samedi 15 août 2009

La danse berbère est terminée

Par la grâce des récepteurs satellites qui ont accéléré ce processus, l’héritage culturel des Berbères du Maroc se fond face à une islamisation galopante du paysage . De vieilles traditions sont maintenant en voie de disparition sous l’influence de la télévision des imams.

On estime à près de 40 millions le nombre des Berbères, une population autochtone et originelle d’Afrique du Nord répartie en Algérie et au Maroc. Une population que l’on savait arabisée et islamisée de force en Algérie depuis plusieurs années et c’est aujourd’hui le tour de celle du Maroc de subir le même sort tandis que les instances islamiques populaire considèrent leurs traditions comme antireligieuses, païennes, paganistes ou même sataniques.

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les autorités marocaines s’opposaient aux prénoms berbères et n’acceptaient plus que des prénoms dûment estampillés musulmans comme ça se fait aussi en Algérie et la résistance des berbères face à l’arabisation qui dure depuis plusieurs siècles semble marquer le pas. Puisqu’ils vivaient dans des zones reculées et montagneuses, ils avaient jusqu'alors tant bien que mal résisté mais la technologie est aujourd’hui en train de leur administrer le coup de grâce. Bien que musulmane, cette population avait su garder ses spécificités culturelles traditionnelles.

Dans les maisons des villes et villages berbères leur musique ne s’entend plus, les anciens avaient encore l’habitude de jouer des instruments mais aujourd’hui les notes ne montent plus aux oreilles des passants. Comme le remarque Abdallah Aït Argane, jeune berbère de Tarama au Maroc, on ne joue plus, on ne danse plus et même les cérémonies de mariage s’expédient vite fait. De même pour le tatouage frontal des femmes qui il y a une dizaine d’années était encore fréquent tend à complètement disparaître. Tout cela parce que les préceptes islamiques sont suivis avec plus de rigueur, ainsi les femmes et les hommes se mélangent de moins en moins dans toutes les cérémonies. Les mariages traditionnels sont en perte de vitesse et les méthodes salafistes a contrario en hausse.

Ces changements vers un islam rigoriste est un changement vers une approche de la religion telle que le demande coran et hadith. Et ce qui a accéléré ce changement c’est la télévision et les paraboles pour capter les chaînes par satellites. Les télévisions sont aujourd’hui continuellement allumées dans les maisons et sur quelques centaines de chaînes captées au moins 10% sont des chaînes religieuses qui émettent pour la plupart d’Arabie Saoudite ou d’Egypte, des pays dont les émission pour le moins ne donnent pas dans la tolérance.

Selon une étude de la Fondation Friedrich Ebert (FFE) qui considère là qu’il y a un suicide intellectuel, ces chaînes de télévision sont pour plus de 60% des marocains la source de leur connaissance religieuse et principalement parmi les populations jeunes (ménagère de moins de 50 ans ?). Quotidiennement les populations sont abreuvées des messages des imams délivrant leurs visions du bien et du mal, du licite et de l’illicite, de ce qui est juste ou pas, de ce qui est légal ou non, de ce qui est juridiquement acceptable ou pas. Et ce, toujours avec une vision à travers le coran. Là où les anciens étaient en quête d’amitié et fraternité, on leur apprend aujourd’hui à chercher les ennemis de l’islam et parmi ces ennemis il y a les traditions ancestrales des Berbères, leur culture, leur agissement, leur habillement, leur folklore et leur manière de pratiquer la religion.
On leur explique régulièrement que leur façon de pratiquer l’islam depuis des siècles est fausse et qu’ils vivent dans le péché. Le changement se fait insidieusement, de l’intérieur et si l’on veut les sauver de cette uniformisation islamiste il faudra bien se décider rapidement à prendre des initiatives pour remettre à l’honneur les traditions berbères.

Mais dans un Maroc qui s’urbanise et se mondialise, la seule voix qui porte loin est celle des islamistes purs et durs, celle de ceux qui avec les moyens financiers des pétromonarchies du Golfe Persique ont ce qu’il faut pour petit à petit réduire les autres au silence.

Sans crainte, on peut considérer qu’aujourd’hui parmi ceux qui menacent le plus la culture Berbère il y a les berbères eux-mêmes, ceux qui se sont branchées sur ces chaînes de télévision satellitaires en pensant y trouver le monde de demain.

IPS news traduction Bivouac

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