La circulation humaine entre l’Algérie et la France gagne en densité. Les demandes de visas adressées par les nationaux aux consulats français repartent à la hausse. Le volume de titres de séjour délivrés aux ressortissants algériens par les préfectures hexagonales s’inscrit dans une tendance similaire.
Rien que pour les six premiers mois de 2007, le nombre de visas, toutes périodicités confondues, réceptionnés par les consulats généraux d’Alger et d’Annaba a atteint 114.748. Ce chiffre est consigné dans un rapport officiel français, dont Le Quotidien d’Oran a obtenu une copie.
Entre janvier et juillet 2007, la mission consulaire de Hydra a été destinataire de 87.359, contre 27.389 pour celle d’Annaba. La première traitait à l’époque les demandes des Algériens résidant dans 35 wilayas du Centre, de l’Ouest et du Sud-Ouest. Ces deux dernières régions sont désormais gérées par le consulat général d’Oran. Annaba prend en charge 19 wilayas de l’Est algérien.
Selon le rapport élaboré par le Conseil interministériel de contrôle de l’immigration (CICI) - placé sous tutelle du Premier ministre -, Alger a reçu 4.452 dossiers de plus par rapport à la même période de 2006. En revanche, la demande enregistrée à Annaba a baissé de 1.870.
En l’absence des chiffres consolidés du second trimestre, notamment ceux de la fin de la période estivale, le CICI se garde de tirer des enseignements tranchés sur la demande algérienne. Cela ne l’empêche de relever d’ores et déjà une hausse de la demande.
A la différence des années précédentes, marquées par une « forte baisse » sous l’effet de l’introduction, en 2003, des frais de chancellerie, l’année 2007 s’inscrit dans une tendance haussière. Le rapport du CICI ne fournit aucune indication sur le nombre de visas accordés et la proportion des dossiers rejetés ou restés sans suite.
Durant la même période, 353 visas étudiants ont été délivrés dans le cadre du programme dit « CampusFrance » par le consulat général d’Alger, seule mission habilitée à octroyer ce type de sésame. Leur nombre était de 299 pour le premier trimestre 2006, soit une augmentation de 18,1%.
En revanche, le nombre de visas délivrés aux conjoints algériens de Français s’inscrivait dans un mouvement de baisse. De janvier à juillet 2007, 4.209 demandes ont été satisfaites, contre 5.837 pour la même période de 2006. Cette baisse frise les 28%, contre une moyenne de 21,3 pour l’ensemble du Maghreb.
Selon le rapport du CICI, ce recul s’explique « directement » par les retombées des nouvelles dispositions relatives au contrôle de la validité des mariages introduites par le législateur en novembre 2006. Contenue dans la loi sur l’immigration soumise par Nicolas Sarkozy au soir de son passage au ministère de l’Intérieur, cette disposition impose un contrôle sévère sur les mariages célébrés à l’étranger entre un Français et un étranger.
En 2006, la demande algérienne de visas auprès des consulats d’Alger et d’Annaba s’était établie à 212.529, dont 159.348 pour la première mission consulaire. Une telle proportion constitue 10% de la demande globale reçue par les consulats français dans le monde. « Elle a même pu en représenter jusqu’à 15% », selon un rapport sénatorial datant de juin dernier.
Elaboré par le sénateur (UMP) de la Haute-Loire (Auvergne) et vice-président du Sénat, Adrien Gouteyron, le rapport fait état d’un taux de refus record pour la demande algérienne. Avec respectivement 47,82% et 43,98%, les consulats généraux d’Alger et d’Annaba occupaient la première place au classement du refus, loin devant des pays d’Afrique subsaharienne. « Avec plus de 40% de refus - bien au-dessus de nos partenaires européens, le consulat général de France à Alger figure dans le peloton de tête des consulats refusant le plus de visas », relevait Adrien Gouteyron. Et le sénateur d’estimer « peu probable » que le taux de rejet « puisse descendre au-dessous de la barre des 35% » des demandes déposées. A titre d’exemple, le consulat général de Tunis avait essuyé à la même période un taux de refus de l’ordre de 12,44%. A Casablanca, les services consulaires ont opposé une fin de non-recevoir à 16,51% des demandes.
Selon le vice-président du Sénat, Alger et Annaba figurent au nombre des consulats français — implantés pour l’essentiel en Afrique - soumis à une « pression migratoire ». Dans leur instruction des dossiers, ils prennent en compte cette donne et « les risques de détournement de la procédure de visas de court séjour à des fins de maintien » en France.
© le Quotidien d’Oran.
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