jeudi 6 août 2009

1894 en France: Premier député musulman

Député en burnous et tracts de la CGT en arabe, une autre époque en France


LYON (AFP) — Un député du Doubs converti à l'islam siégeait en burnous à l'Assemblée et les tracts de la CGT étaient en français et en arabe. C'était une autre époque en France, raconte l'exposition "Générations", qui retrace "un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France" à Lyon.

Réalisée par l'association Génériques avec le soutien notamment des ministères de la Culture et de l'Immigration, elle poursuivra sa route à Paris, à la Cité nationale de l'Histoire de l'immigration, dès la mi-novembre.

Dès l'entrée de cette exposition visible jusqu'à fin août aux Archives de Lyon, on est frappé par le portrait de Philippe Grenier, médecin du Doubs converti en 1894, qui devient deux ans plus tard le "premier député de confession musulmane au Parlement français".

Plus loin, un cliché montre une banderole de la CFDT en arabe lors d'une manifestation des années 1970. Et des bulletins de la CGT en français et arabe revendiquent "l'égalité des droits entre travailleurs français et immigrés".

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"Nous voulons montrer que l'immigration maghrébine ne remonte pas qu'aux années 1970 avec le regroupement familial", insiste Mme Yahi, auteur d'un doctorat à Paris-VIII sur "l'histoire culturelle des artistes algériens en France".

Dès la Première guerre mondiale, 300.000 soldats du Maghreb sont mobilisés, rappelle l'exposition, qui n'édulcore pas la méfiance suscitée en France par ces combattants des colonies.

L'entre-deux-guerres est ensuite marqué par une vague d'immigration, de main-d'oeuvre en quête d'une vie meilleure mais aussi d'intellectuels maghrébins, futurs chantres de l'indépendance pour certains, qu'on voit sur des photos devisant politique aux tables des bistrots parisiens, semblables aux étudiants du Quartier latin.

On découvre également les chanteurs de l'exil, photographiés comme toutes les stars françaises au studio Harcourt, et des écrivains comme Assia Djebar, aux airs d'une Sagan brune, auteur de "La soif" dans les années 1950, aujourd'hui à l'Académie française.

L'exposition évoque aussi le choix de la résistance (fait par exemple par Mohamed Lakhdar Toumi, déporté à Dachau en 1944) ou de la collaboration avec l'Allemagne nazie. Avec un enregistrement fascinant de Mohamed Et Maadi, fondateur du comité musulman de l'Afrique du Nord, soutenu par la Gestapo, appelant en 1942 sur Radio Paris les "musulmans au jihad".

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