A gauche Micheline Calmy-Rey, ministre suisse des affaires étrangères, chantre des droits humains, un voile blanc qui lui recouvre toute la tête comme une musulmane, l'air perdu. A sa droite, Mahmoud Ahmadinejad, président iranien, pourfendeur des droits humains, décontracté, tout sourire même. Au milieu, une table fleurie et beaucoup d'interrogations et surtout de colère chez les féministes iraniennes.
Celles-ci n'en reviennent pas d'avoir vu, à la TV nationale, la ministre suisse des Affaires étrangères jouant la soumise devant leur très conservateur président, lors de la courte visite de courtoisie que la Suissesse a effectuée, lundi, dans les bureaux d'Ahmadinejad - après la signature d'un accord gazier entre les deux pays aussitôt critiqué par Washington.
Quid de la neutralité helvétique dans ce contexte? Cette question, Shirine, étudiante à l'Université de Téhéran, se la pose aussi:
"Votre ministre n'était pas obligée de se voiler complètement. Surtout pas dans le bureau du président. L'Islam n'exige un tissu pour cacher les cheveux que dans une mosquée. En portant le foulard ainsi, Micheline Calmy-Rey ne nous rend pas service, à nous les femmes iraniennes qui nous battons chaque jour pour libérer nos têtes de ces symboles de domination".
Tombée dans le panneau
Shirine et ses copines auraient attendu d'une responsable occidentale, qui n'a pas à porter le voile dans un tel contexte, de véhiculer des valeurs plus universelles et surtout de rester elle- même. "Nous qui avions cru que la femme était libre en Europe", ironise la jeune femme. Ismahane, médecin dans la capitale iranienne, ne mâche pas ses mots non plus.
"Quand j'ai vu les images de votre ministre complètement voilée à la télévision officielle iranienne avec notre président très controversé, je me suis dit qu'elle est tombée dans le panneau devant Ahmadinejad qui aime jouer avec les symboles. Si les officielles occidentales appliquent à la lettre le voile intégral, cela ne va pas aider la vie des milliers d'Iraniennes. Tous les jours, elles se battent pour laisser le vent balayer leurs mèches de cheveux sans qu'il y ait un pasdaran (ndlr: soldat de la révolution) qui les rappelle à l'ordre moral des mollahs".
(...)
Rue89
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