AFP
Les projets d'attentats déjoués en Europe soulignent le danger grandissant que posent les militants islamistes disposant de passeports de pays occidentaux, une arme fortement convoitée par Al-Qaïda, jugent analystes et responsables.
Les services de sécurité américains et européens tentent de repérer les jeunes occidentaux qui entreprennent des voyages au Pakistan ou dans d'autres pays connus pour abriter des militants islamistes afin d'y recevoir un entraînement d'Al-Qaïda ou de ses alliés.
"Tout laisse à penser que la menace est grandissante", explique à l'AFP Arturo Munoz, un responsable à la retraite de la CIA. "Je pense qu'il n'y a aucun doute là-dessus".
Une étude de chercheurs américains et suédois publiée vendredi estime que la connaissance qu'ont les services de renseignement occidentaux de cette menace pourrait se limiter "à la partie émergée d'un problème bien plus vaste, non détecté et sur lequel il n'existe aucune donnée".
Les militants islamistes disposant de passeports de pays occidentaux et dont le casier judiciaire est vierge peuvent en effet se déplacer tranquillement sans attirer l'attention des autorités.
"La connaissance que ces combattants ont des cibles qu'ils visent fait que leur capacité à causer des dégâts est encore plus grande", indique le rapport de l'Institut pour la politique de sécurité intérieure de l'université George Washington.
Les services de renseignement occidentaux ont mis au jour des projets d'attentats liés à Al-Qaïda au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, sur le modèle des attaques de Bombay, selon des informations diffusées cette semaine par des médias anglo-saxons, informations en partie confirmées par des responsables, mais pas par les gouvernements concernés.
Les premiers renseignements concernant ce complot provenaient d'Ahmad Siddiqui, un ressortissant allemand détenu dans la base américaine de Bagram, en Afghanistan, selon plusieurs médias.
"Un des pays très concerné par cette menace est, en ce moment l'Allemagne", souligne Magnus Ranstorp, un des auteurs de l'étude.
Selon les autorités allemandes, quelques 200 Allemands ou étrangers résidant dans le pays ont voyagé au Pakistan afin d'y recevoir un entraînement militaire de la part de groupes islamistes. Sur ces 200 personnes, 65 ont effectivement reçu un entraînement.
Mais selon M. Ranstorp le Danemark fait aussi l'objet de menaces sérieuses venant de la part de "combattants étrangers occidentaux", qui visent notamment le quotidien Jyllands-Posten qui avait publié en 2005 des caricatures de Mahomet.
Au Danemark, "les clignotants sont au rouge", estime-t-il ainsi, ajoutant qu'en Suède le niveau d'alerte a été relevé cette semaine, illustrant le fait qu'aucun pays en Europe n'est à l'abri d'un attentat terroriste.
Afin de traquer les militants islamistes, les autorités doivent non seulement partager leurs informations, mais aussi repérer les islamistes qui font la propagande des actes terroristes auprès de recrues potentielles. "C'est sur ces intermédiaires que toute l'attention doit se porter", estime l'étude.
Celle-ci souligne aussi le fait que la grande majorité des victimes du terrorisme sont des musulmans, ce qui pourrait provoquer une réaction de rejet de la part des communautés musulmanes expatriées, un atout à mettre en avant dans la guerre contre Al-Qaïda.
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