mardi 30 novembre 2010

Algérie : le chemin de croix des nouveaux chrétiens

Les procès contre les non-musulmans se multiplient. Le prosélytisme de l'église protestante ne fait qu'accroître les tensions, dans un pays où l'islam est religion d'État.
Le harcèlement pour « délit de culte » continue en Algérie. Dimanche, le tribunal correctionnel de Larvâa Nat Iraten (120 km à l'est d'Alger) a jugé quatre chrétiens pour « pratique d'un culte sans autorisation ».

Leur faute ? Avoir ouvert une église à Ath Atelli, un village de montagne où quelques musulmans ont « rencontré le Christ » avant de se convertir. Par solidarité, des centaines de citoyens ont manifesté devant le palais de justice. Le procureur a requis un an de prison. Jugement le 12 décembre.

En octobre, une dizaine de personnes, dont deux chrétiens, ont été inculpées « d'atteinte aux préceptes de l'islam » pour avoir brisé le jeûne rituel du ramadan. Soutenus par des militants des droits de l'homme, ils ont été relaxés. Moins médiatisé, un jeune chômeur d'Oum El Bouaghi, dans les Aurès, a été condamné, pour le même motif, à deux ans de prison ferme.

Cette « christianophobie » a commencé, en 2006, par l'adoption d'une « loi réglementant les cultes non musulmans », qui place les chrétiens sous haute surveillance. Dès le printemps 2008, les procès se sont multipliés.

Celui de Habiba Kouider, une puéricultrice de 37 ans, arrêtée en possession de bibles, soulève une tempête internationale. À Alger, des intellectuels et des artistes lancent une pétition pour le « droit de chacun de pratiquer le culte de son choix ou de ne pas pratiquer ». Elle recueillera plus de 2 500 signatures.

Si les catholiques prônent le dialogue islamo-chrétien et hésitent à convertir des musulmans, l'EPA (Église protestante d'Algérie), plus « agressive », est en pleine expansion et compte plus de 11 000 fidèles. « Nous avons semé durant des décennies et c'est les autres qui récoltent ! », déplore un père blanc. Depuis 2007, l'EPA est présidée par Mustapha Krim, un pasteur du cru. Cette mutation vers une religion autochtone inquiète les autorités.

Si la Constitution reconnaît la liberté de conscience, elle proclame aussi que « l'islam est religion d'État », favorisant une application rampante de la charia. Tenu par ses engagements internationaux en faveur des libertés, le gouvernement peine à trouver un équilibre avec sa législation interne.

En Kabylie, où règne une relative laïcité, ces néo-convertis vivent ouvertement leur foi. Ailleurs, ils sont réduits à la clandestinité. À terme, cette situation inédite est une poudrière.

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