mardi 27 mai 2008

Saqr Abou Fakhr

«Non, l’Occident ne doit rien aux Arabes»

Tel était le titre d’une page du Courrier international du 29 juillet 2004 qui traduisait un texte de l’intellectuel palestinien Saqr Abou Fakhr tiré d’”Ad Safir” à Beyrouth. On y apprend que « la civilisation arabe s’est éteinte avec la chute de Bagdad en 1258, à la suite de laquelle les arabes cessèrent de créer et d’innover, excepté dans certains domaines limités et disparates ». Or, la civilisation occidentale a été portée par trois innovations : l’imprimerie, la boussole et la poudre donnant la suprématie militaire. Et ces innovations sont venues de Chine dit l’auteur. Le génie de l’Europe a en effet toujours été d’intégrer et de développer pour son propre compte des apports extérieurs. La pensée occidentale est en effet restée ouverte sur l’innovation, contrairement à la pensée arabo-musulmane (autre constat de l’auteur précité). Alors, qu’ont apporté à la civilisation occidentale les Avicenne (980-1037), Averroès (1126-1198) et Ibn Khaldun (1332-1406) ? Eh bien l’Europe n’a pas eu besoin de ces penseurs arabes pour avancer sur la voie du progrès, conclut Saqr Abou Fakhr. Il explique: «Sinon, on serait en droit de se demander pourquoi les principes énoncés par Averroès auraient été un facteur décisif de la Renaissance en Europe alors qu’ils n’ont eu, à la même époque, aucune influence sur la civilisation arabe». Et il donne cette explication: « En fait, Averroès, Ibn Khaldun et Avicenne se trouvaient en quelque sorte en dehors du courant dominant d’une culture arabe qui les a d’ailleurs refusés et rejetés. Une culture qui, déjà à l’époque, sombrait tout comme aujourd’hui, sous le poids des fatwas, des oulémas, des théologiens et récitants du Coran, du même accabit qu’Al Ghazali, Ibn Taymiya, Al Chafei et Al Achaari ».

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Rappel:

Averroès (berbère):

A partir de 1195, Averroès, déjà suspect comme philosophe, est victime d’une campagne d’opinion qui vise à anéantir son prestige de cadi. Al-Mansûr sacrifie alors ses intellectuels à la pression des oulémas. Averroès est exilé en 1197 à Lucena, petite ville andalouse peuplée surtout de Juifs, en déclin depuis que les Almohades ont interdit toute religion autre que l’islam. Après un court exil d’un an et demi, il est rappelé au Maroc où il reçoit le pardon du sultan, mais n’est pas rétabli dans ses fonctions. Il meurt à Marrakech le 10 ou 11 décembre 1198 sans avoir revu l’Andalousie. La mort d’Al-Mansûr peu de temps après marque le début de la décadence de l’empire almohade.

Suspecté d’hérésie, il n’aura pas de postérité en terre d’islam. Une part de son œuvre sera sauvée par les traducteurs juifs. Elle passera par les Juifs de Catalogne et d’Occitanie dans la scolastique latine.


Ibn Khaldoun (qui appelait les noirs "des bêtes")

a été jeté 3 fois en prison:

"Abu Inan Faris, lui offre par la suite un poste de scribe chargé des proclamations royales, ce qui n'empêche pas une défaveur brutale et une peine de prison qu'Ibn Khaldoun explique par une intrigue de cour causée par la jalousie. De 1357 à la mort d'Abu Inan Faris, il passe vingt-deux mois en prison."

"En 1372, Abou Hammou Moussa II reconquiert le pouvoir et lance ses partisans à la recherche d'Ibn Khaldoun dont il veut se venger. Celui-ci parvient à rejoindre Fès, où la situation est confuse, mais se retrouve en prison."

"En janvier 1401 Tamerlan le jette en prison"

Avicenne (perse)

"En 1021, la mort du prince Shams o-dowleh, et le début du règne de son fils Sama o-dowleh, cristallisent les ambitions et les rancœurs : victime d'intrigues politiques, Avicenne connaît la prison. Déguisé en derviche, il réussit à s'évader, et s'enfuit à Ispahan.

"La confession de la mère d'Avicenne n'est connue que par des sources secondaires. Si l'on peut supposer en première approche qu'elle est musulmane, certaines sources indiquent qu'elle était juive : c'est le cas notamment du roman Avicenne de Gilbert Sinoué. Cependant une autre source indiquerait que le sultan Mahmûd de Ghaznî aurait répandu cette information afin de « calomnier » le philosophe."

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