AFP
Une ministre française d'origine arabe affirme samedi qu'il n'existe pas d'"islamisme modéré" et que des lois fondées sur la charia, la loi coranique, sont "nécessairement une restriction des droits et libertés".
La secrétaire d'Etat à la Jeunesse Jeannette Bougrab réagissait dans un entretien au journal Le Parisien aux succès électoraux des islamistes au Maroc, en Tunisie et en Egypte. Elle est elle-même d'origine algérienne, fille de harki, le nom donné aux supplétifs algériens de l'armée française pendant la guerre d'indépendance.
"C'est très inquiétant", a-t-elle déclaré. "Je ne connais pas d'islamisme modéré".
"Il n'y a pas de charia "light". Je suis juriste et on peut faire toutes les interprétations théologiques, littérales ou fondamentales que l'on veut, mais le droit fondé sur la charia est nécessairement une restriction des libertés, notamment de la liberté de conscience", a-t-elle ajouté.
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Les présidents tunisien et égyptien "Ben Ali ou Moubarak avaient agité le chiffon rouge des islamistes pour obtenir le soutien des pays occidentaux", poursuit Jeannette Bougrab.
"Mais il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse. Moi, je ne soutiendrai jamais un parti islamiste. Jamais. Au nom des femmes qui sont mortes, de toutes celles qui ont été tuées, notamment en Algérie ou en Iran, par exemple, parce qu'elles ne portaient pas le voile".
Jeannette Bougrab s'insurge aussi contre les Tunisiens de France qui ont voté à environ 30% pour Ennahda aux élections d'octobre. "Je trouve choquant que ceux qui ont les droits et les libertés ici aient donné leur voix à un parti religieux", déclare-t-elle.
"Je pense à ceux qui, dans leur pays, ont été arrêtés, torturés pour défendre leurs convictions. On leur a en quelque sorte volé la révolution", affirme-t-elle.
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L’interview parue samedi dans nos colonnes dans laquelle Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse, disait s’inquiéter du succès électoral des partis islamistes dans les pays arabes n’a pas du tout plu à Matignon.
Jeannette Bougrab : «Je ne connais pas d’islamisme modéré»
S’exprimant à titre personnel, en tant que « femme d’origine arabe » et non comme ministre, elle a réfuté la notion d’« islamisme modéré », défendue par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Elle a aussi mis en garde contre toute restriction des droits des femmes. Cette prise de position lui a valu un coup de fil incendiaire de Jean-Paul Faugère, le directeur de cabinet de François Fillon. Il lui a reproché de remettre en cause la politique étrangère de la France, allant jusqu’à l’accuser de « haute trahison »!
http://www.leparisien.fr/indiscrets/politique/les-indiscrets-bougrab-accusee-de-haute-trahison-06-12-2011-1754864.php
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