mardi 3 août 2010

Les « cailleras » sont de droite et même d'une droite très dure

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Car les cailleras, n'en doutons pas, sont de droite, et même d'une droite très dure, en comparaison de laquelle un Hortefeux, pour ne rien dire d'un Le Pen, font figure d'aimables sociaux-démocrates scandinaves.

Evoluant dans un univers centré sur le profit, la violence, les hiérarchies dominants-dominés et le sexisme, les cailleras n'ont qu'un projet : l'accumulation rapide et continue de biens de consommation coûteux qu'elles perçoivent comme les symboles de la réussite et du pouvoir (grosses cylindrées allemandes, bijoux en or, vêtements de marque…).

Leur vision des relations économiques n'est pas pour autant « libérale » -puisqu'elles préfèrent les monopoles à la concurrence entre bandes sur un territoire donné-, mais bien « ultra-conservatrice ». Plus proches du Comité des forges et des « robber barons » que de Wall Street ou de la Silicon Valley, elles n'inventent rien, n'innovent pas mais exploitent brutalement la faiblesse de toxicomanes en détresse et rackettent des artisans ou des petits commerçants que leurs revenus et leur mode de vie rapprochent davantage d'un prolétariat bon teint que des membres du Jockey Club.

Rejet du service public et patriarcat traditionnel

Hostiles à la notion de service public (elles tiennent la présence d'une autorité autre que la leur sur leur territoire pour illégitime) et à l'éducation (les bons élèves sont des bouffons, les études ne servent à rien), les cailleras croient à une société fondée sur le respect d'un chef aux prérogatives extrêmement étendues, allant jusqu'à la condamnation à mort et à l'exécution du contrevenant aux règles.

Dans leurs rapports avec les femmes, c'est l'expression d'un patriarcat traditionnel qui prévaut à l'intérieur du cercle familial, en parallèle de la réduction au rôle d'objet sexuel ou de trophée de celles qui ne sont ni des mères ni des sœurs.

De fait, rien n'est plus éloigné de leurs attentes qu'une révolution qui remettrait tout en question, l'idée même d'un changement leur étant insupportable au plan économique comme au plan sociétal.

Elles n'auraient que faire, ainsi, d'une démocratie apaisée où le cannabis serait en vente libre et les héroïnomanes approvisionnés et suivis par des structures sanitaires efficaces, pas plus qu'elles ne pourraient accepter la redéfinition du rôle de l'argent et de la puissance qu'il confère.

Dans ces quartiers, une société d'extrême droite authentique

Si elles ne sont pas les porte-parole, mais bien les tortionnaires du prolétariat immigré avec lequel elles cohabitent dans les banlieues, les cailleras ne sont pas non plus la cinquième colonne religieuse que certains voient en eux, à gauche comme à droite. A gauche dans le cadre d'un discours sur le fondamentalisme islamique comme réaction regrettable mais naturelle à l'oppression ; à droite comme la preuve éclatante d'une délinquance ethnique.

Leurs homologues encapuchonnés des « housing estates » britanniques sont pourtant plus souvent des Celtes « de souche » que des immigrés pakistanais et, aux Etats-Unis, l'islam est largement minoritaire chez les caïds des « housing projects ».

De fait, les « quartiers difficiles » sont autant d'illustrations de ce que serait une société d'extrême-droite authentique, autant de mini-laboratoires pour sociologues cyniques. Le problème, c'est qu'in vivo, il y a tout de même des victimes…

http://www.rue89.com/tribune-vaticinateur/2010/07/31/en-banlieue-les-delinquants-sont-de-droite-et-de-droite-dure-160541

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