300 morts et 600 blessés, tel est le bilan provisoire de l'opération israélienne baptisée "Plomb durci" qui a débuté samedi 27 décembre. Après les raids aériens, l'armée israélienne se prépare à une offensive terrestre. Un conflit qui pourrait prendre de l'ampleur.
C'est une véritable boîte de Pandore que les Israéliens viennent d'ouvrir. Tous les calculs militaires peuvent être balayés du jour au lendemain du seul fait d'impondérables, un facteur qui conditionne la rue arabe, lui fait prendre les tournants les plus périlleux, ceux plébiscités dimanche 28 par Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, qui a appelé les résistants dans le sud du Liban à rester en état d'alerte et a critiqué avec une rare virulence l'Egypte et les régimes arabes. De l'appel à une troisième intifada [lancé par les responsables du Hamas à Gaza], qui peut embraser la Cisjordanie, aux manifestations de colère dans plus d'une capitale arabe, ce sont les régimes conservateurs, l'Egypte en particulier, qui sont désormais pointés du doigt. Ils sont soupçonnés de complicité avec Israël, accusés de laisser faire dans l'espoir de redorer le blason de l'Autorité palestinienne. Celle-ci, en perte de vitesse, vouée aux gémonies par le Hamas, est pourtant reconnue par l'ensemble du monde arabe et de la communauté internationale et reste pour Israël le seul interlocuteur agréé.
La politique de l'autruche n'a jamais mené bien loin. Si on en est là aujourd'hui, c'est en grande partie à cause des divisions palestiniennes, à cause de l'exploitation qui en a été faite par les pays arabes antagonistes, par l'irruption de l'Iran sur la scène proche-orientale. La Palestine a été perdue en 1948 à cause des mensonges et de la duplicité des arabes, et soixante ans plus tard elle est victime de ses propres erreurs, de son incapacité à se souder autour d'une politique unifiée, d'une direction commune. Israël, bien entendu, s'en réjouit et s'emploie maintenant à donner le coup de grâce à un Hamas parti en guerre avec un armement artisanal et qui, de toute évidence, ne fait pas le poids face au rouleau compresseur israélien.
Tout est, en ce début de semaine, une question de timing. Israël prend son temps, largement, les pays arabes aussi, qui ne se réuniront au sommet que dans cinq jours. Que se passera-t-il entre-temps ? Toute la question est là, et elle nous concerne directement. Les huit fusées Katioucha pointées vers Israël, découvertes il y a quatre jours à Naqoura [frontière libano-israélienne], constituaient un message clair, peut-être un signe avant-coureur de ce qui pourrait se produire dans les jours ou les semaines à venir.
(...)
Nagib Aoun
L'Orient-Le Jour
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