mercredi 4 mai 2011

Le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, est à la tête d'un véritable empire économique

L’accord entre les deux partis palestiniens intervient au moment où le Hamas se trouve dans une excellente situation financière. Au cours des cinq dernières années, le mouvement islamiste a réussi à créer un immense empire économique qu’il contrôle dans la bande de Gaza. L’enquête qu’a mené récemment un journaliste israélien spécialiste du monde arabe (*) révèle aussi que les dépenses courantes de la bande de Gaza sont largement réglées par l’Autorité palestinienne (Fatah) alors que les recettes aboutissent dans les caisses du gouvernement de Gaza (Hamas). Sans compter les nombreuses participations dans des entreprises et sociétés financières très rentables.

Des fonctionnaires payés à ne rien faire

Depuis 2007, l’Autorité palestinienne assure la survie artificielle de l’économie gazaouite en finançant, sur son budget, les principales dépenses publiques de la bande de Gaza. En 2010, on pouvait estimer que près de 54% du budget palestinien (dont l’enveloppe global se montait à 3,2 milliards de dollars) étaient affectés aux dépenses courantes du gouvernement de la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne, dont les finances sont gérées par le Premier ministre Salam Fayyad depuis Ramallah, rémunère notamment ses 77 000 fonctionnaires qui résident à Gaza, mais qui ont, pour la plupart, cessé de travailler après la prise du pouvoir du Hamas en 2007.

Au total, près d’une famille gazaouite sur trois serait donc rémunérée par l’Autorité palestinienne. De plus, le budget palestinien règle les factures d’électricité, d’eau et de carburant de la bande de Gaza. C’est cet afflux de capitaux extérieurs qui a permis à l’économie gazaouite d’afficher, selon les calculs du FMI, une croissance de son PIB de 15% en 2010. En revanche, l’écart de revenu par tête entre la Cisjordanie et la bande de Gaza reste important: si le revenu moyen d’un Palestinien était de 1.827 dollars en 2010, il était de 1.400 dollars dans la bande de Gaza contre 2.100 dollars en Cisjordanie, soit un écart de près de 50% entre les deux territoires.

Peu de dépenses, beaucoup de recettes

Si le mouvement Hamas, qui détient le pouvoir dans la bande de Gaza depuis juin 2007, doit faire face à de faibles dépenses, en revanche, il bénéficie de revenus de plus en plus importants. En fait, après cinq ans de gouvernance, le petit mouvement politique est devenu un riche conglomérat financier. Son budget de fonctionnement serait passé de 40 millions de dollars en 2006, à 540 millions de dollars en 2010. Certes, le Hamas règle le salaire de ses 35.000 policiers et membres du personnel militaire, mais il laisse à l’Autorité palestinienne et aux bailleurs internationaux le soin de subvenir aux besoins de la population gazaouite.

En peu de temps, le Hamas a mis en place des dispositifs financiers qui lui permettent d’accroître ses revenus tout en compressant ses dépenses. Sa première source de revenu est constituée par une longue série de taxes et redevances qui pèsent sur de nombreuses produits (comme cigarettes et véhicules) et transactions (comme le change de devises); il s’agirait de 250 millions de dollars par an que le gouvernement du Hamas prélèverait sous la forme de fiscalité indirecte.

Seconde source de revenu pour le Hamas: le commerce qui transite par les tunnels construits par des contrebandiers pour relier l’Egypte à la bande de Gaza. Certes, le volume du commerce clandestin, qui transite par l’un des 800 tunnels creusés le long du couloir de 14 kilomètres qui constitue la frontière avec l’Égypte (dit Couloir de Philadelphie), varie selon la fréquence de l’ouverture des points de passage officiels; au cours des périodes durant lesquelles le commerce clandestin battait son plein, le volume des transactions se montait à environ 800 millions de dollars par an, sur lesquels les employés du Hamas prélevaient d’importantes commissions.

La troisième source de revenu du gouvernement gazaoui du Hamas est constituée par les bailleurs de fonds du Golfe persique, et notamment l’Emirat de Qatar, et d’Iran. Il s’agit d’environ 100 millions de dollars par an qui sont essentiellement affectés à l’achat d’armes et à l’amélioration du réseau de tunnels clandestins.

Un empire économique

Après cinq ans de gestion de la bande de Gaza, de 2006 à 2010, le mouvement du Hamas a créé un véritable empire économique qui s’étend et prospère. En reprenant le contrôle des terres abandonnées par Israël en 2005, le Hamas est devenu un des principaux acteurs dans le secteur privé de Gaza. Ses membres actifs, qui font partie de la classe dirigeante ont créé, directement ou par l’intermédiaire de sociétés écran, des entreprises rentables: centre commercial moderne, parc de loisirs, hôtels, immobilier, vergers et cultures avancées, etc.

Le mouvement également a acquis des participations dans de nombreuses sociétés financières, comme “The Islamic Bank” et “The Al-Multazim insurance”. Au total, le Hamas a érigé un mini-empire économique qui contrôle une grande part de l’activité de la bande de Gaza. La rivalité entre le Hamas (Gaza) et le Fatah (Cisjordanie) n’est donc plus seulement politique et militaire: elle est aussi économique et financière.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

* Ehud YAARI et Ofer EYAL, « Gaza’s Economy: How Hamas Stays in Power », The Washington Institute for Near East Policy, PolicyWatch, n° 1737, janvier 2011.

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Pauvres palestiniens (suite)

JSSNews

L’hôtellerie palestinienne se porte à merveille.

Le nombre de chambres d’hôtel dans les territoires disputés (Judée et Samarie sous gouvernance palestinienne) a augmenté en 2010, dépassant le nombre de l’année précédente de 9%, selon une étude publiée lundi par le Bureau Central Palestinien des Statistiques.

Le nombre total de visiteurs dans les hôtels palestiniens a atteint 577.000 durant l’année 2010, soit une augmentation de 28% par rapport à 2009… Et de 44% par rapport à 1999, juste avant que les Palestiniens ne déclenchent une nouvelle guerre anti-israélienne (seconde intifada).

Grand Hôtel de Gaza


37% des touristes qui visitent les territoires viennent de l’Union Européenne ; ce qui représente, en nuits cumulées, 1,25 millions de nuitées. 16 autres pour cent des visiteurs venaient des pays d’Europe géographique mais pas diplomatique (Europe de l’est, Turquie, etc…) et 13% était des Américains.

On apprend aussi dans ce sondage que les 29 hôtels tenus par des Arabes “palestiniens” de Jérusalem-est sont les hôtels les mieux remplis (1.427 chambres disponibles pour 3.263 lits), suivi par les hôtels du centre de la Judée-Samarie (26 hôtels avec 1.060 chambres et 2.343 lits), suivi de près par ceux du sud de cette région (25 hôtels, 1.868 chambres, 4.001 lits). Le nord de cette région historique du judaïsme, mais aujourd’hui occupée par les arabes-palestiniens n’a que 7 hôtels, soit un total de 164 chambres et de 361 lits. A Gaza, il y a tout de même officiellement 8 hôtels avec 340 chambres et 575 lits. Mais ce rapport ne semble pas prendre en compte les deux nouveaux 5 étoiles de luxe construit à Gaza en 2010.

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