Le Monde
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Pour la troisième fois depuis la victoire d'Obama, l'ambassade organise une formation électorale en visant prioritairement les leaders des minorités. (...)
Pour cette formation, l'ambassade a pioché dans les réseaux traditionnels. Ceux du PS, de l'UMP et des Verts - représentés par des jeunes élus locaux, souvent simples conseillers municipaux ou adjoints au maire. (bizarrement, il n'y a que des musulmans...)
Mais elle a laissé une place aussi importante à des structures atypiques, ignorées par les institutions françaises. D'abord des représentants du mouvement Emergence, un réseau informel qui a présenté une liste indépendante, portée par des leaders des quartiers, aux dernières élections régionales (Le Monde du 17 février). Ensuite, un cercle de réflexion, dénommé Graines de France ( Khaled Benchir, qui anime une émission sur l’islam sur France Télévisions, Rocaya Diallo) qui tente d'organiser les débats sur les quartiers et la diversité. Au micro, son président, Reda Didi (Verts, les 1ers a aller hurler leur haine d'Israel), qui revient de Chicago, résume la leçon de son voyage d'étude : "Le pouvoir, il ne se demande pas, il se prend."
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Washington à la conquête du "9-3"
Le Monde
L'inauguration d'une fresque murale géante à Villiers-le-Bel. Un déplacement à La Courneuve pour rencontrer des jeunes. Une rencontre à Bondy avec une star hollywoodienne. L'ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin, multiplie depuis un an les actions en direction des banlieues sensibles. Mais ces opérations symboliques et médiatiques masquent l'ampleur du travail de réseau effectué en France ces dernières années pour identifier les élites des quartiers et des minorités ethniques.
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"C'est fascinant : chaque fois que je rencontre quelqu'un de brillant, il est déjà en contact avec l'ambassade", témoigne Ahmed El-Keiy, 43 ans, présentateur d'un talk-show sur France Ô
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Depuis le 11 septembre 2001, les Américains ont en partie réorienté leur stratégie d'influence vers les leaders musulmans des pays occidentaux. Une démarche renforcée par l'élection de Barack Obama. "Notre volonté est d'identifier les futurs leaders français, ceux qui pourront émerger, ceux qui seront amenés à prendre des responsabilités", explique Lora Berg, attachée culturelle de l'ambassade. "Les Américains misent sur un changement socio-démographique en France, complète le chercheur Vincent Geisser, 42 ans, spécialiste de l'islam, parti aux Etats-Unis fin 2009. Ils font le calcul que les élites françaises, aujourd'hui âgées et blanches, vont forcément évoluer, et identifient ceux qui, aujourd'hui en périphérie du système, pourront être demain des leaders."
Loin des fantasmes sur la toute-puissance américaine, le travail de repérage est effectué par une employée française de l'ambassade, Randiane Peccoud, 53 ans, chargée de la société civile (...)
"C'est simple, Randiane connaît tout le monde", s'émerveille Bruno Laforestrie, directeur de la radio Générations 88.2. "Le Who's Who de la diversité en France, c'est elle qui le tient", glisse Fayçal Douhane, membre du bureau national du PS, parti aux Etats-Unis il y a deux ans. "Ils ne cherchent pas des leaders médiatiques, mais des gens qui agissent, qui sont acteurs, qui produisent quelque chose", relève El-Yamine Soum, 31 ans, sociologue, impliqué dans le réseau de l'ambassade. "Je n'ai jamais vu un réseau pareil", témoigne Ali Zahi, adjoint au maire de Bondy, invité aux Etats-Unis après les émeutes de l'automne 2005.
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Nous sommes identifiés par un autre pays comme un leader potentiel, alors que nous ne sommes pas reconnus ici", ajoute Rokhaya Diallo, 32 ans, présidente des Indivisibles, de retour des Etats-Unis. "Aux Etats-Unis, on nous considère comme un espoir, comme un acteur potentiel de la France de demain", se réjouit Reda Didi, 34 ans, consultant en ressources humaines, président de Graines de France, un groupe de réflexion sur les quartiers.
Même analyse de la part de Majid El-Jarroudi, jeune patron de 33 ans,(...)
Leur force, c'est qu'ils mettent tout le monde sur le même pied. Ils ne sont pas dans une logique d'étiquette (on ne rigole pas) résume l'humoriste Yassine Belattar, un des piliers des réseaux de la diversité en France.
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Paul Patin, très affable porte-parole de l’ambassade, explique volontiers la politique suivie à Washington : «Jusqu’en 1989, la priorité de notre politique était la guerre froide. Depuis le 11 septembre 2001, elle est orientée vers le monde musulman. Nous voulons tisser des liens, jeter des ponts.»
http://www.liberation.fr/monde/01012298482-l-amerique-prend-ses-quartiers
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Wikileaks:
Exclusif : La stratégie des États-Unis pour les minorités françaises (lire: issues de l'immigration et vivant en France)
"Notre but est de motiver la population française à tous niveaux à augmenter ses efforts en vue d’atteindre ses propres idéaux égalitaires, et donc de promouvoir les intérêts nationaux américains"
"Cette histoire et cette perception nous serviront très bien lorsque nous mettrons en œuvre la stratégie"
"De plus, nous continuerons et renforcerons notre travail avec les musées français et les enseignants pour réformer le programme d’histoire enseigné dans les écoles françaises, pour qu’ils prennent en compte le rôle et les perspectives des minorités dans l’histoire de France."
"Pour atteindre ces objectifs, nous nous baserons sur les programmes extensifs de diplomatie publique déjà en place, et développerons des moyens supplémentaires pour influencer la jeunesse française"
"Nous développerons aussi de nouveaux outils pour identifier, apprendre des futurs dirigeants français, et les influencer"
" Nous nous baserons sur des réseaux de jeunes déjà existants, et en créerons de nouveaux sur Internet, connectant les futurs dirigeants entre eux dans un forum dont nous contribuons à développer les valeurs – valeurs de métissage"
"En s’appuyant sur notre travail avec les deux sites Web de premier plan axée vers les jeunes musulmans de langue française -oumma.fr et saphirnews.com – nous soutiendrons, formerons et nous investirons dans des médias et des militants politiques qui partagent nos valeurs ."
"Nous fournirons également des outils pour enseigner la tolérance à l’ensemble des étudiants universitaires américains qui enseignent l’anglais dans les écoles françaises chaque année"
"nous voulons identifier les tendances, et idéalement prédire le changement de statut des minorités en France, estimant quel impact cela aura sur les intérêts américains."
Charles Hammerman Rivkin, ambassadeur des États-Unis d’Amérique en France nommé par le président Barack Obama le 1er juin 2009.
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