Erdogan: "L’expression “islam modéré” est laide et offensante. Il n’y a pas d’islam modéré." Milliyet, 21 août 2007
samedi 26 janvier 2008
Boualem Sansal dans Le Nouvel Obs: «La frontière entre islamisme et nazisme est mince»
« Ce qu'il dit est terrible ». Tel est l’impression de Grégoire Leménager qui vient de réaliser une longue et passionnante interview avec le romancier algérien Boualem Sansal qui dans son nouveau roman «Le Village de l'Allemand» (Gallimard), traite de sujets qui terrifient les esprits naïfs qui découvrent l’eau chaude. Les liens historiques entre le nazisme et l’islam, l’instrumentalisation de l’histoire de la colonisation par des chefs d'Etats pour désinformer les peuples arabes (afin de les ressouder idéologiquement au régime), et le danger d’un islam sclérosé étranger à la modernité. Boualem Sansal, avant d’être romancier, est avant tout un ingénieur et un docteur en économie, qui fut universitaire puis haut fonctionnaire en Algérie.
Voici quelques passages, on lira l’intégralité de l’entretien avec grand intérêt.
Extraits:
Le Nouvel Observateur - Ce qui donne son titre au roman, c'est la destinée d'un criminel de guerre nazi, ancien SS qui a trouvé refuge en Algérie, où il est devenu un héros de la guerre d'indépendance en formant des combattants du FLN... S'agit-il d'une histoire vraie? Comment est né ce roman?
Boualem Sansal - «Le village de l'Allemand» est né d'une histoire vraie et d'un déluge de questions. Un jour, au début des années 1980, alors que j'étais en déplacement professionnel à l'intérieur du pays (dans la région de Sétif), je me suis arrêté dans un village (Aïn Deb, dans le roman), attiré par son «look» exotique. Il ne faisait pas couleur locale, il avait un petit air d'ailleurs. J'y ai pris un café et en arrivant à destination, j'ai questionné les personnes qui m'attendaient. J'avais à peine fini de dire «En venant chez vous, je suis tombé sur un drôle de village qui m'a fait pensé au village d'Astérix le Gaulois...» qu'on s'exclama fièrement: «Ah! le village de l'Allemand». On m'expliqua que ce village était «gouverné» par un Allemand, ancien officier SS, ancien moudjahid, naturalisé algérien et converti à l'islam. Dans la région, on le regardait comme un héros, un saint homme qui avait beaucoup fait pour le village et ses habitants. J'ai senti chez mes interlocuteurs une réelle admiration à l'évocation de son passé nazi, ce qui n'était pas pour me surprendre: la geste hitlérienne a toujours eu ses sympathisants en Algérie, comme d'ailleurs dans beaucoup de pays arabes et musulmans, et sans doute plus aujourd'hui en raison du conflit israélo-palestinien et de la guerre d'Irak. Avec quelque emphase pour bien m'éblouir, on m'expliqua que cet Allemand avait été envoyé par Nasser comme expert auprès de l'état-major de l'ALN et qu'après l'indépendance il avait enseigné dans la prestigieuse académie militaire de Cherchell. C'était en effet quelqu'un. J'avais voulu retourner au village et voir cet homme de près mais le temps m'avait manqué.
«une similitude entre le nazisme et l'ordre qui prévaut en Algérie et dans beaucoup de pays musulmans et arabes. On retrouve les mêmes ingrédients et on sait combien ils sont puissants »
« militarisation du pays, lavage de cerveau, falsification de l'histoire, exaltation de la race, vision manichéenne du monde, tendance à la victimisation, affirmation constante de l'existence d'un complot contre la nation (Israël, l'Amérique et la France sont tour à tour sollicités par le pouvoir algérien quand il est aux abois, et parfois, le voisin marocain), xénophobie, racisme et antisémitisme érigés en dogmes, culte du héros et du martyre, glorification du Guide suprême, omniprésence de la police et de ses indics, discours enflammés, organisations de masses disciplinées, grands rassemblements, matraquage religieux, propagande incessante, généralisation d'une langue de bois mortelle pour la pensée, projets pharaoniques qui exaltent le sentiment de puissance (ex: la 3ème plus grande mosquée du monde que Bouteflika va construire à Alger alors que le pays compte déjà plus de minarets que d'écoles)
« Nous vivons sous un régime national-islamiste »
« La lutte contre l'islamisme, matrice du terrorisme, réclame un engagement des musulmans et de leurs théologiens. Il leur revient de sauver leur religion et de la réconcilier avec la modernité, faute de quoi l'islam finira par n'être plus que l'islamisme »
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Liste des nazis ayant fui dans les pays arabes:
Altern Erich alias Ali Bella. Chef régional SD. Affaires juives en Galicie. Années 50, en Égypte, puis instructeur de camps palestiniens.
Appler Hans alias Salah Chaffar. Information avec Goebbels. Égypte, ministère de l’information (1956).
Bartel Franz alias el-Hussein. Adjoint au chef de la Gestapo à Kattowitz (Pologne). Depuis 1959, Section juive du ministère de l’Information au Caire.
Baurnann, SS Standartenührer. Participe à la liquidation du Ghetto de Varsovie. Ministère de la Guerre au Caire: instructeur du Front de Libération de la Palestine.
Bayerlein, col. Fritz. Aide-de-camp de Rommel. Égypte.
