Par Ivan Rioufol
La tolérance pour les Chrétiens en terre d’Islam? Pas en Algérie, en tout cas. Le Figaro de ce mercredi révèle les persécutions qu’ils subissent, au nom de la loi de février 2006 qui règlemente "les cultes non musulmans". Notre correspondant, Arezki Ait-Larbi, a assisté, mardi, à une audience du tribunal correctionnel de Tiaret, qui avait à juger une chrétienne convertie, poursuivie pour détention de bibles et d’évangiles: délit passible de la prison. Le juge, goguenard: "Les curés t’ont fait boire leur eau bénite que mène au Paradis". Le même jour, six autres chrétiens comparaissaient pour "distribution de tracts visant à ébranler la foi des musulmans". La France, au nom de la réciprocité, ne pourrait-elle exiger le respect des Chrétiens d’Algérie?
Cette affaire n’est évidemment pas une découverte. D’autres exemples existent ailleurs. Celui-ci permet d’illustrer, cependant, le déséquilibre qui s’est instauré entre le monde occidental et le monde musulman. Si le premier, portant l’héritage judéo-chrétien de la culpabilité et de la repentance (une seconde commémoration de l’esclave aura lieu vendredi au Sénat) , s’est empressé de s’ouvrir au multiculturalisme, le second y est totalement fermé. Pour avoir réitéré ses critiques contre cette idéologie islamiste, l’autre soir chez Ruquier, le philosophe Robert Redeker, menacé de mort après un article publié par Le Figaro en 2006, a dû subir un lynchage en règle, d’où est ressortie sa solitude face à la bien-pensance. Dans un mail un peu désespéré, il me parle d’une "campagne de destruction pour délit d’opinion".
Il est vrai que la liberté de dire et de décrire reste un exercice périlleux. Personne ne se bouscule pour regarder les réalités. L’historien Bernard Lewis le remarque, dans la revue Le Débat (mai-août 2008) : "(…) En ce moment nous assistons à un changement dans l’histoire dont l’ampleur égale celle de la chute de Rome, l’avènement de l’islam ou la découverte des Amériques". Il écrit : "Il se pourrait que dans un avenir envisageable des musulmans soient majoritaires dans quelques villes européennes du moins, sinon dans des pays (…)". Mais, pour un fumeux prétexte, le rapport 2006 de la Documentation française, "Immigration et présence étrangère en France", ne sera jamais publié. On y apprenait que les jeunes issus de l’immigration représentent 25% de la tranche des 20-29 ans et que cette proportion devrait dépasser prochainement les 30%. Circulez, rien à voir!
http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2008/05/circulez-rien-a-voir.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire