(...)
Pendant ce temps, sur les trottoirs de France, des Samia ou des Marie-Christine ont choisi leur camp. Celui de la lutte contre l'émancipation. Elles prennent le voile intégral pour rester "pures", se protéger du monde extérieur (tous les autres). Elles ne comprennent pas que leurs grandes capes noires choquent. Elles, ce qui les choque, c'est le manque de pudeur, "tous ces pédés dans la rue" et ces "femmes qui ne se marient pas". Elles sont nées en France, sont allées à l'école, elles ne manquent ni d'éducation ni d'intégration. Elles sont françaises et elles ont choisi librement... l'aliénation. Pour faire plaisir à l'homme qu'elles aiment ou par fierté. Pour montrer qu'elles sont plus pieuses que les autres. Leur voile n'est dans aucun Coran. C'est un uniforme politique encouragé depuis l'Arabie saoudite. Il est censé être plus pudique. Avec lui, pourtant, on ne voit qu'elles. Elles le portent comme on entre dans une secte, avec la foi aveugle des convertis. Mais les groupes salafistes qui leur suggèrent ce choix, eux, sont dans une démarche politique. Comment ne pas s'interroger sur le message qu'ils envoient à travers le corps des femmes ?
Si nous vivions dans un monde où le Ku Klux Klan avait pris le pouvoir aux Etats-Unis et pendait des Noirs... que penserions-nous si des Français se mettaient à porter leur cagoule blanche pour faire leurs courses ? Le fait qu'ils soient consentants suffirait-il à nous rassurer ? Suffit-il de déguiser son sectarisme politique en religion pour que tout soit permis dans l'espace public ?
(...)
Caroline Fourest
Erdogan: "L’expression “islam modéré” est laide et offensante. Il n’y a pas d’islam modéré." Milliyet, 21 août 2007
dimanche 28 juin 2009
vendredi 26 juin 2009
David Mascré
David Mascré vient de consacrer un livre au meurtre de Ilan Halimi, Des barbares dans la cité, Editions de l'Infini.
Texte d'Aristote, cité par l'auteur :"L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile, tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation.Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard, et elle a besoin de temps pour se coaguler. C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre".
Texte d'Aristote, cité par l'auteur :"L'absence de communauté nationale est facteur de guerre civile, tant que les citoyens ne partagent pas les mêmes valeurs de civilisation.Une cité ne se forme pas à partir de gens pris au hasard, et elle a besoin de temps pour se coaguler. C'est pourquoi, parmi ceux qui ont accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux, et pour les intégrer à la cité, la plupart ont connu des guerres civiles. Par exemple, les tyrans de Syracuse, en ayant naturalisé les immigrés, ont dû subir des révoltes. Citoyens et étrangers en sont venus à se combattre".
jeudi 25 juin 2009
Kalachnikov à La Courneuve
Des balles de kalachnikov ont été retrouvées à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) lors des perquisitions menées mercredi dans différents points de la ville, a-t-on appris de sources concordantes aujourd'hui. Selon des sources proches de l'enquête, les enquêteurs ont découvert des balles chez l'un des trois jeunes gens placés mercredi en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'utilisation d'une arme de ce type contre la police en mai à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
(...)
Les enquêteurs du Service départemental de la police judiciaire (SDPJ), épaulés par la brigade de recherche et d'intervention (BRI, "anti-gang"), ont mené une opération en plusieurs lieux de La Courneuve mercredi et procédé à trois interpellations ponctuées de perquisitions chez les suspects, ont précisé des sources proches de l'enquête.
Les trois suspects ont ensuite été placés en garde à vue au SDPJ, ont ajouté les sources. La kalachnikov n'aurait pas été retrouvée en l'état des investigations.
Dans le quartier sensible des "4.000" de La Courneuve, des tirs à l'arme de guerre --une kalachnikov de calibre 7,62 mm-- avaient été essuyés le dimanche 17 mai par un fourgon de police convoyant deux gardés à vue, lors d'un guet-apens tendu par plusieurs individus.Ce type de violence, très rare (pour l'instant) en banlieue parisienne, avait suscité une vive émotion, notamment parmi les forces de l'ordre.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/06/25/01011-20090625FILWWW00462-des-balles-de-kalachnikov-a-la-courneuve.php
(...)
Les enquêteurs du Service départemental de la police judiciaire (SDPJ), épaulés par la brigade de recherche et d'intervention (BRI, "anti-gang"), ont mené une opération en plusieurs lieux de La Courneuve mercredi et procédé à trois interpellations ponctuées de perquisitions chez les suspects, ont précisé des sources proches de l'enquête.
Les trois suspects ont ensuite été placés en garde à vue au SDPJ, ont ajouté les sources. La kalachnikov n'aurait pas été retrouvée en l'état des investigations.
Dans le quartier sensible des "4.000" de La Courneuve, des tirs à l'arme de guerre --une kalachnikov de calibre 7,62 mm-- avaient été essuyés le dimanche 17 mai par un fourgon de police convoyant deux gardés à vue, lors d'un guet-apens tendu par plusieurs individus.Ce type de violence, très rare (pour l'instant) en banlieue parisienne, avait suscité une vive émotion, notamment parmi les forces de l'ordre.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/06/25/01011-20090625FILWWW00462-des-balles-de-kalachnikov-a-la-courneuve.php
Chez elle, la CGT n’aime pas les sans-papiers
"Dieu rit des gens qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."
Bossuet.
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Expulsion. Le service d’ordre du syndicat a fait évacuer la Bourse du travail de Paris, hier.
Matelas sous le bras, sacs et couvertures à la main, ils sont sortis un à un, sous le regard des CRS. Sur le trottoir, bordé par des dizaines de fourgons de police et de cars de CRS, des femmes pleurent, en état de choc. Après quatorze mois passés à vivre jour et nuit dans les locaux de la Bourse du travail à Paris, les occupants de ce grand bâtiment proche de la place de la République se sont retrouvés à la rue hier midi, évacués de force.
«Squat».
Africains en situation irrégulière, ils étaient autour de 500 à y vivre en permanence et près de 1 200 par intermittence. Qui a mené l’opération ? Les évacués ont vite accusé non pas la police mais la CGT, qui aurait envoyé son service d’ordre faire le sale boulot. Scénario que le syndicat a fini par reconnaître quelques heures plus tard : «Après avoir essayé en vain de négocier pendant des mois, nous avons décidé de mettre un terme à une occupation qui était devenue un squat», justifie Patrick Picard, secrétaire général de l’Union départementale de Paris. Pourquoi un syndicat qui monte régulièrement au créneau sur la question des travailleurs sans-papiers a-t-il délogé des travailleurs sans-papiers ? D’abord pour récupérer son lieu de travail, la CGT disposant d’une partie du bâtiment. Ensuite, le syndicat entretient depuis le début des relations tendues avec les occupants, pour la plupart travailleurs isolés, employés dans le nettoyage ou la sécurité, qui se sont rassemblés dans un collectif autonome, la CSP 75 (coordination des sans-papiers), sans jamais vouloir se rapprocher de la CGT pour les demandes de régularisation. (eh oui, ça rigole pas avec la milice d'extrême gauche, il faut marcher au pas)
Après plusieurs semaines de menaces, la CGT a donc envoyé hier «quelques dizaines de militants», qui n’ont pas fait les choses à moitié. Les témoins décrivent tous la même scène, très brutale : vers 12 h 30, alors que, comme chaque mercredi, le gros des occupants manifestait place du Châtelet pour réclamer des régularisations, une trentaine de gros bras, «crânes rasés», brassard orange, masqués, ont débarqué armés de «bâtons» et de «bonbonnes de lacrymo», les yeux protégés par des «lunettes de piscine». Gazés, les occupants sont contraints de quitter les lieux. La police, arrivée «dix minutes plus tard», reste à la porte du bâtiment, faute, explique-t-on, de réquisition du propriétaire, en l’occurrence la mairie de Paris. CRS et pompiers suivent.
Sur le boulevard, les passants s’échauffent : «ratonnade», «nettoyage», «Sarkozy assassin»…
(Rafle et déportation tant qu'on y est... Aucuns de ces courageux bien sûr, n'accueillera de sans-papiers chez lui)
http://www.liberation.fr/societe/0101576090-chez-elle-la-cgt-n-aime-pas-les-sans-papiers
samedi 20 juin 2009
On a les fans qu'on mérite...
Venezuela : le président vénézuélien Hugo Chavez a réclamé ce vendredi des ''applaudissements'' pour son homologue américain dont il a salué la fermeté à l'égard d'Israël. (Guysen.International.News)
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Les silences de Barack Hussein Obama
Par Ivan Rioufol
Crédible, Barack Hussein Obama ? Ses approximations historiques, qui présentent l'islam, religion de son père, comme source de l'Europe des Lumières et d'inventions comme l'imprimerie, font douter du sérieux de ses analyses. D'autant qu'il dit aussi : "Les États-Unis sont l'un des plus grands pays musulmans de la planète." Sa récente promotion du voile islamique, symbole de la soumission de la femme, a choqué les défenseurs de la laïcité. L'icône, un brin distante lors de son séjour à Paris, ne mérite pas l'unanimité des louanges.
L'obamania qui dure, notamment au sein de l'intelligentsia française, obscurcit l'élémentaire esprit critique. Au prétexte que le président des États-Unis a entrepris de se démarquer de son prédécesseur, toute sa politique est louangée par les anti-bushistes d'hier. Même ses œillades aux islamistes et ses mains tendues aux despotes sont jugées exemplaires d'intelligence, par ceux qui estiment que l'Occident doit s'astreindre à l'humilité. Auraient-ils oublié, ces héritiers de Chamberlain, que le totalitarisme méprise les faibles ?
Le coup d'État de Mahmoud Ahmadinejad, en Iran, qui vient de se faire réélire haut la main en fraudant les urnes, a dévoilé s'il en était besoin l'oppression de ce régime islamo-fasciste, qui construit sa bombe atomique et menace Israël. L'irrationalité de ses dirigeants, qui attendent l'Apocalypse comme une délivrance, rend d'autant plus aléatoire toute tentative d'apaisement. Aussi est-il consternant d'observer les silences d'Obama devant cette tyrannie, qu'il n'ose pas même nommer pour ce qu'elle est.
Sa politique de la main tendue est déjà un échec, puisqu'elle l'empêche de choisir, par prudence, entre la répression des illuminés et l'aspiration d'un peuple à sa souveraineté. Alors que la foule iranienne osait, dès lundi, braver les interdits et les balles (sept morts à Téhéran), le président de la plus grande démocratie se garde de prendre parti, sous les encouragements de ses thuriféraires. À moins qu'Obama ne se ressaisisse, il est loisible de voir une lâcheté dans cette attitude.
D'ailleurs, plus généralement, le "soft power" déployé par Obama, en réplique au bellicisme prêté à Bush et aux néoconservateurs, ne brille apparemment pas par son efficacité. Non seulement l'Iran le plus rétrograde se braque, menaçant les droits de l'homme et la paix dans le monde, mais la Corée du Nord multiplie aussi les provocations dans sa course à l'armement nucléaire.
(...)
Faudrait-il que les démocraties fassent profil bas, au prétexte de ne pas susciter le courroux des dictateurs ? Nombre d'obamaniaques le pensent, sans s'alarmer de l'esprit de capitulation qui les gagne. Certes il est de bon ton de reconnaître à l'Occident "une certaine arrogance" (Dominique de Villepin, La Cité des hommes, Plon). Pourtant, c'est bien lui qui reste la référence pour une partie de cette jeunesse en colère, qui aspire à son mode de vie.
Il est d'ailleurs paradoxal d'observer ce goût pour l'autoflagellation, commun aux élites européennes prêtes à prendre acte du déclin de l'Occident, tandis que sa civilisation sert toujours d'idéal ailleurs, au point d'avoir mis en échec le Hezbollah lors des récentes élections législatives libanaises.
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Les silences de Barack Hussein Obama
Par Ivan Rioufol
Crédible, Barack Hussein Obama ? Ses approximations historiques, qui présentent l'islam, religion de son père, comme source de l'Europe des Lumières et d'inventions comme l'imprimerie, font douter du sérieux de ses analyses. D'autant qu'il dit aussi : "Les États-Unis sont l'un des plus grands pays musulmans de la planète." Sa récente promotion du voile islamique, symbole de la soumission de la femme, a choqué les défenseurs de la laïcité. L'icône, un brin distante lors de son séjour à Paris, ne mérite pas l'unanimité des louanges.
L'obamania qui dure, notamment au sein de l'intelligentsia française, obscurcit l'élémentaire esprit critique. Au prétexte que le président des États-Unis a entrepris de se démarquer de son prédécesseur, toute sa politique est louangée par les anti-bushistes d'hier. Même ses œillades aux islamistes et ses mains tendues aux despotes sont jugées exemplaires d'intelligence, par ceux qui estiment que l'Occident doit s'astreindre à l'humilité. Auraient-ils oublié, ces héritiers de Chamberlain, que le totalitarisme méprise les faibles ?
Le coup d'État de Mahmoud Ahmadinejad, en Iran, qui vient de se faire réélire haut la main en fraudant les urnes, a dévoilé s'il en était besoin l'oppression de ce régime islamo-fasciste, qui construit sa bombe atomique et menace Israël. L'irrationalité de ses dirigeants, qui attendent l'Apocalypse comme une délivrance, rend d'autant plus aléatoire toute tentative d'apaisement. Aussi est-il consternant d'observer les silences d'Obama devant cette tyrannie, qu'il n'ose pas même nommer pour ce qu'elle est.
Sa politique de la main tendue est déjà un échec, puisqu'elle l'empêche de choisir, par prudence, entre la répression des illuminés et l'aspiration d'un peuple à sa souveraineté. Alors que la foule iranienne osait, dès lundi, braver les interdits et les balles (sept morts à Téhéran), le président de la plus grande démocratie se garde de prendre parti, sous les encouragements de ses thuriféraires. À moins qu'Obama ne se ressaisisse, il est loisible de voir une lâcheté dans cette attitude.
D'ailleurs, plus généralement, le "soft power" déployé par Obama, en réplique au bellicisme prêté à Bush et aux néoconservateurs, ne brille apparemment pas par son efficacité. Non seulement l'Iran le plus rétrograde se braque, menaçant les droits de l'homme et la paix dans le monde, mais la Corée du Nord multiplie aussi les provocations dans sa course à l'armement nucléaire.
(...)
Faudrait-il que les démocraties fassent profil bas, au prétexte de ne pas susciter le courroux des dictateurs ? Nombre d'obamaniaques le pensent, sans s'alarmer de l'esprit de capitulation qui les gagne. Certes il est de bon ton de reconnaître à l'Occident "une certaine arrogance" (Dominique de Villepin, La Cité des hommes, Plon). Pourtant, c'est bien lui qui reste la référence pour une partie de cette jeunesse en colère, qui aspire à son mode de vie.
Il est d'ailleurs paradoxal d'observer ce goût pour l'autoflagellation, commun aux élites européennes prêtes à prendre acte du déclin de l'Occident, tandis que sa civilisation sert toujours d'idéal ailleurs, au point d'avoir mis en échec le Hezbollah lors des récentes élections législatives libanaises.
vendredi 19 juin 2009
Le sens de l'humour musulman
La couverture du magazine israélien Time Out consacrée la semaine dernière à la Gay Pride, la parade des homosexuels et des transsexuels, a fait scandale. On y voyait des musulmans agenouillés en train de prier, de dos, avec ce titre :
"Vous voyez une menace, nous voyons une opportunité" Peut-on aller aussi loin dans la provocation ? (les pauvres chéris, les blagues sur le pape et les juifs ne les dérangent pourtant pas...)
Les éditeurs de Time Out pensaient avoir fait un titre humoristique sur la Gay Pride du 12 juin. Mais cette couverture n’a pas fait sourire tout le monde. Plusieurs associations homosexuelles israéliennes et palestiniennes, ont réagi, dans un communiqué commun, qualifiant la une de raciste et d’homophobe. Elles se sont dites choquées par les connotations associées au mot "opportunités" : "De quelle opportunités s’agit-il ? de bai*** l’islam ? de bai*** les
musulmans ? Parce qu’ils sont ‘une menace’ ? ou parce qu’ils sont ‘exotiques’ ? Ou est-ce là une opportunité de ‘bai*** l’ennemi’ en lui assénant un coup dans le dos alors qu’il fait sa prière ?" (ça lui ferait pourtant le plus grand bien)
Le magazine a présenté ses excuses "à tous ceux et celles qui ont été offusqués" par leur couverture. Son rédacteur-en-chef, Itay Valdman, a expliqué à l’équipe des Observateurs que l’objectif était de "tourner en dérision les positions islamophobes et homophobes largement répandues". Et d’ajouter qu’"à l’évidence nous ne détestons ni les musulmans, ni les homosexuels. Nous aimons simplement rigoler et nous sommes surpris de voir que ce qui nous fait rire suscite chez d’autres la colère".
France24
"Vous voyez une menace, nous voyons une opportunité" Peut-on aller aussi loin dans la provocation ? (les pauvres chéris, les blagues sur le pape et les juifs ne les dérangent pourtant pas...)
Les éditeurs de Time Out pensaient avoir fait un titre humoristique sur la Gay Pride du 12 juin. Mais cette couverture n’a pas fait sourire tout le monde. Plusieurs associations homosexuelles israéliennes et palestiniennes, ont réagi, dans un communiqué commun, qualifiant la une de raciste et d’homophobe. Elles se sont dites choquées par les connotations associées au mot "opportunités" : "De quelle opportunités s’agit-il ? de bai*** l’islam ? de bai*** les
musulmans ? Parce qu’ils sont ‘une menace’ ? ou parce qu’ils sont ‘exotiques’ ? Ou est-ce là une opportunité de ‘bai*** l’ennemi’ en lui assénant un coup dans le dos alors qu’il fait sa prière ?" (ça lui ferait pourtant le plus grand bien)
Le magazine a présenté ses excuses "à tous ceux et celles qui ont été offusqués" par leur couverture. Son rédacteur-en-chef, Itay Valdman, a expliqué à l’équipe des Observateurs que l’objectif était de "tourner en dérision les positions islamophobes et homophobes largement répandues". Et d’ajouter qu’"à l’évidence nous ne détestons ni les musulmans, ni les homosexuels. Nous aimons simplement rigoler et nous sommes surpris de voir que ce qui nous fait rire suscite chez d’autres la colère".
France24
Qui sont les femmes qui portent la burqa en France ?
Elles seraient quelques milliers en France à porter un voile intégral, avec ou sans tissu grillagé au niveau des yeux.
Le gouvernement n'exclut pas de légiférer sur le port de ce voile, dont les adeptes en France sont souvent jeunes et proches du mouvement salafiste qui prône un islam rigoriste.
Si certaines femmes souffrent de ce voile qui les ensevelit de la tête au pied, «la majorité a volontairement adopté cette tenue», tranche Bernard Godard, spécialiste de l'islam (1). «Beaucoup ont la nationalité française. Et l'on compte pas mal de converties dans leurs rangs», ajoute cet ancien du Bureau des cultes au ministère de l'Intérieur. «Elles deviennent salafistes comme on entre dans une secte», poursuit-il.
Les salafistes, tenant d'un islam radical, restent minoritaires en France. Ils seraient entre 30 000 et 50 000. Mais ils progressent régulièrement, dopés par leur opposition à l'Occident. Un fondamentalisme qui, comme le tabligh, attire justement des jeunes en mal d'absolu, dont des femmes. Comme dans les sectes, leurs membres passent des heures à peaufiner les règles, à revoir les sourates, mais aussi les milliers de hadiths, ces paroles rapportées du Prophète qu'ils entendent respecter à la lettre. Or ces hadiths sont aussi riches que contradictoires.
Majoritaire en France, l'islam malékite ne prescrit pas de voile intégral. Ce grand voile n'appartient ni aux obligations religieuses classiques ni aux traditions du Maghreb. Pourtant, seul le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui dépend de l'Algérie, s'est clairement prononcé contre ce niqab. Les autres mouvements paraissent gênés, analyse-t-on à la Direction centrale du renseignement intérieur, car ils composent avec une frange fondamentaliste en leur sein.
À mesure que le salafisme se propage, le profil de ces femmes se diversifie. Beaucoup font de leur surenchère religieuse un élément de distinction dans leur famille, dans leur milieu. Telle Sofia, étudiante en physique-chimie à Paris-VII, titulaire d'un bac mention bien, qui apparaissait toujours entièrement voilée dans l'amphithéâtre de sa faculté, suscitant le malaise des professeurs. Après avoir décroché une très bonne note de soutenance, elle a obtenu un stage dans la prestigieuse maison Chanel, rêvant de travailler dans la cosmétique.
Tout aussi sophistiquée, la chevelure blonde parfaitement brushée, «Delphine-Aïcha», mère de quatre enfants, aime provoquer : «Vous pensiez que j'avais les cheveux gras ? J'ai une copine coiffeuse qui vient à domicile !» Née catholique dans la classe moyenne de la région parisienne, elle fait partie des nombreuses converties qui cherchaient «un sens à la vie». «Bien sûr, j'ai d'abord rencontré un musulman. Mais c'est moi qui ai évolué vers plus d'islam, par foi», raconte-t-elle. Du foulard, au hidjab, puis au niqab. Perdant au passage l'appui de ses parents «qui n'acceptent pas ma tenue», elle chérit d'autant plus «la solidarité» de ses nouvelles «sœurs».
Karima, elle, a grandi aux Courtilles, une cité de Saint-Denis. Après une adolescence banale, jean moulant, boucles d'oreille et flirts, elle rate son BEP, commence des ménages, sent sa vie faner dans la cité, l'horizon se rétrécir. Amoureuse d'un voisin retourné vers l'islam, elle accepte de le suivre dans son fondamentalisme. Du foulard à la tenue intégrale, en quelques années. À cette époque, elle ne sort plus qu'avec lui, uniquement pour promener les enfants. Qui ne fréquentent pas l'école maternelle publique, jugée koufar (mécréante), mais une crèche salafiste semi-clandestine. À la maison, les poupées des petits ont le visage brûlé, car on ne doit rien représenter… Deux ans plus tard, partie vivre en Algérie, Karima ne cache pas sa souffrance car son mari va prendre une deuxième épouse.