Becher Hans. Section juive Gestapo, Vienne. Alexandrie (Égypte) :y instruit la police.
Beissner, Dr Wilhelm. Chef Section VI C 13 RSHA. Égypte.
Bender Bernhardt alias Béchir Ben Salah. Gestapo, Varsovie. Conseiller de la police politique au Caire.
Birgel Werner alias El-Gamin. Officier SS. Vient de RDA au Caire, au ministère de l’Information.
Boeckler Wilhelm, SS Untersturmführer. Recherché en Pologne pour son rôle dans la liquidation du Ghetto de Varsovie. En Égypte depuis 1949, travaille au département Israël du Bureau d’informations.
Boerner Wilhelm alias Ali Ben Keshir, SS Untersturmführer. Gardien du camp de Mauthausen. Dépend du ministère de l’Intérieur égyptien, instructeur du Front de Libération de la Palestine.
Brunner Aloïs alias Georg Fischer, Ali Mohammed. SD, responsable des déportations en Autriche, Tchécoslovaquie, Grèce, Chef du camp de Drancy. Damas, conseiller des services spéciaux RAU puis syriens. Résident BND.
Buble Friedrich alias Ben Amman. SS Obergruppenfùhrer, Gestapo. Dir. Département égyptien des relations publiques - 1952 conseiller de la police égyptienne.
Bünsch Franz. Collaborateur de Goebbels à la propagande, coauteur, avec Eichmann de Les Habitudes sexuelles des juifs. Correspondant du BND au Caire puis en 1958 organisateur des SR d’Arabie saoudite pour le BND.
Bunzel Erich, SA, Obersturmführer. Collaborateur de Goebbels. Département Israël, ministère de l’Information au Caire.
Daemling Joachim alias Jochen Dressel ou Ibrahim Mustapha. Chef de la Gestapo de Düsseldorf. Conseiller du système pénitentiaire égyptien, fait partie des services de Radio-Le Caire.
Dirlewanger Oskar, Oberführer. Chef du 36e bataillon de Waffen SS (URSS, Pologne).
Au Caire depuis 1950 selon certaines sources, selon d’autres, décédé le 7 juin 45 en résidence surveillée en Allemagne. Une exhumation de son cadavre aurait eu lieu en 1960.
Eisele Dr Hans. Médecin chef camp de Buchenwald inoculateur du typhus sur des déportés. Décédé au Caire, le 4 mai 1965.
Farmbacher Wilhelm, LieutenantGénéral SS Wehrmacht front Est, supervise l’armée Vlassov en France en 1944. Conseiller militaire de Nasser en Egypte.
Gleim Leopold alias Lt-Col. Al Nashar. Chef du SD à Varsovie. Cadre de la Sécurité d’État égyptienne chargé des détenus politiques sur la mer Rouge.
Gruber alias Aradji. Recruté par Canaris en 1924; réside en Égypte 1950 : agent d’influence en direction de la Ligue arabe.
Heiden Ludwig alias el-Hadj. journaliste à l’agence antijuive Weltdienst (NSDAP).
Converti à l’Islam, traduit Mein Kampf en arabe, résidant en Égypte vers 1950.
Heim Heribert, SS Hauptsturmführer. Médecin de Mauthausen. Médecin de la police égyptienne.
Hithofer Franz. Cadre de la Gestapo à Vienne. Égypte, années 50.
Leers, Dr Johannes von alias Omar Amin. Adjoint de Goebbels, chargé de la propagande antisémite.Responsable de la propagande anti-israélienne au Caire depuis 1955.
Luder Karl,Chef des jeunesses hitlériennes, responsable de crimes antisémites en Pologne.Ministère de la Guerre au Caire.
Mildner Rudolf, SS. Standartenführer.Chef de la Gestapo à Kattowitz, chef de la police au Danemark. Depuis 1963, vit en Égypte, membre de l’organisation Deutscher Rat.
Moser Aloïs, Gruppenführer SS. Recherché en URSS pour crimes contre les juifs.
Instructeur des mouvements paramilitaires de jeunesse au Caire.
Münzel Oskar, Général SS de blindés. Conseiller militaire au Caire, années 50.
Nimzek Gerd von alias Ben Ali. En Égypte, années 50
Oltramare Georges alias Charles Dieudonné. Directeur du Pilori en France sous l’Occupation. Responsable de l’émetteur La Voix des Arabes au Caire. Décédé en 1960.
Peschnik Aehim Dieter alias el-Saïd. Réside en Égypte.
Rademacher Franz alias Thomé Rossel. 1940-1943, dirige la section antijuive aux Affaires étrangères. Journaliste à Damas.
Rauff Walter. Chef du SD en Tunisie. Au Moyen-Orient (Syrie) jusqu’en 1961. Arrêté, puis relâché au Chili, le 4 décembre 1962.
Seipel, SS Sturmbannführer alias Emmad Zuher. Gestapo à Paris. Converti à l’Islam. Service de sécurité du ministère de l’Intérieur au Caire.
Sellmann Heinrich alias Hassan Suleiman. Chef de la Gestapo à Ulm. Au Caire, Services spéciaux égyptiens.
Thiemann Albert alias Amman Kader. Officier SS en Tchécoslovaquie.
Weinmann Erich, SS Standartenführer. Chef SD, Prague. Déclaré mort en 1949. En fait, à Alexandrie conseiller de la police.
source: “le croissant et la croix gammée” Roger Faligot, Albin Michel.
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