mardi 30 novembre 2010

Algérie : le chemin de croix des nouveaux chrétiens

Les procès contre les non-musulmans se multiplient. Le prosélytisme de l'église protestante ne fait qu'accroître les tensions, dans un pays où l'islam est religion d'État.
Le harcèlement pour « délit de culte » continue en Algérie. Dimanche, le tribunal correctionnel de Larvâa Nat Iraten (120 km à l'est d'Alger) a jugé quatre chrétiens pour « pratique d'un culte sans autorisation ».

Leur faute ? Avoir ouvert une église à Ath Atelli, un village de montagne où quelques musulmans ont « rencontré le Christ » avant de se convertir. Par solidarité, des centaines de citoyens ont manifesté devant le palais de justice. Le procureur a requis un an de prison. Jugement le 12 décembre.

En octobre, une dizaine de personnes, dont deux chrétiens, ont été inculpées « d'atteinte aux préceptes de l'islam » pour avoir brisé le jeûne rituel du ramadan. Soutenus par des militants des droits de l'homme, ils ont été relaxés. Moins médiatisé, un jeune chômeur d'Oum El Bouaghi, dans les Aurès, a été condamné, pour le même motif, à deux ans de prison ferme.

Cette « christianophobie » a commencé, en 2006, par l'adoption d'une « loi réglementant les cultes non musulmans », qui place les chrétiens sous haute surveillance. Dès le printemps 2008, les procès se sont multipliés.

Celui de Habiba Kouider, une puéricultrice de 37 ans, arrêtée en possession de bibles, soulève une tempête internationale. À Alger, des intellectuels et des artistes lancent une pétition pour le « droit de chacun de pratiquer le culte de son choix ou de ne pas pratiquer ». Elle recueillera plus de 2 500 signatures.

Si les catholiques prônent le dialogue islamo-chrétien et hésitent à convertir des musulmans, l'EPA (Église protestante d'Algérie), plus « agressive », est en pleine expansion et compte plus de 11 000 fidèles. « Nous avons semé durant des décennies et c'est les autres qui récoltent ! », déplore un père blanc. Depuis 2007, l'EPA est présidée par Mustapha Krim, un pasteur du cru. Cette mutation vers une religion autochtone inquiète les autorités.

Si la Constitution reconnaît la liberté de conscience, elle proclame aussi que « l'islam est religion d'État », favorisant une application rampante de la charia. Tenu par ses engagements internationaux en faveur des libertés, le gouvernement peine à trouver un équilibre avec sa législation interne.

En Kabylie, où règne une relative laïcité, ces néo-convertis vivent ouvertement leur foi. Ailleurs, ils sont réduits à la clandestinité. À terme, cette situation inédite est une poudrière.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Algerie-le-chemin-de-croix-des-nouveaux-chretiens-_3637-1604295_actu.Htm

Eric Zemmour : Le NPA perd la partie au jeu du foulard


Eric Zemmour : Le NPA perd la partie au jeu du foulard
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Bizarrement, quand un homme de gôôôche critique l'Islam, personne ne bronche
Michel Onfray:

vendredi 26 novembre 2010

Se moquer d'Al-Qaida ? Pas à la télé !

Une série télévisée satirique mettant en scène une cellule de terroristes européens incompétents basée au Danemark suscite des controverses, explique le quotidien danois Jyllands-Posten. La série a été produite il y a plus de deux ans, mais elle n’a toujours pas été diffusée. Selon la chaîne danoise SBS, elle ne le sera pas tant qu'existe une menace de terrorisme contre le Danemark, comme c’est le cas actuellement. Omar Marzouk, l'humoriste qui est à l'origine de cette série humoristique, déplore un manque de courage : “La série se moque des talibans et d’Al-Qaida, mais par principe, elle se moque de tout le monde”, dit-il. Le chef des information de SBS, Jesper Jürgensen, réplique que le fait de diffuser Cellen (“La cellule”) risque de faire fuir les annonceurs, inquiets à l'idée que la série puisse causer un scandale comparable à celui de la publication des caricatures de Mahomet, il y a cinq ans. C’est pourquoi SBS va probablement rembourser les 600 000 euros que la série avait reçus de l’Institut du film danois, conditionnés à la diffusion de ces épisodes.

jeudi 25 novembre 2010

Taliban fighter reveals he lives for most of year in London and heads to Afghanistan for combat

British-based men of Afghan origin are spending months at a time in Afghanistan fighting Nato forces before returning to the UK, the Guardian has learned. They also send money to the Taliban.
A Taliban fighter in Dhani-Ghorri in northern Afghanistan last month told the Guardian he lived most of the time in east London, but came to Afghanistan for three months of the year for combat.
"I work as a minicab driver," said the man, who has the rank of a mid-level Taliban commander. "I make good money there [in the UK], you know. But these people are my friends and my family and it's my duty to come to fight the jihad with them."
"There are many people like me in London," he added. "We collect money for the jihad all year and come and fight if we can." (...)

http://www.guardian.co.uk/world/2010/nov/24/uk-based-taliban-afghanistan?CMP=EMCGT_251110&

mercredi 24 novembre 2010

Belgique: coups de filet dans les milieux islamistes, un attentat déjoué

AFP

La justice belge a annoncé mardi une "quinzaine" d'interpellations à Bruxelles dans les milieux islamistes, dans le cadre d'une affaire de filière de recrutement djihadiste, distincte de celle liée à un projet d'attentat déjoué dans le pays.

La justice belge a démantelé mardi deux réseaux islamistes présumés dont l'un, lié à la Tchétchénie, est soupçonné d'avoir préparé un attentat dans le pays, au moment où les craintes d'attaques terroristes augmentent en Europe.
Dans une première affaire, les policiers ont d'abord menés des perquisitions dès l'aube dans plusieurs quartiers d'Anvers, la grand ville portuaire du nord du pays. Sept personnes --six Belgo-Marocains et un Russe d'origine tchétchène-- ont été interpellées.
Le parquet fédéral belge a parlé de "plans visant à commettre un attentat en Belgique", tout en précisant que "la cible de cet attentat n'était pas encore spécifiquement déterminée".
Les personnes arrêtées sont également soupçonnées d'avoir recruté des "candidats-djihadistes" et d'avoir financé une "organisation terroriste tchétchène, l'Emirat du Caucase".
Les chaînes de télévision belges ont montré un jeune homme barbu emmené menottes aux poignets par des policiers en tenue d'intervention, ainsi que des saisies de matériel informatique et de documents.
Il s'agit d'une nouvelle forme de collaboration entre des islamistes établis en Belgique et des Tchétchènes, ces derniers se chargeant principalement des questions "logistiques" comme l'acheminement de volontaires, a expliqué à l'AFP une porte-parole du parquet fédéral, Lieve Pellens.
Un juge d'instruction devait décider d'ici mercredi matin de les maintenir ou non en détention.
Dans le même temps, trois Néerlandais d'origine marocaine d'une vingtaine d'années ont été interpellés à Amsterdam. Une onzième personne, un Russe de 31 ans, a été interpellé à Aix-la-Chapelle, dans l'ouest de l'Allemagne. Tous devraient être extradés prochainement vers la Belgique.
L'enquête a d'autres ramifications internationales, puisque "plusieurs personnes avaient déjà été arrêtées en Espagne, au Maroc et en Arabie saoudite", selon la justice belge.
Un second coup de filet dans les milieux islamistes, sans lien avec le premier, s'est déroulé mardi à Bruxelles, a aussi indiqué le parquet fédéral. Une "quinzaine" de personnes ont été cette fois interpellées lors de 17 perquisitions dans la capitale belge, selon Lieve Pellens.
Certaines de ces personnes sont "suspectées d'appartenir à un groupe actif notamment dans le recrutement et l'envoi de candidats djihadistes vers l'Irak ou l'Afghanistan", a-t-elle ajouté.
L'enquête bruxelloise vise des gens fréquentant le "Centre Islamique Belge Assabyle" de Bruxelles, considéré comme un foyer du radicalisme islamique en Belgique.
L'un de ses responsables, l'imam Bassam Ayachi, un prédicateur ayant la double nationalité française et syrienne, avait notamment fréquenté l'un des assassins du commandant afghan Massoud, le Tunisien Abdessatar Dahmane.
C'est lui qui avait avait béni le mariage d'Abdessatar Dahmane et de Malika El Aroud, condamnée en mai à huit ans de prison à Bruxelles pour avoir animé un réseau de recrutement de volontaires proche d'Al-Qaïda. Le verdict dans le procès en appel de Malika El Aroud est attendu début décembre.
Bassam Ayachi avait été arrêté en Italie en novembre 2008 en même que temps que le Français Raphaël Gendron. La découverte d'immigrés clandestins dans leur camping-car avait d'abord fait penser à un trafic d'êtres humains, mais les enquêteurs estiment désormais qu'il s'agit d'un dossier de terrorisme, selon Mme Pellens.
Ces coups de filet interviennent alors que les craintes d'attentats islamistes ont augmenté ces dernières semaines notamment en France, en Grande-Bretagne, au Danemark et en Allemagne.