(1) Auteur de Musulmans de France, éditions Robert Laffont, 2007
Le Figaro
------------------------
Quand les biens-pensants se racontent des histoires:
Ca a commencé avec un article de rue89 la semaine dernière qui révélait qu’on parlait beaucoup de la burqa en France mais qu’il était très difficile de s’en procurer une en région parisienne. L’équipe de Rue89 a en effet voulu vérifier si il y avait du stock et les journalistes sont allés dans les quartiers de Barbès et de la Goûte d’or à Paris. Ils ont trouvé des vendeurs de voiles et de djellabas mais pas de spécialiste de la burqa. Conclusion de rue89 est-ce vraiment la peine d’en faire tout un plat si le vêtement par qui le scandale arrive n’est en vente nulle part.
Et c’est là que ça devient intéressant puisque le site d’information en ligne Marianne2.fr n’est pas du tout d’accord et titre en une ce matin : « Trouver une burqa ? Fastoche ! » Le résultat de l’enquête de rue 89 nous a laissé perplexe explique Marianne2.fr qui s’est lancé dans une contre enquête.
1er constat, c’est vrai, on ne trouve pas facilement la burqa à Paris. Je veux parler du modèle classique : celui qui est de couleur bleu ciel avec le grillage devant les yeux. On trouve en revanche très facilement la burqa saoudienne poursuit Marianne2.fr, c’est-à-dire le modèle avec triple voile.
France-Infos
Le gouvernement n'exclut pas de légiférer sur le port de ce voile, dont les adeptes en France sont souvent jeunes et proches du mouvement salafiste qui prône un islam rigoriste.
Si certaines femmes souffrent de ce voile qui les ensevelit de la tête au pied, «la majorité a volontairement adopté cette tenue», tranche Bernard Godard, spécialiste de l'islam (1). «Beaucoup ont la nationalité française. Et l'on compte pas mal de converties dans leurs rangs», ajoute cet ancien du Bureau des cultes au ministère de l'Intérieur. «Elles deviennent salafistes comme on entre dans une secte», poursuit-il.
Les salafistes, tenant d'un islam radical, restent minoritaires en France. Ils seraient entre 30 000 et 50 000. Mais ils progressent régulièrement, dopés par leur opposition à l'Occident. Un fondamentalisme qui, comme le tabligh, attire justement des jeunes en mal d'absolu, dont des femmes. Comme dans les sectes, leurs membres passent des heures à peaufiner les règles, à revoir les sourates, mais aussi les milliers de hadiths, ces paroles rapportées du Prophète qu'ils entendent respecter à la lettre. Or ces hadiths sont aussi riches que contradictoires.
Majoritaire en France, l'islam malékite ne prescrit pas de voile intégral. Ce grand voile n'appartient ni aux obligations religieuses classiques ni aux traditions du Maghreb. Pourtant, seul le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui dépend de l'Algérie, s'est clairement prononcé contre ce niqab. Les autres mouvements paraissent gênés, analyse-t-on à la Direction centrale du renseignement intérieur, car ils composent avec une frange fondamentaliste en leur sein.
À mesure que le salafisme se propage, le profil de ces femmes se diversifie. Beaucoup font de leur surenchère religieuse un élément de distinction dans leur famille, dans leur milieu. Telle Sofia, étudiante en physique-chimie à Paris-VII, titulaire d'un bac mention bien, qui apparaissait toujours entièrement voilée dans l'amphithéâtre de sa faculté, suscitant le malaise des professeurs. Après avoir décroché une très bonne note de soutenance, elle a obtenu un stage dans la prestigieuse maison Chanel, rêvant de travailler dans la cosmétique.
Tout aussi sophistiquée, la chevelure blonde parfaitement brushée, «Delphine-Aïcha», mère de quatre enfants, aime provoquer : «Vous pensiez que j'avais les cheveux gras ? J'ai une copine coiffeuse qui vient à domicile !» Née catholique dans la classe moyenne de la région parisienne, elle fait partie des nombreuses converties qui cherchaient «un sens à la vie». «Bien sûr, j'ai d'abord rencontré un musulman. Mais c'est moi qui ai évolué vers plus d'islam, par foi», raconte-t-elle. Du foulard, au hidjab, puis au niqab. Perdant au passage l'appui de ses parents «qui n'acceptent pas ma tenue», elle chérit d'autant plus «la solidarité» de ses nouvelles «sœurs».
Karima, elle, a grandi aux Courtilles, une cité de Saint-Denis. Après une adolescence banale, jean moulant, boucles d'oreille et flirts, elle rate son BEP, commence des ménages, sent sa vie faner dans la cité, l'horizon se rétrécir. Amoureuse d'un voisin retourné vers l'islam, elle accepte de le suivre dans son fondamentalisme. Du foulard à la tenue intégrale, en quelques années. À cette époque, elle ne sort plus qu'avec lui, uniquement pour promener les enfants. Qui ne fréquentent pas l'école maternelle publique, jugée koufar (mécréante), mais une crèche salafiste semi-clandestine. À la maison, les poupées des petits ont le visage brûlé, car on ne doit rien représenter… Deux ans plus tard, partie vivre en Algérie, Karima ne cache pas sa souffrance car son mari va prendre une deuxième épouse.
(1) Auteur de Musulmans de France, éditions Robert Laffont, 2007
Le Figaro
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Quand les biens-pensants se racontent des histoires:
Ca a commencé avec un article de rue89 la semaine dernière qui révélait qu’on parlait beaucoup de la burqa en France mais qu’il était très difficile de s’en procurer une en région parisienne. L’équipe de Rue89 a en effet voulu vérifier si il y avait du stock et les journalistes sont allés dans les quartiers de Barbès et de la Goûte d’or à Paris. Ils ont trouvé des vendeurs de voiles et de djellabas mais pas de spécialiste de la burqa. Conclusion de rue89 est-ce vraiment la peine d’en faire tout un plat si le vêtement par qui le scandale arrive n’est en vente nulle part.
Et c’est là que ça devient intéressant puisque le site d’information en ligne Marianne2.fr n’est pas du tout d’accord et titre en une ce matin : « Trouver une burqa ? Fastoche ! » Le résultat de l’enquête de rue 89 nous a laissé perplexe explique Marianne2.fr qui s’est lancé dans une contre enquête.
1er constat, c’est vrai, on ne trouve pas facilement la burqa à Paris. Je veux parler du modèle classique : celui qui est de couleur bleu ciel avec le grillage devant les yeux. On trouve en revanche très facilement la burqa saoudienne poursuit Marianne2.fr, c’est-à-dire le modèle avec triple voile.
France-Infos
mardi 16 juin 2009
Face à Al Qaeda, « la naïveté de Barack Obama est totale »
Par Sid Ahmed Hammouche
Pour le spécialiste Abdel Bari Atwan, l'ouverture au monde arabe du président américain renforce l'organisation de Ben Laden.
Barack Obama se trompe s'il croit qu'il suffit de tendre la main aux musulmans et de leur dire « Salam aleikoum ». A en croire Abdel Bari Atwan, directeur du quotidien Al Qods Al Arabi édité à Londres, des paroles ne suffiront pas pour combattre Ben Laden.
Pour cet intellectuel qui a publié « L'Histoire secrète d'Al-Qaïda » (éd. Acropole), Ben Laden n'a jamais été aussi puissant et menaçant. Malgré huit ans de guerre contre le terrorisme islamiste.
Est-ce qu'avec l'arrivée d'Obama au pouvoir, Al Qaeda va chercher la paix avec l'Occident ?
Bien sûr que non. Tant que les Américains occupent toujours les lieux saints de l'islam, en Arabie saoudite, Ben Laden ne baissera pas les armes, ni son discours de haine contre l'Occident mécréant.
La naïveté du président Obama est totale sur ce dossier. Ce n'est pas en lançant un appel au dialogue avec le peuple musulman, en fermant Guantanamo et en dénonçant la politique de son prédécesseur qu'il va réussir à faire aimer l'Amérique dans le monde arabe.
L'autre danger vient du fait qu'Obama a laissé tomber trop rapidement les politiques sécuritaires de George Bush. Washington desserre l'étau mais Ben Laden, lui, ne change rien à sa politique. Il est toujours dans la même logique de confrontation et de guerre sainte.
Pour les stratèges d'Al Qaeda, la politique d'Obama est un signe de faiblesse. Ils comptent passer à l'action pour montrer leur détermination à mener la Guerre sainte.
Ben Laden, que j'ai rencontré à plusieurs reprises en Afghanistan, m'a dit personnellement que le succès d'Al Qaeda a été d'attirer les Occidentaux en Afghanistan, en Irak et en Arabie saoudite. Il a gagné la guerre psychologique à cause de l'idiotie crasse des Occidentaux et des va-t'en-guerre comme Bush, qui sont tombés dans le piège du tout sécuritaire.
Qu'avez-vous pensés du discours d'Obama au Caire ?
Obama s'est adressé aux musulmans comme un imam qui livre son prêche du vendredi. Son intervention n'est pas du tout politique. De belles paroles, mais rien de concret. Il nous a expliqué sa position sur le gel de la colonisation des territoires palestiniens, sans dire comment il va intervenir dans ce dossier.
Tout ce qu'il a évoqué était connu d'avance. Il ne nous a malheureusement pas expliqué comment il fera pour l'Irak, l'Afghanistan et la Palestine…
Vous voulez dire qu'Obama fait du marketing ?
Disons que c'était une belle opération de relations publiques, mais la rue arabe n'est pas dupe. Le président américain parle au peuple musulman mais il traite toujours avec Hosni Moubarak, le roi Abdallah, des dictateurs malades, âgés et usés par le pouvoir.
Que doit faire Obama ?
Il lui faudra tirer des enseignements des erreurs de la période Bush et rétablir une certaine justice mondiale et la bonne gouvernance dans le monde arabe. La logique sécuritaire a mené à l'impasse. En bref, il a du travail en vue… Son problème, c'est qu'il n'est pas un magicien.
La rupture entre l'Occident et l'Orient est tellement consommée qu'il ne va rien changer à la donne. La preuve : en rendant publiques les pratiques de tortures américaines, il a choqué encore plus la jeunesse musulmane. Et certains ont rejoint les rangs d'Al Qaeda.
Quelle est la force d'Al Qaeda aujourd'hui ?
Al Qaeda est plus puissante que vous ne l'imaginez. L'organisation n'a jamais été affaiblie. Son label a poussé un peu partout. Elle s'est reconstruite en Afghanistan, où elle a trouvé refuge, et elle est toujours puissante dans la région tribale, entre l'Afghanistan et le Pakistan.
Son alliance avec les talibans a été renforcée. Elle recrute toujours pour sa guerre sainte. Elle a rouvert des centres d'entraînement au Sahel comme en Afghanistan et le Pakistan.
Elle est désormais partout : en Somalie, en Afrique et en Irak. Elle récolte aussi beaucoup d'argent auprès de riches mécènes mais aussi dans les mosquées.
Est-ce une menace pour les Occidentaux ?
Le danger vient du fait que l'organisation a ouvert des filiales de la terreur un peu partout dans le monde. Aujourd'hui, Al Qaeda est présente en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Syrie, en Algérie, en Europe. Elle profite des régimes faibles, comme le soudanais ou le somalien, pour tisser sa toile. Elle est très mobile pour atteindre les capitales occidentales.
Qui est menacé actuellement ?
L'Europe est plus exposée que l'Amérique. L'Union européenne s'est engagée dans le projet de lancer une Union méditerranéenne pour mieux cerner les enjeux de la sécurité dans la région. L'Europe souhaite mieux contrôler les flux migratoires clandestins, utilisés également par les organisations de la mafia et par les terroristes.
Mais dans les faits, l'idée est mort-née. Elle est morte après la position de l'Union européenne sur le dossier de Gaza. Aujourd'hui, aucun pays arabe ne veut participer à ce projet. Et les pays arabes hésitent à collaborer avec les capitales occidentales dans la lutte antiterrorisme.
Manque de confiance ?
Non. Le terrorisme est utilisé comme mode de pression diplomatique. Les dictatures du Sud ne supportent pas les discours sur les droits de l'homme et brandissent le terrorisme comme une anarchie globale qui risque de s'étendre aux démocraties du Nord.
Conséquence : des Occidentaux préfèrent soutenir des présidents corrompus comme Asif Ali Zardari au Pakistan, Nouri al-Maliki en Irak, Hosni Moubarak en Egypte… Des régimes totalitaires et clientélistes.
Il y a aussi le Sahel, le Mali, le Tchad, la Mauritanie et la Somalie où le pouvoir est très contesté et la guerre civile couve. Résultat : Al Qaeda vient s'installer pour recruter des agents et utilise ce terrain comme zone de guerre. Le problème est que ces pays faibles sont encouragés par les pays occidentaux…
Aujourd'hui, l'Amérique a fabriqué en Irak un pays à sa botte, mais qui est devenu le terrain privilégié pour aller faire le Djihad. Il y a aussi le cas de la Somalie, devenue une base pour Al Qaeda. Si demain, le Soudan tombe, il sera aussi investi par l'organisation de Ben Laden.
En conclusion, Ben Laden n'a jamais semblé aussi fort…
Il n'a jamais été aussi populaire. Beaucoup de jeunes, dégoûtés par les mensonges de l'Occident et nourris par la haine de l'Amérique de Bush, rejoignent les camps d'entraînement d'Al Qaeda au Pakistan et en Afghanistan. L'organisation n'a jamais été aussi forte.
Pour moi, Ben Laden est l'homme de la fracture entre l'Orient et l'Occident.
Donc la fin du terrorisme n'est pas pour demain ?
Je n'aime pas jouer les oiseaux de mauvais augure. Mais il est clair que Ben Laden et les adeptes de la guerre sainte ne vont pas baisser les armes ni chercher à dialoguer avec Barack Obama.
Tant que le monde musulman est dirigé par des marionnettes aux mains de Washington, tant qu'Israël tue les Palestiniens, tant que les puissantes démocraties veulent imposer leur logique et leur domination, Al Qaeda recrutera facilement des bombes humaines. Il y a eu trop de mensonges dans la guerre contre le terrorisme.
► L'Histoire secrète d'Al-Qaïda d'Abdel Bari Atwan - éd. Acroopole Belfond - 461p. - 19€ .
http://www.rue89.com/2009/06/10/face-a-al-qaeda-la-naivete-de-barack-obama-est-totale
Pour le spécialiste Abdel Bari Atwan, l'ouverture au monde arabe du président américain renforce l'organisation de Ben Laden.
Barack Obama se trompe s'il croit qu'il suffit de tendre la main aux musulmans et de leur dire « Salam aleikoum ». A en croire Abdel Bari Atwan, directeur du quotidien Al Qods Al Arabi édité à Londres, des paroles ne suffiront pas pour combattre Ben Laden.
Pour cet intellectuel qui a publié « L'Histoire secrète d'Al-Qaïda » (éd. Acropole), Ben Laden n'a jamais été aussi puissant et menaçant. Malgré huit ans de guerre contre le terrorisme islamiste.
Est-ce qu'avec l'arrivée d'Obama au pouvoir, Al Qaeda va chercher la paix avec l'Occident ?
Bien sûr que non. Tant que les Américains occupent toujours les lieux saints de l'islam, en Arabie saoudite, Ben Laden ne baissera pas les armes, ni son discours de haine contre l'Occident mécréant.
La naïveté du président Obama est totale sur ce dossier. Ce n'est pas en lançant un appel au dialogue avec le peuple musulman, en fermant Guantanamo et en dénonçant la politique de son prédécesseur qu'il va réussir à faire aimer l'Amérique dans le monde arabe.
L'autre danger vient du fait qu'Obama a laissé tomber trop rapidement les politiques sécuritaires de George Bush. Washington desserre l'étau mais Ben Laden, lui, ne change rien à sa politique. Il est toujours dans la même logique de confrontation et de guerre sainte.
Pour les stratèges d'Al Qaeda, la politique d'Obama est un signe de faiblesse. Ils comptent passer à l'action pour montrer leur détermination à mener la Guerre sainte.
Ben Laden, que j'ai rencontré à plusieurs reprises en Afghanistan, m'a dit personnellement que le succès d'Al Qaeda a été d'attirer les Occidentaux en Afghanistan, en Irak et en Arabie saoudite. Il a gagné la guerre psychologique à cause de l'idiotie crasse des Occidentaux et des va-t'en-guerre comme Bush, qui sont tombés dans le piège du tout sécuritaire.
Qu'avez-vous pensés du discours d'Obama au Caire ?
Obama s'est adressé aux musulmans comme un imam qui livre son prêche du vendredi. Son intervention n'est pas du tout politique. De belles paroles, mais rien de concret. Il nous a expliqué sa position sur le gel de la colonisation des territoires palestiniens, sans dire comment il va intervenir dans ce dossier.
Tout ce qu'il a évoqué était connu d'avance. Il ne nous a malheureusement pas expliqué comment il fera pour l'Irak, l'Afghanistan et la Palestine…
Vous voulez dire qu'Obama fait du marketing ?
Disons que c'était une belle opération de relations publiques, mais la rue arabe n'est pas dupe. Le président américain parle au peuple musulman mais il traite toujours avec Hosni Moubarak, le roi Abdallah, des dictateurs malades, âgés et usés par le pouvoir.
Que doit faire Obama ?
Il lui faudra tirer des enseignements des erreurs de la période Bush et rétablir une certaine justice mondiale et la bonne gouvernance dans le monde arabe. La logique sécuritaire a mené à l'impasse. En bref, il a du travail en vue… Son problème, c'est qu'il n'est pas un magicien.
La rupture entre l'Occident et l'Orient est tellement consommée qu'il ne va rien changer à la donne. La preuve : en rendant publiques les pratiques de tortures américaines, il a choqué encore plus la jeunesse musulmane. Et certains ont rejoint les rangs d'Al Qaeda.
Quelle est la force d'Al Qaeda aujourd'hui ?
Al Qaeda est plus puissante que vous ne l'imaginez. L'organisation n'a jamais été affaiblie. Son label a poussé un peu partout. Elle s'est reconstruite en Afghanistan, où elle a trouvé refuge, et elle est toujours puissante dans la région tribale, entre l'Afghanistan et le Pakistan.
Son alliance avec les talibans a été renforcée. Elle recrute toujours pour sa guerre sainte. Elle a rouvert des centres d'entraînement au Sahel comme en Afghanistan et le Pakistan.
Elle est désormais partout : en Somalie, en Afrique et en Irak. Elle récolte aussi beaucoup d'argent auprès de riches mécènes mais aussi dans les mosquées.
Est-ce une menace pour les Occidentaux ?
Le danger vient du fait que l'organisation a ouvert des filiales de la terreur un peu partout dans le monde. Aujourd'hui, Al Qaeda est présente en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Syrie, en Algérie, en Europe. Elle profite des régimes faibles, comme le soudanais ou le somalien, pour tisser sa toile. Elle est très mobile pour atteindre les capitales occidentales.
Qui est menacé actuellement ?
L'Europe est plus exposée que l'Amérique. L'Union européenne s'est engagée dans le projet de lancer une Union méditerranéenne pour mieux cerner les enjeux de la sécurité dans la région. L'Europe souhaite mieux contrôler les flux migratoires clandestins, utilisés également par les organisations de la mafia et par les terroristes.
Mais dans les faits, l'idée est mort-née. Elle est morte après la position de l'Union européenne sur le dossier de Gaza. Aujourd'hui, aucun pays arabe ne veut participer à ce projet. Et les pays arabes hésitent à collaborer avec les capitales occidentales dans la lutte antiterrorisme.
Manque de confiance ?
Non. Le terrorisme est utilisé comme mode de pression diplomatique. Les dictatures du Sud ne supportent pas les discours sur les droits de l'homme et brandissent le terrorisme comme une anarchie globale qui risque de s'étendre aux démocraties du Nord.
Conséquence : des Occidentaux préfèrent soutenir des présidents corrompus comme Asif Ali Zardari au Pakistan, Nouri al-Maliki en Irak, Hosni Moubarak en Egypte… Des régimes totalitaires et clientélistes.
Il y a aussi le Sahel, le Mali, le Tchad, la Mauritanie et la Somalie où le pouvoir est très contesté et la guerre civile couve. Résultat : Al Qaeda vient s'installer pour recruter des agents et utilise ce terrain comme zone de guerre. Le problème est que ces pays faibles sont encouragés par les pays occidentaux…
Aujourd'hui, l'Amérique a fabriqué en Irak un pays à sa botte, mais qui est devenu le terrain privilégié pour aller faire le Djihad. Il y a aussi le cas de la Somalie, devenue une base pour Al Qaeda. Si demain, le Soudan tombe, il sera aussi investi par l'organisation de Ben Laden.
En conclusion, Ben Laden n'a jamais semblé aussi fort…
Il n'a jamais été aussi populaire. Beaucoup de jeunes, dégoûtés par les mensonges de l'Occident et nourris par la haine de l'Amérique de Bush, rejoignent les camps d'entraînement d'Al Qaeda au Pakistan et en Afghanistan. L'organisation n'a jamais été aussi forte.
Pour moi, Ben Laden est l'homme de la fracture entre l'Orient et l'Occident.
Donc la fin du terrorisme n'est pas pour demain ?
Je n'aime pas jouer les oiseaux de mauvais augure. Mais il est clair que Ben Laden et les adeptes de la guerre sainte ne vont pas baisser les armes ni chercher à dialoguer avec Barack Obama.
