dimanche 13 septembre 2009

Amsterdam: L’école de la ségrégation perd des subventions

L’école islamique As-Siddieq crée des remous, jusqu’au sein du Parlement néerlandais, où la droite populiste a réclamé des explications sur «l’apartheid» entre chrétiens et musulmans qui serait prôné par cette institution, gérant trois établissements dans des quartiers d’Amsterdam. Selon un rapport de l’inspecteur d’académie, confirmé par le ministère de l’Education, les enfants de 6 et 7 ans y apprennent que seuls les musulmans sont «bons» et que les chrétiens sont «en voie de disparition».

Hennie Metsemakers, une enseignante non musulmane, pensait servir la cause de l’intégration en travaillant dans l’une de ces écoles. Elle aurait été licenciée parce qu’elle évoquait d’autres religions durant ses cours d’histoire. En août, elle a raconté au quotidien Het Parool qu’elle devait prendre ses repas séparément, ses collègues n’étant pas autorisés à lui donner le salut musulman, «salam», sous prétexte que les non-musulmans ne peuvent connaître «la paix».

Le gouvernement a donc décidé, le 27 août, de diminuer de 5 % la subvention de 4,5 millions d’euros accordée à cette école ultrarigoriste fréquentée par 900 élèves. Les fonds publics pourraient être à nouveau réduits en mars, après une nouvelle inspection, si l’école continue de «menacer l’intégration» de ses élèves. La municipalité d’Amsterdam, de son côté, a supprimé l’intégralité de sa subvention à As-Siddieq. Sharon Dijksma, la secrétaire d’Etat à l’Education, a expliqué qu’il n’était pas possible de fermer une école aux Pays-Bas, même si elle préconise la ségrégation. La liberté de religion et d’éducation figure en toutes lettres dans la Constitution. Une liberté de plus en plus remise en question, au grand dam du puissant Conseil des écoles chrétiennes (Besturenraad), qui s’est déclaré «déçu» par les sanctions visant As-Siddieq. Wim Kuiper, président du Besturenraad, pense «qu’il faut des points de vue différents sur la vie et la société».

Aux Pays-Bas, les deux tiers des élèves du primaire fréquentent des écoles privées confessionnelles, protestantes ou catholiques. Le gouvernement ne dispose que de moyens de pression limités sur ces établissements, tel que le remboursement des subventions. Fin 2008, La Haye a ainsi demandé à une quinzaine d’écoles islamiques n’ayant pas le niveau requis de rendre les 6,1 millions d’euros de subventions alloués en 2004 et 2005.

L’argument de l’école As-Siddieq, selon lequel les chrétiens seraient «en voie de disparition», trouve un écho particulier aux Pays-Bas. Dans les grandes villes, la population allochtone, issue des immigrations marocaine et turque notamment, est en passe de supplanter la population autochtone, au faible taux de natalité. Geert Wilders, le chef de la droite populiste, a passé le mois d’août à enquêter sur les prénoms le plus souvent donnés aux nouveau-nés. Selon des données collectées par le magazine Elsevier, Mohamed arrive seizième au niveau national, mais l’emporte à Amsterdam, Rotterdam, Utrecht et La Haye.

http://www.liberation.fr/monde/0101589168-l-ecole-de-la-segregation-perd-des-subventions

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