lundi 22 novembre 2010

Benjamin Stora:

Au bout d'un interminable charabia bien pensant, Stora nous explique enfin que dans les "quartiers", la guerre d'Algérie c'est aujourd'hui!

Bondy blog: -Y a-t-il un lien entre les émeutes de 2005 et la guerre d’Algérie ?

Benjamin Stora: -"Peut-être, je pense que c’est lié, inconsciemment. "


http://yahoo.bondyblog.fr/201011220001/benjamin-stora-%c2%ab-il-y-a-peut-etre-un-lien-entre-les-emeutes-de-2005-et-la-guerre-d%e2%80%99algerie-%c2%bb/

Suite de l'interview:
(...)
Dans votre dernier livre, « Mitterrand et la guerre d’Algérie », vous écornez l’icône de la gauche, adulée par des générations parmi lesquelles des Français issus de l’immigration. Ne craignez-vous pas d’exacerber les passions autour d’un sujet sensible ?
Vous avez raison mais le travail de l’historien ne fait pas plaisir à tout le monde. On prend quelquefois des risques sur les thèmes que l’on étudie. C’est la gauche qui a commencé la guerre d’Algérie, avec le gouvernement de Pierre Mendès France en novembre 1954. Le PCF, premier parti de France à cette époque, a quand même voté les pouvoirs spéciaux en 1956. Mitterrand, lui, ministre de la justice dans un gouvernement socialiste, a voté pour envoyer le contingent en Algérie…
Est-ce bien utile de revenir là-dessus ?
La gauche ne peut pas reconstruire son identité politique si elle fait l’impasse sur son passé colonial. Tout cela passe par un réexamen critique de son histoire. Après, on peut me dire que je fais le jeu de la droite, mais il suffit de se reporter à nombre de mes écrits qui montrent la torture ou la répression par des gouvernements de droite, à « La gangrène et l’oubli », par exemple, pour constater que ce n’est pas le propos. Car il faut bien commencer à traiter le passé de la gauche pendant la guerre d’Algérie. (...)

UK: School text book 'advocates anti-semitism'

A text book taught in some weekend schools in the UK asks children to list the "reprehensible" qualities of the Jews, an investigation has discovered.

Around 5,000 Muslim school children are taught from text books which claim that some Jews were transformed into pigs and apes, the penalty for sodomy is execution and teach the correct ways to chop off the hands and feet of thieves, according to Panorama.

A spokesman for the programme said the pupils, aged six to 18, attend a network of more than 40 weekend schools across the UK which offer to teach the Saudi national curriculum to Muslim children.
Investigators found one book for children as young as six which asks them what happens to someone who dies who is not a believer in Islam. The correct answer is "hellfire".
They also found a text for pupils aged 15 which teaches about Sharia law and its punishments. It reads: "For thieves their hands will be cut off for a first offence, and their foot for a subsequent offence."
Programme makers said there are accompanying diagrams showing children where the cuts must be made.
Other texts for the 15-year-old pupils also claim that Zionists want to establish world domination for Jews, a spokesman said.
Education Secretary Michael Gove told Panorama the sentiments of anti-Semitism and homophobia are "inappropriate" when it comes to educating young people. (...)

http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/school-text-book-advocates-antisemitism-2140569.html

"Il y a 5 ans, personne ne voulait entendre parler de halal"

Pourquoi le casher est-il plus cher que le halal?
Le marché du halal est plus important que celui du casher, et la certification casher beaucoup plus fastidieuse.

Le halal, c’est désormais connu, est en plein boom. Une croissance nationale de 15% par an d'après une étude du cabinet Solis, spécialisé dans le marketing ethnique, «un potentiel de 5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires », affirme le directeur de Solis Abbas Bendali. Le halal désormais intéresse de plus en plus les grands groupes. Duc, Fleury Michon et Pierre Martinet, par exemple, ont misé sur des gammes de produits élaborés estampillés halal. Et certaines entreprises, comme Medina Halal ou Isla Délice, assurent une production 100% halal.
En comparaison, le marché du casher est bien plus mal en point. (...)
Alors, pourquoi une telle différence de traitement commercial entre ces deux modes d'alimentation?
Avant tout par la taille du marché. S'il n'existe aucun moyen de déterminer avec précision le nombre de musulmans et de juifs résidant en France, on estime toutefois que la communauté juive compte près de 700 000 membres, contre 5 millions environ pour la communauté musulmane. Sans grande surprise donc, le marché du halal séduit davantage les investisseurs puisque les débouchés sont plus importants.
Même si c’est encore tout récent. «Il y a 5 ans, personne ne voulait entendre parler de halal en GMS, se rappelle Mohammed Abou-Ali, le directeur de la production de Medina halal. La donne a totalement changé aujourd'hui. On s'est rendu compte que près de 50% des musulmans d'Europe vivaient en France. Et que la demande évoluait. La troisième génération d'immigrés est plus instruite, plus désireuse de trouver une gamme de produits étendue, plus seulement de la boucherie.»
Plus il y a de demande, plus l'offre est importante et diversifiée, plus les prix sont concurrentiels. D'autant que, si les personnes de confession musulmane semblent très attachées au halal, les juifs pratiquants et donc consommateurs de casher ne sont pas représentatifs de l'ensemble de la communauté. D'après le Rabbin Elkiess, responsable du service de la cacherout auprès du Beth Din de Paris, l'organisme qui certifie casher restaurants, boucheries et autres boulangeries parisiennes, seuls 10 à 15% de la communauté juive consommeraient strictement casher. A l'inverse, l'Institut Solis relève que «plus de 9 Maghrébins sur 10 consomment du halal en France». (...)

http://www.slate.fr/story/27441/halal-casher-prix-differents

dimanche 21 novembre 2010

L'Observatoire de la délinquance corrige à la hausse les statistiques de la police

La Voix du Nord

L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a finalisé sa quatrième enquête visant la réaction des Français sur l'insécurité avec d'autres données que les statistiques officielles de la délinquance. ...

L'enquête qui porte sur l'année 2009 montre une nouvelle fois une distorsion avec les chiffres officiels de la délinquance. Avec l'INSEE, l'ONDRP a interrogé plus de 16 500 personnes de 14 ans et plus qui ont fait part, pour 20,5 %, de leur sentiment d'insécurité, un taux en augmentation de 1 % par rapport à 2008 et « en forte hausse depuis deux ans ».