Tant que le monde musulman est dirigé par des marionnettes aux mains de Washington, tant qu'Israël tue les Palestiniens, tant que les puissantes démocraties veulent imposer leur logique et leur domination, Al Qaeda recrutera facilement des bombes humaines. Il y a eu trop de mensonges dans la guerre contre le terrorisme.
► L'Histoire secrète d'Al-Qaïda d'Abdel Bari Atwan - éd. Acroopole Belfond - 461p. - 19€ .
http://www.rue89.com/2009/06/10/face-a-al-qaeda-la-naivete-de-barack-obama-est-totale
lundi 15 juin 2009
Un mur contre le terrorisme
Encore un mur dont France-palestine se fout éperdument...
Ouzbékistan
Dans la région de Richtan, dans la vallée de Fergana, à la frontière kirghizo-ouzbèke, Tachkent a ordonné, sans prévenir Bichkek, la construction d’un mur de séparation haut de sept mètres, rapporte le webzine centrasiatique Ferghana.ru. Par ailleurs, dans la région ouzbèke d’Andijan, devenue célèbre après la répression sanglante de manifestations antigouvernementales en mai 2005, et restée socialement très instable, l’armée creuse des tranchées antichars de trois mètres sur trois.
Ces travaux de fortifications, qui visent à protéger les zones frontalières avec le Kirghizistan contre les intrusions, ont été engagés au lendemain de l’attaque d’extrémistes du mouvement Djihad islamique contre les forces de l’ordre ouzbèkes à la frontière avec l’Ouzbékistan, les 25 et 26 mai. Tachkent a accusé son voisin de laisser entrer des fondamentalistes sur son territoire. “La situation à la frontière est très tendue, estime Ferghana.ru.
Ouzbékistan
Dans la région de Richtan, dans la vallée de Fergana, à la frontière kirghizo-ouzbèke, Tachkent a ordonné, sans prévenir Bichkek, la construction d’un mur de séparation haut de sept mètres, rapporte le webzine centrasiatique Ferghana.ru. Par ailleurs, dans la région ouzbèke d’Andijan, devenue célèbre après la répression sanglante de manifestations antigouvernementales en mai 2005, et restée socialement très instable, l’armée creuse des tranchées antichars de trois mètres sur trois.
Ces travaux de fortifications, qui visent à protéger les zones frontalières avec le Kirghizistan contre les intrusions, ont été engagés au lendemain de l’attaque d’extrémistes du mouvement Djihad islamique contre les forces de l’ordre ouzbèkes à la frontière avec l’Ouzbékistan, les 25 et 26 mai. Tachkent a accusé son voisin de laisser entrer des fondamentalistes sur son territoire. “La situation à la frontière est très tendue, estime Ferghana.ru.
samedi 13 juin 2009
Intégration
« Votre fils (ou petit-fils) porte capuche, casquette à l'envers, crache avec détachement, adopte un vocabulaire et un accent inhabituels chez vous? Attention! Il est en voie d'intégration. » (SOURCE : Eric ZEMMOUR, « Petit frère » (roman), Denoel éd., 2008, pp 220 à 223.)
mercredi 10 juin 2009
Un Psychologue Danois : "L’intégration des Musulmans dans nos sociétés occidentales est impossible"
Nicolai Sennels
Une interview de Nicolai Sennels par Felix Struening
Les problèmes d’intégration des musulmans au Danemark sont devenus chose connue dans le monde entier en 2006, quand le journal Jyllands-Posten publia 12 caricatures du prophète Mahomet. Deux années plus tard, des émeutes éclatent à nouveau en raison de la réédition des caricatures de Mahomet dans tous les grands journaux danois.
Actuellement, 70% de la population carcérale dans les prisons de Copenhague est constituée de jeunes gens de culture musulmane. La question se pose quant à savoir si les récents accès de violence et la tendance générale à la violence au sein de la culture musulmane seule ont simplement coïncidés avec les publications ou s’il y a une connexion directe entre les deux faits.
En Février 2009, Nicolai Sennels, psychologue danois, publia un livre intitulé: « Parmi les Criminels Musulmans. L’expérience d’un Psychologue à Copenhague”.
Dans son livre, Nicolai Sennels adopte une approche psychologique quant à la relation de la culture musulmane, à la colère, à la gestion des émotions et à la religion musulmane elle-même. Sa recherche est fondée sur des centaines d’heures d’observations au cours des traitement thérapeutique de 150 jeunes musulmans internés dans la prison des jeunes de Copenhague. EuropeNews a interviewé l’auteur, sur son livre et ses analyses sur l’intégration des musulmans en Europe.
EuropeNews : Nicolai Sennels, comment avez-vous eu l’idée d’écrire un livre sur les criminels musulmans au Danemark ?
Nicolai Sennels : Cette idée m’est venue en Février 2008 lors d’une conférence sur l’intégration, à Copenhague, où j’ai été invité en tant que premier et seul psychologue travaillant dans une prison de jeunes à Copenhague. Mon discours à cette conférence portait sur le rôle important joué par la culture des étrangers concernant l’intégration, la criminalité et l’extrémisme religieux. J’avais souligné, que les personnes de culture musulmane, sont confrontées à une difficulté si ce n’est une impossibilité de s’intégrer harmonieusement et de s’épanouir au Danemark.
Plus de 70% de tous les crimes commis dans la capitale danoise, le sont par des musulmans.
Cette déclaration fut accueillie avec de fortes résistances par les hommes politiques danois, et par mon supérieur hiérarchique de la prison des jeunes. Je fus fort surpris car, je pensais que dire que certaines cultures s’intègrent mieux que d’autres dans les sociétés occidentales, était une évidence. Toute l’Europe a actuellement du mal à intégrer les musulmans, et cette entreprise semble relever du domaine de l’impossible. Selon la police danoise et le Bureau danois de la statistique, plus de 70% de tous les crimes commis dans la capitale danoise, le sont par des musulmans.
La Banque Nationale a récemment publié un rapport indiquant que, les coûts d’un musulman étranger s’élèvent à plus de 2 millions de couronnes danoises (300.000 euros) en aides sociales fédérales, dû au faible niveau d’emploi au sein de cette population. À cela, il faut ajouter de nombreux autres types d’aides sociales que les chômeurs perçoivent dans notre pays, les dépenses pour les interprètes, les classes spéciales dans les écoles (64% des enfants scolarisés dont les parents sont musulmans ne peuvent ni lire ni écrire correctement le Danois après 10 ans de scolarisation dans une école danoise) le travail social, les policiers supplémentaires etc....
Mon intervention a abouti à une injonction légale, une sorte de sanction professionnelle, indiquant que si je réitérais mes propos je serais licencié. Selon les autorités de Copenhague, il est apparemment autorisé de déclarer que les problèmes rencontrés par les musulmans sont causés par la pauvreté, les médias, la police, les Danois eux -mêmes, les politiciens, etc. Mais deux choses ne sont pas admises : 1) discuter de l’importance de la culture et 2) de la responsabilité propre des étrangers quant à leurs difficultés d’intégration dans nos sociétés. Malheureusement, beaucoup d’hommes politiques très puissants n’appréhendent pas clairement la dimension psychologique de la culture et son influence sur l’intégration.
EuropeNews : Quelles ont été les réactions au Danemark ?
Sennels : Le livre a suscité une grande attention, même avant le 24 Février 2009 date de sa publication officielle. Il était en page de couverture de l’un des plus grands journaux nationaux au Danemark, et j’ai été invité à la radio et à la télévision pour participer à des débats avec des hommes politiques et autres experts sur ce sujet. La première édition fut épuisée en trois semaines.
Depuis lors, de grands changements sont intervenus dans la politique d’intégration Danoise, changements qui semblent avoir été influencés par le livre et l’attention qu’il a obtenu. De mon point de vue personnel, l’attention généralisée portée à mes propos démontre le bien fondé de ma démarche : il y a tout simplement un besoin important d’une compréhension plus approfondie quant à l’influence de la culture des musulmans sur leurs chances d’intégration.
Le très célèbre politicien, Naser Khader, musulman et auteur du best-seller « Honneur et Honte» (”Honor and Shame”) déclara que mon livre devrait être une “lecture obligatoire pour les étudiants, les travailleurs sociaux et les enseignants”. Le Jyllands-Posten, premier journal a publier les caricatures de Mahomet, qualifia le livre comme “un véritable travail de pionnier”.
EuropeNews : Examinons votre livre de plus près. Vous parlez de quatre mythes sur l’intégration.
Le premier porte sur la différence entre les cultures des immigrants.
Sennels : Ce que j’ai découvert au cours de mon travail à la prison des jeunes, c’est que les jeunes gens de confession ou d’origine musulmane avaient d’autres besoins en matière de travail social que les Danois ou les personnes de culture non musulmane. Ces besoins différents nécessitent plus d’attention, et les psychologues doivent faire plus de recherches sur ces sujets pour être en mesure de créer des politiques sociales efficaces.
Les huit premières places dans le classement de la criminalité par pays d’origine des criminels reviennent à des pays musulmans. Le Danemark étant classé neuvième sur cette liste
Je suis entièrement d’accord avec mes critiques, pour dire que les problèmes personnels et sociaux peuvent entraîner des comportements anti-sociaux chez les occidentaux et les musulmans. Il y a toutefois, tout le temps, chez les musulmans, une disproportion extrême dans le comportement anti-social et anti-démocratique. Le Bureau danois de la statistique a publié un rapport indiquant que les huit premières places dans le classement de la criminalité par pays d’origine des criminels reviennent à des pays musulmans. Le Danemark étant classé neuvième sur cette liste.
EuropeNews : Ceci voudrait donc dire que nous devons traiter musulmans et non- musulmans de manière différente ?
Les musulmans ne comprennent pas notre façon toute occidentale de gérer les conflits par le dialogue.
Sennels : D’un point de vue psychologique et humaniste, il est très clair que des personnes de cultures différentes ont des besoins différents, quand ils ont ou quand ils créent des problèmes. Ma propre expérience est que les musulmans ne comprennent pas notre façon toute occidentale de gérer les conflits par le dialogue. Ils sont élevés dans une culture comportant des figures d’autorités et des conséquences externes à l’individu et très bien définies. La tradition occidentale, qui utilise compromis et introspections comme principaux outils pour gérer les conflits tant intérieurs qu’extérieurs, est considérée comme une faiblesse dans la culture musulmane.
Dans une large mesure, ils ne comprennent tout simplement pas cette façon plus douce et plus humaniste de traiter les affaires sociales. Dans le contexte du travail social et de la politique, cela signifie que l’individu a besoin de plus de limitations et de conséquences plus sévères pour être en mesure d’adapter son comportement.
EuropeNews : Cela nous mène directement au deuxième mythe : car il est souvent dit, que la criminalité des immigrés est causée par les problèmes sociaux, et non par leur origine culturelle. Dans votre livre, vous êtes en désaccord avec cette thèse et désignez la religion comme source de criminalité chez les musulmans.
Sennels : Je reformulerai votre assertion en parlant de la culture musulmane et non pas de la religion, car il y a beaucoup de musulmans qui ignorent ce qui est écrit dans le Coran et ne fréquentent pas les mosquées. Mais ils sont fortement influencés sur le plan culturel. Nous constatons que particulièrement la colère est bien plus acceptée dans la culture musulmane.
L’agressivité vous donne un statut inférieur dans nos cultures, mais un statut plus élevé dans la culture musulmane.
A titre d’exemple : dans la culture occidentale et dans d’autres cultures non musulmanes, comme en Asie, l’agressivité ou une brusque explosion de colère sont vues comme comportements que l’on regrette par la suite et dont on aura honte. C’est complètement l’inverse dans la culture musulmane. Si quelqu’un bafoue votre honneur - ce que j’appelle en tant que psychologue la confiance en soi - il est attendu de vous que vous démontriez votre agressivité, et souvent également, que vous vous vengiez tant verbalement que physiquement. Ainsi, l’agressivité vous donne un statut inférieur dans nos cultures, mais un statut plus élevé dans la culture musulmane.
Il y a toutefois une autre raison plus profonde pour expliquer le comportement anti-social largement répandu dans les communautés musulmanes et la forte résistance à l’intégration, et c’est la très forte identification que les musulmans ont d’appartenir à la culture musulmane.
Quand il s’agit d’identité chez les musulmans, la nationalité ne compte pas du tout en comparaison de la culture et de la religion.
Ma rencontre avec la culture musulmane a été une rencontre avec une culture excessivement forte et une culture très fière. C’est certainement un attribut qui peut garantir la survie d’une ancienne culture à travers le temps (l’islam et la culture musulmane en sont une excellente illustration). Malheureusement, une culture forte et fière rend également ses membres presque incapables de s’adapter à d’autres valeurs. En Allemagne, seuls 12% des 3,5 millions de musulmans se considèrent plus allemands que musulmans, en France et au Danemark, 14% seulement des musulmans, se voient plus français ou danois que musulmans.
Les recherches, effectuées au sein des communautés musulmanes vivant au Danemark, montrent également que 50% de la 1ère et 2ème génération d’immigrés sont contre la liberté de parole et que 11% d’entre eux aimeraient voir la charia en lieu et place de la constitution danoise. Ces pourcentages élevés sont évidemment effrayants, mais ce qui est particulièrement inquiétant c’est qu’il n’y a pas sur ces thèmes de divergences d’opinion entre les musulmans nés et élevés dans les pays musulmans et leurs enfants qui sont nés et ont grandi dans la société danoise.
Quand il s’agit d’identité chez les musulmans, la nationalité ne compte pas du tout en comparaison de la culture et de la religion. D’où une opposition puissante et croissante à la culture et aux valeurs occidentales dans les ghettos musulmans à Copenhague et dans d’autres grandes villes européennes.
EuropeNews : Comme vous l’avez déjà souligné, de nombreux musulmans ont un lien très fort avec leur identité religieuse. Le troisième mythe que vous réfutez dans votre livre concerne le pourcentage d’extrémistes et de fondamentalistes musulmans. Il est souvent présumé que ce pourcentage est relativement faible. Quelle est votre expérience ?
Sennels : Les gens espèrent que la plupart des musulmans sont modernes et acceptent les valeurs occidentales. Mon expérience est différente, et cela a été démontré par les statistiques européennes que je viens de citer. En Février 2008, nous avons été confronté à de très graves émeutes de la part de jeunes musulmans au Danemark.
Ces émeutes étaient partiellement en réaction à l'attention accordée par la police danoise à la forte augmentation des taux de criminalité dans les zones musulmanes. L’autre raison étant la réimpression des caricatures de Mahomet dans tous les journaux danois. Cette réédition est un acte de solidarité avec le caricaturiste Kurt Westergaard, dont la vie a été et est toujours sérieusement menacée.
Dans ces émeutes, nous avons vu des musulmans non pratiquants dans leur vie quotidienne, prendre la défense de leur culture et de leur religion d’une manière très agressive. Copenhague était en fumée pendant toute une semaine en raison de plusieurs centaines d’incendies, et la police et les pompiers tentant de calmer la situation ont aussi été attaqués. Une grande partie des émeutiers s’est retrouvée dans la prison où je travaillais, et j’ai donc eu l’occasion de dialoguer avec eux. La quasi-totalité d’entre eux étaient des musulmans, et ils ont tous affirmé que leurs actes - démarrer des incendies, attaquer la police etc. - étaient justifiés dans la mesure où la société danoise, augmentant la pression sur l’intégration et réimprimant les caricatures de Mahomet, faisait preuve de racisme envers l’islam et la culture musulmane.
Les quelques Danois qui ont pris part aux émeutes l’avaient fait pour des raisons complètement différentes. Leurs actions étaient principalement motivées par la recherche d’aventure ou d’excitation.
EuropeNews : Le quatrième mythe est que la pauvreté chez les immigrants conduit à la mauvaise situation sociale. Dans votre livre, vous dites que c’est le contraire qui est vrai.
Sennels : Vous pouvez formuler cette importante question de la manière suivante : les gens ont-ils des problèmes sociaux parce qu’ils sont pauvres, ou bien deviennent-ils pauvres parce qu’ils créent des problèmes sociaux ?.
Un quart de tous les jeunes hommes musulmans au Danemark ont un casier judiciaire non vierge. C’est le comportement asocial qui rend pauvre et non pas l’inverse.
Mon expérience est que la très faible priorité accordée à la scolarité de leurs propres enfants, à leur propre éducation et le manque de motivation pour planifier une carrière professionnelle sont autant de facteurs déterminant de la pauvreté. Ces facteurs sont expérimentés par de nombreux musulmans aussi bien dans nos sociétés que dans les pays musulmans. De plus, un quart de tous les jeunes hommes musulmans au Danemark ont un casier judiciaire non vierge. De très faibles capacités en lecture, une forte aversion contre l’autorité et un dossier criminel déjà rempli, rendent très difficile l’obtention d’un emploi bien rémunéré. C’est le comportement asocial qui rend pauvre et non pas l’inverse.
Malheureusement, de nombreux politiciens voient la pauvreté comme la principale cause de problèmes d’intégration. Je pense que c’est un point de vue horrible et unidimensionnel sur les personnes pauvres et sur les individus en général. L’idée que le comportement des gens est déterminé par la quantité d’argent qu’ils ont sur leur compte en banque tous les mois est un point de vue extrêmement limité. En tant que psychologue diplômé de l’Université de Copenhague, je dirai que des facteurs bien plus importants dans la vie que l’argent, influencent le comportement et la façon de penser des individus
EuropeNews : Quelle est la conclusion de votre recherche ? Est-ce que l’intégration des personnes de culture musulmane dans les sociétés occidentales est possible ?
Sennels : Je dirais que les optimistes, les gens qui disent que l’intégration est possible portent une très grande responsabilité. Il y a de grands risques qu’ils soient en train d’entretenir un espoir, un rêve, sans fondement dans la réalité. Ceci signifie qu’ils seront responsables du fait que l’Europe détourne son regard et ne confronte pas ces problèmes avant qu’il ne soit trop tard.
Toutes les recherches dont nous disposons sur l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales montrent que nous continuons à nous diriger dans la mauvaise direction.
Il n’y a tout simplement pas de recherche en Europe qui vient à l’appui de la vison optimiste. Bien au contraire, toutes les recherches dont nous disposons sur l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales montrent que nous continuons à nous diriger dans la mauvaise direction. Je ne sais donc pas comment les optimistes parviennent à leur conclusion. C’est peut-être un espoir vain et puéril que tout se terminera bien, comme dans les contes de fées. Ou bien est-ce peut-être une idée pseudo Darwiniste que tout développement s’effectue dans un sens positif. Une chose est sûre : ils ne fondent pas leurs opinions sur des faits.
Bien sûr, des exceptions existent, mais en majeure partie l’intégration des musulmans au niveau nécessaire n’est pas possible. Des personnes qualifiées et pleines de compassion travaillent à travers toute l’Europe sur ces problèmes pour tenter de trouver des solutions, des milliards d’euros ont été dépensés sur ces projets mais les problèmes continuent de s’aggraver.
L’explication psychologique est en fait simple. Les cultures musulmanes et occidentales sont fondamentalement très différentes. Cela signifie que les musulmans doivent subir de grands changements dans leur identité et dans leurs valeurs pour être en mesure d’accepter les valeurs des sociétés occidentales. Changer les structures de base de sa propre personnalité est un processus psychologique et émotionnel extrêmement exigeant.
Apparemment, très peu de musulmans se sentent motivés par cette entreprise. Je n'en connais que quelques-uns qui ont réussi. Mais je sais aussi que c’est au prix d’ une longue et épuisante lutte à l’intérieur d’eux-mêmes et souvent, ils paient un prix personnel élevé à l’extérieur car leurs amis et leurs familles les dédaignent ou les renient pour avoir quitté leur culture d’origine.
EuropeNews : Mais qu’allons nous faire avec les musulmans, qui sont déjà chez nous ?
Sennels : Je vois deux possibilités. Premièrement, nous devons cesser immédiatement toute immigration de personnes en provenance de pays musulmans vers l’Europe jusqu’à ce que nous ayons prouvé que l’intégration des musulmans est possible.
Deuxièmement, nous devons aider les musulmans qui ne veulent pas ou ne sont pas en mesure de s’intégrer dans nos sociétés occidentales, à construire un nouveau sens à leur vie dans une société qu’ils comprennent mieux et qui les comprend. Cela signifie les aider à démarrer une nouvelle vie dans un pays musulman. Nous avons actuellement les moyens économiques de le faire. Comme je l’ai mentionné précédemment, la Banque nationale danoise a calculé, que tous les immigrants en provenance des pays musulmans coûtent 300.000 Euros en moyenne. Avec cet argent, nous pourrions aider ces gens à vivre une vie heureuse dans un pays musulman, sans avoir à s’intégrer dans une société qu’ils ne comprennent pas et ne peuvent donc pas accepter. Avoir assez d’argent pour soutenir sa famille et vivre dans un pays où ils se sentent complètement assimilés à la culture environnante serait un grand pas en avant dans la qualité de leur vie. Et nous devons les aider à atteindre cet objectif.
Non seulement les musulmans, mais les sociétés européennes en bénéficieront. L’immigration des musulmans de l’Europe vers les pays musulmans fonctionnera comme des ambassades pour des sociétés plus libres et plus démocratiques, en raison de leur expérience de vie dans des démocraties avec de vrais droits de l’homme et en raison de leurs connaissances des systèmes sociaux en Europe. Ils amèneront avec eux des idées et des valeurs très importantes. De cette façon, ils pourront être en mesure de faire ce à quoi la plupart d’entre eux rêvent, à savoir aider leurs frères et sœurs musulmans dans leur pays d’origine en changeant les mauvaises conditions de vie auxquelles eux-mêmes avaient tenté d’échapper initialement.
