mercredi 9 septembre 2009

«Les institutions ne nous ont pas tendu la main, elle nous ont tendu le voile.»

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«Les institutions n'ont pas tendu la main»

Assise face aux membres de la mission, Sihem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises, première à être auditionnée de mercredi, dégaine d’entrée. Contre le voile intégral bien sûr, «symbole le plus violent de l’oppression de la femme», «point culminant d’une vision archaïque qui n’a rien à voir avec ma religion».

Mais, selon elle, «le mal ne vient pas que de ceux qui propagent» un message intégriste. Habchi cible également les politiques qui ont, déclare-t-elle, souvent esquivé la confrontation avec les islamistes pour tomber dans le «piège du relativisme culturel» : «Ceux censés défendre les libertés ne l’ont pas fait, ils se sont mis à hésiter quand on parle de voile.»

Mais Habchi va plus loin que le procès en «laxisme au nom des libertés»: «Pour mieux gérer les quartiers populaires, la société a trouvé une règle qui en arrangeait plus d’un, la loi du silence», accuse-t-elle. Se faisant le porte-parole des musulmanes, la jeune femme d’origine algérienne accuse carrément: «Les institutions ne nous ont pas tendu la main, elle nous ont tendu le voile.»

Revendiquant le «droit» pour les musulmanes «à la protection de la République», elle appelle les députés à «ne pas avoir peur» et à faire preuve de fermeté: «On peut interdire au nom de la dignité de la personne.»

Emue, la jeune oratrice est applaudie à l’issue de son intervention. «Pas vraiment dans la tradition parlementaire», freine Jean-Glavany (PS). La députée (PS) Sandrine Mazetier s’agace aussi de ce message. Elle reproche à la présidente de NPNS - qui a succédé à la secrétaire d’Etat Fadela Amara - de vouloir «démontrer que la gauche a échoué sur la politique de la ville et l’intégration. Il ne faut pas oublier que les combats laïcs et pour le droit des femmes ont été essentiellement menés par la gauche. Sihem Habchi était dans l’offensive politique».

«Il n’y a pas de vêtement du visage»

Elisabeth Badinter, elle, a évidemment placé son intervention sur le terrain philosophique. Avec précision, elle tente de démonter les arguments des quelques «revendicatrices» du voile intégral. «Liberté de se vêtir»? «Le visage n’est pas le corps et dans notre civilisation ocidentale, il n’existe pas de vêtement du visage». Et si une poignée de femmes disent assumer leur choix de porter le niqab ou la burqa, les autres, «les soumises, les baillonnées qui n’ont pas droit à la parole» doivent être protégées, fait-elle encore valoir.

Parlant d’une forme d’«automutilation civile», Elisabeth Badinter y voit aussi la négation de la valeur de fraternité, le voile intégral symbolisant la possibilité de voir le visage de l’autre sans être vue par lui et donc,«le refus d’entrer en contact avec l’autre, le refus de la réciprocité».

http://www.liberation.fr/societe/0101589842-interdire-le-voile-integral-au-nom-de-la-dignite-de-la-personne

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