4,7 millions de Français ont en outre déclaré avoir été victimes de vols et de tentatives de vols en 2009, soit trois fois plus que les chiffres officiels qui les estiment - à partir de plaintes notamment - à 1,5 million cette année-là.

De même, près de 1,2 million disent, toujours en 2009, avoir subi des violences physiques ou sexuelles (hors cadre de leur ménage) soit cinq fois plus que les statistiques officielles qui font état de 200 000 à 250 000 faits de cette nature tous les ans.
Malgré ces écarts, les données de l'ONDRP reflètent cependant les mêmes tendances que les bilans officiels : la baisse des vols depuis quelques années, la hausse des violences aux personnes.
Les Français ont encore déclaré avoir été victimes en 2009 de plus de 3,5 millions d'actes de vandalisme en 2009 - dont 2,1 millions ont visé une voiture - une hausse par rapport aux autres années.
Cette augmentation « diverge avec la baisse des délits de destructions et dégradations de biens privés » qui est constatée par les services de police et de gendarmerie, toujours à partir des seules plaintes.
Par ailleurs, 1,7 million de Français ont déclaré avoir été victimes de menaces (hors vol et hors ménage).

samedi 20 novembre 2010

Seine-Saint-Denis: 16% des halls d'immeuble sont occupés de manière anormale

Squats dans les halls d'immeuble, trafics en tout genre dans les cages d'escalier et dans les caves: des problèmes chroniques dans les banlieues que le gouvernement s'engage régulièrement à éradiquer. Fatigué de «l'écart insupportable entre la réalité de terrain et le discours des dirigeants», Stéphane Troussel, nommé il y a un an à la tête de l'Office public de l'habitat (OPH) de Seine-Saint-Denis, et élu PS au conseil général, a mené l'enquête dans les quelques 1500 halls d'immeubles qu'il gère (Stains, La Courneuve, Dugny...). Résultat: 16% des halls d'immeuble sont occupés de manière anormale, dont la moitié par des trafiquants de drogue.(...)

http://www.liberation.fr/societe/01012303274-halls-d-immeubles-squattes-il-faut-arreter-ces-actions-policieres-coups-de-poing

jeudi 18 novembre 2010

La supplique des chrétiens d'Orient



IRAK
La nuit, un feu, des regards suspicieux. De gros parpaings barrent la route. Notre chauffeur baisse sa ­vitre et palabre en syriaque, une langue proche de celle du Christ. De son interlocuteur, emmitouflé dans un keffieh, on ne distingue qu’un regard noir, qui finit par s’adoucir. Il abaisse sa kalach’ et nous fait signe de passer. Debout près du brasier, d’autres hommes armés se réchauffent en silence. Dans le nord de l’Irak, à Karmless, de confession syrienne ­catholique, nul ne pénètre plus, sauf s’il est attendu, comme nous. Le village se trouve à une vingtaine de kilomètres de Mossoul, où la chasse aux chrétiens s’est ­ouverte à la chute de Saddam. Ils ont beau vivre ici de toute éternité, ils paient pour l’invasion des « croisés », les « Ameriki ». Enlèvements, meurtres... Personne, même les gosses, n’est à l’abri.

Le chef des sentinelles nous accueille dans son PC. Sur des sofas préhistoriques, dix moustachus aux traits tirés sirotent des verres de thé sucré. Combien de paroissiens à la messe de 7 heures ? « Environ 700, Inch’Allah. » Si Dieu veut... Cette expression arabe vaut aussi pour les chrétiens. Mais ces jours-ci, les voies du Seigneur paraissent plus impénétrables que jamais. Seule certitude, il faut se défendre. En 2005, avec l’accord de la police locale, ­débordée, 250 gars du village ont reçu des armes d’un mécène kurde. Ils se relaient pour patrouiller, talkie-walkie au ceinturon. Pas un luxe puisqu’ils ont notamment trouvé des bombes sur la route qui mène à Karmless. Le ciel pâlit, réveillant la cloche de l’église, qui lève des nuées d’étourneaux. De toutes les rues affluent les fidèles. Aux petites vieilles courbées, en longues robes de velours se mêlent des dames aux jupes ultra-moulantes, dont les chevilles vacillent sur des talons aiguilles manifestement réservés aux dimanches. Un minuscule bambin porte le même complet que son papa. Les papys, en burnous et keffieh retenu par une corde, semblent tout droit sortis de Lawrence d’Arabie.

A la sortie de la messe, une femme se précipite sur le curé. Janet est arrivée hier de Bagdad, avec toute sa ­famille. « Là-bas, c’était atroce, répète-t-elle, éperdue. En chemin, j’ai même dit à Dieu : “S’il te plaît, puisqu’il faut mourir, tue-moi ! Je n’en peux plus.” » Quand elle apprend que nous sommes français, elle se jette dans mes bras : « Vous savez, nous sommes très touchés que la France soigne nos blessés. A Bagdad, personne ne nous protège, pas même les Américains. » Restent les farouches villageois du Nord. Alors, comme des centaines d’autres, elle est ­venue se mettre sous leur protection. Le père Youssef Chamhoune nous entraîne dans sa cuisine pour une omelette. Un réfugié de Mossoul rompt une galette de pain d’un geste las : « Mon frère a pris une balle dans le ventre, en plein jour. Quand j’ai demandé une enquête, j’ai reçu des menaces de mort. Alors, j’ai vendu ma maison à moitié prix et je suis parti. » Affreusement banal. « Des types m’appellent pour me dire qu’ils vont me faire la peau », tonne le prêtre. Un père courage, mais il n’est pas le seul. Deux autres villages se sont armés. Idem pour le centre-ville de Karakoch, où siège l’évêché.

En nous rendant dans cette bourgade, nous traversons un paysage de fin du monde. Mgr Georges Casmoussa, 72 ans, nous accueille dans son bureau tapissé de livres. Il maîtrise à merveille la langue de Molière, apprise au séminaire. En 2005, des islamistes l’ont enlevé à Mossoul. « Enfermé dans le coffre de leur voiture, j’ai dit : “Mon Dieu, c’est du sérieux. Donnez-moi la grâce de ne pas ­lâcher des mots qui envenimeraient la situation.” » Il passera plusieurs jours les yeux bandés, pieds et poings liés. A son gardien, qui promet de l’égorger « comme un mouton », il répond avec douceur. Son interlocuteur semble désarçonné, mais apporte un jour un poignard : « Placé derrière moi, il pose la lame sur mon cou et me demande si j’ai peur. Je réponds : “Non. En d’autres circonstances, je vous aurais dit que je suis à votre merci et vous à la mienne [c’est un verset du Coran]. Mais maintenant, je suis à votre merci, agissez ­selon votre conscience.” Il me suggère de prononcer des paroles à l’intention de mes proches. Je dis que j’offre ma vie pour la paix en Irak et pour que ses enfants, musulmans et chrétiens, se prennent par la main pour construire ce pays. » Silence interloqué du bourreau. Puis : « Par Dieu, ce sont de bonnes paroles... » Le bon pasteur pourra continuer de mener encore ses brebis, tout en aiguisant son jugement sur le ­fanatisme : « On a voulu me tuer en disant “Au nom de Dieu”... C’est impensable. Egorgez-moi, si vous voulez, mais pas au nom de Dieu. »

Nous repassons par Karmless pour la messe de 16 heures, que les ados fréquentent avec la même assiduité qu’une boîte de nuit. Défilé de mode pour tout petit budget. Avant d’entrer dans le lieu de culte, des filles au tee-shirt à paillettes se signent, puis se prosternent devant un bas-relief : une martyre des premiers temps du christianisme s’y fait transpercer la tête par un glaive. Tandis que le Christ et la Vierge de l’église clignotent pour les fêtes, un père Noël made in China joue du saxo dans la devanture de l’épicerie locale. Le soleil se laisse choir dans un fouillis de fils électriques. Une demi-lune se lève, bancale, comme un sourire mal assuré. « J’ai beaucoup vécu, nous a dit Mgr Casmoussa. Mais pour la première fois, ni le passé ni le présent ne me livrent le moindre indice. L’avenir est un brouillard. »

EGYPTE
La présence des chrétiens est tout aussi ancienne en Egypte qu’en Irak. Mais les Coptes, eux aussi, sont en butte à la haine. « “Voile-toi la tête, sale chrétienne !” Voilà ce que j’entends chaque jour dans la rue. » Luna parle d’un ton gouailleur, allume cigarette sur cigarette, éclate de rire quand on s’étonne de ses 60 ans. « Je vis seule avec ma fille. L’immeuble est 100 % islamiste, les voisins nous harcèlent pour nous faire déguerpir, alors j’ai pris des chiens. Un ­remède presque pire que le mal : ces animaux sont impurs pour les musulmans. » Comme d’autres, cette veuve ­accepte de témoigner, mais à huis clos. Les Coptes se ­cachent pour parler. Assez d’ennuis comme ça. Les autorités détestent qu’on fasse une vilaine pub à l’Egypte : mauvais pour le business.

