Le Sahara occidental, appelé au Maroc Sahara marocain , est un territoire désertique de 266 000 km² du nord-ouest de l'Afrique, bordé par le Maroc au nord, l' Algérie au nord est, la Mauritanie à l'est et au sud, tandis que sa côte ouest donne sur l' océan Atlantique.
Territoire non autonome selon l' ONU, cette ancienne colonie espagnole n'a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique, plus de trente ans après le départ des Espagnols en 1976. Le Sahara occidental est en proie à un conflit reflétant à la fois la lutte de certains Sahraouis pour leur indépendance et la rivalité hégémonique du Maroc et de l'Algérie dans cette région. Devenu un enjeu global, le dossier saharien bloque toujours la construction de l' Union du Maghreb arabe (UMA). Le territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), fondée par le Front Polisario en 1976. Celui-ci est un mouvement dont l'objectif est l'indépendance totale du Sahara occidental ; il est soutenu militairement, financièrement et diplomatiquement par l' Algérie . Depuis le cessez-le-feu de 1991, le Maroc contrôle et administre environ 80 % du territoire, tandis que le Front Polisario en contrôle 20 %.
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Dans les camps de Tindouf, 158 000 Sahraouis attendent depuis trente ans un avenir qui ne vient pas.
LE MONDE | 13.02.08 |
TINDOUF (SAHARA ALGÉRIEN) ENVOYÉE SPÉCIALE
Voilà trente ans qu'ils attendent. Trente ans dans ce désert inhospitalier de sable et de rocaille, situé dans le sud-ouest de l'Algérie. Quand ils sont arrivés ici, fuyant l'avancée des troupes marocaines, dans la foulée de la "marche verte" lancée par le roi Hassan II, en novembre 1975, ils n'imaginaient pas que leur exode s'éterniserait. La question du Sahara occidental, c'est avant tout un drame humanitaire. Pas une famille, ici, qui n'ait un parent "de l'autre côté", dans l'ex-colonie espagnole occupée par le Maroc.
Pour tenter de se recréer un semblant de terre natale, ces 158 000 réfugiés sahraouis ont donné à leurs cinq campements les noms des principales localités du Sahara occidental : El-Ayoun, Smara, Dakhla... Ils vivent dans des masures de pisé - qui s'écroulent en cas de pluies diluviennes comme il en arrive parfois dans le désert - et des tentes de toile. Chaque famille s'est bricolé un petit enclos de tôles et de bidons rouillés dans lequel elle a installé sa seule richesse : une ou deux chèvres, ou un mouton. Pour le reste, les réfugiés sahraouis ne subsistent que grâce à l'aide internationale (Programme alimentaire mondial, Union européenne, ONG...)
Nourriture, vêtements, médicaments... Tout leur vient de dons, beaucoup en provenance d'Espagne. Pas d'eau courante. Les habitants se ravitaillent dans de petites citernes en zinc, alimentées chaque jour par camions. Quant à l'électricité, ils la tirent de panneaux solaires installés sur le sol. Le soir, il faut choisir : soit s'éclairer, soit regarder la télévision. Il est rare de pouvoir faire les deux en même temps.
La vie dans ces camps de Tindouf est incroyablement dure. Il y fait froid l'hiver - la nuit, le thermomètre descend souvent en dessous de zéro - une chaleur écrasante l'été (50 degrés à l'ombre). Les vents de sable rendent l'atmosphère irrespirable. Mais le pire, pour tous ces réfugiés sahraouis, c'est l'attente.
"Ils espèrent un avenir qui n'arrive pas. Ils vivent ce que j'appelle le "stress de l'attente". Tous en sont très marqués psychologiquement", explique Salah, jeune médecin d'une trentaine d'années, qui travaille dans le petit hôpital de "Smara". Un hôpital presque neuf, financé par une ONG italienne, mais démuni de tout.
Tout en préparant le thé sur un petit réchaud posé à même le sable, Fatma, mère de sept enfants dont la dernière a 5 ans, raconte sa vie d'une voix monocorde et fatiguée. "Nous ne pensons qu'à retourner dans notre pays et à être indépendants. Pourquoi souffrons-nous autant ? Il faut que les étrangers nous aident ! Ne pourraient-ils pas convaincre le Maroc que le Sahara occidental ne lui appartient pas ?" supplie-t-elle en arabe, les larmes aux yeux.
POURPARLERS DANS L'IMPASSE
Abdelkhader Taleb Omar, premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et membre de la direction du Front Polisario, déplore que l'ONU n'exerce pas de "pressions suffisantes" sur le royaume chérifien pour faire appliquer le droit international. Autrement dit, pour imposer un référendum d'autodétermination au Sahara occidental et rejeter le "diktat" de Rabat, qui n'envisage que l'autonomie, en aucun cas l'indépendance. "La communauté internationale doit-elle accepter la politique du fait accompli ?" s'interroge Taleb Omar, avant d'avouer son amertume face à la France, coupable de favoriser l'intransigeance du Maroc.
L'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, en mai 2007, avait soulevé de grands espoirs au sein du Front Polisario. Le mouvement indépendantiste voyait dans le nouveau locataire de l'Elysée un homme capable de prendre ses distances avec le roi Mohammed VI et de faire avancer le dossier du Sahara occidental. Mais le discours de M. Sarkozy, fin octobre, devant le Parlement de Rabat, se ralliant au plan marocain d'autonomie et excluant toute idée d'indépendance, a fait l'effet d'une douche froide. "Nous n'attendons pas de la France qu'elle prenne parti pour nous. Nous lui demandons simplement d'être équilibrée et de respecter la légalité internationale", plaide encore le premier ministre de la RASD. "Au Kosovo, on parle d'indépendance. Le Timor, lui, nous a coiffés au poteau ! Mais le monde ferme les yeux sur la question du Sahara occidental. Pour les Sahraouis, c'est une injustice criante !" s'exclame, de son côté, M'Hamed Khadad, l'un des principaux artisans des négociations de Manhasset (New York), qui devraient reprendre le 11 mars sous l'égide des Nations unies.
Optimiste ? La direction du Front Polisario ne l'est pas, à la veille de ce nouveau round. Jusque-là, les pourparlers n'ont pas permis de sortir de l'impasse. Et pendant ce temps, la jeune génération sahraouie réclame avec de plus en plus d'insistance à ses aînés de reprendre la lutte armée contre le Maroc. C'est la seule façon, fait-elle valoir, de se faire enfin entendre de la communauté internationale...
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