Le Parlement turc a adopté, aux premières heures de jeudi 7 février, un amendement à la Constitution autorisant les étudiantes à porter le voile à l'université, une réforme à laquelle s'opposaient les élites laïques du pays. Ces dernières – officiers de l'armée turque, juges et recteurs d'université, entre autres – craignent que lever cette interdiction mette en péril la séparation entre l'Etat et la religion, l'un des principes fondateurs de la république turque moderne.
L'amendement a été adopté par 404 voix pour et 92 contre, soit bien plus que les deux tiers des suffrages requis (367). L'article-clé du projet déclare notamment que "personne ne peut être privé de son droit à l'éducation supérieure", allusion aux jeunes femmes voilées.
La réforme, proposée par l'AKP, d'inspiration islamiste, et le parti d'opposition nationaliste MHP, devrait être définitivement adoptée lors d'un vote final samedi, les deux partis disposant d'une majorité dépassant les deux tiers des voix requis.
VERS LA CHARIA ?
Les deux tiers environ des Turques portent le voile et nombre d'entre elles ont cessé de fréquenter les universités après l'extension aux facultés, en 1989, de cette interdiction qui s'appliquait auparavant aux institutions publiques.
Cette interdiction a été renforcée en 1997 quand des généraux de l'armée, soutenus par l'opinion publique, ont renversé un gouvernement jugé par trop islamiste.
Les partisans de l'interdiction du voile craignent de voir la Turquie, à terme, s'acheminer vers une adoption de la charia, ou loi islamique, en vigueur dans l'Iran voisin.
Le Monde
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