Nous sommes au Caire, dans une pièce fraîche et calme. Une quinquagénaire au visage épuisé pousse timidement la porte. Savates, tablier... Camelia, femme de ménage, raconte que sa fille rentre chaque soir en pleurs, car ses camarades en ont fait leur bouc émissaire sur le thème : « Tu adores des croix de bois et tu manges du porc. » Navrée, la mère regarde ses mains usées : « Je lui dis de les ignorer, mais comment ne pas s’en faire ? » Hier, le propriétaire de mon immeuble a bloqué l’entrée au moment où nous allions passer. Je l’ai entendu dire à son frère : “On réussira bien à les faire partir un jour.“ » Georges, lui, n’a pas de problème dans son quartier. Cet ouvrier trentenaire fume régulièrement le narguilé avec ses voisins musulmans, des copains. Mais il trouve l’ambiance générale de plus en plus sinistre : « Pendant la grande prière du vendredi, j’entends les hauts parleurs des mosquées diffuser des paroles haineuses : « Méfiez vous des Juifs et des Chrétiens. Ne les fréquentez pas, ne mangez pas avec eux, ne travaillez pas avec eux. »

Marie, elle, se rend chaque jour à la fac, la peur au ventre. Gracieuse et menue, elle porte un jean slim, seule concession à la mode. « Les garçons m’insultent, raconte l’étudiante. A mon passage, ils demandent pardon au Tout-Puissant d’avoir vu un spectacle qui les a souillés. Si je mettais un voile, je serais tranquille. Mais pas question ! »

Quant aux hommes chrétiens, s’ils n’ont pas de problèmes de foulard, tout Egyptien les reconnaît en un coup d’œil. « Vous voyez mon alliance en or ? Si j’étais musulman, je ne porterais pas ce métal », explique Alexandre. Cet homme d’affaires nous a donné rendez-vous pour une bière fraîche dans un bar « compréhensif ». On trinque. Il tend son poignet droit, tatoué d’une croix copte. « On nous surnomme “les os bleus”. » Tout sauf un sésame. « Mon entreprise est sans cesse victime de tracasseries ­administratives. Et dans ce pays, les chrétiens ont du mal à trouver du travail. Quand la chaîne de fast-food Mo’men s’est ouverte, toutes les annonces d’emploi précisaient que les jobs étaient interdits aux Coptes. » Il soupire : « Mais c’est pire ailleurs, regardez l’Irak ! » Les trois quart de sa famille se sont exilés. Pas lui.

A une heure de taxi, un petit bonhomme nous reçoit autour d’un café turc. Barbe brune et soutane noire. Volubile, ce curé copte ponctue ses tirades d’éclats de rire. Pour conjurer le sort ? Le quartier de sa paroisse est ­devenu un fief islamiste, où certains croient que les prêtres sont des sorciers. « Dans la rue, on me traite de “sale païen”. Certains s’écartent à mon passage, comme ils le font d’un chien. Récemment, j’ai reçu un crachat du ciel ! Il a atterri sur ma tête et mes épaules. Je lève les yeux et, là, je reçois un seau d’eau. Ça venait sans doute d’un balcon. » Le mot « sacerdoce » prend ici tout son sens. Le bon père s’accroche à son message de paix, d’amour et d’humour : « L’autre jour, trois fanatiques m’ont encerclé. J’ai fait comme si c’était un jeu de gosses à la récré, ça les a fait rire, ils m’ont laissé partir. » Comme tous nos interlocuteurs, l’homme d’Eglise sépare islamistes et musulmans. Souligne que des passants viennent spontanément s’excuser du comportement de ces faux frères : « Pardonnez-nous, ces gens-là ne comprennent rien à la religion. »

A l’écart de la ville, les chiffonniers ne souffrent pas de ce genre d’agressions. Au pied de blondes falaises, ils vivent groupés. Très groupés. Un bloc compact d’immeubles en briques rouges, juste à côté d’un immense cimetière, la Cité des Morts. Ici, deux pick-ups peuvent tout juste se croiser. Les chargements, des piles de sacs de six ou sept mètres, oscillent dangereusement. Bienvenue chez les protégés de sœur Emmanuelle, éboueurs et recycleurs de la capitale ! Un vieil homme arrose le sol pour retenir la poussière. Au ruminement des moteurs diesel se mêle un concert de marteaux, de scies et de broyeuses qui s’échappent des ateliers. Trois hommes, assis par terre, brisent à mains nues des restes de glacières en plastique blanc. Les mouches aussi, restent groupées, en nuées furibondes au-dessus des sacs fermés. Les déchets « propres », eux, s’entassent en piles immenses dans les cours : transistors, vêtements, jouets cassés… Atef, 45 ans, nous accueille chez lui, soit un immeuble entier, où vit toute sa tribu.

Nous grimpons six étages pour accéder au toit. Dans l’escalier de béton, ouvert sur l’extérieur, deux chèvres s’écartent en bêlant. Puis reprennent leur grignotage méthodique du moindre débris comestible. Ici, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. D’où le cochon. Dans le cochon, tout était bon. Sa viande bien sûr, mais aussi sa graisse, qu’on revendait à bon prix une fois fondue. Sous le pigeonnier de bois qu’il a construit, Atef raconte. Rien de bien original puisque tous ses voisins ont subi le même sort. Durant l’épidémie de grippe H1N1, dite porcine, les autorités ont éliminé le cheptel de porcs. « J’en avais 400, je les ai perdus du jour au lendemain. Ça représentait la moitié de mes revenus. » Restent les trois tonnes de poubelles qu’il ramasse et trie chaque jour en famille. Et les pigeons.

« C’est nous les descendants du peuple des pharaons. “Copte”, ça veut dire égyptien »
Nous repartons. Le Caire n’est qu’un gigantesque ­embouteillage où beuglent les Klaxon. Une coupole ­dotée de la croix copte soutient un ciel blanc de pollution. ­Devant l’entrée, une guérite et une voiture de police. Un galonné discute avec trois flics. Samedi 6 novembre, Moubarak a condamné les menaces d’Al-Qaïda contre les Coptes et promis de les protéger. Paroles suivies d’effet. Sur le trottoir, six écolières se croisent, les unes en jupe et chemisier, les autres en fichu blanc et robe grise jusqu’à terre. Elles doivent avoir 9 ou 10 ans. Un étal vend les cassettes d’un cheikh aujourd’hui décédé, mais qui compte de plus en plus de fans. Un père spirituel qui se vantait de ne pas lire le moindre livre, hormis le Coran.

