Maria S. : La sexualité en banlieue est à la fois taboue et sauvage. Malheureusement pour moi, j’ai connu le destin de la femme musulmane. J’ai été violée en punition pour mon « insolence » et mon insoumission. La femme en islam est méprisée, réduite à l’état de chose qui baisse les yeux et qui ne répond pas à l’homme. Cela ne m’étonne pas que les victimes des tournantes n’aient pas pu parler. Cela ne m’étonne pas non plus que les violeurs n’aient aucune conscience du mal qu’ils font. Dans leur esprit, la femme violée est coupable d’avoir été violée. J’en sais, hélas, quelque chose…
Marc Hatzfeld : Il y a dans notre société un tabou sexuel général, il y a un retour en force du puritanisme. La sexualité n’est pas le problème spécifique des classes populaires. Il est vrai qu’elles subissent plus que les autres la dureté de la vie. Du coup, face à ces conditions, les gens sont rudes et cela touche à leur vie familiale et personnelle. Les gens qui vivent dans ces milieux souffrent de façon générale. Sur la question sexuelle, vingt ans en arrière, il y avait encore une vraie souplesse dans les rapports amoureux entre les gens et il existait encore une très grand latitude pour les gens de cultures différentes de se rencontrer.
Depuis 5-15 ans, on est face à un repli des jeunes sur des entre-sois divers, que je ne qualifierais pas de communautaires, car ces entre-sois touchent des critères culturels mais aussi des aspects géographiques. D’une cité à une autre, on se mélange de moins en moins. Autre exemple, concernant les couples mixtes. Il y en avait vraiment beaucoup à l’époque, les sociologues disaient même que les jeunes ne voyaient pas les différences de couleurs de peau ou de façons de se comporter.
Aujourd’hui, ils contrôlent tout et surtout l’appartenance. Il y aussi un autre aspect que l'on doit manier avec prudence mais aussi fermeté, c'est cette grande tension entre l'homme et la femme. Il y a une tendance montante de la part de certains hommes à vouloir contrôler le comportement féminin. (...)
Maria S. : Les garçons des banlieues sont à la fois soumis à l’influence de la pornographie et du puritanisme musulman qui idolâtre la virginité des femmes avant le mariage. Alors, les filles « qui couchent », autrement dit toutes les « gauloises » sont dans leur esprit des « putes ». Moi qui suis d’origine portugaise, j’ai été néanmoins classée dans cette catégorie. Parce que j’ai eu le tort ou l’imprudence de céder aux avances de mon futur mari. J’ai par la suite dû expier devant sa famille la faute d’avoir couché avec lui avant le mariage. Quelque part, je devais être reconnaissante d’avoir été épousée, alors que j’étais au fond une putain chrétienne que seule la conversion à l’islam et la soumission totale à mon mari pouvaient peut-être sauver.(...)
http://www.atlantico.fr/decryptage/violences-frustrations-puritanisme-enorme-tabou-sexualite-dans-banlieues-maria-marc-hatzfeld-509515.html
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