dimanche 23 mai 2010

Mais à qui la faute?

Nous, musulmans, avons du travail à faire


Les Canadiens musulmans, comme les musulmans dans les sociétés occidentales, se sentent de plus en plus assiégés depuis un certain temps déjà, aussi bien à l'extérieur qu’à l’intérieur de leur communauté.

Ce sentiment d'isolement, d'être mal perçus et mal compris, va inévitablement s’accentuer avec l'histoire de l'arrestation pour terrorisme de 17 musulmans dans la région de Toronto.

Mais à qui la faute? Permettez-nous, musulmans, d’être brutalement honnêtes.

Nous avons hérité d'une culture du déni, du refus trop fréquent de reconnaître notre propre responsabilité dans le malaise généralisé qui laisse la plupart des pays arabo-musulmans dans un état de délabrement économique, politique et social.

Les statistiques et les rapports intergouvernementaux au cours des dernières décennies ont documenté un écart, peut-être désormais infranchissable, entre les pays musulmans et les démocraties industrielles avancées de l'Occident.

Dans un récent « Index des États défaillants » publié dans la revue Foreign Policy (mai / juin 2006), le Pakistan, par exemple, est classé parmi les 10 premiers États défaillants dans le monde - avant l'Afghanistan. Le Pakistan est un pays musulman, une puissance militaire nucléaire, mais il peut à peine nourrir, habiller, éduquer et loger sa population.

Les rapports sur les pays arabes sont un triste catalogue de tyrannies bien ancrées, d’économies en déroute, de richesses dilapidées, d’oppression des femmes, de persécution des minorités et de violence endémique. Le régime iranien dirigé par le clergé convoite des armes nucléaires et menace d'anéantir Israël, il réprime l'opposition interne et recherche l'affrontement avec l'Occident.

Au lieu de reconnaître la réalité du monde arabo-musulman comme une civilisation brisée, nous les musulmans avons tendance à nous complaire à blâmer les autres pour nos maux, faisant dévier nos responsabilités pour les échecs qui sont devenus des lieux de reproduction de la violence et du terrorisme.

Beaucoup de nos intellectuels dans la vie publique et de nos dirigeants religieux dans les mosquées sont des adeptes du double langage, ils disent des choses en anglais ou en français, puis le contraire en arabe, en ourdou ou en farsi.

Nous avons fait de l'hypocrisie un art, et avons tissé un écran de mensonges pour nous-mêmes qui nous rend aveugles à la réalité du monde qui nous entoure.

Nous bouillons de colère et de ressentiment contre l'Occident, alors même que nous avons prospéré dans la liberté et la sécurité des démocraties occidentales.

Nous avons inculqué à nos enfants une fausse fierté, et leur avons donné un sens de l'histoire qui s’écroule sous l’œil de la critique minutieuse. Nous leur avons transmis le fardeau de loyautés conflictuelles - et maintenant certains d'entre eux sont devenus nos cauchemars.

Nous prêchons la tolérance, mais nous sommes intolérants. Nous exigeons l'inclusion, mais nous pratiquons la ségrégation des sexes, l’exclusion des minorités et de ceux avec lesquels nous sommes en désaccord.

Nous répétons sans cesse que l'islam est une religion de paix, mais beaucoup d'entre nous affichent un comportement contraire à ce que nous professons.

Nous persistons à nous convaincre nous-mêmes et à convaincre les autres que les musulmans qui violent l'islam sont une infime minorité, et pourtant nous ne parvenons pas à dénoncer cette minorité et à la rendre publiquement imputable.

Un bol de lait se transforme en caillé avec une goutte de citron. L'infime minorité que nous blâmons est la goutte de citron qui a caillé et fait de notre islam une ruine. Pourtant, ceux d’entre nous qui insistent encore contre toute évidence que notre religion nous différencie des autres et nous met en quelque sorte dans une catégorie supérieure, sont encore trop nombreux.

Nous insistons sur le fait que dans l'islam, la religion et la politique sont inséparables. En conséquence, la politique domine notre religion - et notre religion est devenue un paravent pour le tribalisme et le nationalisme.

Nous citons régulièrement le coran, mais nous ne nous repentons pas pour nos échecs comme le coran l'enseigne, en sollicitant le pardon de ceux à qui nous avons fait du mal.

Nous musulmans sommes la source de notre propre misère, et nous ne sommes pas incompris par les autres qui voient dans notre comportement une menace pour leur paix

Traduction du texte de Salim Mansour, We Muslims have work to do, publié dans le Toronto Sun le 4 juillet 2006:

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This is history's irony, and 50 years after independence the decay all around represents the inability of post-colonial rulers and their people to maintain a functioning modern society left behind by colonial authorities.

http://www.torontosun.com/comment/columnists/salim_mansur/2009/08/22/10560231-sun.html

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