lundi 21 juin 2010

Échauffourées entre communautés à Belleville

Des milliers de Chinois ont défilé dimanche dans le quartier de Belleville à Paris pour protester contre les violences dont ils se disent la cible, mais la manifestation s’est terminée par des échauffourées et des incidents qui ont nécessité l’intervention des forces de l’ordre.

Environ 8.500 personnes, selon la police, ont pris part à cette marche organisée par un collectif d’associations franco-chinoises entre la rue de Belleville et la place du Colonel-Fabien, dans un quartier métamorphosé ces dix dernière années par un nouvel afflux d’immigrés asiatiques.

Alors que la manifestation s’était en partie dispersée vers 16h30, des échauffourées ont éclaté une heure plus tard «entre une cinquantaine de jeunes internes à la manifestation et une dizaine de jeunes extérieurs au cortège», suite à quoi trois individus ont été interpellés, selon une source policière.

Selon des témoignages recueillis par l’AFP sur place, les incidents auraient été provoqués par le vol du sac d’une manifestante.

Intervenus une première fois, gendarmes mobiles et policiers ont essuyé des jets de projectiles, auxquels ils ont répondu par des gaz lacrymogènes.

Après le départ des forces de l’ordre, des petits groupes de manifestants ont pris à partie des automobilistes et des cyclistes et ont déplacé des voitures garées afin de bloquer la circulation, ce qui a entraîné une nouvelle intervention des gendarmes mobiles.

Peu après 22h00, le calme était revenu, a constaté un journaliste de l’AFP.

La manifestation de l’après-midi a été la plus grande de cette communauté jamais organisée en France, selon le collectif à son origine.

«Belleville, quartier tranquille», ont scandé les manifestants, alternant coups de sifflet et slogans en français et en chinois et portant tee-shirts et autocollants sur lesquels étaient inscrits les mots «Sécurité pour tous».

«Nous nous sommes décidés à descendre dans la rue après une agression lors d’un banquet de mariage à Belleville au début du mois», a dit à l’AFP Huong Tan, un porte-parole, inquiet que la situation ne dégénère «si les autorités ne réagissent pas». Car pour la première fois, explique-t-il, «quelqu’un de la communauté a répondu à la violence par la violence. Nous ne voulons pas que ça se reproduise».

Depuis plusieurs mois, selon le collectif, les agressions et les vols violents visant les Asiatiques se multiplient dans l’est parisien. «Les agresseurs sont souvent des groupes de jeunes qui habitent ici», affirme Huong Tan, qui réfute l’existence de problèmes de racisme.(LOL)

Plusieurs manifestants expliquent que les Asiatiques constituent des «proies» toutes désignées pour leurs agresseurs. «Lors des mariages, on n’offre pas de cadeaux matériels mais souvent de l’argent», insiste un commerçant qui affirme observer «plusieurs fois par jour» de petits larcins dans les magasins alentours.

Le maire du XXe arrondissement, Frédérique Calandra, a incité la communauté à mieux s’organiser, pour que «nous ayons des interlocuteurs», a-t-elle lancé.

Le collectif réclame «des actions concertées et coordonnées» entre le préfet de police et les maires, afin «de renforcer les dispositifs de sécurité et de prévention». «Si le problème persiste, nous serons encore plus nombreux», a prévenu Chan Sing Mo, son président.

A la manifestation s’était jointe la fille adoptive de Jacques et Bernadette Chirac, Anh Dao Traxel, d’origine vietnamienne.

(Source AFP)

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La manifestation: les raisons de la colère

Selon les organisateurs, il s’agit de la plus importante manifestation de cette communauté jamais organisée en France. Ils protestaient contre l’insécurité dont ils se disent victimes et perpétrés, selon eux, par des groupes de jeunes vivant à Belleville ou dans d’autres quartiers de l’est parisien. «Il y a tout le temps des vols de sac, dans la rue. Des viols, aussi», expliquait une commerçante chinoise. «On est attaqué parce que les Chinois ont souvent du liquide sur eux, on est des cibles faciles», ajoute un habitant. Même pas la moitié vont porter plainte. Surtout à cause de la langue: beaucoup parlent mal français et n’osent pas se rendre au commissariat.»

Florence habite le 19e arrondissement, contigu à Belleville: «Cela fait des années que ça dure, depuis 2002. J’ai assisté plusieurs fois à des agressions, à des insultes, principalement de maghrébins contre des personnes d’origine chinoise. Trois fois, en 2003, j’ai appelé la police qui a refusé d’intervenir. Ça fait longtemps qu’ils sont au courant mais qu’ils ne font rien. J’ai vraiment la sensation d’une inertie.»

