LIBYE • Expulsons les Palestiniens...pour leur bien !
La Libye souhaite expulser des dizaines de milliers de Palestiniens, sous le fallacieux prétexte de combattre les "plans sionistes" qui veulent leur implantation dans leurs pays d'accueil. "Ils ne trouveront d'autre refuge que le désert," souligne Al-Hayat.
Les Palestiniens ont condamné en début de semaine les rumeurs selon lesquelles la Libye pourrait expulser les Palestiniens résidant sur son sol sous prétexte de combattre la politique de "réimplantation" des réfugiés dans les pays arabes. Le quotidien officiel Al-Jamahiriya avait en effet affirmé que les autorités "mènent des consultations afin de permettre à des milliers de Palestiniens résidant en Libye de se rendre dans la bande de Gaza en passant par l'Egypte afin d'empêcher le complot de leur réimplantation". L'article avait expliqué ce projet par un "sombre marchandage" : "Il prévoit que tous les Palestiniens de la diaspora soient définitivement installés dans leurs pays de résidence actuels, c'est-à-dire que les réfugiés palestiniens installés au Liban deviendraient libanais, ceux installés en Syrie syriens, ceux de Libye libyens, etc. On voudrait ainsi brader le droit au retour des réfugiés pour convaincre Israël d'accepter l'‘initiative de Beyrouth'." [Ce plan de paix saoudien adopté par la Ligue arabe au sommet de Beyrouth de 2002, mais refusé par la Libye, propose une reconnaissance diplomatique d'Israël par tous les pays arabes en contrepartie d'un retrait total de l'ensemble des territoires occupés par Israël depuis 1967.] "C'est ainsi qu'on veut en finir avec la cause palestinienne", poursuit le journal libyen. "Mais notre pays n'en sera pas complice." Il faut rappeler que, en septembre 1995, la Libye avait chassé des milliers de Palestiniens de son territoire pour marquer son opposition aux accords d'Oslo conclus entre l'OLP et Israël, qui avaient prévu l'autodétermination des Territoires occupés. Des centaines d'entre eux s'étaient retrouvés coincés dans des "camps de retour" installés à la frontière avec l'Egypte, qui leur avait refusé le passage. D'autres avaient été piégés dans des bateaux croisant aux larges des côtes de la Syrie et du Liban, qui leur avaient eux aussi refusé l'entrée sur leur territoire. Selon le porte-parole des députés du Fatah au Conseil législatif [Parlement] palestinien, Jamal Al-Tirawi, "le fait de les chasser les obligera à s'installer dans un autre pays d'accueil, mais ne les fera pas revenir en Palestine puisque Israël ne leur permettra pas de passer la frontière". Il a exprimé son espoir de voir "Muammar Kadhafi revenir sur sa décision qui, si elle devait être appliquée, obligerait ces réfugiés à un nouvel exode". Selon le porte-parole du Fatah, Fahmi Al-Za'arir, ce sont "les travailleurs palestiniens qui font les frais de cette politique consistant à les expulser régulièrement pour des raisons politiques. Ils n'auront aucun recours et ne trouveront d'autre refuge que le désert, puisque l'occupant israélien ne leur permettra pas de revenir sur leurs terres."
Mohamed Dagharma
Al Hayat. Dec 2007.
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