samedi 3 avril 2010

«J’ai décidé d’enlever mon hidjab»

Le débat sur le voile n’a jamais été tranché. Pourtant, beaucoup de femmes ont déjà pris parti. D’autres ont même changé de camp après l’avoir longtemps porté. Faisant preuve de courage pour certaines, de témérité et d’insolence pour d’autres, elles ont décidé d’ôter cet habit à connotation religieuse. Elles témoignent.

«Je ne pouvais plus supporter ces vêtements (...) même si mes convictions religieuses sont restées intactes: mettre le voile était devenu pour moi plus qu’une corvée». Qui aurait cru, il y a dix ans, lorsque la tragédie nationale battait son plein, entendre un jour une jeune Algérienne tenir ce genre de propos? Nul doute, personne.
Pourtant, de nos jours, des femmes ont décidé d’enlever leur «voile» après l’avoir porté des années durant, à l’instar de Selma, l’auteure de ces propos. Etudiante, Selma a commencé à porter le hidjab dès son jeune âge. A 14 ans, elle partait au lycée avec son foulard toujours sur la tête.
Elle explique: «Nous habitions dans une région où le terrorisme n’a épargné personne (...) et à l’époque le voile était devenu obligatoire pour toutes les femmes, et les jeunes filles de plus de 12 ans qui sortent.» C’est son père qui lui a suggéré de porter le foulard pour sa sécurité, «chose que j’ai faite sans trop réfléchir (...) ce n’est que quelques années après que je me suis mise à réfléchir à cet habit» a-t-elle avoué.
Elle poursuit sa narration en expliquant que ce n’est que quelques années plus tard, et moult changements qui avaient eu lieu durant ce temps-là que l’idée d’ôter son voile lui traversa l’esprit.
«C’est après notre déménagement à Alger, une grande ville connue pour la diversité de sa population et des mentalités que j’ai commencé à y réfléchir. Mon entrée à la faculté fut seulement un élément déclencheur» a-t-elle encore soutenu. «Rien n’a changé en moi, je suis toujours aussi pieuse qu’avant. La religion ne se limite pas à ça. Mais c’est aussi avoir des valeurs morales qu’on applique dans la vie de tous les jours. Au final, ce n’est que mon apparence qui a un peu changé», a ajouté cette jeune fille en guise d’explication pour justifier ses propos et pour ne pas être mal comprise. S’agissant des raisons réelles qui l’ont poussée à prendre cette décision, Selma a longtemps hésité avant de lâcher: «Ce n’est sûrement pas par manque de foi.» Nacéra, une autre jeune fille, tient le même discours ou presque pour avoir elle aussi décidé de ne plus porter le voile.
Pour elle, cet acte était une manière de se libérer de la contrainte imposée par les années de terrorisme.
Cette quinquagénaire et grand-mère, toujours coquette malgré son âge, a franchi le pas il y a quelques années.
Elle raconte: «Quelle femme ne s’était pas vue contrainte de porter le hidjab durant les années 1990? (...) toutes voyaient ce foulard comme l’ultime solution de survie (...) il n’était pas rare de voir des femmes qui n’étaient même pas de confession musulmane le porter pour se mettre à l’abri de l’hydre terroriste.»
«Et comme toutes ces femmes, je l’ai porté moi aussi, même si ce fut à contre-coeur, et cela durant nombre d’années» a-t-elle confié.
Avant d’ajouter: «Mon coeur n’y était jamais, j’ai toujours aimé les couleurs, les belles choses et les beaux vêtements, alors je n’ai pas pu résister plus que ça, même si tout le monde ou presque était contre(...) coquette, et toujours tirée à quatre épingles, c’est comme ça qu’on me voit aujourd’hui.» (...)

Kaouthar SEMROUDI

http://www.lexpressiondz.com/article/8/2010-04-01/74805.html

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