Nicolai Sennels 33 ans est psychologue et a travaillé pour les autorités de Copenhague pendant plusieurs années. De 2005 à 2008 il a travaillé à la prison Sønderbro pour les jeunes à Copenhague.
http://europenews.dk/en/node/21789
Une interview de Nicolai Sennels par Felix Struening
Les problèmes d’intégration des musulmans au Danemark sont devenus chose connue dans le monde entier en 2006, quand le journal Jyllands-Posten publia 12 caricatures du prophète Mahomet. Deux années plus tard, des émeutes éclatent à nouveau en raison de la réédition des caricatures de Mahomet dans tous les grands journaux danois.
Actuellement, 70% de la population carcérale dans les prisons de Copenhague est constituée de jeunes gens de culture musulmane. La question se pose quant à savoir si les récents accès de violence et la tendance générale à la violence au sein de la culture musulmane seule ont simplement coïncidés avec les publications ou s’il y a une connexion directe entre les deux faits.
En Février 2009, Nicolai Sennels, psychologue danois, publia un livre intitulé: « Parmi les Criminels Musulmans. L’expérience d’un Psychologue à Copenhague”.
Dans son livre, Nicolai Sennels adopte une approche psychologique quant à la relation de la culture musulmane, à la colère, à la gestion des émotions et à la religion musulmane elle-même. Sa recherche est fondée sur des centaines d’heures d’observations au cours des traitement thérapeutique de 150 jeunes musulmans internés dans la prison des jeunes de Copenhague. EuropeNews a interviewé l’auteur, sur son livre et ses analyses sur l’intégration des musulmans en Europe.
EuropeNews : Nicolai Sennels, comment avez-vous eu l’idée d’écrire un livre sur les criminels musulmans au Danemark ?
Nicolai Sennels : Cette idée m’est venue en Février 2008 lors d’une conférence sur l’intégration, à Copenhague, où j’ai été invité en tant que premier et seul psychologue travaillant dans une prison de jeunes à Copenhague. Mon discours à cette conférence portait sur le rôle important joué par la culture des étrangers concernant l’intégration, la criminalité et l’extrémisme religieux. J’avais souligné, que les personnes de culture musulmane, sont confrontées à une difficulté si ce n’est une impossibilité de s’intégrer harmonieusement et de s’épanouir au Danemark.
Plus de 70% de tous les crimes commis dans la capitale danoise, le sont par des musulmans.
Cette déclaration fut accueillie avec de fortes résistances par les hommes politiques danois, et par mon supérieur hiérarchique de la prison des jeunes. Je fus fort surpris car, je pensais que dire que certaines cultures s’intègrent mieux que d’autres dans les sociétés occidentales, était une évidence. Toute l’Europe a actuellement du mal à intégrer les musulmans, et cette entreprise semble relever du domaine de l’impossible. Selon la police danoise et le Bureau danois de la statistique, plus de 70% de tous les crimes commis dans la capitale danoise, le sont par des musulmans.
La Banque Nationale a récemment publié un rapport indiquant que, les coûts d’un musulman étranger s’élèvent à plus de 2 millions de couronnes danoises (300.000 euros) en aides sociales fédérales, dû au faible niveau d’emploi au sein de cette population. À cela, il faut ajouter de nombreux autres types d’aides sociales que les chômeurs perçoivent dans notre pays, les dépenses pour les interprètes, les classes spéciales dans les écoles (64% des enfants scolarisés dont les parents sont musulmans ne peuvent ni lire ni écrire correctement le Danois après 10 ans de scolarisation dans une école danoise) le travail social, les policiers supplémentaires etc....
Mon intervention a abouti à une injonction légale, une sorte de sanction professionnelle, indiquant que si je réitérais mes propos je serais licencié. Selon les autorités de Copenhague, il est apparemment autorisé de déclarer que les problèmes rencontrés par les musulmans sont causés par la pauvreté, les médias, la police, les Danois eux -mêmes, les politiciens, etc. Mais deux choses ne sont pas admises : 1) discuter de l’importance de la culture et 2) de la responsabilité propre des étrangers quant à leurs difficultés d’intégration dans nos sociétés. Malheureusement, beaucoup d’hommes politiques très puissants n’appréhendent pas clairement la dimension psychologique de la culture et son influence sur l’intégration.
EuropeNews : Quelles ont été les réactions au Danemark ?
Sennels : Le livre a suscité une grande attention, même avant le 24 Février 2009 date de sa publication officielle. Il était en page de couverture de l’un des plus grands journaux nationaux au Danemark, et j’ai été invité à la radio et à la télévision pour participer à des débats avec des hommes politiques et autres experts sur ce sujet. La première édition fut épuisée en trois semaines.
Depuis lors, de grands changements sont intervenus dans la politique d’intégration Danoise, changements qui semblent avoir été influencés par le livre et l’attention qu’il a obtenu. De mon point de vue personnel, l’attention généralisée portée à mes propos démontre le bien fondé de ma démarche : il y a tout simplement un besoin important d’une compréhension plus approfondie quant à l’influence de la culture des musulmans sur leurs chances d’intégration.
Le très célèbre politicien, Naser Khader, musulman et auteur du best-seller « Honneur et Honte» (”Honor and Shame”) déclara que mon livre devrait être une “lecture obligatoire pour les étudiants, les travailleurs sociaux et les enseignants”. Le Jyllands-Posten, premier journal a publier les caricatures de Mahomet, qualifia le livre comme “un véritable travail de pionnier”.
EuropeNews : Examinons votre livre de plus près. Vous parlez de quatre mythes sur l’intégration.
Le premier porte sur la différence entre les cultures des immigrants.
Sennels : Ce que j’ai découvert au cours de mon travail à la prison des jeunes, c’est que les jeunes gens de confession ou d’origine musulmane avaient d’autres besoins en matière de travail social que les Danois ou les personnes de culture non musulmane. Ces besoins différents nécessitent plus d’attention, et les psychologues doivent faire plus de recherches sur ces sujets pour être en mesure de créer des politiques sociales efficaces.
Les huit premières places dans le classement de la criminalité par pays d’origine des criminels reviennent à des pays musulmans. Le Danemark étant classé neuvième sur cette liste
Je suis entièrement d’accord avec mes critiques, pour dire que les problèmes personnels et sociaux peuvent entraîner des comportements anti-sociaux chez les occidentaux et les musulmans. Il y a toutefois, tout le temps, chez les musulmans, une disproportion extrême dans le comportement anti-social et anti-démocratique. Le Bureau danois de la statistique a publié un rapport indiquant que les huit premières places dans le classement de la criminalité par pays d’origine des criminels reviennent à des pays musulmans. Le Danemark étant classé neuvième sur cette liste.
EuropeNews : Ceci voudrait donc dire que nous devons traiter musulmans et non- musulmans de manière différente ?
Les musulmans ne comprennent pas notre façon toute occidentale de gérer les conflits par le dialogue.
Sennels : D’un point de vue psychologique et humaniste, il est très clair que des personnes de cultures différentes ont des besoins différents, quand ils ont ou quand ils créent des problèmes. Ma propre expérience est que les musulmans ne comprennent pas notre façon toute occidentale de gérer les conflits par le dialogue. Ils sont élevés dans une culture comportant des figures d’autorités et des conséquences externes à l’individu et très bien définies. La tradition occidentale, qui utilise compromis et introspections comme principaux outils pour gérer les conflits tant intérieurs qu’extérieurs, est considérée comme une faiblesse dans la culture musulmane.
Dans une large mesure, ils ne comprennent tout simplement pas cette façon plus douce et plus humaniste de traiter les affaires sociales. Dans le contexte du travail social et de la politique, cela signifie que l’individu a besoin de plus de limitations et de conséquences plus sévères pour être en mesure d’adapter son comportement.
EuropeNews : Cela nous mène directement au deuxième mythe : car il est souvent dit, que la criminalité des immigrés est causée par les problèmes sociaux, et non par leur origine culturelle. Dans votre livre, vous êtes en désaccord avec cette thèse et désignez la religion comme source de criminalité chez les musulmans.
Sennels : Je reformulerai votre assertion en parlant de la culture musulmane et non pas de la religion, car il y a beaucoup de musulmans qui ignorent ce qui est écrit dans le Coran et ne fréquentent pas les mosquées. Mais ils sont fortement influencés sur le plan culturel. Nous constatons que particulièrement la colère est bien plus acceptée dans la culture musulmane.
L’agressivité vous donne un statut inférieur dans nos cultures, mais un statut plus élevé dans la culture musulmane.
A titre d’exemple : dans la culture occidentale et dans d’autres cultures non musulmanes, comme en Asie, l’agressivité ou une brusque explosion de colère sont vues comme comportements que l’on regrette par la suite et dont on aura honte. C’est complètement l’inverse dans la culture musulmane. Si quelqu’un bafoue votre honneur - ce que j’appelle en tant que psychologue la confiance en soi - il est attendu de vous que vous démontriez votre agressivité, et souvent également, que vous vous vengiez tant verbalement que physiquement. Ainsi, l’agressivité vous donne un statut inférieur dans nos cultures, mais un statut plus élevé dans la culture musulmane.
Il y a toutefois une autre raison plus profonde pour expliquer le comportement anti-social largement répandu dans les communautés musulmanes et la forte résistance à l’intégration, et c’est la très forte identification que les musulmans ont d’appartenir à la culture musulmane.
Quand il s’agit d’identité chez les musulmans, la nationalité ne compte pas du tout en comparaison de la culture et de la religion.
Ma rencontre avec la culture musulmane a été une rencontre avec une culture excessivement forte et une culture très fière. C’est certainement un attribut qui peut garantir la survie d’une ancienne culture à travers le temps (l’islam et la culture musulmane en sont une excellente illustration). Malheureusement, une culture forte et fière rend également ses membres presque incapables de s’adapter à d’autres valeurs. En Allemagne, seuls 12% des 3,5 millions de musulmans se considèrent plus allemands que musulmans, en France et au Danemark, 14% seulement des musulmans, se voient plus français ou danois que musulmans.
Les recherches, effectuées au sein des communautés musulmanes vivant au Danemark, montrent également que 50% de la 1ère et 2ème génération d’immigrés sont contre la liberté de parole et que 11% d’entre eux aimeraient voir la charia en lieu et place de la constitution danoise. Ces pourcentages élevés sont évidemment effrayants, mais ce qui est particulièrement inquiétant c’est qu’il n’y a pas sur ces thèmes de divergences d’opinion entre les musulmans nés et élevés dans les pays musulmans et leurs enfants qui sont nés et ont grandi dans la société danoise.
Quand il s’agit d’identité chez les musulmans, la nationalité ne compte pas du tout en comparaison de la culture et de la religion. D’où une opposition puissante et croissante à la culture et aux valeurs occidentales dans les ghettos musulmans à Copenhague et dans d’autres grandes villes européennes.
EuropeNews : Comme vous l’avez déjà souligné, de nombreux musulmans ont un lien très fort avec leur identité religieuse. Le troisième mythe que vous réfutez dans votre livre concerne le pourcentage d’extrémistes et de fondamentalistes musulmans. Il est souvent présumé que ce pourcentage est relativement faible. Quelle est votre expérience ?
Sennels : Les gens espèrent que la plupart des musulmans sont modernes et acceptent les valeurs occidentales. Mon expérience est différente, et cela a été démontré par les statistiques européennes que je viens de citer. En Février 2008, nous avons été confronté à de très graves émeutes de la part de jeunes musulmans au Danemark.
Ces émeutes étaient partiellement en réaction à l'attention accordée par la police danoise à la forte augmentation des taux de criminalité dans les zones musulmanes. L’autre raison étant la réimpression des caricatures de Mahomet dans tous les journaux danois. Cette réédition est un acte de solidarité avec le caricaturiste Kurt Westergaard, dont la vie a été et est toujours sérieusement menacée.
Dans ces émeutes, nous avons vu des musulmans non pratiquants dans leur vie quotidienne, prendre la défense de leur culture et de leur religion d’une manière très agressive. Copenhague était en fumée pendant toute une semaine en raison de plusieurs centaines d’incendies, et la police et les pompiers tentant de calmer la situation ont aussi été attaqués. Une grande partie des émeutiers s’est retrouvée dans la prison où je travaillais, et j’ai donc eu l’occasion de dialoguer avec eux. La quasi-totalité d’entre eux étaient des musulmans, et ils ont tous affirmé que leurs actes - démarrer des incendies, attaquer la police etc. - étaient justifiés dans la mesure où la société danoise, augmentant la pression sur l’intégration et réimprimant les caricatures de Mahomet, faisait preuve de racisme envers l’islam et la culture musulmane.
Les quelques Danois qui ont pris part aux émeutes l’avaient fait pour des raisons complètement différentes. Leurs actions étaient principalement motivées par la recherche d’aventure ou d’excitation.
EuropeNews : Le quatrième mythe est que la pauvreté chez les immigrants conduit à la mauvaise situation sociale. Dans votre livre, vous dites que c’est le contraire qui est vrai.
Sennels : Vous pouvez formuler cette importante question de la manière suivante : les gens ont-ils des problèmes sociaux parce qu’ils sont pauvres, ou bien deviennent-ils pauvres parce qu’ils créent des problèmes sociaux ?.
Un quart de tous les jeunes hommes musulmans au Danemark ont un casier judiciaire non vierge. C’est le comportement asocial qui rend pauvre et non pas l’inverse.
Mon expérience est que la très faible priorité accordée à la scolarité de leurs propres enfants, à leur propre éducation et le manque de motivation pour planifier une carrière professionnelle sont autant de facteurs déterminant de la pauvreté. Ces facteurs sont expérimentés par de nombreux musulmans aussi bien dans nos sociétés que dans les pays musulmans. De plus, un quart de tous les jeunes hommes musulmans au Danemark ont un casier judiciaire non vierge. De très faibles capacités en lecture, une forte aversion contre l’autorité et un dossier criminel déjà rempli, rendent très difficile l’obtention d’un emploi bien rémunéré. C’est le comportement asocial qui rend pauvre et non pas l’inverse.
Malheureusement, de nombreux politiciens voient la pauvreté comme la principale cause de problèmes d’intégration. Je pense que c’est un point de vue horrible et unidimensionnel sur les personnes pauvres et sur les individus en général. L’idée que le comportement des gens est déterminé par la quantité d’argent qu’ils ont sur leur compte en banque tous les mois est un point de vue extrêmement limité. En tant que psychologue diplômé de l’Université de Copenhague, je dirai que des facteurs bien plus importants dans la vie que l’argent, influencent le comportement et la façon de penser des individus
EuropeNews : Quelle est la conclusion de votre recherche ? Est-ce que l’intégration des personnes de culture musulmane dans les sociétés occidentales est possible ?
Sennels : Je dirais que les optimistes, les gens qui disent que l’intégration est possible portent une très grande responsabilité. Il y a de grands risques qu’ils soient en train d’entretenir un espoir, un rêve, sans fondement dans la réalité. Ceci signifie qu’ils seront responsables du fait que l’Europe détourne son regard et ne confronte pas ces problèmes avant qu’il ne soit trop tard.
Toutes les recherches dont nous disposons sur l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales montrent que nous continuons à nous diriger dans la mauvaise direction.
Il n’y a tout simplement pas de recherche en Europe qui vient à l’appui de la vison optimiste. Bien au contraire, toutes les recherches dont nous disposons sur l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales montrent que nous continuons à nous diriger dans la mauvaise direction. Je ne sais donc pas comment les optimistes parviennent à leur conclusion. C’est peut-être un espoir vain et puéril que tout se terminera bien, comme dans les contes de fées. Ou bien est-ce peut-être une idée pseudo Darwiniste que tout développement s’effectue dans un sens positif. Une chose est sûre : ils ne fondent pas leurs opinions sur des faits.
Bien sûr, des exceptions existent, mais en majeure partie l’intégration des musulmans au niveau nécessaire n’est pas possible. Des personnes qualifiées et pleines de compassion travaillent à travers toute l’Europe sur ces problèmes pour tenter de trouver des solutions, des milliards d’euros ont été dépensés sur ces projets mais les problèmes continuent de s’aggraver.
L’explication psychologique est en fait simple. Les cultures musulmanes et occidentales sont fondamentalement très différentes. Cela signifie que les musulmans doivent subir de grands changements dans leur identité et dans leurs valeurs pour être en mesure d’accepter les valeurs des sociétés occidentales. Changer les structures de base de sa propre personnalité est un processus psychologique et émotionnel extrêmement exigeant.
Apparemment, très peu de musulmans se sentent motivés par cette entreprise. Je n'en connais que quelques-uns qui ont réussi. Mais je sais aussi que c’est au prix d’ une longue et épuisante lutte à l’intérieur d’eux-mêmes et souvent, ils paient un prix personnel élevé à l’extérieur car leurs amis et leurs familles les dédaignent ou les renient pour avoir quitté leur culture d’origine.
EuropeNews : Mais qu’allons nous faire avec les musulmans, qui sont déjà chez nous ?
Sennels : Je vois deux possibilités. Premièrement, nous devons cesser immédiatement toute immigration de personnes en provenance de pays musulmans vers l’Europe jusqu’à ce que nous ayons prouvé que l’intégration des musulmans est possible.
Deuxièmement, nous devons aider les musulmans qui ne veulent pas ou ne sont pas en mesure de s’intégrer dans nos sociétés occidentales, à construire un nouveau sens à leur vie dans une société qu’ils comprennent mieux et qui les comprend. Cela signifie les aider à démarrer une nouvelle vie dans un pays musulman. Nous avons actuellement les moyens économiques de le faire. Comme je l’ai mentionné précédemment, la Banque nationale danoise a calculé, que tous les immigrants en provenance des pays musulmans coûtent 300.000 Euros en moyenne. Avec cet argent, nous pourrions aider ces gens à vivre une vie heureuse dans un pays musulman, sans avoir à s’intégrer dans une société qu’ils ne comprennent pas et ne peuvent donc pas accepter. Avoir assez d’argent pour soutenir sa famille et vivre dans un pays où ils se sentent complètement assimilés à la culture environnante serait un grand pas en avant dans la qualité de leur vie. Et nous devons les aider à atteindre cet objectif.
Non seulement les musulmans, mais les sociétés européennes en bénéficieront. L’immigration des musulmans de l’Europe vers les pays musulmans fonctionnera comme des ambassades pour des sociétés plus libres et plus démocratiques, en raison de leur expérience de vie dans des démocraties avec de vrais droits de l’homme et en raison de leurs connaissances des systèmes sociaux en Europe. Ils amèneront avec eux des idées et des valeurs très importantes. De cette façon, ils pourront être en mesure de faire ce à quoi la plupart d’entre eux rêvent, à savoir aider leurs frères et sœurs musulmans dans leur pays d’origine en changeant les mauvaises conditions de vie auxquelles eux-mêmes avaient tenté d’échapper initialement.
Nicolai Sennels 33 ans est psychologue et a travaillé pour les autorités de Copenhague pendant plusieurs années. De 2005 à 2008 il a travaillé à la prison Sønderbro pour les jeunes à Copenhague.
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"Sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles."
Un intellectuel saoudien : la civilisation occidentale a libéré l'être humain
Dans un entretien paru le 23 avril 2009 dans le quotidien saoudien Okaz, le penseur réformiste Ibrahim Al-Buleihi fait part de son admiration pour la civilisation occidentale. L'interview a été mise en ligne le jour même sur le site progressiste arabe Elaph [1]. Al-Buleihi appelle les Arabes à reconnaître la grandeur de la civilisation occidentale et à admettre les insuffisances de leurs propres cultures. Il estime que l'autocritique est la condition de toute évolution positive. Ibrahim Al-Buleihi est membre du Conseil saoudien de la Shura. [2] Extraits de l'entretien:
"Sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles."
Okaz: Je vais commencer par la question cruciale de ce qui distingue votre façon de penser - que vos adversaires évoquent systématiquement contre vous: votre éblouissement face à l'Occident, alors que vous dévaluez complètement la pensée arabe. C'est vraiment le caractère le plus distinctif de vos écrits. L'auto-flagellation y est présente à un point extrême. Comment l'expliquez-vous ?
Buleihi: Mon attitude face à la société occidentale se base sur des faits indéniables et ses grandes réussites. Nous sommes en présence d'une réalité aux nombreuses composantes merveilleuses et étonnantes. Cela ne signifie pas que je sois aveuglé. Mais j'ai très exactement l'attitude contraire de ceux qui nient et ignorent les lumières vives de la civilisation occidentale. Regardez donc autour de vous… Vous vous apercevrez que tout ce qui est beau dans nos vies nous vient de la civilisation occidentale. Même le stylo que vous tenez dans votre main, l'enregistreur en face de vous, la lampe de cette pièce et le journal pour lequel vous travaillez, et d'innombrables agréments supplémentaires, qui sont comme des miracles pour les civilisations anciennes… Sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles. Je ne fais que poser un regard objectif [sur la réalité], estimant à sa juste valeur ce que je vois et l'exprimant honnêtement. Ceux qui n'ont pas d'admiration pour le beau sont démunis de sensibilité, de goût et de sens de l'observation.
La civilisation occidentale a atteint le summum de la science et de la technologie. Elle a apporté la connaissance, le savoir-faire, de nouvelles découvertes, comme aucune autre civilisation avant elle. Les réalisations de la civilisation occidentale couvrent tous les domaines: la gestion, la politique, l'éthique, l'économie et les droits humains. C'est un devoir de reconnaître son étonnante excellence. C'est en effet une civilisation digne d'admiration. (…) Le retard horrible dans lequel vivent certaines nations est le résultat inévitable de leur refus de [l'apport occidental] et de leur attitude consistant à se réfugier dans le déni et l'arrogance.
Okaz: Monsieur, vous pouvez admirer cette civilisation tant que vous le voulez, mais pas aux dépens des autres, notamment de notre civilisation.