Je repense aux propos d’Alexandre : « Moi, j’ai plein d’amis musulmans. Chaque mot du Coran peut se comprendre de dix manières. » A ses yeux, les islamistes parviennent de plus en plus à imposer leur interprétation. « Les Frères musulmans sont riches et organisés. Ils s’infiltrent partout, comme une pieuvre. Moubarak reste notre seul rempart contre leur haine. Mais il est malade et l’élection présidentielle est pour bientôt. Le jour où il disparaît, c’est foutu. On a tous peur que ça devienne l’Arabie saoudite, ici. On risque un conflit à la libanaise car, si beaucoup sont partis, nous ne nous laisserons pas faire. Ecoutez-moi, moi qui déteste la guerre, toutes les guerres. Les trois quarts de notre famille se sont exilés, mais mon père a choisi de rester. Moi aussi. C’est nous les descendants du peuple des pharaons. “Copte”, ça veut dire égyptien. »

LIBAN
En parlant du Liban, Alexandre évoquait la guerre ­civile passée. Mais à Beyrouth, on pense qu’elle va reprendre d’un jour à l’autre. Cette fois, la menace viendrait du Hezbollah, trop puissant. Extérieur nuit. Sur la terrasse du très glamour Skybar, glisse une silhouette aux longues jambes fuselées sous sa minijupe. « Admirez, admirez ! Dans quelques mois, vous ne verrez plus que ses chevilles, et encore. » Philippe ne plaisante qu’à moitié. C’est tout un mode de vie qui pourrait s’écrouler. Les collines de Beyrouth scintillent dans la nuit tiède. « On est sans doute le seul ­endroit au monde où Louboutin signe les semelles de ses chaussures à la veille d’un conflit », soupire Clara, en sirotant un raki. La mode, l’alcool, la fête, autant de symboles brandis face à la marée islamiste. Version sunnite au nord, chiite au sud. Une guerre de religion ? Plutôt monde libre contre totalitarisme.

« Le Hezbollah, c’est le IIIe Reich dans toute sa splendeur, clame Philippe. Ils noyautent tout. Ils ont même réussi à faire retirer le “Journal d’Anne Franck” du programme dans une école américaine. » Et d’ajouter, grinçant : « Les islamistes sont soutenus par des dictatures. Si on nous massacre, qui nous défendra ? On est invisibles pour les Occidentaux. »

« Je refuse qu’on force un jour ma sœur à porter le voile »
Chronique d’une fin annoncée ? La messe n’est pas ­encore dite. Au pays du Cèdre, les racines sont tenaces et l’on s’accroche au moindre arpent, surtout s’il fut saigné mille fois par les obus. Dans la zone piétonne rénovée, les églises s’entrechoquent. Non qu’elles bruissent de croyants. Depuis la guerre civile, ils se sont établis ailleurs. Mais nous sommes au cœur de Beyrouth. Il faut y marquer sa présence. La cathédrale maronite, elle, se ­retrouve réduite au rang de jouet par une immense mosquée toute neuve. « C’est la faute de l’évêque, enrage un ­fidèle. Il a refusé d’acheter ce terrain après la guerre. » Installées en terrasse, des élégantes papotent au téléphone. Elles s’interrompent soudain.

Au centre de la place de l’Etoile, l’horloge Rolex vient d’afficher 11 h 16. Un muezzin se lance, puis un deuxième, un troisième. Assourdissants. « Tu ne peux pas choisir de ne pas les entendre », s’énerve Franck, professeur d’histoire. Plus que de religion, ces mélopées lui parlent d’interdictions. S’il suspend un chapelet à son rétroviseur, c’est pour revendiquer sa ­liberté : « Je refuse qu’on m’interdise un jour de fumer pendant le ramadan, ou qu’on force ma sœur à porter le voile. » Nous sommes dans un quartier chrétien, face au bastion chiite. Si la poudrière s’enflamme, c’est d’ici que jaillira l’étincelle. De part et d’autre de la rue, deux univers se toisent. D’un côté, les affiches du Hezbollah. De l’autre, des croix. Comme pour barrer le passage.

« Deux filles couvertes des pieds à la tête tartinaient de crème solaire une troisième, portant un simple string »
Au Sud-Liban, fief du parti chiite, il reste des confettis de territoires chrétiens. Comme à Tyr, où une poignée de pêcheurs survit en traquant le mérou. On songe aux apôtres... « Vous vous rendez compte ? C’est une terre bénie, Jésus lui-même y a porté ses pas », s’exclame, tout sourire, Monseigneur Charbel Abdallah, évêque maronite croisé dans une des ruelles blanches. Mais il s’inquiète, les jeunes désertent, pas de jobs par ici. Un homme d’affaires a fait un pari : « Créer des entreprises pour retenir les jeunes. Merci mon Dieu, j’ai les moyens d’investir ! »

Comme toujours au Liban, le combat sera d’abord visuel. En tête de proue, la rénovation, pour 2 millions de dollars, d’une ancienne ­demeure. « Ça prouve aux habitants que je m’engage. » Quant aux chiites, ici, pas de problèmes. Ils viennent discrètement boire une petite vodka et me disent : “Si vous partez, on ne pourra plus le faire.” » De la terrasse, il montre le rivage en contrebas. « Tout le monde vient y nager. Je me souviens de ces trois copines : deux filles couvertes des pieds à la tête tartinaient de crème solaire une troisième, portant un simple string. Je veux que ça continue. » Son nom ? Il nous prie de ne pas l’écrire. Se vanter d’aider les autres, c’est « aïb » (la honte).

Nous poussons plus au sud. Les affiches défilent : entre deux appels au djihad, une jeune fille déguste une glace en tenue fort peu islamique. Un panneau indique l’entrée d’une piscine « strictement réservée aux femmes ». Check-point. Nous passons dans la zone contrôlée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Le voyage se poursuit sur des collines arides, ponctuées d’immenses villas en construction. Ventrues et kitchs à souhait. On traverse des villages où toutes les enseignes font de la mécanique. Carcasses désossées, piles de pare-choc ou de portières… Des gamins zigzaguent à Mobylette, nous glissent un ­regard furtif. Ils sillonnent le territoire, rapportant au Hezbollah le moindre mouvement qui leur paraît suspect. Juste avant la dernière ascension, des réverbères arborent le drapeau noir de la milice chiite.

Dans un jardin du village chrétien de Klayaa, au sommet d’une montagne, nous dégustons un café turc. Autour de la table, des habitants, très remontés, mais qui, par crainte de représailles, souhaitent conserver l’anonymat. « Ici, nous sommes une île dans un océan chiite. On a fait tout pour nous faire partir, de manière insidieuse, en nous proposant des sommes astronomiques pour nos propriétés », dit l’un. A une veuve de 70 ans, on a offert 12 000 dollars pour un terrain qui en vaut 2 000. Elle a refusé. Le ton monte : « Nous ne vendrons pas un pouce de la terre de nos ancêtres, même face aux pires ennuis financiers. » Beaucoup travaillent en ville et reviennent le week-end. Leur grande fierté, c’est d’avoir conservé trois écoles de qualité, que fréquentent d’ailleurs aussi des enfants musulmans de villages voisins.

Dans la rue principale, le Tasty Restaurant sert quelques plats où le porc tient une place de choix. Même les spaghettis à la carbonara sont préparés avec du bacon. Sous un parasol, deux jolies brunes boivent des sodas. ­Sofia, 20 ans, étudiante en graphisme à Beyrouth, a conçu le tee-shirt multicolore de sa petite sœur, Mariam. « J’adore sortir le soir », dit la lycéenne qui montre une photo sur son BlackBerry : « C’est quand on a fêté Halloween ! » Lèvres peintes en noir, visages hilares. « Lui, il est chiite ; lui, chrétien... » Sa meilleure amie est musulmane. « La seule chose qui m’attriste, c’est d’être obligée d’éviter certains sujets. Comme les vêtements. Et puis quand je vais chez ses parents, je dois me couvrir pour ne pas les choquer. Alors que moi, j’aime trop la mode. » Ce soir, les sœurs iront danser au tout nouveau bar karaoké. « On y sert plein d’alcool », ­annonce fièrement un habitant. Sur le toit, une immense croix rouge toise le paysage. De l’autre côté de la vallée, se dessinent les montagnes israéliennes. Mais pour rallier l’Etat hébreu, il nous faudra reprendre l’avion.

