BELGIQUE • Le djihad au féminin de Malika El-Aroud
A 48 ans, la veuve de l'auteur de l'attentat qui coûta la vie au commandant Massoud en 2001 exhorte sur son site les musulmanes à mener la guerre sainte. Sous l'œil inquiet des autorités.
Dans la rue, Malika El-Aroud est anonyme sous son voile noir islamique qui ne laisse voir que ses yeux. Mais, dans son salon, El-Aroud, une Belge de 48 ans, a tout de la femme banale d'âge moyen : un simple tee-shirt noir, un pantalon, des cheveux châtains bouclés. Sa seule coquetterie consiste en une paire de chaussons bleu clair ornés du mot "SEXY" en lettres d'or.
C'est sur Internet qu'El-Aroud s'est distinguée. Ecrivant en français sous le nom d'Oum Obeyda, elle est devenue l'un des djihadistes les plus en pointe d'Europe. Elle se présente comme une guerrière sainte au nom d'Al-Qaida. Elle assure qu'elle ne diffuse pas des instructions pour la fabrication de bombes et qu'elle n'a pas l'intention de prendre les armes elle-même. Au lieu de cela, elle rudoie les hommes musulmans et les appelle à aller se battre, tout en ralliant les femmes à la cause.
"Ce n'est pas mon rôle de poser des bombes, c'est ridicule", dit-elle dans un entretien exceptionnel. "Mon arme, c'est l'écriture, c'est la parole. Voilà mon djihad. On peut faire beaucoup avec les mots. L'écriture aussi est une bombe." Il n'y a pas que parmi les fanatiques des forums extrémistes où elle transmet son message de haine anti-Occident qu'El-Aroud s'est fait un nom. Elle est également bien connue des membres des services de renseignements de toute l'Europe, sous le nom de "Malika", islamiste en première ligne du mouvement déclenché par les femmes qui veulent assumer un rôle plus important dans une "guerre sainte" dominée par les hommes.
"Les femmes arrivent à maturité dans le djihad et pénètrent dans un monde autrefois réservé aux hommes", explique Claude Moniquet, président de l'ESISC, le Centre du renseignement stratégique et de la sécurité européen, basé à Bruxelles. "Malika est un modèle, une icône suffisamment téméraire pour utiliser sa propre identité. Elle joue un rôle stratégique très important en tant que source d'inspiration. Elle est très intelligente, et extrêmement dangereuse."
L'ascension d'El-Aroud a commencé à cause d'un homme. Deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001, son mari a participé en Afghanistan à l'assassinat du chef de guerre antitaliban Ahmed Shah Massoud, sur ordre d'Oussama Ben Laden. Son époux a été tué, et elle s'est lancée sur Internet en s'affichant comme la veuve d'un martyr.
Elle s'est remariée et, avec son deuxième époux, elle a été inculpée en Suisse pour avoir tenu des sites web pro-Al-Qaida. Aujourd'hui, selon les autorités belges, elle est suspectée dans ce que celles-ci considèrent comme un complot pour commettre des attentats en Belgique.
"Le Vietnam n'est rien comparé à ce qui vous attend sur nos terres", déclarait-elle en mars à un public occidental supposé, à propos des guerres en Irak et en Afghanistan. "Demandez à vos mères, à vos femmes de commander vos cercueils." Et d'ajouter, à l'attention de ses fidèles : "La victoire apparaît à l'horizon, mes frères et sœurs. Intensifions nos prières."
Son écriture prolifique et sa présence dans les chats, associées à ses origines, lui valent louanges et sympathie. "Sœur Oum Obeyda est une vertueuse parmi les vertueux ; sa vie est consacrée au bien sur cette terre", écrivait un certain Juba à la fin de l'an dernier.
L'ascension des femmes a lieu alors que la discrimination reste omniprésente dans l'islam radical. En avril, Ayman Al-Zawahiri, numéro deux d'Al-Qaida, affirmait lors d'une séance de questions-réponses en ligne que les femmes ne pouvaient pas intégrer le réseau. C'est dans les pays occidentaux que le changement de rôle des femmes dans le mouvement est particulièrement sensible. Là, les femmes musulmanes ont été formées à revendiquer leurs droits, et les hommes musulmans sont davantage habitués à les traiter comme des égales.
El-Aroud est le reflet de cette tendance. "Normalement, dans l'islam, les hommes comptent plus que les femmes, mais je prouve qu'il est important de craindre Dieu, et personne d'autre, dit-elle. C'est important que je sois une femme. Il y a des hommes qui ne veulent pas s'exprimer parce qu'ils ont peur d'avoir des ennuis. Moi, même quand j'ai des ennuis, je parle."
Après tout, souligne-t-elle, elle connaît les règles. "Ce que j'écris est légal, précise-t-elle. Je sais ce que je fais. Je suis belge. Je connais le système." Un système qui s'est souvent montré clément envers elle : en décembre, elle a été détenue avec treize autres personnes soupçonnées d'avoir comploté pour libérer de prison un terroriste et pour commettre un attentat à Bruxelles. Mais, conformément à la loi belge, il a fallu les libérer au bout de vingt-quatre heures, aucune charge n'ayant pu être retenue à leur encontre, et les fouilles effectuées n'ayant déniché ni armes, ni explosifs, ni documents compromettants.
Aujourd'hui, même si elle continue à faire l'objet d'une surveillance constante, elle est de retour chez elle, et elle recommence à rallier les militants sur son site, tout en touchant chaque mois plus de 700 euros d'allocations-chômage.
"Son djihad ne consiste pas à déclencher une opération, mais à pousser les autres à mener la guerre sainte", constate Glenn Audenaert, directeur de la police fédérale belge. "Elle profite de la protection qu'offre la Belgique, et en même temps elle représente une menace potentielle."
El-Aroud opère depuis son trois-pièces situé au-dessus d'une boutique de vêtements dans un quartier ouvrier de Bruxelles, où elle passe son temps à communiquer avec des partisans sur son principal forum, Minbar-SOS. Elle a beau prétendre ne pas violer la loi, elle se sait surveillée par les forces de l'ordre. Et, si les autorités trouvent un moyen de la mettre derrière les barreaux, elle trouverait ça "formidable : ils feraient de moi une martyre vivante".
Elaine Sciolino & Souad Mekhennet
International Herald Tribune
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http://www.lejdd.fr/cmc//societe/200850/al-qaida-belgique-deux-francais-en-garde-a-vue_172316.html
Enfin les belges se REVEILLENT!!!
Dimanche 14 Décembre 2008
"Sur les 14 personnes arrêtées en Belgique, six, toutes de nationalité belge, ont été écrouées et inculpées d'appartenance à une organisation terroriste. Ce groupe comprend cinq hommes âgés de 20 à 30 ans, dont trois de retour du front afghan, et une femme de 49 ans, Malika el-Aroud. Véritable passionaria de l'islamiste radical, notamment sur internet, cette Belge d'origine marocaine est la veuve d'Abdessatar Dahmane, faux cameraman et vrai kamikaze qui assassina le commandant Massoud en Afghanistan le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats du 11 septembre à New York. Son nouveau mari, un Tunisien, Moez Garsallaoui, jouerait également un rôle pivot dans cette celllule notamment en accueillant les candidats au djiahd à la frontière pakistano-afghane."
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