usage dans de nombreux pays : aucun d'entre eux n'est catholique… Imaginons enfin qu'un groupe de croisés fanatiques fasse irruption dans un hôtel de Nairobi en criant "le Christ est grand !" pour éventrer des femmes musulmanes et émasculer des petits garçons de la même confession. Toute la chrétienté prendrait alors le deuil face à cette horreur. Ces événements ont eu lieu récemment et le groupe monstrueux n'était pas catholique…
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