LE MONDE | 10.12.08 |
Pour la première fois il y a quelques semaines, dans un discours de vingt-neuf minutes posté sur un site Internet islamiste, largement passé inaperçu des médias, mais soigneusement décrypté par les services antiterroristes français, Abdelmalek Droukdal, "émir" suprême de l'organisation d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), menaçait directement la France.
"Ceux qui pensent, affirmait Droukdal le 22 septembre, que la France assurera sa sécurité sur ses terres (...) se trompent." Elle n'aura pas la capacité "de le faire, puisqu'elle sera, le jour venu, préoccupée par sa propre sécurité". Un an plus tôt, presque jour pour jour, Ayman Al-Zawahiri, le numéro deux égyptien d'Oussama Ben Laden, avait appelé les musulmans d'Afrique du Nord à "soutenir (leurs) fils moudjahidin (de l'AQMI) contre les croisés et leurs enfants" et à aider à "débarrasser" la région des Français et des Espagnols.
Droukdal l'Algérien et ses cohortes djihadistes ont-ils les moyens de mettre leur menace à exécution ? "La France n'est pas plus menacée que d'autres, mais elle est une cible potentielle", expliquait Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, peu après cet appel. Plus alarmiste, Louis Caprioli, qui fut le patron de la lutte antiterroriste à la direction de la surveillance du territoire (DST) de 1998 à 2004, évalue la menace "à un niveau orange-rouge" : "Pour l'instant, elle est dans les discours, mais ils ne pourront pas s'en contenter, à un moment ou un autre, ils frapperont." L'ancien commissaire, qui conseille aujourd'hui le groupe de gestion des risques GEOS, rappelle que "tous les réseaux démantelés jusqu'en 2005 sur le sol français étaient en relation avec l'ex-GSPC (ancêtre de l'AQMI)".
(...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire