lundi 29 décembre 2008

Entre frères...

Un garde-frontière égyptien et un jeune Palestinien ont été tués dimanche au cours d'accrochages entre le Hamas et les forces de sécurité égyptiennes, alors que des habitants de la bande de Gaza cherchaient à fuir les bombardements israéliens sur l'enclave.

Un autre policier égyptien a reçu une balle à la jambe, a-t-on indiqué dans les milieux de la sécurité égyptienne.

Les incidents ont eu lieu près du point de passage de Rafah, où la police égyptienne tirait des coups de semonce pour tenter de repousser des dizaines de Palestiniens qui venaient de franchir le mur frontalier.

Ces événements sont de nature à aggraver les tensions entre Le Caire et le Hamas. L'Egypte accuse le parti islamiste d'être responsable de l'attaque israélienne, qui a fait près de 300 morts en deux jours.

http://www.france24.com/fr/20081229-tension-egypte-hamas-caire-bande-gaza-rafah-palestiniens

Indéfendable Hamas

La propagande islamiste est lancée: l'offensive d'Israël contre le Hamas est assimilée par certains à un "massacre des innocents", à un "holocauste", à du "terrorisme", à un "crime de guerre". Les juifs sont accusés de vouloir faire de Gaza un nouveau ghetto de Varsovie, d'imposer un "apartheid", de se comporter comme des"nazis", etc. De ce point de vue, le Hamas peut s'estimer satisfait: en obligeant Israël à riposter militairement pour protéger sa population du sud du pays des roquettes envoyées de Gaza par centaines, il peut se présenter, en utilisant les images de militants tués par les raids israéliens, comme la victime d'un pays raciste et haineux. L'antisémitisme en redemande.

Cette habile construction médiatique passe, malheureusement, par l'instrumentalisation de la misère de la population palestinienne, otage d'une organisation qui ne se légitime plus que par la terreur et dont l'unique obsession est l'anéantissement d'Israël au nom du jihad. Il est de bon ton de renvoyer les deux adversaires dos à dos, en faisant valoir que chacun applique sa propre logique. Mais il faut lire la Charte du Hamas pour comprendre que la violence, l'idéologie anti-juive et la soumission sont l'essence de ce mouvement militaro-religieux qui veut que le monde vive "à l'ombre de l'Islam".

Prendre la défense du Hamas, qui a consolidé son pouvoir à Gaza après avoir chassé le Fatah par la force, revient à faire allégeance à une idéologie totalitaire qui voit des sionistes partout et qui assigne le peuple palestinien à sa condition de martyr. Reste à espérer qu'Israël, qui jusqu'à présent semble avoir su cibler ses attaques aériennes contre les seuls partisans du Hamas, saura éviter les pertes de civils. Le monde entier a les yeux braqués sur cette nouvelle guerre, répétition générale de ce que pourrait être le choc des civilisations décrit par Samuel Huntington, qui vient de mourir.

http://blog.lefigaro.fr/rioufol/


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Dans les tunnels à Gaza

De notre envoyé spécial à Rafah (bande de Gaza)
15/10/2007

Creusés pendant l'intifada (2000-2005), pour importer clandestinement d'Égypte des armes destinées à la lutte anti-israélienne, des dizaines de tunnels de contrebande alimentent les affrontements entre milices palestiniennes rivales dans la bande de Gaza. Ils permettent aussi de faire transiter des militants recherchés par Israël, de simples citoyens et de la drogue.
(...) Un groupe d'hommes y creuse un passage souterrain vers l'Égypte.
L'« oeil », l'entrée du tunnel, s'ouvre dans le carrelage du patio, englouti sous les ruines de cette maison dynamitée par l'armée israélienne en 2003 pour élargir la bande de sécurité longeant la frontière, l'ancien « axe Philadelphie ». Un puits d'un mètre de diamètre plonge à quatre mètres sous terre et permet d'accéder au boyau, creusé dans le sable, qui file vers l'Égypte. Allongé dans le conduit de cinquante centimètres de large, un ouvrier creuse à coups de pioche et de truelle. À l'aide de sa boussole, il vise plein sud. L'atmosphère est étouffante. Une lampe électrique permet d'éclairer ces entrailles obscures. Au sommet du puits, deux hommes manipulent une poulie, équipée d'un bidon découpé, permettant de remonter le sable à la surface. Un quatrième évacue discrètement les sacs de sable vers une voiture, qui ira les décharger plus loin.
Les hommes se relaient dans le boyau, pour creuser à tour de rôle : un travail dangereux et éreintant, qui a déjà coûté la vie à quatre cousins de cette famille, spécialisée dans la fabrication de tunnels.
« J'en suis à mon cinquième tunnel, raconte Ahmed, 22 ans. On accepte le danger, mais on ne s'y habitue pas. Il suffit que l'on tombe sur une couche de sable mouillé pour être enseveli vivant. Ça m'est déjà arrivé trois fois de devoir creuser à mains nues pour ressortir. Je ne savais pas dans quelle direction gratter, c'était un cauchemar. »
De petits tuyaux d'aération remontent à la surface tous les vingt mètres. Si l'eau s'infiltre par l'un d'eux, les ouvriers risquent un éboulement ou l'électrocution. Les hommes redoutent aussi que les forces israéliennes découvrent leur tunnel et qu'elles le bombardent pendant qu'ils se trouvent à l'intérieur. Si c'est par les gardes frontières égyptiens qu'ils sont repérés, ils risquent de mourir asphyxiés par les gaz que ces derniers envoient régulièrement dans les conduits, ou noyés par l'eau qu'ils injectent en grande quantité pour chasser les contrebandiers.
Contrairement à d'autres perceurs de tunnels, qui possèdent de gros moyens, Khalil, Ahmed et leurs cousins procèdent de façon artisanale. En un mois, ils ont progressé de 80 mètres. La maison en ruines d'où ils sont partis se situant à une trentaine de mètres seulement de la frontière, ils sont déjà en territoire égyptien. Mais ils s'enfonceront encore de 350 mètres à l'intérieur, pour déjouer la vigilance des Égyptiens. « Avant le départ des Israéliens, on commençait à creuser plus loin de la frontière, pour ne pas être repérés par les soldats de Tsahal. Mais depuis leur retrait, l'Égypte a déployé des milliers d'hommes à la frontière. Maintenant, nous devons creuser plus loin de leur côté, pour ressortir derrière eux », explique Ahmed.
Au total, ils sont une douzaine de membres du clan a avoir investi dans le tunnel. L'apport financier est dérisoire : 4 000 dollars. Les risques sont importants mais les tunnels peuvent rapporter gros : entre 5 000 et 100 000 dollars, selon la chance. Certains tunnels sont détectés après le premier transfert de marchandises, d'autres sont utilisés à plusieurs reprises. Découverts immédiatement, certains passages souterrains ne serviront jamais. Les quatre tunnels précédents ont rapporté à Khalil entre 2 500 et 7 000 dollars de bénéfices chacun.
Khalil et ses onze partenaires toucheront chacun une part égale sur les importations futures. « Nous prélevons 250 dollars par kalachnikov, 300 dollars pour un M 16 et 1 dollar par cartouche. Nos partenaires nous remettent les armes du côté égyptien du tunnel, puis nous les livrons au marchand, à Rafah », raconte Khalil. Les fusils d'assaut Kalachnikov se négocient entre 2 500 et 3 000 dollars sur le marché des armes de Gaza. Il faut débourser 5 000 dollars pour un M 16. « Nous n'importons que des pistolets et des fusils d'assaut automatiques, dit-il. Nous avons fait passer deux femmes mariées et quatre militants recherchés. Jamais de lance-roquettes, parce que c'est trop dangereux. Jamais de drogue, parce que c'est un péché. Et nous avons peur que Dieu se venge en nous enterrant vivants dans le tunnel. Pas de cigarettes, ni de café : le risque est trop important par rapport aux bénéfices. »
À l'extérieur, Khalil et ses cousins, armés et équipés de radios, surveillent, jour et nuit, les abords de la maison en ruine. Ils sont chargés de détecter les indiscrets et de donner l'alerte. Les tunnels attirent les convoitises, notamment parmi les voisins, dont le silence est souvent acheté. S'ils sont trop gourmands, les travaux sont interrompus, provisoirement ou définitivement. Attirées par les bénéfices, de nombreuses familles se lancent dans l'entreprise. Khalil juge que les tunnels sont devenus le seul moyen de gagner de l'argent à Rafah, une ville où le chômage plafonne à 70 %. Pourtant, lui et ses cousins - travailleurs indépendants - sont des gagne-petit.
Membre de la Force 17, la force d'élite fondée par Yasser Arafat, Abou Mohammed et ses associés investissent jusqu'à 25 000 dollars par tunnel. Ils choisissent une maison intacte dont ils soudoient les propriétaires. Le logement doit être situé à au moins 150 mètres de la frontière, posséder un garage, pour charger discrètement les sacs de sable dans la voiture, une pièce séparée où pourront se reposer les ouvriers, et une autre pour recevoir les invités sans éveiller les soupçons. Deux équipes d'ouvriers s'enferment pendant au moins deux semaines d'affilée dans la maison, pour limiter les déplacements. Toutes les pièces sont remplies de sacs de sable. Du matériel électrique est utilisé pour creuser et pour évacuer le sable et de gros aspirateurs permettent de faire entrer de l'air dans les boyaux.

Abou Mohammed affirme se concentrer sur le trafic d'armes : fusils, pistolets, lance-roquettes, roquettes, explosifs. Chaque tunnel lui rapporte au moins 150 000 dollars. Ses tunnels mesurent 60 centimètres de haut sur 90 de large, permettant de faire rouler, avec des moteurs, les barils chargés d'armes. Ils possèdent des pièces pour stocker la marchandise et sont équipés de systèmes de communication. « Si les Égyptiens nous balancent du gaz, on s'enferme dans une pièce hermétique avec la marchandise en attendant que nos amis aspirent le gaz et effectuent des tests de sécurité », explique Abou Mohammed. Il ne s'inquiète pas du projet égyptien de construction d'un canal le long de la frontière, pour détruire les tunnels. « Vous avez construit le tunnel sous la Manche, nous pouvons le faire aussi », ironise-t-il.
L'industrie des tunnels est polluée par le trafic de drogue. « Nous agissons pour le compte de la résistance, mais les trafiquants de drogue sont des mafieux sans foi ni loi », dit Abou Mohammed. Il raconte avoir reçu récemment une offre de 500 000 dollars pour importer d'Égypte une cargaison de cocaïne et d'héroïne. « C'est contre mes principes, souligne-t-il. J'ai refusé. En plus, nos intermédiaires égyptiens se contentent de 10 % de commission pour un transfert d'armes. Pour la drogue, ils réclament un tiers. Pour le trafic d'armes ils risquent un an de prison en Égypte. S'ils se font pincer avec de la cocaïne, c'est la prison à vie ou la peine de mort. »
(...)

Israël considère ces tunnels comme un « danger stratégique ». Selon le chef du service de renseignements intérieurs (Shin Beth), Youval Diskin, la frontière entre Gaza et l'Égypte s'est transformée en un gruyère géant qui aurait permis aux milices armées d'importer quelque 28 tonnes d'explosifs en 2006. Les services israéliens affirment que le Hamas utilise les tunnels pour importer des composants lui permettant de développer des roquettes plus perfectionnées. Il existerait aujourd'hui quelques 80 tunnels entre la bande de Gaza et l'Égypte.
Israël accuse les Palestiniens d'y faire transiter des terroristes. Ainsi, Israël affirme que le kamikaze, originaire de Gaza, qui s'est fait exploser le 23 janvier à Eilat, faisant trois morts, s'est infiltré en Égypte par les tunnels avant de rejoindre la station balnéaire en traversant le Sinaï. « Les militants recherchés par Israël peuvent s'échapper par nos tunnels moyennant 7 000 dollars, confirme Abou Mohammed. Nous ne leur posons pas de questions. C'est mieux pour eux et pour nous. » Il en a fait sortir une vingtaine, en six ans d'intifada.
(...)
Les habitants de Rafah ont payé un lourd tribu à l'industrie des tunnels. Depuis le début de l'intifada, en 2000, Tsahal a dynamité des centaines de maisons afin d'empêcher le percement de passages clandestins. Les tunnels, les armes et la drogue attirent les milices armées et les clans mafieux, faisant régner l'insécurité. Et pour les nombreux Gaziotes à qui les frontières terrestres sont fermées, l'évasion par les tunnels reste un rêve hors de portée, faute de moyens.

http://www.lefigaro.fr/actualite/2007/02/24/01001-20070224ARTFIG90686-dans_les_tunnels_de_la_peur_a_gaza.php

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Dans le secret
des tunnels de Gaza


George Malbrunot
09/01/2009


Plus d'un millier de galeries souterraines permettent au Hamas de s'approvisionner clandestinement en armes de plus en plus sophistiquées.

À Rafah, on les appelle «les nouveaux riches» : de jeunes hommes d'affaires aux 4 × 4 rutilants qui ont fait for­tune dans l'industrie des tunnels de contrebande avec l'Égypte, employant une armée de petites mains, des ouvriers au chômage ou des gosses à moto dans les rues de cette ville frontalière au sud de la bande de Gaza. Pour Israël, la fin de la contrebande d'armes est une condition pour stopper son offensive militaire. Pour le Hamas, ces cavités souterraines sont, au contraire, essentielles pour se maintenir à flot face au blocus de Gaza et affronter militairement Tsahal.

Les tunnels de Rafah, c'est un peu comme l'Arlésienne d'Alphonse Daudet. Pendant longtemps, tout le monde en parlait, mais personne ne les voyait. Et pour cause, jusqu'à la seconde intifada en 2000, leurs propriétaires étaient protégés par des responsables de services de sécurité de l'Autorité palestinienne, qui en verrouillaient l'accès. Les premiers faisaient bénéficier leurs protecteurs d'une partie de la rente. Le trafic portait sur des cigarettes, du lait, des vêtements, des pièces détachées de voitures, de la drogue également, ainsi qu'accessoirement sur quelques prostituées russes que la mafia acheminait ainsi en Israël. Bref, un trafic, comme on en trouve dans la plupart des zones frontalières du Moyen-Orient, où l'autorité de l'État est souvent défaillante.


Cent dollars pour chaque mètre creusé

À partir de fin 2000, la donne a changé : les insurgés palestiniens ont utilisé ces galeries pour s'approvisionner en armes. Tsahal a commencé à livrer une lutte sans merci contre le creusement de ces tunnels, n'hésitant pas à raser les quartiers supposés les cacher. Des Palestiniens sont morts, ensevelis sous le sable, mais d'autres ont continué de remuer la terre. Le retrait israélien de la bande de Gaza à l'été 2005 et la prise de contrôle du territoire par le Hamas en juin 2007 ont alors renforcé cette contrebande d'armes, qui va des pièces détachées de roquettes iraniennes ou chinoises, aux missiles antiaériens, en passant par des tonnes de TNT et autres explosifs, indispensables à la détonation des missiles que le Hamas tire sur le sud d'Israël. (Tellement plus important que des médicaments)

«Jusqu'au retrait israélien, les creusements se faisaient uniquement la nuit. La journée, les gens avaient peur des patrouilles de Tsahal», se souvient Mohammed, un habitant de Rafah, au fait de ces trafics en tout genre. Le percement de ces tunnels est devenu la principale activité économique de Rafah, et un mode de redistribution sociale, savamment contrôlé par le Hamas, avec ses règles, ses tarifs, et même son vocabulaire propre. «Celui qui creuse est appelé le coupeur, le propriétaire la tête du serpent, et la fraiseuse pour perforer, un lapin», raconte Mohammed.


Une équipe de «coupeurs» perçoit en moyenne 100 dollars chaque mètre de tunnel dégagé. Côté égyptien, on compterait environ 850 entrées de cavités, et 1 250 à Rafah, chez les Palestiniens, sur quatorze kilomètres de frontières. «Des tunnels sont en effet apparus qui se subdivisent en deux boyaux», précise Mohammed, soulignant ainsi la sophistication croissante de ces galeries. En Égypte, les entrées peuvent être situées aussi bien dans des maisons qu'au milieu de champs d'oliviers ou d'amandiers. Un militaire français se souvient d'une de ses visites dans le Sinaï : «Je sentais de l'air frais du placard d'une maison, j'ai demandé d'où ça venait, on m'a répondu tout naturellement d'un tunnel. En ouvrant le placard, j'ai découvert une cheminée à bord franc qui plongeait profondément sous terre.» On y descend grâce à une nacelle actionnée par un treuil électrique. Certains tunnels sont équipés d'interphones pour communiquer avec la surface. Pour éviter les appareils de détection, les plus profonds vont jusqu'à 30 mètres sous terre. Leur largeur, en revanche, ne dépasse pas «celle d'un homme à quatre pattes». Quant à la hauteur, les «tunnels de luxe», étayés par une armature en bois, atteignent la taille d'un homme (1,70 m environ).

Les Israéliens ayant détruit beaucoup de maisons le long de la frontière, les trafiquants ont riposté en accroissant leur longueur. «Des galeries vont jusqu'à 800 mètres, à l'intérieur de zones urbanisées», observe le militaire français.

Depuis 2007, le Hamas a la haute main sur les trafics, tout en laissant agir d'autres «opérateurs», moyennant le paiement d'une taxe annuelle de 10 000 dollars pour avoir le droit de percer un tunnel. En revanche, les autres groupes palestiniens engagés dans la lutte contre Israël sont exemptés de cette dîme, ce qui n'empêche pas le Hamas de bien surveiller leurs approvisionnements en armes. Et si un ouvrier est tué par un éboulement, le Hamas exigera que le propriétaire de la cavité verse l'équivalent de 20 000 euros à sa famille.

Chaque mois, le Hamas empocherait entre 6 et 8 millions d'euros de revenus. Un trafic particulièrement lucratif pour une organisation qualifiée de «terroriste» par l'Union européenne et les États-Unis, et donc privée des subsides internationaux pour payer ses milliers de fonctionnaires qui administrent la bande de Gaza depuis le renversement de l'Autorité palestinienne par les islamistes en 2007.


Policiers égyptiens corrompus

Derrière le Hamas, «les rois des tunnels» sont aussi les grandes familles de Rafah (El-Sha'er, Qishtah, Barhoum), dont les membres sont dispersés de part et d'autre de la frontière, depuis le retrait israélien du Sinaï en 1982. S'y ajoutent côté égyptien, les Bédouins qui «gardent» les entrées, moyennant bien sûr un pourcentage (30 % environ) de la fraude. Mais après l'instauration de la trêve entre Israël et le Hamas, en juin dernier, les habitants de Rafah ont vu arriver d'autres mercanti : «les gros commerçants de Gaza, dont l'activité s'était effondrée avec le blocus, se sont mis à acheter de nombreux tunnels entre 100 000 et 120 000 dollars chacun», affirme Mohammed. En élargissant l'éventail de ses bénéficiaires, le Hamas renforçait du même coup son réseau d'obligés.

Au Caire, tous les diplomates le reconnaissent : la sécurité égyptienne n'ignore rien de cette contrebande en tout genre, véritable soupape pour une région lointaine, délaissée par les autorités. «Les policiers envoyés surveiller les souterrains viennent de la vallée du Nil, ces déracinés qu'on dépêche là-bas ne sont pas les majors de promotion », regrette un expert occidental. Leur désir de réprimer les trafics est d'autant moins grand que la plupart d'entre eux «toucheraient» entre 50 et 80 dollars chaque mois, en échange de leur silence. Pas étonnant que dans le désert de Rafah d'autres solidarités se créent : «Juste après avoir été avertis de l'imminence de bombardements israéliens contre des tunnels, des policiers égyptiens se précipitent à la frontière pour nous avertir, en criant», raconte un autre habitant de Rafah.

Après avoir beaucoup rechigné, les Égyptiens ont enfin accepté de sécuriser leur frontière. Jusqu'où peuvent-ils aller ? Déjà, l'été dernier après la visite d'une délégation de parlementaires américains, Le Caire s'était résolu à inonder les entrées d'une douzaine de tunnels. «De vieux passages hors d'usage, minimise Mohammed, on avait bien compris qu'il s'agissait simplement de faire plaisir aux Américains.» En attendant, malgré les centaines de bombes israéliennes larguées depuis quinze jours sur Rafah, de nombreux tunnels restent opérationnels. Ces derniers jours, deux équipes de médecins arabes ont encore avancé clandestinement dans le sous-sol en gruyère de Rafah.

http://www.lefigaro.fr/international/2009/01/10/01003-20090110ARTFIG00206-dans-le-secret-des-tunnels-de-gaza-.php

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