Buleihi: Mon admiration pour l'Occident ne s'exprime pas aux dépens des autres. Elle invite ces autres à admettre qu'ils se sont leurrés, à surmonter leur infériorité et à se libérer de leur retard. Ils devraient admettre leurs défauts et faire l'effort de les surmonter. Ils devraient cesser de nier les faits et de tourner le dos à la multitude des merveilleux succès [occidentaux]. Ils devraient se montrer justes à l'égard de ces nations qui ont su se rendre prospères, sans pour autant monopoliser la prospérité, faisant profiter le monde entier des résultats de leurs progrès, de sorte qu'aujourd'hui d'autres nations dans le monde en bénéficient. La civilisation occidentale a apporté au monde la connaissance et le savoir-faire qui ont permis aux nations non occidentales, de rivaliser avec sa production et de partager des marchés avec elle. Critiquer ses propres insuffisances est nécessaire pour évoluer positivement. En revanche, glorifier la léthargie revient à encourager et asseoir le retard, à resserrer les chaînes de l'apathie et à empêcher [l'expression de] la capacité à exceller. Le retard est une réalité honteuse qui devrait nous déplaire et dont nous devons nous libérer.
"La civilisation occidentale est la seule qui ait su libérer l'homme de ses illusions et de ses chaînes."
Okaz: C'est peut-être le cas, et je vous suis dans cette exigence, mais, Monsieur, pourriez-vous résumer pour nous les raisons de votre admiration de la culture occidentale, afin que nous ayons une base de discussion ?
Buleihi: Il n'y en a pas une, mais mille raisons qui me poussent à admirer l'Occident et à souligner son excellence absolue dans tous les domaines. La civilisation occidentale est la seule qui ait su libérer l'homme de ses illusions et de ses chaînes. Elle a reconnu son individualité et lui a fourni des capacités, la possibilité de se cultiver et de réaliser ses aspirations. Elle a humanisé l'autorité politique et établi des mécanismes garantissant une égalité et une justice relatives, prévenant l'injustice et modérant l'agression. Cela ne veut pas dire que c'est une civilisation sans défaut ; elle en a même beaucoup. C'est toutefois la plus grande civilisation humaine de l'histoire. Avant elle, l'humanité était en prise avec la tyrannie, l'impuissance, la pauvreté, l'injustice, la maladie et la misère.
C'est une civilisation extraordinaire, sans être l'extension d'aucune civilisation ancienne, à l'exception de la civilisation grecque, source de la civilisation contemporaine. J'ai donné le dernier coup de plume à un ouvrage sur ce grand et extraordinaire saut de civilisation, intitulé "Changements qualitatifs dans la civilisation humaine". La civilisation occidentale est son propre produit et ne doit rien à aucune autre civilisation, hormis la civilisation grecque (…) Elle a redonné vie aux réalisations des Grecs dans les domaines de la philosophie, la science, la littérature, la politique, la société, la dignité humaine, le culte de la raison, tout en reconnaissant ses défauts et ses leurres et en soulignant le besoin constant de critique, de réévaluation et de corrections.
Okaz: En parlant ainsi, vous effacez complètement tous les efforts créatifs des civilisations qui ont précédé, telle la civilisation islamique, car vous affirmez que l'Occident ne lui doit rien.
Buleihi: Et pour cause: elle ne lui doit rien, pas plus qu'à aucune autre civilisation avant elle. La civilisation occidentale trouve ses fondements dans la Grèce des VIème et Vème siècles avant J.C. Elle a connu un temps d'arrêt au Moyen-Âge, avant de reprendre son évolution aux Temps modernes, en profitant à toutes les nations. Elle est vraiment extraordinaire dans tous les sens du mot: en termes d'excellence, d'unicité, de nouveauté (…) Elle a des composantes et des qualités qui la distinguent de toutes les civilisations qui l'ont précédée ou suivie. Elle est le produit d'un enseignement philosophique inventé par les Grecs. Les Européens ont pris pour base ce mode de pensée, notamment le mode de la critique, qui leur a permis de développer la connaissance objective, toujours ouverte à la réévaluation, à la correction et au progrès (…).
Okaz: Certains penseurs occidentaux ont écrit que la civilisation occidentale est une extension des civilisations précédentes. Comment vous, Arabe musulman, pouvez-vous le nier ?
Buleihi: En passant en revue les noms des philosophes et savants musulmans dont la contribution à l'Occident est reconnue par les écrivains occidentaux, tels Ibn Rushd, Ibn Al-Haytham, Ibn Sina, Al-Farbi, Al-Razi, Al-Khwarizmi et leurs semblables, nous découvrons que c'étaient tous des disciples de la culture grecque et qu'ils se tenaient en marge du courant [islamique] dominant. Ils étaient et continuent d'être ignorés par notre culture. Nous avons même brûlé leurs livres, les avons harcelés, avons mis la population en garde contre eux, et nous continuons de les considérer avec suspicion et aversion. Comment pouvons-nous nous enorgueillir de personnes que nous avons écartées et dont nous avons rejeté la pensée ? (…)
"La civilisation occidentale (…) est la seule qui continue de se développer, qui se réévalue constamment, se corrige et effectue en permanence de nouvelles découvertes"
La seule civilisation qui possède les ingrédients du progrès perpétuel est la civilisation occidentale, avec ses fondements grecs et son étonnante configuration contemporaine (…) La civilisation occidentale estime que nul ne détient la vérité absolue et que la perfection est impossible à atteindre, donc l'homme doit s'efforcer de l'atteindre tout en sachant qu'il n'y arrivera pas. C'est ainsi la seule civilisation qui continue de se développer, qui se réévalue constamment, se corrige et effectue en permanence de nouvelles découvertes (…)
Okaz: Permettez-moi de vous interroger sur votre fascination totale pour la culture occidentale.
Buleihi: La lumière de cette civilisation est très forte et il faut être aveugle pour ignorer sa luminosité. Toute personne douée de vue et de discernement ne peut qu'être fasciné (…) Il faut reconnaître le mérite de ceux qui en ont. Une autre civilisation a-t-elle rêvé avant elle à ces révélations époustouflantes, ces sciences exactes et ces technologies complexes ? Les générations précédentes ont-elles imaginé la possibilité d'ouvrir le torse ou la tête pour effectuer des opérations compliquées du coeur et du cerveau ? Pouvaient-elles imaginer une [aussi] profonde compréhension de la cellule vivante et de sa genèse… Ont-elles imaginé les avions, les voitures et les innombrables inventions de cette civilisation ? Voudriez-vous que nous nous remettions à écrire sur des parchemins et des papyrus, à user des bâtons de bois à la place de stylos et à monter à dos d'âne ?
Okaz: Désolé, mais personne ne vous demande de revenir à l'époque des ânes. Il est toutefois nécessaire de prononcer ses jugements historiques de façon juste et équilibrée. Vous dites qu'il faut "reconnaître le mérite de ceux qui en ont", mais, dans les faits, vous n'accordez aucun crédit à tout ce qui a existé avant la civilisation occidentale, et alors que tout le monde reconnaît le caractère cumulatif des accomplissements humains, vous niez cet axiome quand il s'agit des réalisations occidentales.
Buleihi: L'humanité a passé des milliers d'années à ruminer les mêmes idées et à vivre dans les mêmes conditions, en se servant des mêmes outils et instruments. Elle aurait pu s'éterniser ainsi sans l'émergence de la pensée philosophique en Grèce, aux VIème et Vème siècles avant J.C. Le niveau actuel des progrès de la civilisation ne peut être le résultat d'une [simple] accumulation: c'est plutôt le résultat de grandes réalisations dans les domaines de la pensée, de la science, de la politique, de la société et du travail. (…)
Ce qui sort l'homme de sa routine, c'est la lutte des idées, la liberté de choix et l'égalité des chances. La meilleure preuve en est qu'un grand nombre de gens aujourd'hui vivent dans une société profondément rétrograde, malgré la disponibilité de la science, de la technologie et des idées. Ils sont témoins de la prospérité et malgré cela, ces peuples rétrogrades sont incapables d'abandonner leurs tranchées et de se libérer de leurs chaînes. En d'autres termes, ils sont incapables d'imiter les peuples prospères, se trouvent dans l'incapacité totale d'inventer et d'initier.
Okaz: Il y a une question cruciale à ce débat: par "civilisation", entendez-vous uniquement son aspect matériel ?
Buleihi: La plus grande réussite de la société occidentale est d'avoir humanisé son autorité politique, d'avoir séparé les pouvoirs, établi et maintenu un équilibre des pouvoirs. La civilisation occidentale a accordé la priorité à l'individu et subordonné ses institutions, lois et procédures à ce principe, tandis que dans la civilisation ancienne, l'individu [n'] était [qu'] une dent dans l'engrenage.
Okaz: Une dent dans l'engrenage ? Vous pensez que cela est vrai aussi de la civilisation islamique ?
Buleihi: Nous faisons clairement la distinction entre l'islam et ce que les gens font en son nom. Les grands principes de l'islam et ses doctrines sublimes qui insistent sur la valeur et la dignité humaines n'ont pas eu l'occasion de prendre forme. Depuis l'époque des califes bien guidés, l'histoire arabe a éradiqué l'individualité de l'homme et sa valeur s'est retrouvée liée à ses affiliations politiques, religieuses ou tribales (…) La seule civilisation qui reconnaît et respecte l'homme en tant qu'individu est la société occidentale (…) Le comportement [humain], dans tous les domaines, ne découle pas d'enseignements, mais de la pratique et de l'expérience sur le terrain (…)
Okaz: L'histoire arabe de bout en bout, selon vous ?
Buleihi: Oui, toute l'histoire arabe se distingue par cet aspect lugubre, mises à part la période des califes bien guidés et d'autres périodes discrètes comme celle du règne d'Omar ibn Abdel Aziz. On ne doit pas confondre les sublimes principes et doctrines de l'islam avec son histoire, remplie d'erreurs, de transgressions et de tragédies. Quand les Abbasides triomphèrent des Omeyyades, ils couvrirent les cadavres de tapis, faisant la fête sur les corps en signe de vengeance. Quand [le calife] Al-Ma'mum eut battu son frère Al-Amin, il lui ôta la peau des os comme on le fait à un agneau. Cette scène se répète tout au long de l'histoire. Le pouvoir politique est la valeur pivot de la culture arabe. A notre époque, les coups d'Etat militaires sont récurrents dans le monde arabe, pour le pouvoir, mais pas pour effectuer des réformes positives. Chaque régime est pire que le précédent.
Okaz: M. Buleihi, n'avez-vous pas ouï dire de centaines de savants dans l'histoire de votre peuple qui ont apporté du sens et eu de l'impact, dont on étudie la vie jusqu'à ce jour, bien qu'il n'aient eu ni pouvoir, ni tribu, ni affiliation religieuse, et qui sont estimés pour leur érudition ?
"L'histoire arabe, à l'exception de la période des califes bien guidés, a été dominée par la politique"
Buleihi: C'est là une déclaration générale qui ne repose pas sur les faits. L'histoire arabe, à l'exception de la période des califes bien guidés, a été dominée par la politique. Quand les Fatamides ont pris le contrôle de l'Egypte et de l'Afrique du Nord, ces régions sont devenues chiites, et quand Salah Al-Din Al-Ayyubi [Saladin] a mis fin au [règne des] Fatamides, il a écarté tout ce qui pouvait avoir un rapport avec le chiisme. Il en a été de même quand les Safavides ont converti l'Iran au chiisme: cela a conduit les Ottomans à agir de façon identique [en imposant le sunnisme]. L'histoire arabe, ou islamique, dans le sens large du terme, résulte des hauts et des bas de la politique.
Okaz: Permettez-moi de faire ici une petite pause. Vous réduisez l'histoire islamique à une histoire politique. Même l'histoire politique islamique, malgré toutes ses tragédies, n'est pas aussi négative que vous le dites. Vous ignorez les aspects scientifiques et culturels de l'histoire islamique, qui ont donné une grande civilisation alors même que l'Europe souffrait sous le règne de la féodalité, de l'Eglise, de l'ignorance et du retard.
Buleihi: Nous avons hérité de certains clichés concernant notre histoire et l'histoire des autres nations, ne considérant pas notre histoire d'un oeil critique et celle des autres d'un œil juste et objectif. La lumineuse civilisation grecque a émergé au VIème siècle avant J.C., atteignant le sommet de son épanouissement au Vème siècle avant J.C. En d'autres termes, la civilisation grecque a émergé plusieurs siècles avant la civilisation islamique et a été la source des philosophes musulmans. Ces individus dont nous sommes parfois fiers, tels Ibn Rushd, Ibn Al-Haytham, Al-Razi, Al-Qindi, Al-Khawarizmi et Al-Farabi, étaient tous les élèves de la pensée grecque. Quant à notre civilisation, c'est une civilisation religieuse, préoccupée de loi religieuse, complètement absorbée par les détails de ce que les musulmans doivent faire et ne pas faire dans leur rapport à Allah et aux autres. C'est une tâche immense digne d'admiration, parce que la religion est le pivot de la vie. Nous devons toutefois admettre que nos succès se limitent tous à cette grande idée. N'affirmons pas que l'Occident nous a emprunté ses lumières laïques. Notre culture a été, et continue d'être, absorbée par la question de ce qui est interdit et permis, de la croyance et de l'incroyance, parce que c'est une civilisation religieuse (…)
Okaz: Ils [les musulmans] ont appris de la civilisation grecque et ce n'est pas un défaut ; c'est ainsi que font les jeunes générations: elles apprennent des civilisations anciennes et se construisent sur ces dernières. Fallait-il attendre qu'ils abolissent les réussites des Grecs pour recommencer à zéro ?
Buleihi: Je n'ai rien contre le fait d'apprendre [des autres]. Ce que je voulais clarifier est que ces [succès] ne sont pas les nôtres et que ces individus exceptionnels ne sont pas le produit de la culture arabe, mais plutôt de la culture grecque. Ils se trouvent en dehors de notre courant culturel dominant, et nous les avons traités comme des éléments étrangers. C'est pourquoi nous ne méritons pas de nous en enorgueillir, vu que nous les avons rejetés et avons combattu leurs idées. A l'inverse, quand l'Europe eut tiré l'enseignement de ces individus, elle a su profiter d'une grande connaissance: la sienne à l'origine, vu qu'elle est une extension de la culture grecque, source de toute la civilisation occidentale."
http://memri.org/bin/french/latestnews.cgi?ID=SD233209
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[1] http://www.elaph.com/Web/NewsPapers/2009/4/433121.htm
[2] Pour plus d'informations sur Al-Buleihi, voir les extraits-vidéo sur MEMRI TV: Clip No. 1174, " Saudi Shura Council member Ibrahim Al-Buleihi: Terrorism Is the Product of a Flaw in Arab and Muslim Culture," 23 mai 2006, http://www.memritv.org/clip/en/1174.htm, ainsi que les extraits-vidéo du Clip No. 638 de MEMRI TV: "#638 - Saudi Liberal: America's Actions are Natural for a Country That Was Attacked. If an Islamic Country Was Attacked its Response Would Be Worse," April 6, 2005
http://www.memritv.org/clip/en/638.htm.
Dans un entretien paru le 23 avril 2009 dans le quotidien saoudien Okaz, le penseur réformiste Ibrahim Al-Buleihi fait part de son admiration pour la civilisation occidentale. L'interview a été mise en ligne le jour même sur le site progressiste arabe Elaph [1]. Al-Buleihi appelle les Arabes à reconnaître la grandeur de la civilisation occidentale et à admettre les insuffisances de leurs propres cultures. Il estime que l'autocritique est la condition de toute évolution positive. Ibrahim Al-Buleihi est membre du Conseil saoudien de la Shura. [2] Extraits de l'entretien:
"Sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles."
Okaz: Je vais commencer par la question cruciale de ce qui distingue votre façon de penser - que vos adversaires évoquent systématiquement contre vous: votre éblouissement face à l'Occident, alors que vous dévaluez complètement la pensée arabe. C'est vraiment le caractère le plus distinctif de vos écrits. L'auto-flagellation y est présente à un point extrême. Comment l'expliquez-vous ?
Buleihi: Mon attitude face à la société occidentale se base sur des faits indéniables et ses grandes réussites. Nous sommes en présence d'une réalité aux nombreuses composantes merveilleuses et étonnantes. Cela ne signifie pas que je sois aveuglé. Mais j'ai très exactement l'attitude contraire de ceux qui nient et ignorent les lumières vives de la civilisation occidentale. Regardez donc autour de vous… Vous vous apercevrez que tout ce qui est beau dans nos vies nous vient de la civilisation occidentale. Même le stylo que vous tenez dans votre main, l'enregistreur en face de vous, la lampe de cette pièce et le journal pour lequel vous travaillez, et d'innombrables agréments supplémentaires, qui sont comme des miracles pour les civilisations anciennes… Sans tout ce que l'Occident a accompli, nos vies seraient stériles. Je ne fais que poser un regard objectif [sur la réalité], estimant à sa juste valeur ce que je vois et l'exprimant honnêtement. Ceux qui n'ont pas d'admiration pour le beau sont démunis de sensibilité, de goût et de sens de l'observation.
La civilisation occidentale a atteint le summum de la science et de la technologie. Elle a apporté la connaissance, le savoir-faire, de nouvelles découvertes, comme aucune autre civilisation avant elle. Les réalisations de la civilisation occidentale couvrent tous les domaines: la gestion, la politique, l'éthique, l'économie et les droits humains. C'est un devoir de reconnaître son étonnante excellence. C'est en effet une civilisation digne d'admiration. (…) Le retard horrible dans lequel vivent certaines nations est le résultat inévitable de leur refus de [l'apport occidental] et de leur attitude consistant à se réfugier dans le déni et l'arrogance.
Okaz: Monsieur, vous pouvez admirer cette civilisation tant que vous le voulez, mais pas aux dépens des autres, notamment de notre civilisation.
Buleihi: Mon admiration pour l'Occident ne s'exprime pas aux dépens des autres. Elle invite ces autres à admettre qu'ils se sont leurrés, à surmonter leur infériorité et à se libérer de leur retard. Ils devraient admettre leurs défauts et faire l'effort de les surmonter. Ils devraient cesser de nier les faits et de tourner le dos à la multitude des merveilleux succès [occidentaux]. Ils devraient se montrer justes à l'égard de ces nations qui ont su se rendre prospères, sans pour autant monopoliser la prospérité, faisant profiter le monde entier des résultats de leurs progrès, de sorte qu'aujourd'hui d'autres nations dans le monde en bénéficient. La civilisation occidentale a apporté au monde la connaissance et le savoir-faire qui ont permis aux nations non occidentales, de rivaliser avec sa production et de partager des marchés avec elle. Critiquer ses propres insuffisances est nécessaire pour évoluer positivement. En revanche, glorifier la léthargie revient à encourager et asseoir le retard, à resserrer les chaînes de l'apathie et à empêcher [l'expression de] la capacité à exceller. Le retard est une réalité honteuse qui devrait nous déplaire et dont nous devons nous libérer.
"La civilisation occidentale est la seule qui ait su libérer l'homme de ses illusions et de ses chaînes."
Okaz: C'est peut-être le cas, et je vous suis dans cette exigence, mais, Monsieur, pourriez-vous résumer pour nous les raisons de votre admiration de la culture occidentale, afin que nous ayons une base de discussion ?
Buleihi: Il n'y en a pas une, mais mille raisons qui me poussent à admirer l'Occident et à souligner son excellence absolue dans tous les domaines. La civilisation occidentale est la seule qui ait su libérer l'homme de ses illusions et de ses chaînes. Elle a reconnu son individualité et lui a fourni des capacités, la possibilité de se cultiver et de réaliser ses aspirations. Elle a humanisé l'autorité politique et établi des mécanismes garantissant une égalité et une justice relatives, prévenant l'injustice et modérant l'agression. Cela ne veut pas dire que c'est une civilisation sans défaut ; elle en a même beaucoup. C'est toutefois la plus grande civilisation humaine de l'histoire. Avant elle, l'humanité était en prise avec la tyrannie, l'impuissance, la pauvreté, l'injustice, la maladie et la misère.
C'est une civilisation extraordinaire, sans être l'extension d'aucune civilisation ancienne, à l'exception de la civilisation grecque, source de la civilisation contemporaine. J'ai donné le dernier coup de plume à un ouvrage sur ce grand et extraordinaire saut de civilisation, intitulé "Changements qualitatifs dans la civilisation humaine". La civilisation occidentale est son propre produit et ne doit rien à aucune autre civilisation, hormis la civilisation grecque (…) Elle a redonné vie aux réalisations des Grecs dans les domaines de la philosophie, la science, la littérature, la politique, la société, la dignité humaine, le culte de la raison, tout en reconnaissant ses défauts et ses leurres et en soulignant le besoin constant de critique, de réévaluation et de corrections.
Okaz: En parlant ainsi, vous effacez complètement tous les efforts créatifs des civilisations qui ont précédé, telle la civilisation islamique, car vous affirmez que l'Occident ne lui doit rien.
Buleihi: Et pour cause: elle ne lui doit rien, pas plus qu'à aucune autre civilisation avant elle. La civilisation occidentale trouve ses fondements dans la Grèce des VIème et Vème siècles avant J.C. Elle a connu un temps d'arrêt au Moyen-Âge, avant de reprendre son évolution aux Temps modernes, en profitant à toutes les nations. Elle est vraiment extraordinaire dans tous les sens du mot: en termes d'excellence, d'unicité, de nouveauté (…) Elle a des composantes et des qualités qui la distinguent de toutes les civilisations qui l'ont précédée ou suivie. Elle est le produit d'un enseignement philosophique inventé par les Grecs. Les Européens ont pris pour base ce mode de pensée, notamment le mode de la critique, qui leur a permis de développer la connaissance objective, toujours ouverte à la réévaluation, à la correction et au progrès (…).
Okaz: Certains penseurs occidentaux ont écrit que la civilisation occidentale est une extension des civilisations précédentes. Comment vous, Arabe musulman, pouvez-vous le nier ?
