BERLIN - Les Turcs ou personnes d'origine turque sont parmi les immigrés les moins bien intégrés en Allemagne alors qu'ils sont parmi les plus nombreux, souligne un rapport à paraître lundi et dont de larges extraits sont diffusés par la presse dimanche.
La "deuxième génération", c'est-à-dire les enfants des premiers immigrés turcs arrivés il y a 50 ans, n'est pas beaucoup mieux intégrée avec un taux exceptionnellement élevé d'échec scolaire et de chômage, selon l'étude de l'Institut de Berlin pour la Population et le Développement, révélée par l'hedomadaire Der Spiegel.
"Si l'on compare les Turcs avec les autres immigrés, vous avez plus souvent des gens qui n'ont qu'un diplôme de collège, voire pas de diplôme du tout", explique le directeur de l'Institut, Reiner Klingholz, dans le magazine qui titre: "Pour toujours étranger".
"Ils fréquentent moins le lycée que les autres immigrés, il y a moins de diplômés du baccalauréat et moins de gens qui font des études universitaires", ajoute-t-il.
L'étude, qui, pour la première fois, compare le degré d'intégration des différentes populations immigrées vivant en Allemagne, doit être présentée lundi à Berlin.
Selon les résultats publiés également par Welt am Sonntag, 30% des jeunes turcs ou d'origine turque sortent de l'école sans le moindre diplôme. Seuls 14% obtiennent le bac, un pourcentage inférieur de plus de moitié à celui des Allemands décrochant ce diplôme.
Ils sont ensuite beaucoup plus souvent confrontés au chômage, le taux de femmes au foyer y est "extrêmement élevé et beaucoup sont dépendants des aides sociales", selon le journal dominical qui titre "Echec de l'intégration".
"Après parfois trois générations en Allemagne, même avec un passeport allemand, un nombre alarmant et élevé d'immigrés vit dans une société parallèle et leur avenir semble mauvais", conclut Der Spiegel.
La maîtrise de la langue allemande est le principal enjeu de l'intégration, expliquent les auteurs de l'étude. "Nous nous sommes depuis trop longtemps habitués à avoir des classes d'école primaire où 80% des élèves ne comprennent pas l'allemand", critique Reiner Klingholz.
Avec un peu moins de trois millions de personnes, les Turcs ou personnes d'origine turque sont le deuxième plus grand groupe d'immigrés, après les "rapatriés" ("Aussiedler"), les personnes d'origine allemande qui vivaient en URSS jusqu'à son effondrement.
Quelque 4 millions d'entre eux vivent aujourd'hui en Allemagne. Profitant du principe du "droit du sang", ils ont obtenu la nationalité allemande dès leur arrivée bien que beaucoup, installés depuis des générations dans l'Empire soviétique, ne parlaient pas ou très mal allemand à leur arrivée.
Mais dans cette catégorie d'immigrés, seuls 3% terminent l'école sans le moindre diplôme.
L'échec de l'intégration des immigrés suscite un débat récurrent en Allemagne. Pendant des décennies, le pays, traumatisé par les horreurs nazies, a accueilli sans discrimination des centaines de milliers d'étrangers mais sans se soucier réellement de leur intégration.
Ce modèle dit "multikulti" a fait long feu, notamment lorsque l'Allemagne a découvert avec stupeur l'existence de "sociétés parallèles" qui ignorent l'allemand ou pratiquent les mariages forcés.
Plusieurs affaires de crimes dits d'honneur ont également montré l'échec de cette politique.
Quelque 15 millions de personnes sur une population totale de 82 millions, soit moins de 20%, sont étrangères ou d'origine étrangère en Allemagne.
(©AFP / 25 janvier 2009)
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