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Les échauffourées

Les premiers incidents interviennent peu après le vol, vers 17 h 35, entre une cinquantaine de jeunes manifestants et de jeunes extérieurs au cortège, d’origine maghrébine et africaine. Jets de bouteilles, d’œufs, poubelles brûlées (...)

http://www.liberation.fr/societe/0101642660-que-s-est-il-passe-hier-a-belleville

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des milliers de Chinois et Franco-Chinois sont descendus dans la rue pour dire leur ras-le-bol face à l’insécurité. Ici, vols à l’arrachée et agressions font partie du quotidien. « Je ne me suis pas encore fait agressé, mais ma mère s’est fait voler son sac et son portable », raconte Lou pendant qu’il sert les clients derrière le bar. « Là juste en face, il y a eu un mort il n'y a même pas deux semaines », se souvient Chang, 21 ans, tout en montrant du doigt une banque de transfert d’argent. Il n’a pas pu se rendre à la manifestation de dimanche, mais ses parents et tous ses collègues y ont participé. Pour pointer du doigt un problème quasiment tabou.

« Tout le monde connaît les jeunes qui font ça, ils habitent le quartier, confie Chang. Ils volent, et après on les voit même faire des courses ou manger juste à côté. Mais on ne peut rien dire car on a un commerce et on ne veut pas avoir de problèmes. » A cette peur des représailles, partagée par beaucoup de commerçants du quartier, s’ajoute la vulnérabilité de la communauté chinoise. « Pour les mariages, on donne de l’argent liquide dans une enveloppe rouge, comme une dot, explique Lou. Et les voleurs le savent. » Autre problème : l’absence de papiers. Sans papiers, pas question d’aller porter plainte.

Tendus, les rapports avec la police. « Si on est chinois, arabe ou renoi ils font rien ! s’énerve Chang. Une fois j’ai attrapé un voleur, j’ai appelé la police, j’ai passé cinq heures au commissariat pour déposer plainte…. Et je suis ressorti en même temps que lui ! On attend des heures pour porter plainte et il y a jamais rien derrière. » Dimanche, des CRS et des manifestants se sont affrontés. La raison ? « Trois ou quatre jeunes ont essayé d’arracher un sac à une manifestante. La police n’a pas bougé, et ça a dégénéré », affirme Lou, qui était en tête du cortège. Gaz lacrymo, matraques, CRS à la charge. Chang ne cache pas sa colère à propos d'une chaîne de télévision qui « a montré des Chinois en train de taper un Arabe ». L'histoire a fait le tour du quartier. « Ils ont tapé un petit de 12 ans (qu'ils soupçonnaient d'avoir participé au vol d'un sac,ndlr) ! », s’indigne Cyril, vendeur dans une épicerie orientale.

Derrière l’insécurité, des « tensions communautaires inquiétantes », comme l’affirme France 3 dans un reportage ? « Oui, c’est communautaire », répond un kiosquier du quartier, qui comprend la manifestation des Chinois, mais estime que « c’est leur problème. ». Chang est d'un autre avis : « Les Chinois, c’est une cible de premier choix pour les voleurs. Mais ça peut être n’importe qui, des Arabes, des renois, les voleurs s’en fichent. » Hélène, croisée dans une épicerie de la rue du Faubourg-du-Temple, tient à s’exprimer sur la question. « Ceux qui font ça ce sont souvent des jeunes Arabes ou Noirs, reconnaît-elle. Mais le problème n’est pas là, et je peux vous le dire, je suis noire ! Je ne laisse pas mon fils traîner avec eux parce que je les connais, ce sont des voyous, c’est tout ! »

Une délinquance à laquelle tout le monde peut un jour avoir à faire, chinois ou pas. Salah, barman de 42 ans, raconte timidement s’être fait forcer il y a peu la porte de sa cave et détruire son mur. « Quand on est commerçant, on peut se faire agresser n’importe quand », philosophe Lamine derrière la caisse du bazar « Tout à 1€ ». La manifestation de dimanche ? Une bonne chose selon lui, même s’il n’a eu vent de son objet que deux jour plus tard. « Personne n’était au courant, regrette M. Mery, gérant d’un taxiphone. C’est dommage, car l’insécurité concerne tout le monde. Ils auraient dû concerter les commerçants, on se serait peut-être joints à eux. »

http://yahoo.bondyblog.fr/news/201006250019/belleville-ils-volent-et-apres-ils-viennent-manger-juste-a-cote-de-nous

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