Buleihi: En passant en revue les noms des philosophes et savants musulmans dont la contribution à l'Occident est reconnue par les écrivains occidentaux, tels Ibn Rushd, Ibn Al-Haytham, Ibn Sina, Al-Farbi, Al-Razi, Al-Khwarizmi et leurs semblables, nous découvrons que c'étaient tous des disciples de la culture grecque et qu'ils se tenaient en marge du courant [islamique] dominant. Ils étaient et continuent d'être ignorés par notre culture. Nous avons même brûlé leurs livres, les avons harcelés, avons mis la population en garde contre eux, et nous continuons de les considérer avec suspicion et aversion. Comment pouvons-nous nous enorgueillir de personnes que nous avons écartées et dont nous avons rejeté la pensée ? (…)
"La civilisation occidentale (…) est la seule qui continue de se développer, qui se réévalue constamment, se corrige et effectue en permanence de nouvelles découvertes"
La seule civilisation qui possède les ingrédients du progrès perpétuel est la civilisation occidentale, avec ses fondements grecs et son étonnante configuration contemporaine (…) La civilisation occidentale estime que nul ne détient la vérité absolue et que la perfection est impossible à atteindre, donc l'homme doit s'efforcer de l'atteindre tout en sachant qu'il n'y arrivera pas. C'est ainsi la seule civilisation qui continue de se développer, qui se réévalue constamment, se corrige et effectue en permanence de nouvelles découvertes (…)
Okaz: Permettez-moi de vous interroger sur votre fascination totale pour la culture occidentale.
Buleihi: La lumière de cette civilisation est très forte et il faut être aveugle pour ignorer sa luminosité. Toute personne douée de vue et de discernement ne peut qu'être fasciné (…) Il faut reconnaître le mérite de ceux qui en ont. Une autre civilisation a-t-elle rêvé avant elle à ces révélations époustouflantes, ces sciences exactes et ces technologies complexes ? Les générations précédentes ont-elles imaginé la possibilité d'ouvrir le torse ou la tête pour effectuer des opérations compliquées du coeur et du cerveau ? Pouvaient-elles imaginer une [aussi] profonde compréhension de la cellule vivante et de sa genèse… Ont-elles imaginé les avions, les voitures et les innombrables inventions de cette civilisation ? Voudriez-vous que nous nous remettions à écrire sur des parchemins et des papyrus, à user des bâtons de bois à la place de stylos et à monter à dos d'âne ?
Okaz: Désolé, mais personne ne vous demande de revenir à l'époque des ânes. Il est toutefois nécessaire de prononcer ses jugements historiques de façon juste et équilibrée. Vous dites qu'il faut "reconnaître le mérite de ceux qui en ont", mais, dans les faits, vous n'accordez aucun crédit à tout ce qui a existé avant la civilisation occidentale, et alors que tout le monde reconnaît le caractère cumulatif des accomplissements humains, vous niez cet axiome quand il s'agit des réalisations occidentales.
Buleihi: L'humanité a passé des milliers d'années à ruminer les mêmes idées et à vivre dans les mêmes conditions, en se servant des mêmes outils et instruments. Elle aurait pu s'éterniser ainsi sans l'émergence de la pensée philosophique en Grèce, aux VIème et Vème siècles avant J.C. Le niveau actuel des progrès de la civilisation ne peut être le résultat d'une [simple] accumulation: c'est plutôt le résultat de grandes réalisations dans les domaines de la pensée, de la science, de la politique, de la société et du travail. (…)
Ce qui sort l'homme de sa routine, c'est la lutte des idées, la liberté de choix et l'égalité des chances. La meilleure preuve en est qu'un grand nombre de gens aujourd'hui vivent dans une société profondément rétrograde, malgré la disponibilité de la science, de la technologie et des idées. Ils sont témoins de la prospérité et malgré cela, ces peuples rétrogrades sont incapables d'abandonner leurs tranchées et de se libérer de leurs chaînes. En d'autres termes, ils sont incapables d'imiter les peuples prospères, se trouvent dans l'incapacité totale d'inventer et d'initier.
Okaz: Il y a une question cruciale à ce débat: par "civilisation", entendez-vous uniquement son aspect matériel ?
Buleihi: La plus grande réussite de la société occidentale est d'avoir humanisé son autorité politique, d'avoir séparé les pouvoirs, établi et maintenu un équilibre des pouvoirs. La civilisation occidentale a accordé la priorité à l'individu et subordonné ses institutions, lois et procédures à ce principe, tandis que dans la civilisation ancienne, l'individu [n'] était [qu'] une dent dans l'engrenage.
Okaz: Une dent dans l'engrenage ? Vous pensez que cela est vrai aussi de la civilisation islamique ?
Buleihi: Nous faisons clairement la distinction entre l'islam et ce que les gens font en son nom. Les grands principes de l'islam et ses doctrines sublimes qui insistent sur la valeur et la dignité humaines n'ont pas eu l'occasion de prendre forme. Depuis l'époque des califes bien guidés, l'histoire arabe a éradiqué l'individualité de l'homme et sa valeur s'est retrouvée liée à ses affiliations politiques, religieuses ou tribales (…) La seule civilisation qui reconnaît et respecte l'homme en tant qu'individu est la société occidentale (…) Le comportement [humain], dans tous les domaines, ne découle pas d'enseignements, mais de la pratique et de l'expérience sur le terrain (…)
Okaz: L'histoire arabe de bout en bout, selon vous ?
Buleihi: Oui, toute l'histoire arabe se distingue par cet aspect lugubre, mises à part la période des califes bien guidés et d'autres périodes discrètes comme celle du règne d'Omar ibn Abdel Aziz. On ne doit pas confondre les sublimes principes et doctrines de l'islam avec son histoire, remplie d'erreurs, de transgressions et de tragédies. Quand les Abbasides triomphèrent des Omeyyades, ils couvrirent les cadavres de tapis, faisant la fête sur les corps en signe de vengeance. Quand [le calife] Al-Ma'mum eut battu son frère Al-Amin, il lui ôta la peau des os comme on le fait à un agneau. Cette scène se répète tout au long de l'histoire. Le pouvoir politique est la valeur pivot de la culture arabe. A notre époque, les coups d'Etat militaires sont récurrents dans le monde arabe, pour le pouvoir, mais pas pour effectuer des réformes positives. Chaque régime est pire que le précédent.
Okaz: M. Buleihi, n'avez-vous pas ouï dire de centaines de savants dans l'histoire de votre peuple qui ont apporté du sens et eu de l'impact, dont on étudie la vie jusqu'à ce jour, bien qu'il n'aient eu ni pouvoir, ni tribu, ni affiliation religieuse, et qui sont estimés pour leur érudition ?
"L'histoire arabe, à l'exception de la période des califes bien guidés, a été dominée par la politique"
Buleihi: C'est là une déclaration générale qui ne repose pas sur les faits. L'histoire arabe, à l'exception de la période des califes bien guidés, a été dominée par la politique. Quand les Fatamides ont pris le contrôle de l'Egypte et de l'Afrique du Nord, ces régions sont devenues chiites, et quand Salah Al-Din Al-Ayyubi [Saladin] a mis fin au [règne des] Fatamides, il a écarté tout ce qui pouvait avoir un rapport avec le chiisme. Il en a été de même quand les Safavides ont converti l'Iran au chiisme: cela a conduit les Ottomans à agir de façon identique [en imposant le sunnisme]. L'histoire arabe, ou islamique, dans le sens large du terme, résulte des hauts et des bas de la politique.
Okaz: Permettez-moi de faire ici une petite pause. Vous réduisez l'histoire islamique à une histoire politique. Même l'histoire politique islamique, malgré toutes ses tragédies, n'est pas aussi négative que vous le dites. Vous ignorez les aspects scientifiques et culturels de l'histoire islamique, qui ont donné une grande civilisation alors même que l'Europe souffrait sous le règne de la féodalité, de l'Eglise, de l'ignorance et du retard.
Buleihi: Nous avons hérité de certains clichés concernant notre histoire et l'histoire des autres nations, ne considérant pas notre histoire d'un oeil critique et celle des autres d'un œil juste et objectif. La lumineuse civilisation grecque a émergé au VIème siècle avant J.C., atteignant le sommet de son épanouissement au Vème siècle avant J.C. En d'autres termes, la civilisation grecque a émergé plusieurs siècles avant la civilisation islamique et a été la source des philosophes musulmans. Ces individus dont nous sommes parfois fiers, tels Ibn Rushd, Ibn Al-Haytham, Al-Razi, Al-Qindi, Al-Khawarizmi et Al-Farabi, étaient tous les élèves de la pensée grecque. Quant à notre civilisation, c'est une civilisation religieuse, préoccupée de loi religieuse, complètement absorbée par les détails de ce que les musulmans doivent faire et ne pas faire dans leur rapport à Allah et aux autres. C'est une tâche immense digne d'admiration, parce que la religion est le pivot de la vie. Nous devons toutefois admettre que nos succès se limitent tous à cette grande idée. N'affirmons pas que l'Occident nous a emprunté ses lumières laïques. Notre culture a été, et continue d'être, absorbée par la question de ce qui est interdit et permis, de la croyance et de l'incroyance, parce que c'est une civilisation religieuse (…)
Okaz: Ils [les musulmans] ont appris de la civilisation grecque et ce n'est pas un défaut ; c'est ainsi que font les jeunes générations: elles apprennent des civilisations anciennes et se construisent sur ces dernières. Fallait-il attendre qu'ils abolissent les réussites des Grecs pour recommencer à zéro ?
Buleihi: Je n'ai rien contre le fait d'apprendre [des autres]. Ce que je voulais clarifier est que ces [succès] ne sont pas les nôtres et que ces individus exceptionnels ne sont pas le produit de la culture arabe, mais plutôt de la culture grecque. Ils se trouvent en dehors de notre courant culturel dominant, et nous les avons traités comme des éléments étrangers. C'est pourquoi nous ne méritons pas de nous en enorgueillir, vu que nous les avons rejetés et avons combattu leurs idées. A l'inverse, quand l'Europe eut tiré l'enseignement de ces individus, elle a su profiter d'une grande connaissance: la sienne à l'origine, vu qu'elle est une extension de la culture grecque, source de toute la civilisation occidentale."
http://memri.org/bin/french/latestnews.cgi?ID=SD233209
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[1] http://www.elaph.com/Web/NewsPapers/2009/4/433121.htm
[2] Pour plus d'informations sur Al-Buleihi, voir les extraits-vidéo sur MEMRI TV: Clip No. 1174, " Saudi Shura Council member Ibrahim Al-Buleihi: Terrorism Is the Product of a Flaw in Arab and Muslim Culture," 23 mai 2006, http://www.memritv.org/clip/en/1174.htm, ainsi que les extraits-vidéo du Clip No. 638 de MEMRI TV: "#638 - Saudi Liberal: America's Actions are Natural for a Country That Was Attacked. If an Islamic Country Was Attacked its Response Would Be Worse," April 6, 2005
http://www.memritv.org/clip/en/638.htm.
lundi 8 juin 2009
Voile : Obama désavoue des millions de Musulmanes
Marianne2
Suite au discours d'Obama sur le port du voile, Catherine Kintzler exprime ses inquiétudes. Dans une tribune adressée au président américain, elle s'interroge sur les répercussions de telles déclarations sur la liberté des femmes musulmanes et condamne l'attitude dirigiste du chef d'Etat.
Au président des Etats-Unis d’Amérique, sur quelques petites phrases de son discours prononcé au Caire le 4 juin 2009.
Monsieur le Président, en novembre 2008 j’ai été magnifiquement accueillie par l’université de Princeton, où votre épouse Michelle a fait une partie de ses études. Avec les étudiants et mes collègues, nous avons parlé de sujets «académiques », de littérature, de musique. Mais, à la demande des collègues qui me recevaient, j’ai donné une conférence sur la laïcité. Et j’ai pu constater, lors des discussions qui ont suivi, que la laïcité n’est nullement méconnue ni incomprise par les Américains comme on le croit faussement en France - comme si la laïcité était une spécialité régionale réservée aux seuls initiés.
On nous accuse, nous Français, de faire volontiers la leçon. Je ne vous ferai pas l’injure de croire que ce sujet vous est étranger. Vous savez que la laïcité est un minimalisme qui suppose que le lien religieux n’est pas nécessaire pour penser et construire le lien politique. Vous savez que la France l’a installée à la suite de plusieurs siècles d’histoire, face à une religion dominatrice et hégémonique -expérience dont les Américains n’ont pas fait l’épreuve, mais qu’ils connaissent et qui mérite, sinon l’approbation, du moins un peu d’attention. Vous savez que la laïcité ne s’oppose pas aux religions : elle s’oppose seulement à leurs prétentions politiques en leur demandant de renoncer à faire la loi. Vous savez que l’abstention qu’elle exige dans l’espace relevant de l’autorité publique a pour corollaire la plus grande liberté dans l’espace civil pour toutes les croyances et incroyances.
C’est en toute connaissance que vous avez abordé le sujet, à plusieurs reprises, dans le discours que vous avez prononcé au Caire le 4 juin.
Vous n’avez, il est vrai, donné aucune leçon. Vous n’avez pas non plus présenté une opinion, un souhait qui vous serait propre. Reprenant sur ce point la tradition de vos prédécesseurs vous avez simplement, tranquillement, avec l’assurance et l’arrogance d’un maître du monde, accordé une caution, exprimé un désaveu et donné des ordres.
En encourageant et en justifiant le port du voile islamique, vous avez désavoué les millions de musulmanes qui ne le portent pas, vous avez réduit au silence celles qui luttent pour la liberté de conduire leur vie au péril même de celle-ci, vous n’avez même fait aucune distinction entre celles qui le portent librement et celles auxquelles il est imposé.
Parmi toutes les interprétations de l’islam, et malgré votre volonté de vous adresser par ailleurs aux musulmans qui rejettent l’intégrisme, vous avez ainsi fait un choix, n’hésitant pas à vous mêler aux débats internes à une religion. A entendre l’approbation que vous avez reçue sur ce point des organisations les plus dures, les plus rétrogrades du monde musulman, nul ne peut douter que ce choix est politique. Ce choix n’est pas nouveau, et là encore vous renouez avec une tradition que vous prétendez par ailleurs rompre : car votre pays l’a fait naguère en soutenant les talibans ; on en connaît les conséquences aujourd’hui. Vous avez offert sur un plateau les femmes et des millions de musulmans non intégristes en cadeau aux groupes les plus réactionnaires : est-ce le prix que vous avez choisi pour la nécessaire réconciliation de votre pays avec le monde musulman ? Un tel prix risque d’attiser la violence y compris en Europe. Car, par cet éloge appuyé du voile islamique, vous risquez de redonner vigueur à ceux qui, aux Pays-Bas, ont assassiné Theo Van Gogh, à ceux qui, au Royaume-Uni, rendent une justice dite «islamique » où la parole d’une femme ne vaut pas celle d’un homme, à ceux qui, au Danemark, ont prétendu faire taire la presse en criant au blasphème, à ceux qui, dans plusieurs pays d’Europe, ferment les yeux sur les crimes dits « d’honneur ».
A son frère qui, fort de votre autorité, lui demandera de s’ « habiller correctement » et lui imposera le port du voile, que pourra désormais répondre une jeune fille de culture musulmane désireuse de ne pas le porter ? Vous l’avez déjà bâillonnée, vous lui avez donné l’ordre de s’incliner, vous lui avez fait savoir qu’une résistance équivaut à un désaveu de sa religion : vous avez déjà fait d’elle, soit une renégate, soit une ombre silencieuse. Vous savez que au moins ici, en France, elle pourra s’abriter derrière la double vie que lui offre, pour un temps, l’école publique. Mais sans doute ne le savez-vous que trop bien. Car là aussi, vous avez coupé sa retraite : vous avez laissé entendre que cette double vie, elle n’y a droit qu’en vertu d’une sorte d’intolérance et d’un « faux semblant de libéralisme », faisant clairement allusion à la laïcité. Comme si le libéralisme et la liberté étaient coïncidents. Comme si l’interdiction d’arborer des signes religieux ostentatoires à l’école publique visait uniquement l’un d’entre eux, comme si cette disposition n’avait pas été un facteur d’apaisement, comme si elle n’était pas corrélative de la plus grande liberté de manifester ses opinions religieuses -y compris en portant librement le voile- dans l’espace civil, comme si la laïcité faisait obstacle à la vie philosophique, religieuse, spirituelle des personnes vivant sur le territoire de la République française jusqu’à leur dicter leur façon de s’habiller. Ce faisant, vous n’avez pas hésité en outre à vous introduire dans les affaires d’un Etat et d’un peuple souverains, ni à les désigner comme un exemple d’intolérance à la face du monde -et on parle de l’arrogance française !
Comme des millions de personnes dans le monde, j’ai salué votre élection, j’ai célébré avec mes amis américains la fierté retrouvée d’un grand peuple libre et libérateur, j’ai étudié votre superbe discours dit «sur les races » avec délectation. J’ai attendu votre discours du Caire comme un grand moment pour la paix du monde : il serait stupide et malhonnête de ma part de lui refuser ce statut et ce rôle, il serait absurde de le rejeter en bloc sous prétexte de ce qui me choque dans vos propos. Mais je serais en revanche lâche et indigne de me taire sur ce que j’y considère comme décevant, humiliant et inquiétant.
Aujourd’hui, en lisant ces phrases qui sont loin d’être anodines, je suis déçue, car elles me font voir en vous un président américain comparable à ceux que j’ai connus, se conduisant en maître du monde, dictant aux autres ce qui est bon et mauvais. En les lisant, je me sens humiliée comme femme -je croyais que le temps est révolu où on faisait d’elles un bien à négocier, à offrir, à sacrifier. Je me sens humiliée comme citoyenne d’un grand peuple dont vous avez balayé en quelques petites phrases une longue expérience historique et tout un pan de la pensée. Je suis gênée à l’égard de mes concitoyens musulmans sincèrement attachés à la laïcité (qui leur offre la garantie d’une vie religieuse libre et paisible) car vous les avez désavoués en tâchant de les réorienter vers ce que vous leur avez indiqué comme la bonne voie. Je suis inquiète surtout pour ceux qui, ici et ailleurs, très nombreux, luttent pour se délivrer de l’intégrisme auquel on veut les identifier sans aucun égard pour leur diversité, pour les débats qu’ils ont le courage de mener, pour leur pensée. Aujourd’hui, je crains que cette alliance légitime et nécessaire que vous offrez au monde musulman, puisqu’elle comprend hélas ce geste appuyé de désapprobation envers les pays laïques, ne scelle à terme une alliance avec tous les intégrismes contre la laïcité et contre les femmes.
Suite au discours d'Obama sur le port du voile, Catherine Kintzler exprime ses inquiétudes. Dans une tribune adressée au président américain, elle s'interroge sur les répercussions de telles déclarations sur la liberté des femmes musulmanes et condamne l'attitude dirigiste du chef d'Etat.
Au président des Etats-Unis d’Amérique, sur quelques petites phrases de son discours prononcé au Caire le 4 juin 2009.
Monsieur le Président, en novembre 2008 j’ai été magnifiquement accueillie par l’université de Princeton, où votre épouse Michelle a fait une partie de ses études. Avec les étudiants et mes collègues, nous avons parlé de sujets «académiques », de littérature, de musique. Mais, à la demande des collègues qui me recevaient, j’ai donné une conférence sur la laïcité. Et j’ai pu constater, lors des discussions qui ont suivi, que la laïcité n’est nullement méconnue ni incomprise par les Américains comme on le croit faussement en France - comme si la laïcité était une spécialité régionale réservée aux seuls initiés.
On nous accuse, nous Français, de faire volontiers la leçon. Je ne vous ferai pas l’injure de croire que ce sujet vous est étranger. Vous savez que la laïcité est un minimalisme qui suppose que le lien religieux n’est pas nécessaire pour penser et construire le lien politique. Vous savez que la France l’a installée à la suite de plusieurs siècles d’histoire, face à une religion dominatrice et hégémonique -expérience dont les Américains n’ont pas fait l’épreuve, mais qu’ils connaissent et qui mérite, sinon l’approbation, du moins un peu d’attention. Vous savez que la laïcité ne s’oppose pas aux religions : elle s’oppose seulement à leurs prétentions politiques en leur demandant de renoncer à faire la loi. Vous savez que l’abstention qu’elle exige dans l’espace relevant de l’autorité publique a pour corollaire la plus grande liberté dans l’espace civil pour toutes les croyances et incroyances.
C’est en toute connaissance que vous avez abordé le sujet, à plusieurs reprises, dans le discours que vous avez prononcé au Caire le 4 juin.
Vous n’avez, il est vrai, donné aucune leçon. Vous n’avez pas non plus présenté une opinion, un souhait qui vous serait propre. Reprenant sur ce point la tradition de vos prédécesseurs vous avez simplement, tranquillement, avec l’assurance et l’arrogance d’un maître du monde, accordé une caution, exprimé un désaveu et donné des ordres.
En encourageant et en justifiant le port du voile islamique, vous avez désavoué les millions de musulmanes qui ne le portent pas, vous avez réduit au silence celles qui luttent pour la liberté de conduire leur vie au péril même de celle-ci, vous n’avez même fait aucune distinction entre celles qui le portent librement et celles auxquelles il est imposé.
