Tout comme le Hezbollah qui, après la guerre de l'été 2006, avait parlé de victoire divine alors que le Liban sortait exsangue de ce conflit, le Hamas affirme aujourd'hui avoir vaincu Tsahal, malgré les centaines de morts et les innombrables destructions à Gaza. Une absurdité que dénonce le chroniqueur du quotidien de Beyrouth.
Le Hamas et le Hezbollah sont deux manifestations d'un même phénomène. En été 2006, le Hezbollah a entraîné dans une guerre absurde l'ensemble des Libanais, sans distinction. Cette aventure, dans laquelle ils se sont trouvés engagés malgré eux, leur a coûté 1 300 vies, des milliards de dollars de pertes économiques et de destructions d'infrastructures. Et que fait le "parti de Dieu" ? Il déclare une victoire divine. Puis il s'en prend à l'identité du Liban, à son régime politique et au mode de vie de ses habitants. Voilà le parti qui occupe le centre de Beyrouth sans que quiconque bronche pour dénoncer le degré de pourriture auquel on est arrivé.
A Gaza, la machine criminelle israélienne s'est arrêtée temporairement. Et que fait le Hamas ? Il crie victoire. Et ce alors qu'en moins de quatre jours il y a eu plus de 120 morts et des centaines de blessés palestiniens, tandis que les victimes israéliennes se comptent sur les doigts d'une main. Le Hamas avait fait un coup d'Etat contre le pouvoir légal [l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas]. Il a causé catastrophe sur catastrophe dans la bande de Gaza. Au point que tous les habitants n'ont plus qu'une envie : quitter cet endroit, comme on a pu le voir lors de l'incident des points de passage [destruction du mur à la frontière avec l'Egypte].
Certes, la vie des Gazaouis n'était pas parfaite durant la "cohabitation" avec le Fatah. Mais la politique du Hamas, calquée sur celle du Hezbollah, n'a réussi qu'à creuser des fosses communes, à aggraver la pauvreté, à vider les institutions de leur substance et à tuer toute vie intellectuelle et culturelle, qui, pourtant, pourrait offrir les bases d'une résistance à la portée autrement plus importante que les roquettes Qassam.
Au Liban, le Hezbollah a crié victoire alors qu'il avait fourni un prétexte en or à Israël pour détruire le pays trente-trois jours durant ; à Gaza, le Hamas se précipite pour crier à son tour victoire alors qu'on est en train d'enterrer les corps carbonisés par le feu israélien, y compris des enfants, dans des processions où l'on les expose comme si l'on voulait s'en vanter.
Le projet des régimes militaristes arabes a échoué. Il a eu raison de la renaissance culturelle et nationale arabe. Il a eu raison de ce qui aurait pu donner naissance à une démocratie arabe. Et, après le projet militariste, en voilà un nouveau, le projet nihiliste. Il aboutira au même échec, malgré les milliers de roquettes du Hezbollah, malgré la volonté de jeter les chiites dans ses guerres sanglantes permanentes, malgré les déclarations imbéciles de Mahmoud Ahmadinejad à Téhéran [sur la fin d'Israël].
Cet échec consiste dans l'incapacité de créer un homme arabe moderne ouvert au monde qui puisse contribuer, ne serait-ce qu'un minimum, aux divers aspects de l'universalisme, culturels, économiques et technologiques. Le repli sur soi actuel empêche la création et l'innovation et s'oppose à la communication avec le monde extérieur. Ce nihilisme ne prépare pas des victoires, mais creuse des tombes.
Ali Hamadé
An Nahar
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