jeudi 16 décembre 2010

30.000 armes illégales circulent dans les banlieues

(...)Un préfet de haut rang fait ce pénible constat: "les armes de guerre se diffusent de plus en plus dans l'hexagone"

«Une kalach' se vend autour de 250 euros au marché noir, un 357 Magnum ou un 11.43, prisés des chefs de gang, se cèdent pour environ 400 euros», assure un officier de police de la petite couronne parisienne. Mais combien d'armes au juste sont susceptibles de sortir de leurs caches pour servir dans des règlements de comptes, des tentatives d'intimidation ou d'authentiques braquages ? Dans les services spécialisés du ministère de l'Intérieur, le chiffre de 30.000 armes illégales circule sous le manteau. Une estimation réalisée d'après les saisies opérées par les services. Explication : «Les forces de l'ordre mettent la main sur environ 4000 armes par an, principalement en banlieue, or nous savons que l'essentiel du stock échappe à la police, qui ne saisit peut-être que 10 % à 15 % du total», estime un commissaire de la PJ.

Marseille et l'est de la région parisienne sont très touchés


Sur ces quelque 30.000 armes donc, l'essentiel serait «constitué, selon lui, de fusils à pompe, souvent à canon scié, de carabines et armes de poing 22 long rifle, de 7,65 et autres petits calibres, auxquels il faut ajouter beaucoup de pistolets et revolvers 9 mm». «Les armes les plus lourdes, dit-il, comme les fusils d'assaut Kalachnikov, voire plus rarement les Uzi et autres armes de guerre employées par les grosses équipes de braqueurs, représentent sans doute autour de 15 % du stock, soit environ 4000 armes.» Suffisamment, en tout cas, pour justifier un renforcement des «opérations coups de poing» réclamées par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui s'est rendu mardi soir sur le site de l'attaque de l'agence bancaire d'Aulnay pour soutenir ses policiers.
L'hôte de la Place Beauvau avait demandé l'an dernier aux préfets un état des lieux de la menace, département par département. Comme il fallait s'y attendre, Marseille se détache, mais aussi l'est de la région parisienne, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis en tête. Le ministre a depuis acquis la conviction que l'essor des armes de gros calibre est intimement lié à celui de la drogue. «Au moins 10 % des armes de guerre saisies par les services le sont dans le cadre d'affaires de stupéfiants», assure un expert de la sous-direction de la lutte contre le crime organisé à la PJ.
La Place Beauvau s'attend à une multiplication des hold-up à l'approche des fêtes, «les voyous ayant un penchant pour les voyages au soleil et les cadeaux coûteux», explique un limier du Quai des Orfèvres. «La nouveauté, s'inquiète-t-il, c'est que le petit loulou de cité a maintenant accès à un arsenal réservé jusqu'alors aux beaux mecs.» En clair : aux vrais durs.


lefigaro.fr

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