Parmi toutes les interprétations de l’islam, et malgré votre volonté de vous adresser par ailleurs aux musulmans qui rejettent l’intégrisme, vous avez ainsi fait un choix, n’hésitant pas à vous mêler aux débats internes à une religion. A entendre l’approbation que vous avez reçue sur ce point des organisations les plus dures, les plus rétrogrades du monde musulman, nul ne peut douter que ce choix est politique. Ce choix n’est pas nouveau, et là encore vous renouez avec une tradition que vous prétendez par ailleurs rompre : car votre pays l’a fait naguère en soutenant les talibans ; on en connaît les conséquences aujourd’hui. Vous avez offert sur un plateau les femmes et des millions de musulmans non intégristes en cadeau aux groupes les plus réactionnaires : est-ce le prix que vous avez choisi pour la nécessaire réconciliation de votre pays avec le monde musulman ? Un tel prix risque d’attiser la violence y compris en Europe. Car, par cet éloge appuyé du voile islamique, vous risquez de redonner vigueur à ceux qui, aux Pays-Bas, ont assassiné Theo Van Gogh, à ceux qui, au Royaume-Uni, rendent une justice dite «islamique » où la parole d’une femme ne vaut pas celle d’un homme, à ceux qui, au Danemark, ont prétendu faire taire la presse en criant au blasphème, à ceux qui, dans plusieurs pays d’Europe, ferment les yeux sur les crimes dits « d’honneur ».
A son frère qui, fort de votre autorité, lui demandera de s’ « habiller correctement » et lui imposera le port du voile, que pourra désormais répondre une jeune fille de culture musulmane désireuse de ne pas le porter ? Vous l’avez déjà bâillonnée, vous lui avez donné l’ordre de s’incliner, vous lui avez fait savoir qu’une résistance équivaut à un désaveu de sa religion : vous avez déjà fait d’elle, soit une renégate, soit une ombre silencieuse. Vous savez que au moins ici, en France, elle pourra s’abriter derrière la double vie que lui offre, pour un temps, l’école publique. Mais sans doute ne le savez-vous que trop bien. Car là aussi, vous avez coupé sa retraite : vous avez laissé entendre que cette double vie, elle n’y a droit qu’en vertu d’une sorte d’intolérance et d’un « faux semblant de libéralisme », faisant clairement allusion à la laïcité. Comme si le libéralisme et la liberté étaient coïncidents. Comme si l’interdiction d’arborer des signes religieux ostentatoires à l’école publique visait uniquement l’un d’entre eux, comme si cette disposition n’avait pas été un facteur d’apaisement, comme si elle n’était pas corrélative de la plus grande liberté de manifester ses opinions religieuses -y compris en portant librement le voile- dans l’espace civil, comme si la laïcité faisait obstacle à la vie philosophique, religieuse, spirituelle des personnes vivant sur le territoire de la République française jusqu’à leur dicter leur façon de s’habiller. Ce faisant, vous n’avez pas hésité en outre à vous introduire dans les affaires d’un Etat et d’un peuple souverains, ni à les désigner comme un exemple d’intolérance à la face du monde -et on parle de l’arrogance française !
Comme des millions de personnes dans le monde, j’ai salué votre élection, j’ai célébré avec mes amis américains la fierté retrouvée d’un grand peuple libre et libérateur, j’ai étudié votre superbe discours dit «sur les races » avec délectation. J’ai attendu votre discours du Caire comme un grand moment pour la paix du monde : il serait stupide et malhonnête de ma part de lui refuser ce statut et ce rôle, il serait absurde de le rejeter en bloc sous prétexte de ce qui me choque dans vos propos. Mais je serais en revanche lâche et indigne de me taire sur ce que j’y considère comme décevant, humiliant et inquiétant.
Aujourd’hui, en lisant ces phrases qui sont loin d’être anodines, je suis déçue, car elles me font voir en vous un président américain comparable à ceux que j’ai connus, se conduisant en maître du monde, dictant aux autres ce qui est bon et mauvais. En les lisant, je me sens humiliée comme femme -je croyais que le temps est révolu où on faisait d’elles un bien à négocier, à offrir, à sacrifier. Je me sens humiliée comme citoyenne d’un grand peuple dont vous avez balayé en quelques petites phrases une longue expérience historique et tout un pan de la pensée. Je suis gênée à l’égard de mes concitoyens musulmans sincèrement attachés à la laïcité (qui leur offre la garantie d’une vie religieuse libre et paisible) car vous les avez désavoués en tâchant de les réorienter vers ce que vous leur avez indiqué comme la bonne voie. Je suis inquiète surtout pour ceux qui, ici et ailleurs, très nombreux, luttent pour se délivrer de l’intégrisme auquel on veut les identifier sans aucun égard pour leur diversité, pour les débats qu’ils ont le courage de mener, pour leur pensée. Aujourd’hui, je crains que cette alliance légitime et nécessaire que vous offrez au monde musulman, puisqu’elle comprend hélas ce geste appuyé de désapprobation envers les pays laïques, ne scelle à terme une alliance avec tous les intégrismes contre la laïcité et contre les femmes.
vendredi 5 juin 2009
"l'Union européenne présente tous les symptômes de la décadence".
Par Ivan Rioufol
Je notais des signes d'une lucidité nouvelle face au déclin de la France et de l'Europe. Ce lundi, c'est Libération qui apporte de l'eau à mon moulin, en publiant un article de Peter Van Ham, directeur de la recherche sur la gouvernance mondiale au Netherlands Institute of International Relations de la Haye. Pour lui, "l'Union européenne présente tous les symptômes de la décadence". L'auteur conforte en cela l'analyse de ce responsable des renseignements, dissimulé sous le pseudonyme d'Enyo. Si Enyo assure que "l'heure de la guerre est arrivée" pour les européens, c'est cette même idée que défend Van Ham, dans un texte titré : "L'Europe doit être prête à la guerre".
J'en cite quelques passages : "L'Union doit se réveiller pour défendre son modèle et ses valeurs. Qui sont ceux qui la menacent réellement aujourd'hui? Pas les Etats-Unis, ni même la Chine ou la Russie. Ce qui la menace, ce sont, par exemple, l'immigration illégale, qui déstabilise son modèle de société, ou encore l'islam extrémiste. Dans un proche avenir, les armes nucléaires iraniennes représenteront également un danger pour l'Europe (...) L'Union doit se défaire de son image aimable, féminine. Il est essentiel qu'elle devienne "méchante" et s'engage dans des interventions militaires, même sans mandat du Conseil de sécurité de l'ONU (...) L'Union doit affirmer qu'une guerre pourrait être nécessaire pour protéger notre idéal et nos intérêts communs".
Un tel discours, tenu de surcroît dans le conformiste quotidien de gauche, vient en rupture avec le sirop pacifiste et consensuel qui alimente les débats. Ces propos rejoignent ceux d'autres observateurs (Jean-Sylvestre Mongrenier, dans Le Figaro de ce lundi) qui prennent acte des limites du "soft power" et de la diplomatie de l'apaisement, dont on mesure les effets catastrophiques en Corée du nord : ce pays vient de tester une nouvelle arme atomique, en réponse aux offres de dialogue de l'administration Obama. Contre l'esprit munichois de l'Europe molle et relativiste, une vision réaliste des dangers s'efforce de s'imposer. Samedi, sur la Cinq, j'entendais la journaliste québécoise Denise Bombardier pousser un coup de gueule contre l'esprit de dérision des Français: "En France vous vous riez de tout ! Vous allez mourir de rire !". Bien vu.
Je notais des signes d'une lucidité nouvelle face au déclin de la France et de l'Europe. Ce lundi, c'est Libération qui apporte de l'eau à mon moulin, en publiant un article de Peter Van Ham, directeur de la recherche sur la gouvernance mondiale au Netherlands Institute of International Relations de la Haye. Pour lui, "l'Union européenne présente tous les symptômes de la décadence". L'auteur conforte en cela l'analyse de ce responsable des renseignements, dissimulé sous le pseudonyme d'Enyo. Si Enyo assure que "l'heure de la guerre est arrivée" pour les européens, c'est cette même idée que défend Van Ham, dans un texte titré : "L'Europe doit être prête à la guerre".
J'en cite quelques passages : "L'Union doit se réveiller pour défendre son modèle et ses valeurs. Qui sont ceux qui la menacent réellement aujourd'hui? Pas les Etats-Unis, ni même la Chine ou la Russie. Ce qui la menace, ce sont, par exemple, l'immigration illégale, qui déstabilise son modèle de société, ou encore l'islam extrémiste. Dans un proche avenir, les armes nucléaires iraniennes représenteront également un danger pour l'Europe (...) L'Union doit se défaire de son image aimable, féminine. Il est essentiel qu'elle devienne "méchante" et s'engage dans des interventions militaires, même sans mandat du Conseil de sécurité de l'ONU (...) L'Union doit affirmer qu'une guerre pourrait être nécessaire pour protéger notre idéal et nos intérêts communs".
Un tel discours, tenu de surcroît dans le conformiste quotidien de gauche, vient en rupture avec le sirop pacifiste et consensuel qui alimente les débats. Ces propos rejoignent ceux d'autres observateurs (Jean-Sylvestre Mongrenier, dans Le Figaro de ce lundi) qui prennent acte des limites du "soft power" et de la diplomatie de l'apaisement, dont on mesure les effets catastrophiques en Corée du nord : ce pays vient de tester une nouvelle arme atomique, en réponse aux offres de dialogue de l'administration Obama. Contre l'esprit munichois de l'Europe molle et relativiste, une vision réaliste des dangers s'efforce de s'imposer. Samedi, sur la Cinq, j'entendais la journaliste québécoise Denise Bombardier pousser un coup de gueule contre l'esprit de dérision des Français: "En France vous vous riez de tout ! Vous allez mourir de rire !". Bien vu.
Silence, le Kosovo épure ethniquement
Par Ivan Rioufol
Où sont les grandes consciences? Naguère, elles dénonçaient sans retenue des épurations ethniques attribuées aux Serbes, au Kosovo. Ce mercredi, un rapport du Minority right group, basé à Londres, indique que les minorités vivant dans l'ancienne province serbe, devenue indépendante en 2008 sous la pression d'une population devenue majoritairement musulmane, sont forcées d'abandonner le Kosovo. Le communiqué du groupe explique : "De nombreux membres des minorités Ashkali, Bosniaque, Croate, Gorani, Rome, Serbe et Turque abandonnent le Kosovo car ils font face à une exclusion de la société et à des discriminations à de nombreux niveaux". "Les restrictions à la liberté de mouvement, l'exclusion de la vie politique économique et sociale sont particulièrement ressenties par les petites communautés ethniques", précise à l'Agence France Presse un responsable de ce groupe, Mark Lattimer. Cette réelle épuration, menée sous les yeux de la communauté internationale, est un scandale qui laisse les belles âmes indifférentes.
Alors que les bombes de l'Otan s'abattaient sur Belgrade, en 1999, le ministre de la Défense français de l'époque, Alain Richard, expliquait : "Nous avons vocation partout en Europe à avoir des états multiethniques qui tolèrent les minorités". On voit aujourd'hui les fruits de cette imposture politique, ayant fait du peuple Serbe, remarquable opposant au nazisme durant la seconde guerre mondiale, l'unique responsable du chaos balkanique. Une fois de plus, les faits démontrent que la société multiethnique et multiculturelle est devenue un modèle obligatoire pour tous, à l'exception de pays musulmans qui la réclament uniquement pour les autres. Combien de temps faudra-t-il supporter ce deux poids deux mesure ? J'espère que des voix s'élèveront pour condamner ce qui se passe au Kosovo. Sinon, il faudra prendre acte d'une forme de soumission de l'Europe et de l'Occident.
Où sont les grandes consciences? Naguère, elles dénonçaient sans retenue des épurations ethniques attribuées aux Serbes, au Kosovo. Ce mercredi, un rapport du Minority right group, basé à Londres, indique que les minorités vivant dans l'ancienne province serbe, devenue indépendante en 2008 sous la pression d'une population devenue majoritairement musulmane, sont forcées d'abandonner le Kosovo. Le communiqué du groupe explique : "De nombreux membres des minorités Ashkali, Bosniaque, Croate, Gorani, Rome, Serbe et Turque abandonnent le Kosovo car ils font face à une exclusion de la société et à des discriminations à de nombreux niveaux". "Les restrictions à la liberté de mouvement, l'exclusion de la vie politique économique et sociale sont particulièrement ressenties par les petites communautés ethniques", précise à l'Agence France Presse un responsable de ce groupe, Mark Lattimer. Cette réelle épuration, menée sous les yeux de la communauté internationale, est un scandale qui laisse les belles âmes indifférentes.
Alors que les bombes de l'Otan s'abattaient sur Belgrade, en 1999, le ministre de la Défense français de l'époque, Alain Richard, expliquait : "Nous avons vocation partout en Europe à avoir des états multiethniques qui tolèrent les minorités". On voit aujourd'hui les fruits de cette imposture politique, ayant fait du peuple Serbe, remarquable opposant au nazisme durant la seconde guerre mondiale, l'unique responsable du chaos balkanique. Une fois de plus, les faits démontrent que la société multiethnique et multiculturelle est devenue un modèle obligatoire pour tous, à l'exception de pays musulmans qui la réclament uniquement pour les autres. Combien de temps faudra-t-il supporter ce deux poids deux mesure ? J'espère que des voix s'élèveront pour condamner ce qui se passe au Kosovo. Sinon, il faudra prendre acte d'une forme de soumission de l'Europe et de l'Occident.
jeudi 4 juin 2009
Obama caresse les musulmans dans le sens du voile
Dans son discours du Caire, le président américain s'en est pris aux pays occidentaux qui interdisent ou limitent le port du voile islamique. La France applaudit quand même. Le Hamas aussi.
«Il est important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu'une femme doit porter» : devant les 3000 personnes (dont beaucoup de femmes voilées) réunies à l’université du Caire pour écouter (religieusement) son discours jeudi 4 juin, Barack Obama a ouvertement critiqué les pays occidentaux qui interdisent ou limitent le port du voile islamique. En ligne de mire, la France évidemment, où la loi de 2004 interdit les signes religieux ostentatoires à l’école. Ou encore la Belgique, où le port du voile est considéré comme discriminatoire. Même si Obama a pris soin de ne citer aucun Etat.
« On ne doit pas dissimuler l'hostilité envers une religion devant le faux semblant du libéralisme », a-t-il martelé. Et de poursuivre : « Je rejette les vues de certains en Occident [pour qui le fait] qu'une femme choisisse de couvrir ses cheveux a quelque chose d'inégalitaire ». Conclusion : « Le gouvernement américain s'est porté en justice» pour protéger le droit des « femmes et des filles à porter le voile » et «punir ceux qui voudrait leur dénier».
Résumons : pour Barack Obama — qui a été le premier président américain à embaucher une conseillère voilée, Dalia Mogahed — la laïcité n’est rien d’autre qu’un « faux semblant du libéralisme ». Quant au voile, il n’a strictement rien à voir avec un quelconque asservissement de la femme (mais dans ce cas, pourquoi les hommes ne le portent-ils pas ?). En somme, le pays des droits de l’homme est juste intolérant et liberticide.
Certes, le discours du président américain ne saurait se réduire à la seule défense du voile. Il marque le début d’une salutaire réconciliation entre les Etats-Unis et le monde musulman. Mais devait-elle se faire au prix d’un divorce avec l’Europe laïque ? La France n’a pas l’air d’y voir d’inconvénient, qui a pondu un communiqué pour dire tout le bien qu’il faut penser de ce « discours qui fera date », d'une portée «majeure», montrant des Etats-Unis «résolument tournés vers le dialogue, la tolérance, le respect mutuel». Un point de vue partagé par… le Hamas, qui se félicite du « changement tangible » initié par Obama, et de son « ton pondéré », « exempt du langage de la menace auquel la précédente administration nous a habitués ».
Marianne2
«Il est important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu'une femme doit porter» : devant les 3000 personnes (dont beaucoup de femmes voilées) réunies à l’université du Caire pour écouter (religieusement) son discours jeudi 4 juin, Barack Obama a ouvertement critiqué les pays occidentaux qui interdisent ou limitent le port du voile islamique. En ligne de mire, la France évidemment, où la loi de 2004 interdit les signes religieux ostentatoires à l’école. Ou encore la Belgique, où le port du voile est considéré comme discriminatoire. Même si Obama a pris soin de ne citer aucun Etat.
« On ne doit pas dissimuler l'hostilité envers une religion devant le faux semblant du libéralisme », a-t-il martelé. Et de poursuivre : « Je rejette les vues de certains en Occident [pour qui le fait] qu'une femme choisisse de couvrir ses cheveux a quelque chose d'inégalitaire ». Conclusion : « Le gouvernement américain s'est porté en justice» pour protéger le droit des « femmes et des filles à porter le voile » et «punir ceux qui voudrait leur dénier».
Résumons : pour Barack Obama — qui a été le premier président américain à embaucher une conseillère voilée, Dalia Mogahed — la laïcité n’est rien d’autre qu’un « faux semblant du libéralisme ». Quant au voile, il n’a strictement rien à voir avec un quelconque asservissement de la femme (mais dans ce cas, pourquoi les hommes ne le portent-ils pas ?). En somme, le pays des droits de l’homme est juste intolérant et liberticide.
Certes, le discours du président américain ne saurait se réduire à la seule défense du voile. Il marque le début d’une salutaire réconciliation entre les Etats-Unis et le monde musulman. Mais devait-elle se faire au prix d’un divorce avec l’Europe laïque ? La France n’a pas l’air d’y voir d’inconvénient, qui a pondu un communiqué pour dire tout le bien qu’il faut penser de ce « discours qui fera date », d'une portée «majeure», montrant des Etats-Unis «résolument tournés vers le dialogue, la tolérance, le respect mutuel». Un point de vue partagé par… le Hamas, qui se félicite du « changement tangible » initié par Obama, et de son « ton pondéré », « exempt du langage de la menace auquel la précédente administration nous a habitués ».
Marianne2
Barroso
"[...] par inadvertance ou par action délibérée, trois des quatre invités musulmans choisis par le président de la Commission José Manuel Barroso et par le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering incluaient des représentants musulmans qui ont des liens avec des organisations affiliées à l’internationale des Frères Musulmans, un groupe extrémiste connnu pour son soutien au jihad contre l’Occident." (Moshe Kantor, Président du Congrès Juif Européen)
(...)
L’organisation juive européenne a notamment fustigé la présence dans la délégation musulmane du professeur Tariq Ramadan comme président du Réseau musulman européen, qu’elle qualifie d’"individu qui sème la discorde et le conflit et prône une idéologie d’affrontements des civilisations".
--------
Dans un souci de dialogue (soumission?) l'Europe se fait mettre!
(...)
L’organisation juive européenne a notamment fustigé la présence dans la délégation musulmane du professeur Tariq Ramadan comme président du Réseau musulman européen, qu’elle qualifie d’"individu qui sème la discorde et le conflit et prône une idéologie d’affrontements des civilisations".
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Dans un souci de dialogue (soumission?) l'Europe se fait mettre!
La supériorité africaine
Battre sa femme, un devoir conjugal
Sharon LaFranière | The New York Times
Une Nigériane sur trois est victime de violences domestiques. Accepté comme une fatalité, ce fléau touche toutes les couches de la société dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
C’était l’habituelle dispute entre un homme et sa femme. Elle voulait aller voir ses parents. Il voulait qu’elle reste à la maison. L’affaire s’est réglée d’une façon qui, selon certains, ici à Lagos, n’est que trop classique. Rosalynn Isimeto-Osibuamhe se souvient très bien des faits survenus en décembre 2001 : Emmanuel, son époux, l’a suivie jusqu’à la porte, puis l’a frappée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance et l’a laissée gisant dans la rue près de leur appartement.
Mme Isimeto-Osibuamhe, alors âgée de 31 ans et mariée depuis cinq ans, avait enfreint une règle sacro-sainte dans cette partie du monde : elle avait désobéi à son époux. Des études réalisées un peu partout en Afrique révèlent que de nombreux hommes – mais aussi de nombreuses femmes – considèrent un tel acte de désobéissance comme une raison suffisante pour battre ou être battue. Mais pas Mme Isimeto-Osibuamhe. Diplômée de l’université et fondatrice d’une école de français, elle a fait sa valise et quitté le domicile conjugal dès son retour de l’hôpital. Aujourd’hui, elle n’est toujours pas revenue sur sa décision. “Il croit que je n’ai aucun droit”, explique-t-elle lors de notre entrevue dans sa salle de classe. “Si je dis non, il me bat. Alors je me suis dit : pas question ! Ce n’est pas ce que j’attends de la vie.”
Pourtant, la majorité des femmes gardent le silence sur les brutalités qu’elles subissent. Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec quelque 130 millions d’habitants, ne dispose que de 2 foyers pour femmes battues. Ces deux centres ont ouvert leurs portes au cours des quatre dernières années. A titre de comparaison, les Etats-Unis en possèdent 1 200.
Le code pénal en vigueur dans le Nord, dominé par l’islam, autorise expressément les époux à “discipliner” leurs femmes – tout comme il autorise les parents et les maîtres d’école à discipliner les enfants – tant qu’ils n’infligent pas de coups et blessures graves. De plus, la police ferme les yeux sur les mauvais traitements infligés aux épouses. Des lois contre la violence conjugale ont été proposées dans six Etats, mais n’ont été adoptées que par deux d’entre eux. Pour les défenseurs des droits de la femme, la violence généralisée contre le sexe faible est révélatrice de son statut inférieur en Afrique. Moins instruites, les femmes travaillent davantage. Mme Isimeto-Osibuamhe ne correspond pourtant pas à ce profil. S’exprimant avec aisance, les cheveux coupés à la dernière mode et un livre de sociologie dans son sac, elle parle d’un ton assuré. Son agenda fourmille de projets. “Je suis une organisatrice, un leader”, affirme-t-elle. Cela ne l’a pourtant pas empêchée de subir les assauts répétés de son mari au cours de leurs huit années de mariage. D’après les critères nigérians, ses parents étaient plutôt progressistes. Son père battait bien sa mère de temps à autre, mais il a aussi encouragé sa fille, l’aînée de sept enfants, à poursuivre ses études.
“Si le mariage ne marche pas, c’est la faute de la femme”
Mme Isimeto-Osibuamhe avait à peine 16 ans lorsqu’elle a rencontré Emmanuel. Comme elle, il a continué ses études et obtenu un diplôme universitaire en comptabilité. Il ne l’a giflée qu’une seule fois pendant les longues années durant lesquelles ils se sont fréquentés avant de se marier. Elle a pensé que son geste était dû à un moment d’égarement. Il ne l’était pas. Mme Isimeto-Osibuamhe, âgée de 35 ans, assure que son époux l’a battue plus de soixante fois après leur mariage, en 1997. Il l’a frappée également alors qu’elle était enceinte de leur fils, aujourd’hui âgé de 6 ans. Emmanuel Osibuamhe, 36 ans, reconnaît qu’il a eu tort de battre sa femme. Mais, au cours des deux heures qu’a duré l’interview dans son bureau, qui sert aussi de salon de coiffure pour hommes, il a insisté sur le fait que c’était elle qui le provoquait délibérément. Arpentant la pièce dans son pantalon bien repassé, ses chaussures cirées et sa chemise jaune, il devenait de plus en plus agité à mesure qu’il se souvenait de la façon dont elle défiait son autorité.
“Vous ne vous imaginez pas en train de battre votre femme, n’est-ce pas ? demande-t-il. Vous ne vous imaginez pas que vous pouvez en arriver là ? Mais certaines personnes ont le chic pour vous pousser à bout et vous faire faire des choses que vous n’êtes pas censé faire. Pour l’amour du ciel, l’homme est le chef à la maison ! Vous devez avoir un foyer qui vous est soumis”, ajoute-t-il. Cela signifie que c’est lui qui commande à la maison. Cela veut dire aussi que tous les biens du ménage doivent être à son nom et que sa femme doit lui demander la permission avant d’aller rendre visite à ses parents. Lorsque Mme Isimeto-Osibuamhe a fini par chercher de l’aide, nombreux sont ceux qui ont pris la défense de son mari. Elle est allée trouver la police. “Ils m’ont dit que je n’étais plus une petite fille. Si je ne voulais plus être mariée, je n’avais qu’à divorcer.” Elle en a parlé à son beau-père. Celui-ci lui a assuré qu’“il [était] normal de battre sa femme”. Elle s’est adressée au pasteur, qui lui a conseillé de ne pas mettre son mari trop en colère. Elle a enfin trouvé un soutien auprès de Project Alert on Violence Against Women, une association qui dirige l’un des deux foyers du Nigeria, où elle est restée plusieurs semaines. Bridget Osekwe, responsable de ce projet, affirme que les dossiers de son organisation renferment plus de 200 cas similaires. Même les femmes financièrement indépendantes, comme Mme Isimeto-Osibuamhe, répugnent à divorcer, par peur de l’exclusion sociale. “Dans cette société, une femme doit tout faire pour que son mariage fonctionne”, commente Josephine Effah-Chukwuma, qui a mis sur pied Project Alert en 1999. “Si ça ne marche pas, c’est toujours la faute de la femme.”
Depuis qu’elle a quitté le domicile conjugal, l’époux de Mme Isimeto-Osibuamhe a continué à la frapper une dizaine de fois. Un jour, à l’église, il l’a même assommée. Malgré tout, elle n’a pas complètement perdu l’espoir qu’il puisse changer un jour. Elle s’inquiète et se demande comment elle va élever leur fils, qui vit actuellement chez ses grands-parents, si jamais elle divorce. “Dois-je rester pour notre enfant et risquer de me faire tuer ?” s’interroge-t-elle. Pourtant, elle insiste auprès des journalistes pour qu’ils accolent le nom de son mari au sien lorsqu’ils font le récit son histoire. “L’Africain croit que sa femme est un bien qui lui appartient, au même titre qu’une voiture ou des chaussures, une chose qu’il peut piétiner à loisir”, conclut Mme Isimeto-Osibuamhe.
Sharon LaFranière | The New York Times
Une Nigériane sur trois est victime de violences domestiques. Accepté comme une fatalité, ce fléau touche toutes les couches de la société dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
C’était l’habituelle dispute entre un homme et sa femme. Elle voulait aller voir ses parents. Il voulait qu’elle reste à la maison. L’affaire s’est réglée d’une façon qui, selon certains, ici à Lagos, n’est que trop classique. Rosalynn Isimeto-Osibuamhe se souvient très bien des faits survenus en décembre 2001 : Emmanuel, son époux, l’a suivie jusqu’à la porte, puis l’a frappée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance et l’a laissée gisant dans la rue près de leur appartement.
Mme Isimeto-Osibuamhe, alors âgée de 31 ans et mariée depuis cinq ans, avait enfreint une règle sacro-sainte dans cette partie du monde : elle avait désobéi à son époux. Des études réalisées un peu partout en Afrique révèlent que de nombreux hommes – mais aussi de nombreuses femmes – considèrent un tel acte de désobéissance comme une raison suffisante pour battre ou être battue. Mais pas Mme Isimeto-Osibuamhe. Diplômée de l’université et fondatrice d’une école de français, elle a fait sa valise et quitté le domicile conjugal dès son retour de l’hôpital. Aujourd’hui, elle n’est toujours pas revenue sur sa décision. “Il croit que je n’ai aucun droit”, explique-t-elle lors de notre entrevue dans sa salle de classe. “Si je dis non, il me bat. Alors je me suis dit : pas question ! Ce n’est pas ce que j’attends de la vie.”
Pourtant, la majorité des femmes gardent le silence sur les brutalités qu’elles subissent. Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec quelque 130 millions d’habitants, ne dispose que de 2 foyers pour femmes battues. Ces deux centres ont ouvert leurs portes au cours des quatre dernières années. A titre de comparaison, les Etats-Unis en possèdent 1 200.
Le code pénal en vigueur dans le Nord, dominé par l’islam, autorise expressément les époux à “discipliner” leurs femmes – tout comme il autorise les parents et les maîtres d’école à discipliner les enfants – tant qu’ils n’infligent pas de coups et blessures graves. De plus, la police ferme les yeux sur les mauvais traitements infligés aux épouses. Des lois contre la violence conjugale ont été proposées dans six Etats, mais n’ont été adoptées que par deux d’entre eux. Pour les défenseurs des droits de la femme, la violence généralisée contre le sexe faible est révélatrice de son statut inférieur en Afrique. Moins instruites, les femmes travaillent davantage. Mme Isimeto-Osibuamhe ne correspond pourtant pas à ce profil. S’exprimant avec aisance, les cheveux coupés à la dernière mode et un livre de sociologie dans son sac, elle parle d’un ton assuré. Son agenda fourmille de projets. “Je suis une organisatrice, un leader”, affirme-t-elle. Cela ne l’a pourtant pas empêchée de subir les assauts répétés de son mari au cours de leurs huit années de mariage. D’après les critères nigérians, ses parents étaient plutôt progressistes. Son père battait bien sa mère de temps à autre, mais il a aussi encouragé sa fille, l’aînée de sept enfants, à poursuivre ses études.
“Si le mariage ne marche pas, c’est la faute de la femme”
Mme Isimeto-Osibuamhe avait à peine 16 ans lorsqu’elle a rencontré Emmanuel. Comme elle, il a continué ses études et obtenu un diplôme universitaire en comptabilité. Il ne l’a giflée qu’une seule fois pendant les longues années durant lesquelles ils se sont fréquentés avant de se marier. Elle a pensé que son geste était dû à un moment d’égarement. Il ne l’était pas. Mme Isimeto-Osibuamhe, âgée de 35 ans, assure que son époux l’a battue plus de soixante fois après leur mariage, en 1997. Il l’a frappée également alors qu’elle était enceinte de leur fils, aujourd’hui âgé de 6 ans. Emmanuel Osibuamhe, 36 ans, reconnaît qu’il a eu tort de battre sa femme. Mais, au cours des deux heures qu’a duré l’interview dans son bureau, qui sert aussi de salon de coiffure pour hommes, il a insisté sur le fait que c’était elle qui le provoquait délibérément. Arpentant la pièce dans son pantalon bien repassé, ses chaussures cirées et sa chemise jaune, il devenait de plus en plus agité à mesure qu’il se souvenait de la façon dont elle défiait son autorité.
“Vous ne vous imaginez pas en train de battre votre femme, n’est-ce pas ? demande-t-il. Vous ne vous imaginez pas que vous pouvez en arriver là ? Mais certaines personnes ont le chic pour vous pousser à bout et vous faire faire des choses que vous n’êtes pas censé faire. Pour l’amour du ciel, l’homme est le chef à la maison ! Vous devez avoir un foyer qui vous est soumis”, ajoute-t-il. Cela signifie que c’est lui qui commande à la maison. Cela veut dire aussi que tous les biens du ménage doivent être à son nom et que sa femme doit lui demander la permission avant d’aller rendre visite à ses parents. Lorsque Mme Isimeto-Osibuamhe a fini par chercher de l’aide, nombreux sont ceux qui ont pris la défense de son mari. Elle est allée trouver la police. “Ils m’ont dit que je n’étais plus une petite fille. Si je ne voulais plus être mariée, je n’avais qu’à divorcer.” Elle en a parlé à son beau-père. Celui-ci lui a assuré qu’“il [était] normal de battre sa femme”. Elle s’est adressée au pasteur, qui lui a conseillé de ne pas mettre son mari trop en colère. Elle a enfin trouvé un soutien auprès de Project Alert on Violence Against Women, une association qui dirige l’un des deux foyers du Nigeria, où elle est restée plusieurs semaines. Bridget Osekwe, responsable de ce projet, affirme que les dossiers de son organisation renferment plus de 200 cas similaires. Même les femmes financièrement indépendantes, comme Mme Isimeto-Osibuamhe, répugnent à divorcer, par peur de l’exclusion sociale. “Dans cette société, une femme doit tout faire pour que son mariage fonctionne”, commente Josephine Effah-Chukwuma, qui a mis sur pied Project Alert en 1999. “Si ça ne marche pas, c’est toujours la faute de la femme.”
Depuis qu’elle a quitté le domicile conjugal, l’époux de Mme Isimeto-Osibuamhe a continué à la frapper une dizaine de fois. Un jour, à l’église, il l’a même assommée. Malgré tout, elle n’a pas complètement perdu l’espoir qu’il puisse changer un jour. Elle s’inquiète et se demande comment elle va élever leur fils, qui vit actuellement chez ses grands-parents, si jamais elle divorce. “Dois-je rester pour notre enfant et risquer de me faire tuer ?” s’interroge-t-elle. Pourtant, elle insiste auprès des journalistes pour qu’ils accolent le nom de son mari au sien lorsqu’ils font le récit son histoire. “L’Africain croit que sa femme est un bien qui lui appartient, au même titre qu’une voiture ou des chaussures, une chose qu’il peut piétiner à loisir”, conclut Mme Isimeto-Osibuamhe.
Les femmes cautionnent les violences conjugales
Algérie
Le résultat d'une enquête menée par l'Office national des statistiques algérien et financée par l'UNICEF a "soulevé une onde de choc", révèle le quotidien La Tribune. 67,9 % des Algériennes en effet acceptent que leur mari les battent, soit plus de deux femmes sur trois. Ces chiffres démesurés illustrent la banalisation de la violence dans la société algérienne et plus particulièrement la banalisation de la violence conjugale. Pour le quotidien, l'acceptation des coups par les femmes est un élément révélateur de leur subordination.
Le résultat d'une enquête menée par l'Office national des statistiques algérien et financée par l'UNICEF a "soulevé une onde de choc", révèle le quotidien La Tribune. 67,9 % des Algériennes en effet acceptent que leur mari les battent, soit plus de deux femmes sur trois. Ces chiffres démesurés illustrent la banalisation de la violence dans la société algérienne et plus particulièrement la banalisation de la violence conjugale. Pour le quotidien, l'acceptation des coups par les femmes est un élément révélateur de leur subordination.
lundi 1 juin 2009
«Little Istanbul», symbole berlinois des ratés de l'intégration turque
Ils sont 200 000 dans la capitale et quelque 2,5 millions à vivre en Allemagne. Les diplômés sont de plus en plus tentés de retourner dans leur pays où les perspectives d'emploi sont meilleures.
Les marchands de kebabs ont remplacé les stands à saucisses et à bretzels. Tous les commerces portent des inscriptions bilingues, en allemand et en turc. Les chaînes de supermarchés allemandes Lidl et Aldi vendent des produits importés de Turquie. Les femmes voilées n'attirent plus les regards curieux. Sur un plan, ce microquartier de Kreuzberg situé à Berlin-Ouest, à quelques pas de l'ancien mur, s'appelle «Kottbusser Tor». Mais pour les Berlinois c'est «Little Istanbul». Ses habitants peuvent y mener une vie parallèle, sans parler un mot d'allemand.
Au-delà de ses attraits folkloriques et de sa légendaire tolérance «multiculturelle», «Little Istanbul» est aussi l'un des symboles des ratés de l'intégration des immigrés turcs en Allemagne. La chancelière allemande et Nicolas Sarkozy, qui se sont tous deux prononcés contre l'adhésion de la Turquie à l'UE, y atteignent des sommets d'impopularité. Angela Merkel a réitéré sa proposition d'un partenariat privilégié avec la Turquie, sans que ce pays devienne membre à part entière de l'Union. Une telle position accentue le malentendu avec les immigrés d'origine turque, qui la considèrent comme une marque de mépris et le signe que l'Allemagne ne souhaite pas vraiment les intégrer.
«Travailleur invité d'Anatolie»
Attablés dans un café turc, deux retraités sirotent un thé noir en jouant aux cartes. Ils n'iront pas voter le 7 juin. «L'intégration, ça fait des années qu'on nous bassine avec ça. Si ça n'a jamais marché, c'est de la faute des politiques», s'emporte Hüseyin Cakmak. Il a 63 ans et fait partie de la première vague de Gastarbeiter, les «travailleurs invités» turcs, conviés dès la fin des années 1950 à contribuer au miracle économique allemand. Pourtant, il ne parle toujours pas un mot d'allemand : «Je n'ai jamais essayé d'apprendre, pas le temps, trop de travail… Et puis, je n'avais aucun contact avec les Allemands. Ils me considéraient comme un travailleur invité d'Anatolie et gardaient leurs distances.»
Pendant trente ans, l'Allemagne a vécu dans l'illusion que ces «invités» repartiraient un jour. Ainsi, les gouvernements successifs n'ont pas déployé d'efforts pour intégrer ces immigrés qui sont aujourd'hui environ 2,5 millions dont 200 000 à Berlin. «Il y a quinze ans, l'Allemagne a réalisé qu'elle était allée chercher des travailleurs, mais qu'elle s'était retrouvée avec des êtres humains et leurs familles», résume Ediz Bökli un chasseur de têtes d'origine turque. Peu à peu, les cours de langue facultatifs ont été remplacés par un examen d'allemand obligatoire, conditionnant l'entrée dans le pays et l'accès à la nationalité. Depuis quelques années, les enfants d'ascendance turque nés en Allemagne ont automatiquement la citoyenneté allemande, tout en conservant leur passeport turc. Mais à l'âge de 18 ans, ils doivent choisir et, pour conserver leur passeport allemand, renoncer à la nationalité turque, ce qu'ils considèrent comme un déracinement.
Une fuite «inquiétante»
Seuls 35 % de Turcs s'estiment intégrés, alors que 13 % des Allemands jugent qu'ils le sont vraiment. Ils luttent pour sauvegarder leurs mœurs et leur identité. Ils se battent contre l'échec scolaire, contre les préjugés aussi lorsqu'ils cherchent un emploi. Les choses sont en train de changer avec la troisième génération de Turcs, bilingue qui dit se sentir allemande. Pourtant, selon une étude récente, un tiers des diplômés d'origine turque seraient prêts à émigrer en Turquie. En raison de la difficulté à trouver un travail adapté à leurs compétences en Allemagne et de meilleures perspectives d'emplois en Turquie.(PLEASE GO!)
Spécialisé dans le débauchage des diplômés d'origine turque pour des entreprises allemandes implantées en Turquie, Ediz Bökli estime à 3 000 le nombre de diplômés allemands d'origine turque qui ont émigré de l'autre côté du Bosphore depuis trois ans. «Ce n'est que le début, explique-t-il. Daimler, Lufthansa… 3 000 entreprises allemandes, au total, ont ouvert des antennes en Turquie depuis trois ans. Elles recherchent toutes du personnel diplômé, bilingue, ayant une double culture. Nos candidats rêvent d'Istanbul, Izmir, ou Ankara. Là-bas, on leur offre de très bons salaires, la qualité de vie, le beau temps.»
Pour l'Allemagne, qui souffre d'une natalité négative et qui aura besoin de recourir de plus en plus à l'immigration, cette fuite prend des proportions inquiétantes. «Si ceux qui réussissent partent, il va manquer un exemple à l'avenir», pour les enfants d'immigrés, avertit Armin Laschet, ministre de la Famille et de l'Intégration de l'État régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, aux racines turques. Selon lui, l'Allemagne doit intervenir au plus vite avant de voir fuir tous ces diplômés.
Le Figaro
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Les diplomes partent et la bêtise avec...
Les marchands de kebabs ont remplacé les stands à saucisses et à bretzels. Tous les commerces portent des inscriptions bilingues, en allemand et en turc. Les chaînes de supermarchés allemandes Lidl et Aldi vendent des produits importés de Turquie. Les femmes voilées n'attirent plus les regards curieux. Sur un plan, ce microquartier de Kreuzberg situé à Berlin-Ouest, à quelques pas de l'ancien mur, s'appelle «Kottbusser Tor». Mais pour les Berlinois c'est «Little Istanbul». Ses habitants peuvent y mener une vie parallèle, sans parler un mot d'allemand.
Au-delà de ses attraits folkloriques et de sa légendaire tolérance «multiculturelle», «Little Istanbul» est aussi l'un des symboles des ratés de l'intégration des immigrés turcs en Allemagne. La chancelière allemande et Nicolas Sarkozy, qui se sont tous deux prononcés contre l'adhésion de la Turquie à l'UE, y atteignent des sommets d'impopularité. Angela Merkel a réitéré sa proposition d'un partenariat privilégié avec la Turquie, sans que ce pays devienne membre à part entière de l'Union. Une telle position accentue le malentendu avec les immigrés d'origine turque, qui la considèrent comme une marque de mépris et le signe que l'Allemagne ne souhaite pas vraiment les intégrer.
«Travailleur invité d'Anatolie»
Attablés dans un café turc, deux retraités sirotent un thé noir en jouant aux cartes. Ils n'iront pas voter le 7 juin. «L'intégration, ça fait des années qu'on nous bassine avec ça. Si ça n'a jamais marché, c'est de la faute des politiques», s'emporte Hüseyin Cakmak. Il a 63 ans et fait partie de la première vague de Gastarbeiter, les «travailleurs invités» turcs, conviés dès la fin des années 1950 à contribuer au miracle économique allemand. Pourtant, il ne parle toujours pas un mot d'allemand : «Je n'ai jamais essayé d'apprendre, pas le temps, trop de travail… Et puis, je n'avais aucun contact avec les Allemands. Ils me considéraient comme un travailleur invité d'Anatolie et gardaient leurs distances.»
Pendant trente ans, l'Allemagne a vécu dans l'illusion que ces «invités» repartiraient un jour. Ainsi, les gouvernements successifs n'ont pas déployé d'efforts pour intégrer ces immigrés qui sont aujourd'hui environ 2,5 millions dont 200 000 à Berlin. «Il y a quinze ans, l'Allemagne a réalisé qu'elle était allée chercher des travailleurs, mais qu'elle s'était retrouvée avec des êtres humains et leurs familles», résume Ediz Bökli un chasseur de têtes d'origine turque. Peu à peu, les cours de langue facultatifs ont été remplacés par un examen d'allemand obligatoire, conditionnant l'entrée dans le pays et l'accès à la nationalité. Depuis quelques années, les enfants d'ascendance turque nés en Allemagne ont automatiquement la citoyenneté allemande, tout en conservant leur passeport turc. Mais à l'âge de 18 ans, ils doivent choisir et, pour conserver leur passeport allemand, renoncer à la nationalité turque, ce qu'ils considèrent comme un déracinement.
Une fuite «inquiétante»
Seuls 35 % de Turcs s'estiment intégrés, alors que 13 % des Allemands jugent qu'ils le sont vraiment. Ils luttent pour sauvegarder leurs mœurs et leur identité. Ils se battent contre l'échec scolaire, contre les préjugés aussi lorsqu'ils cherchent un emploi. Les choses sont en train de changer avec la troisième génération de Turcs, bilingue qui dit se sentir allemande. Pourtant, selon une étude récente, un tiers des diplômés d'origine turque seraient prêts à émigrer en Turquie. En raison de la difficulté à trouver un travail adapté à leurs compétences en Allemagne et de meilleures perspectives d'emplois en Turquie.(PLEASE GO!)
Spécialisé dans le débauchage des diplômés d'origine turque pour des entreprises allemandes implantées en Turquie, Ediz Bökli estime à 3 000 le nombre de diplômés allemands d'origine turque qui ont émigré de l'autre côté du Bosphore depuis trois ans. «Ce n'est que le début, explique-t-il. Daimler, Lufthansa… 3 000 entreprises allemandes, au total, ont ouvert des antennes en Turquie depuis trois ans. Elles recherchent toutes du personnel diplômé, bilingue, ayant une double culture. Nos candidats rêvent d'Istanbul, Izmir, ou Ankara. Là-bas, on leur offre de très bons salaires, la qualité de vie, le beau temps.»
Pour l'Allemagne, qui souffre d'une natalité négative et qui aura besoin de recourir de plus en plus à l'immigration, cette fuite prend des proportions inquiétantes. «Si ceux qui réussissent partent, il va manquer un exemple à l'avenir», pour les enfants d'immigrés, avertit Armin Laschet, ministre de la Famille et de l'Intégration de l'État régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, aux racines turques. Selon lui, l'Allemagne doit intervenir au plus vite avant de voir fuir tous ces diplômés.
Le Figaro
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