TERRITOIRES OCCUPES
L’air de la crypte est moite de prières, murmurées dans des centaines de langues. Une babouchka en robe rouge s’agenouille et embrasse le sol. Le Christ aurait vu le jour à cet endroit précis. Orthodoxes, catholiques et protestants défilent, venus du monde entier pour se recueillir dans la grotte de la Nativité de Bethléem. Trois jeunes filles ­remontent les marches vers l’aile catholique. Chacune pose une bougie face à la Vierge. Trois jeans moulants, deux chevelures brunes et un foulard. Islamique. « Oui, nous sommes musulmanes, dit Ru’aa. Nous venons souvent ici faire des vœux. Myriam est dans le Coran, vous savez. » Myriam, c’est Marie en arabe. Et de vœux, ces habitantes du camp de réfugiés Dehesheh ne manquent pas.

« Musulmans ou chrétiens, nous, les Palestiniens, sommes tous dans la même galère ! s’exclame Joseph, 52 ans. Même si les Israéliens cherchent à nous diviser. Aux checkpoints, ils nous laissent parfois passer plus vite quand ils découvrent notre religion. Ça révulsait mon père. Il répliquait : “Moi, je suis un Arabe palestinien.”» L’homme, de confession grecque orthodoxe, est mort l’an dernier. Son fils, un ­artiste qui vit à Jérusalem, n’a pu faire venir la plupart de ses parents et amis à l’enterrement. « Même pas ma vieille tante, qui l’adorait. » Ces bannis vivent tout près, mais en Cisjordanie, derrière le mur qui sépare désormais le territoire occupé d’Israël.

Nous y voilà. Toujours à Bethléem, mais seul un Roi mage sans GPS y porterait ses pas. Au loin, les façades blanches se dorent au soleil ­automnal. Mais que d’ombre dans cette étrange ruelle ! Pas de passants. Pas de voitures. Derrière nous, de petits immeubles. Devant nous, une paroi. « Vous avez volé notre terre, et c’est nous que vous traitez de criminels ? » Aux dessins multicolores se mêlent des inscriptions rageuses ou tristes, parfois drôles : « Relance-moi mon ballon. » Le regard grimpe. A vue d’œil, dix bons mètres de béton. Le mirador est vide, mais le dispositif est truffé de caméras de surveillance. Claire Anastas habite dans une maison dont la façade est désormais aveugle, face au mur.

« Ils l’ont construit en un jour, en 2003 », explique cette blonde aux yeux cernés par les soucis, mais soigneusement maquillés. Sa famille habitait au bord de la route qui reliait Jérusalem à Jaffa. Coupée. « Nous avions un atelier de mécanique et une boutique de souvenirs pour les visiteurs du tombeau de Rachel », poursuit cette mère de quatre enfants. Le mur fait un crochet, plaçant le site voisin côté israélien. La boucle est bouclée. L’avenir, bouché. « Nous avons tout perdu. Notre logement est réquisitionné par l’armée israélienne. Nous pouvons l’habiter, mais pas le vendre. Notre garage n’existe plus et notre magasin n’a presque plus de clients. » Un cauchemar qui n’en finit pas.

« En 2002, les soldats israéliens nous réveillaient souvent en pleine nuit, pour venir tirer de chez nous. On se blottissait tous dans un coin. Mes enfants avaient les yeux révulsés de terreur. Aujourd’hui, ils rêvent de s’exiler, comme l’ont fait la plupart des voisins. » Mais un Palestinien qui part abandonne le droit de revenir vivre sur sa terre. « Ici, lance Claire, c’est encore plus compliqué quand on est chrétien, car nous sommes devenus une toute petite minorité. Qui se préoccupe de nous ? Qui ? Moi, je veux rester. Je crois aux miracles. Nous avons déjà survécu à tant d’horreurs ! » Elle montre une petite crèche en bois d’olivier, ­qu’elle a fait fabriquer pour sa boutique. Avec un détail inédit : une ­paroi sépare le bœuf et l’âne de la Sainte Famille. « Voyez, on peut soulever le mur. Et à l’arrière, il y a une porte ­ouverte, signe d’espoir... » Le regard de son époux, Tony, s’éclaire un instant. Depuis des années, toutes les issues lui paraissent barrées. Il a beau chercher, il ne trouve que des boulots occasionnels de mécanicien.

Anastasia, elle, a un travail. Pulpeuse et souriante, elle nous reçoit en jogging et débardeur. Elle aussi vit à Bethléem, avec une partie de sa famille, grecque orthodoxe. Elle referme son ordinateur, posé sur la table de la cuisine. « Aujourd’hui, je travaille chez moi, ouf ! » Les autres jours, cette comptable met une heure vingt pour rallier son bureau, à Tel-Aviv, par l’autoroute. « Je ne sais jamais combien de temps je serai arrêtée aux ­checkpoints. Nous sommes traités comme des moins que rien. Je pourrais émigrer, mais je préfère rester auprès des miens. »

« Nous voulons juste vivre normalement », explique Ala’a en jetant les falafels dans l’huile bouillante. A un jet de pierre de la basilique de la Nativité, le restaurant Afteem appartient à sa famille, grecque orthodoxe. En fin de service, le jeune homme se pose. Récemment, il s’est rendu à un mariage à Ramallah, avec son frère, sa belle-sœur et leur bébé. Pas de traversée du mur, simplement un trajet en Cisjordanie. « Au retour, vers 1 heure du matin, on a eu droit à la Surprise Kinder ! A un des checkpoints fixes, on nous avait déjà demandé à quoi servait le couffin du bébé, mais là, c’était un contrôle volant.

Une policière nous ordonne d’attendre et s’en va. Vingt minutes plus tard, je donne un petit coup d’avertisseur pour lui rappeler notre existence. Elle revient avec un collègue qui s’étonne de nous trouver là. Elle répond : “J’avais juste envie de les arrêter.” Ce genre d’arbitraire se répète à l’infini, pour bien nous faire sentir que nous sommes occupés. Ces gens-là ne nous voient pas comme des êtres humains. » Nous repartons entre chien et loup. La prière du muezzin retentit. Au même instant, s’allument les décorations de Noël, suspendues aux réverbères : un sapin, des cloches et, juste avant le checkpoint, sésame pour Israël, une étoile.

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/La-supplique-des-chretiens-d-Orient-225801/

samedi 13 novembre 2010

Algérie: Des légions de femmes battues

Violence conjugale, harcèlement sexuel, humiliations sont entre autres, les ingrédients qui forment le menu quotidien des femmes", note le quotidien L'Expression à propos de la sortie du livre noir sur les violences faites aux femmes. Selon la sociologue Lamarène Dalila Djerbal, coordinatrice de l'ouvrage, près de 70% des Algériennes sont battues par leur mari. Dans une interview à la radio, Madame Djerbal a expliqué que deux ans avaient à peine suffi à la réalisation du livre, tant les témoignages s'accumulaient. Elle précise en outre que les femmes mariées ne sont pas les seules victimes, les célibataires subissent le même sort au sein de leur famille.

mardi 9 novembre 2010

"ton môme il rentre à la maison et il se met à parler arabe"

Les chrétiens d’Orient s’éclipsent en silence

Les chrétiens sont environ 11 millions au Proche- et au Moyen-Orient, selon une estimation de 2008 de l’association L’Œuvre d’Orient. Ils se répartissent en onze Eglises orientales de rites différents. Mais il est difficile d’avoir une évaluation précise et à jour, notamment en ce qui concerne l’Irak, compte tenu de l’exode massif de ces dernières années. En Egypte, les chrétiens représentent environ 10 % de la population. Ils sont près de 40 % au Liban, 4,5 % en Syrie, moins de 3 % en Irak, 2 % en Israël et autour de 2 % également dans les Territoires palestiniens.


De l’Egypte à la Syrie, du Liban à l’Irak, les minorités chrétiennes sont de plus en plus contraintes à l’exil ou à la plus grande discrétion. Avec l’assentiment tacite des gouvernants et des intellectuels.

Le nombre de chrétiens de l’Orient arabe est en diminution constante. Ils ne disposent pas de la “bombe démographique” comme leurs semblables musulmans. Ils émigrent en Occident, individuellement ou par familles entières. Sans bruit. Seuls restent ceux qui n’ont pas les moyens de partir ou qui s’entêtent à rester fidèles à la patrie originelle du christianisme. Mais ils se font discrets au point d’être presque invisibles. Cet exode silencieux aboutira, en moins d’une décennie, à une situation analogue à celle des juifs orientaux. On en cherche les traces et on interroge quelques vieux qui se souviennent vaguement du passé, un passé qui avait contribué à l’essor et au progrès de l’Orient.

Les chrétiens servent de boucs émissaires et subissent, au quotidien, tracasseries et dénis de droits. Ils sont les représentants d’une religion monothéiste, certes, mais d’un monothéisme “dévoyé”, disent leurs adversaires. C’est l’islam qui a rétabli la vérité de la révélation divine, selon l’idée formulée dans les années 1950 par le “penseur” des Frères musulmans, Sayyid Qutb.

Marginalisation, atteintes à l’intégrité physique… il n’y a là rien de totalement nouveau. Dès les premiers siècles de l’islam, les califes ont hésité entre deux attitudes : soit l’acceptation des chrétiens en tant que dhimmis, en leur offrant la protection en contrepartie de leur soumission et du paiement de la jizya [impôt prouvant l’allégeance au souverain et permettant d’être exempté du service militaire] ; soit la démagogie, en laissant libre cours à la haine, à la violence et aux élans destructeurs. Les deux sont contraires aux principes de l’Etat de droit, sous la protection duquel nous sommes censés vivre aujourd’hui.

On pensait l’avoir établi, cet Etat de droit, à l’époque des indépendances vis-à-vis du colonialisme européen. Il reposait – théoriquement – sur la citoyenneté, le droit et une laïcité balbutiante. Mais, ces vingt dernières années, la terminologie laïque – l’Etat, la loi, les citoyens – a été remplacée par un vocabulaire religieux. Aujourd’hui, la justice et l’injustice sont remplacées par le licite et l’illicite, le droit par la charia, l’Etat-nation par le califat. L’islamisme a imposé son vocabulaire, ses catégories et ses normes. Et cela a écarté les chrétiens du champ de vision.

La plupart des intellectuels justifient leur silence sur la question en disant que “soulever la question des minorités” nuirait à l’unité nationale – et en expliquant que les musulmans sont eux aussi concernés par l’effondrement de l’idéal de l’Etat moderne. La fuite des chrétiens orientaux s’expliquerait par les liens culturels historiques qu’ils ont avec l’Occident. Ces intellectuels comparent l’émigration des chrétiens à celle des musulmans qui fuient les guerres, le chômage, la tyrannie et la corruption. Ils font semblant de ne pas voir que les premiers sont marginalisés dans tous les domaines. Les “citoyens” chrétiens de Palestine, du Liban, d’Egypte, d’Irak et de Syrie peuvent raconter sans fin des petites histoires quotidiennes sur ce thème.

En Egypte, où l’islam extrémiste est devenu l’idéologie courante, la culture de toute une société commence à opérer un clivage entre les musulmans et les autres, c’est-à-dire les coptes. Et l’Etat et l’intelligentsia, à qui cette montée religieuse fait peur, s’alignent sur la position inventée par Anouar El-Sadate, l’ancien “président pieux” [1970-1981], consistant à dire : “Les islamistes mettent en avant leur foi ? Alors, soyons plus musulmans qu’eux !” Le résultat ? N’importe quel prétexte est bon pour tirer sur une assemblée de coptes. En Syrie, l’islamisation mise en œuvre par le régime baasiste, créé jadis au nom de l’“arabisme laïc”, n’est pas très différente de celle instaurée sur les bords du Nil. En Palestine et en Irak, pas besoin de vexations, de harcèlement ou de campagnes télévisées de prédicateurs de la haine et de la mort : il suffit de laisser planer la menace, d’instaurer le doute sur ce qui pourrait arriver si…
Le Hamas palestinien, le mouvement irakien de Moqtada Al-Sadr et d’autres mouvements fondamentalistes harcèlent les chrétiens pratiquants et incendient leurs lieux de culte. Au Liban, les deux fondamentalismes, sunnite et chiite, ne sont pas en reste. Les tirs, les jets de pierres et le déchaînement des foules musulmanes dans le quartier chrétien d’Achrafieh [en février 2006] pour protester contre les caricatures de Mahomet parues dans un journal danois donnent une idée du travail accompli par des chefs démagogues auprès de leurs ouailles pour qu’ils se mettent “en colère” et s’en prennent aux foyers des habitants de ce quartier. Les “conseils” récemment prodigués par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, aux chrétiens du Liban ont été interprétés comme un retour aux temps où ils devaient se placer sous la protection des musulmans. Ce n’est qu’un petit exemple de la culture ambiante, parmi des dizaines d’autres qui se produisent tous les jours. Certains sont répercutés dans la presse, d’autres passés sous silence ; certains sont oubliés, d’autres se gravent dans les mémoires. Mais ce sont des petits fragments dont le chrétien chassé de sa terre porte l’empreinte.

La vengeance des musulmans pour l’oppression occidentale qu’ils ont subie consiste-t-elle à exporter en Occident des islamistes et leurs victimes, laissant ainsi aux pays occidentaux le soin de se débrouiller avec les fondamentalistes musulmans et leurs victimes chrétiennes ?

Dalal al-Bizri | Al-Mustaqbal
Courrier intl'

lundi 8 novembre 2010

Voile: Centre ville bouclé...

Enorme affluence en ce début d'après-midi au tribunal des prud'hommes de Mantes-la-Jolie

Les membres statuent sur le dossier de la nounou voilée de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes, licenciée en 2008 pour avoir refusé d'ôter son voile sur son lieu de travail.
La salle d'audience n'est pas assez grande pour accueillir tout le monde.

Parmi le public, Elisabeth Badinter, la marraine de cette crèche unique en France, est arrivée peu avant 14 heures accompagnée de Jeannette Bougrab, la présidente de la Haute Autorité de lutte contre les discrimination et pour l'égalité (Halde).

Quant à Fatima, l'employée licenciée, elle s'est présentée avec un retard important en raison d'importantes difficultés de circulation dans le secteur, notamment sur l'autoroute A 13. Elle a dû affronter les caméras et les appareils photos des journalistes venus en masse pour suivre l'audience. Le président du tribunal les a invités à arrêter de filmer et de prendre des photos dès le début des débats entamés peu avant 14h30.

En raison du caractère de cette affaire, le centre ville de Mantes est bouclé. Plusieurs véhicules de CRS sont stationnés non loin du tribunal et des policiers filtrent les entrées aux portes du tribunal.

http://www.leparisien.fr/yvelines-78/nounou-voilee-elisabeth-badinter-et-jeannette-bougrab-au-tribunal-des-prud-hommes-08-11-2010-1141386.php

dimanche 7 novembre 2010

Les palestiniens sont avant tout syriens...

