samedi 13 août 2011

Quand les anglais analysent (enfin) les ravages de l'anti-racisme

Les lions et les singes galonnés

Tétanisée à l’idée d’être accusée de racisme, la police britannique a abandonné le terrain aux émeutiers. Pour les conservateurs, le temps de la reprise en main est venu.

The Daily Telegraph

Pourquoi la police n'a-t-elle pas été capable de maîtriser les émeutiers ? Selon des observateurs, ces troubles sont tout à fait compréhensibles et justifiés. Pour certains, la police "ne l'a pas volé". Pour d'autres, il fallait s'attendre à de telles violences, compte tenu du taux de chômage élevé et de la pauvreté qui sévit dans le quartier [de Tottenham]. "Les policiers ne nous adressent jamais la parole", s'emportent certains habitants. "Ils nous ignorent, ne nous considèrent pas comme des êtres humains." Un autre renchérit : "Ils traitent les Noirs comme des moins que rien." Un retraité qui habite le quartier depuis trente ans conclut : "Avec un comportement aussi arrogant, la police se met tout le monde à dos."

Les habitants qui ont assisté aux pillages - de tapis, de baskets ou de montres - remarquent que les voleurs sont "de toutes origines et confessions". Il s'agirait donc davantage de délinquance que de réactions à des dérapages racistes commis par Scotland Yard. Quoi qu'il en soit, certains pensent que la police a pris des gants avec les émeutiers, paralysée par la peur d'être accusée de racisme. Depuis le rapport Macpherson, en 1999 [portant sur le meurtre d'un adolescent noir en 1993, ce rapport avait conclu que la police était "institutionnellement raciste"], les forces de police sont très sensibles aux questions raciales. Trop peut-être. Pendant les émeutes de début août, elles ont laissé les minorités ethniques user de violences sans rien faire. En fait, la police en est arrivée à se voir comme une "police blanche" sans légitimité dans les "quartiers noirs". Or la police n'a pas à être représentative des fractures sociale ou ethnique de la société britannique. Ses agents sont sélectionnés parce qu'ils méritent de porter l'uniforme et non en raison de leur appartenance ethnique. La légitimité de la police ne dépend pas de sa diversité, elle repose sur l'application impartiale de la loi.

(...)

Le vrai problème, c'est l'encadrement policier. Les cadres actuels ont gravi les échelons en passant maîtres dans l'art du discours sur les "questions liées" au racisme et dans celui de "monter au front" en matière de lutte contre les discriminations. Il ne suffit pas de maîtriser le jargon en vogue pour diriger des hommes face à des émeutiers. Les policiers blessés lors de ces violences montrent que la Grande-Bretagne ne manque pas d'hommes ni de femmes courageux. Le problème, c'est que ces lions sont dirigés par des singes galonnés qui ont écouté un peu trop attentivement leurs cours de sociologie sur les discriminations.

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