mardi 23 octobre 2012

Ces nouveaux antisémites qu'on ne veut pas voir


(...)  Mais «l'année 2000 marque un véritable tournant, avec trois pics importants en 2000 (744 faits), année de la deuxième intifada, en 2002 (936 faits), avec la guerre en Afghanistan, les tensions autour de l'Irak et l'aggravation du conflit israélo-palestinien, et en 2003 (601 faits)». «La situation est plus difficile à appréhender après 2005», poursuit la commission, qui constate une baisse des actes antisémites, sans pour autant retomber au niveau des années 90. De fait, on relève des «pics de violence» en 2006 (année du gang des barbares, 571 faits) et en 2009 (815 faits), marquée de fortes tensions dans la bande de Gaza. 

Mobile ? La CNCDH se refuse à accréditer la thèse d'un retour de l'antisémitisme et préfère évoquer des «raisons conjoncturelles», situant les pics dans «un contexte de hausse des préjugés et de la violence en général, et pas uniquement d'une stigmatisation des personnes juives». Et de rappeler le chemin parcouru depuis 1946, quand à peine le tiers de la population adulte considérait qu'un Français d'origine juive était «aussi français qu'un autre Français». «La France, poursuivent les experts de la CNCDH, n'est pas, dans l'ensemble, un pays antisémite, même si les opinions antisémites sont plus élevées chez les Français issus de l'immigration que dans les autres couches de la population, surtout chez ceux qui se déclarent musulmans pratiquants.» Un antisémitisme plus marqué chez les personnes âgées, les moins diplômées et les«plus à droite». 

Les chiffres de Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), émanation de la communauté, vont dans le même sens, même s'ils sont plus contestés parce qu'ils recensent pêle-mêle attaques de synagogues, agressions de rabbins, rackets de gamins portant la kippa, jets de pierres contre les écoles juives, dégradations dans les cimetières et tags antisémites. Ils s'écartent très sensiblement de ceux du ministère de l'Intérieur à partir de 2010 (800, au lieu de 466 faits signalés), fossé qui se creuse encore en 2001 : 724 faits, au lieu de 389 officiels, sans doute parce que l'organisme communautaire intègre dans ses données les blogs et les tweets. Pour 2012, le BNVCA annonce déjà 487 faits, dont 213 depuis la mort «en martyr» de Merah. 

Au-delà de ces données brutes (dans tous les sens du terme), il y a cette ambiance jamais vue dans les quartiers. Des communautés entières ont déserté les territoires les plus exposés. Ils ne sont plus qu'une poignée de juifs à fêter Kippour à La Courneuve, alors qu'ils étaient hier encore plus de 600. Ils ont massivement quitté Stains, Pierrefitte, Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, pour des communes jugées «plus sûres». Les responsables communautaires reçoivent tous les jours des demandes de juifs qui veulent déménager ou changer leur enfant d'école. Le nombre de personnes qui planquent leur étoile de David dans les transports en commun ne cesse d'augmenter, et il est de plus en plus difficile d'évoquer la guerre d'Algérie ou la Shoah dans les écoles de la République. 

La faute à qui ? A ceux qui diabolisent Israël, comme le proclament les plus extrémistes dans la communauté juive ? On pourrait aussi souligner le silence (de trouille, probablement) et la totale désorganisation de la communauté musulmane en France, au sein de laquelle personne ne s'est vraiment levé pour épingler Merah au tableau des horreurs et ranger Jérémie Louis-Sidney parmi les extrémistes infréquentables (...)

http://www.marianne.net/Ces-nouveaux-antisemites-qu-on-ne-veut-pas-voir_a223627.html

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