Israël-Liban: Un projet de litige à l'ONU

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, présentera lundi aux Nations unies un plan sur le retrait israélien d'un village à la frontière israélo-libanaise, a indiqué dimanche une source politique. La localité de Ghajar, au pied du plateau du Golan, est un des points de fixation des tensions à la frontière libano-israélienne. Ses habitants ont la citoyenneté israélienne et travaillent en Israël. Mais ils se disent Syriens et refusent que leur village passe sous le contrôle du Liban. En 2000, une commission de l'Onu avait décidé que la partie nord de la commune serait intégrée au territoire libanais. Israël en a repris le contrôle pendant la guerre de 2006 contre le Hezbollah.(...)

http://www.lejdd.fr/International/Proche-Orient/Depeches/Israel-Liban-Un-projet-de-litige-a-l-ONU-232065/

samedi 6 novembre 2010

Plus de la moitié des demandeurs obtiennent la nationalité belge

Entre 2000 et 2009, 69 102 personnes ont obtenu la nationalité belge sur 132 509 demandes de naturalisation, ce qui représente 52% de réponses positives, ressort-il samedi de chiffres du service Naturalisation publiés par De Morgen et Het Laatste Nieuws.
(...)
Pour pouvoir être naturalisé, il faut être âgé de plus de 18 ans et avoir une résidence principale en Belgique depuis au moins trois ans.

Les apatrides et réfugiés reconnus ne doivent avoir leur résidence principale en Belgique que depuis deux ans.

"Les chiffres montrent que le régime de faveur est devenu la procédure standard", estiment les députés Theo Francken et Sarah Smeyers. La N-VA a déposé une proposition de loi visant à porter la durée minimale de résidence en Belgique à sept ans.

Belga

vendredi 5 novembre 2010

Carcassonne. Les fidèles caillassés pendant la messe

L'abbé Bruno Garrouste n'aurait, sincèrement, jamais cru vivre une chose pareille. Mardi soir, vers 18 h 30, alors qu'il célébrait la messe en mémoire des défunts de l'année, son homélie a été interrompue par le bruit d'une vitre cassée, provenant de la sacristie extérieure de l'église. Immédiatement après, la porte s'est ouverte, et deux jeunes hommes ont fait irruption. « L'un d'eux a visé une statue de la vierge Marie et a lancé un caillou, la brisant en partie. Ensuite, les deux se sont mis à lancer des pierres et des pommes de pins en direction des fidèles, en atteignant certains », raconte le curé. Selon lui, près d'une centaine de personnes assistait à cet office particulier, à l'occasion duquel tous les proches des disparus de l'année sont invités. Une seule personne a été, très légèrement, blessée. Selon le témoignage de Bruno Garrouste, aucune parole n'a été prononcée par les agresseurs à l'intérieur de l'église. « Un fidèle, touché par une pomme de pin s'est levé et les a mis en fuite. Il les a poursuivis jusque sur le terrain vague qui jouxte l'église. Là, il a été copieusement insulté », raconte-t-il. Mais encore une fois, aucune référence à une religion, quelle qu'elle soit. Dont acte. Le curé refuse d'analyser ces actes qui l'ont choqué. « Je ne me permettrai pas de faire un lien avec quoi que ce soit. Je ne sais rien, je ne connais pas la motivation de ces personnes et je ne dispose d'aucun élément à l'heure actuelle », souligne-t-il.

Hier matin, l'abbé a déposé plainte au commissariat pour « jet de pierres dans un lieu de culte », « bris de vitre et d'une statue » et « insulte aux fidèles ». Et dans la foulée, il a célébré la messe de 11 heures, comme d'habitude, mais en présence de techniciens de l'identification judiciaire de la police nationale. Face à ces actes concernant lesquels « il y a mille lectures possibles », Bruno Garrouste se dit atterré, et blessé. Il considère que c'est « une véritable profanation » qui intervient dans un contexte d'entente quasi cordiale au sein du quartier du Viguier, où toutes les communautés religieuses cohabitent bien. Il est donc choqué et, comme tout le monde, il espère que l'enquête révélera qu'il s'agit d'actes « imbéciles » et non à caractère anti-chrétiens. Les « anciens » du quartier qui se réunissent chaque après-midi près de l'entrée de l'église allaient plutôt, hier, dans le sens d'un geste idiot plutôt que d'un acte religieux prémédité. L'enquête de police fera toute la lumière et ce, au plus vite, à la demande du procureur de la République.

Le procureur de la République, Francis Battut a, évidemment, été avisé de cette affaire. il la prend « très au sérieux ». Selon lui, les fidèles présents à cette messe vont être auditionnés et un fichier photographique leur sera présenté pour retrouver, au plus vite, les auteurs de ces actes d'agression. « Les premiers éléments de description des suspects révèlent qu'il s'agit d'adolescents d'origine nord africaine ». En revanche, il est plus que prématuré de donner un caractère religieux à ces faits. D'autant plus qu'aucun propos n'a été tenu en ce sens.

(...) Il est inadmissible que l'on perturbe un office. Il y a des coups de pied qui se perdent.» Jean-Claude Pérez, député-maire de Carcassonne.

http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/05/942129-Carcassonne-Les-fideles-caillasses-pendant-la-messe.html

mercredi 3 novembre 2010

En Irak, la christianophobie tourne au carnage

La christianophobie qui s'observe en terres d'islam et qui pousse à l'exil de nombreux chrétiens maltraités, n'a rien de comparable avec l' "islamophobie" reprochée à ceux qui, en Occident, n'appliquent en réalité que l'élémentaire approche critique d'une religion ou d'une idéologie: une attitude  qui n'interdit visiblement pas aux musulmans de rejoindre l'Europe. Or cette accusation, brandie au moindre prétexte, a pour résultat d'occulter les insupportables conditions que subissent les chrétiens d'Orient, ces minorités qui sont de moins en moins tolérées dans des pays qui les ont vues naître et dont elles ont souvent façonné une part de leur identité, bien avant que l'islam ne s'installe. Ils ne sont plus que 50.000 en Territoires palestiniens, et leur présence y est, comme en Iran, en Egypte, en Turquie, en Algérie, etc., de plus en plus indésirable. En Irak, leur vie est devenue littéralement infernale.
Ainsi, dimanche soir, une messe en plein coeur de Bagdad s'est terminée en tuerie: un groupe d'al-Qaida, qui a fait irruption dans la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel secours, y a tué deux prêtres et 35 fidèles, dont 5 femmes et 7 enfants. Le bilan de l'attaque, communiqué ce lundi, aurait 52 morts, dont des membres des services de sécurité. La cathédrale a été dévastée et les témoins décrivent "un vrai carnage". Benoît XVI a condamné "la violence absurde et féroce contre des personnes sans défense". Mais cette barbarie n'est qu'une étape supplémentaire dans une persécution islamiste, accentuée après la chute de Saddam Hussein, qui explique que les catholiques d'Irak sont passés de 2,89% de la population en 1980 à 0,94% en 2008 (300.000).
Qui entend les belles âmes s'indigner?
La situation de chrétiens d'Orient, évoquée dernièrement lors d'un synode au Vatican, est une injustice qui heurte également la liberté de culte et de religion. Elle est d'autant moins tolérable qu'elle passe inaperçue et n'émeut pas plus les autorités musulmanes que les "antiracistes", qui ne voient que d'un œil. "Ce qui est certain, c'est que les membres de ma communauté vont tous quitter l'Irak", annonce le vicaire épiscopal des syriaques catholiques, Mgr Pios Kasha. J'espère que la France saura leur offrir l'asile auquel ils ont droit. Mais il est également urgent d'aider les chrétiens d'Orient, qui sont là-bas un lien entre le monde islamique et l'Occident, à demeurer sur leurs terres ancestrales.