Nous venons d’assister ces derniers jours à une nouvelle étape de la crise antisémite française qui nous remémore la politique erronée du parti socialiste, sous le gouvernement Jospin, quand Daniel Vaillant était au ministère de l’intérieur. Les deux événements qui nous donnent à le penser sont en lien évidemment avec le contre-coup en France de ce « film » minable sur le prophète Mahomet, avec la manifestation qui s’est improvisée sur les Champs Élysées.
C’est dans le discours des médias que je décèle le dispositif que je me propose d’analyser, en mettant deux choses en parallèle : la promptitude avec laquelle les télévisions et la presse se sont faites l’écho d’un mensonge en annonçant que le film était l’œuvre d’un israélo-américain, marchand de biens et financé par des Juifs ainsi que l’omission dans tous les reportages et rapports de l’unique slogan des manifestants des Champs Élysées : « Etbabkh el yahoud/égorge les Juifs » que tout le monde peut voir et entendre sur internet.
Il y a d’abord beaucoup à dire sur chacun de ces événements. Les médias n’ont jamais statué devant le public sur la désinformation à laquelle ils se sont livrés. On est passé au complot copte sans aucune transition. Or, c’est la première information qui compte et qui reste marquée dans l’esprit. En l’occurrence elle témoignait d’un grave préjugé raciste : la volonté de provocation et la violence des Juifs, majorés du coefficient des « deux satans » chers aux Iraniens, les États-Unis et Israël, de la richesse des Juifs (Israélo-américain était crédité d’être un « marchands de biens » dans l’immobilier), et du complot juif impliqué dans la notion de financement multiple, tout cela indiquant en filigrane l’innocence des musulmans dont, on suppose, de facto, la colère légitime.
C’est aussi inquiétant de voir comment les journalistes pour introduire jour après jour à toutes les violences odieuses qui se sont produites de par le monde les expliquent toujours en relation avec ce film, alors que tous les analystes savent pertinemment qu’il n’était qu’un prétexte pour « fêter » le 11 septembre en le cachant dans une réaction indignée et victimaire. Ils accréditent ainsi la manipulation des islamistes qui prétendent agir en victimes d’une agression et qui appellent à manifester sur cette base.
Nous nous retrouvons dans une situation semblable à celle du meurtre de Toulouse, lorsque les médias avaient sans réfléchir accusé l’extrême droite, et c’est à nouveau l’illustration que les faiseurs d’opinion ont un scénario tout fait des événements avant même qu’ils se produisent et qui fait écran à la réalité et impose au grand public une version mensongère, à la source de malentendus appelés à aller en s’approfondissant et en s’enroulant l’un sur l’autre. Le principe de ces préjugés consiste toujours à accuser les Juifs et à innocenter les milieux islamiques. L’accusation, en l’occurrence, atteint des proportions énormes : tout y est possible sans que personne ne bronche, au point que la violence d’Israël et des Juifs est devenue un fait d’évidence.
Qui remarque qu’elle est criminogène ? Les « jeunes » qui ont manifesté et qui appelaient au meurtre des Juifs réagissaient peut-être à ce mensonge des médias, ou en tout cas à une précipitation informative qui n’a pris aucun soin de vérification parce qu’elle est inspirée par l’idée de la culpabilité permanente des Juifs. Car c’est des Juifs qu’il est question : le slogan des manifestants sont clairs. Et qui sont les Juifs que l’on conspue sur les Champs Élysées sinon les Juifs français ?
C’est là qu’est tout le problème : pourquoi la séquence en question a-t-elle été censurée par tous les médias ? Tous les médias ! Ce qui suppose qu’il y a un donneur d’ordres à l’ensemble de la presse ? C’est presque inconcevable. Mais c’est pourtant ce qui s’est passé en 2001-2002 lorsque l’information sur 450 agressions antisémites a été durant de très longs mois censurée par l’information publique, le gouvernement et les institutions juives parce que le gouvernement en avait décidé ainsi, on l’a su plus tard « pour ne pas jeter de l’huile sur le feu » si bien que les alertes des Juifs à l’opinion se voyaient taxées de racisme et d’agressivité. C’est cette erreur politique fondamentale qui a ouvert la voie au nouvel antisémitisme et à l’ère de troubles de masse dans laquelle l’a France ne fait qu’entrer.
Dès le départ on a pu observer la gène de la TV à rendre compte de cet événement, très parcimonieuse en images et commentaires, avant que Manuel Valls n’intervienne sur FR2 puis que commence la valse des critiques partisanes. Mais les Français n’ont jamais entendu « égorgez les Juifs » sur « la plus belle avenue du monde ». Au point que leur connaissance de la situation est profondément biaisée et faussée et au désavantage des Juifs, dans la perspective de ce qui risque de se produire par la suite.
Nous savions déjà depuis 2001 comment les médias prompts à accuser Israël cachaient de façon préméditée et méthodique les aspects négatifs et compromettants des Palestiniens ou de tout autre acteur arabe, tout en surexposant de façon obsessionnelle les pseudo défaillances d’Israël. Regardez bien la télévision quand on interroge un Palestinien quand il dit « Yahoud » la traduction dit « Israéliens ». C’est une réécriture totale de la réalité qui se produit depuis maintenant 12 ans. Ainsi les Français n’ont jamais rien entendu de l’antisémitisme et du racisme qui se donnent libre cours dans le mode arabo-islamique où les appels au meurtre des Juifs sont permanents et d’abord chez les chers Palestiniens, oui, mais eux, ils sont « autorisés » puisqu’Israël est coupable. On les « comprend » ( ce que disait Védrines en 2001).
En l’occurrence, dans le cas qui nous préoccupe maintenant, la réécriture est scandaleuse, car en écartant les appels au meurtre du reportage, on nous a montré des manifestants, des « jeunes » des banlieues, qui protestaient de leur bonne foi et disaient leur indignation, demandant le respect. On a vu une « nourrice assermentée » en voile hurler contre la violence des policiers. On a parlé de 4 policiers blessés mais on n’a vu aucune scène de confrontation. De même on a qualifié les jeunes venus des banlieues, de jeunes comme les autres « en baskets », qui subissent la crise économique. Or ce sont les mêmes qui hurlaient « mort aux Juifs ». En somme, malgré la condamnation de la manifestation, le schéma victimaire habituel fut reconduit. « L’information » qui arrive au public est ainsi le résultat d’une totale réécriture de l’événement. Tout comme dans la propagation du mensonge sur les origines du film, le résultat est globalement défavorable aux Juifs dont personne ne saura qu’ils sont exposés à la haine antisémite de façon courante. Bien au contraire, on retiendra qu’Israël est coupable. Et on sera étonné quand un Merah tuera des Juifs. Comment le pourrait-il ? Il n’y a pas d’antisémitisme dans le monde musulman ! Ce fut bien là l’essentiel du débat journalistique sur le massacre de Toulouse : les journalistes ont cherché longtemps toutes les explications possibles, toujours victimaires et sociologiques, sauf la motivation de l’islam. Aujourd’hui confirmée.
Le hasard a fait que deux jours après le président de la République inaugurant l’exposition d’art islamique au Louvre se livre à un discours incroyable, fustigeant les extrémistes mais nous disant ce qu’est le véritable islam et affirmant que la violence des intégristes déformait le véritable islam. Discours très étonnant, qu’on n’imagine pas possible au profit d’une autre religion et qui surenchérit sur l’innocentement. La République sait ce qu’est l’islam ! C’est plutôt aux musulmans de dénoncer ce qu’ils pensent être une falsification de leur religion. Pas au président de la République. Sur ce plan-là le recteur de la mosquée de Paris a été autrement plus sérieux en lançant un grave avertissement à la société, en affirmant avec toute la gravité que ce qui s’était passé constituait un grave tournant, très dangereux, augurant de lendemains violents. Dommage qu’une semblable condamnation claire et musclée ne soit jamais venue de sa part pour condamner la haine des Juifs qui fait rage dans le monde musulman et dans la bouche de ses plus hautes autorités, je pense à l’imam Qaradawi, entre autres, chef du conseil de la fatwa pour l’Europe, un personnage décisif donc pour les musulmans français, qui avait appelé il y a quelques mois au Caire au meurtre des Juifs, devant un million de personnes. Personne n’a entendu cela en France au moment où on célébrait le « printemps ». La nouvelle fut censurée, alors que les caméras de la TV vivaient au rythme de la place Tahrir. Pour que Qaradawi ne représente pas l’islam, et il le représente officiellement et institutionnellement, il faudrait qu’il soit formellement désavoué et combattu par d’autres autorités instituées. Nous n’en avons eu aucune jusqu’à ce jour et il y a de quoi être choqué des réactions courroucées du CFCM. On ne l’a jamais entendu se démarquer de ce discours on ne peut plus officiel pour l’islam.
La case manquante de l’information finit toujours par se retourner contre les Juifs et renforcer le discours victimaire auto-complaisant des activistes islamiques. C’est ce que nous avons vu à l’œuvre, documenté et démontré depuis 12 ans. Ce n’est pas pour la sauvegarde de « la paix publique ».
Par Shmuel Trigano – JSSNews
PS : le nouveau scandale lancé par Charlie Hebdo est aussi significatif de l’idéologie dominante. En portraiturant un Juif orthodoxe poussant la chaise roulante d’un musulman (et donc la dirigeant), il « justifie » la provocation anti-musulmane en « l’équilibrant » par une comparaison de l’intolérance islamique avec une pseudo-intolérance judaïque. J’aimerais que l’on nous donne des exemples de l’intolérance des Juifs sur le plan français et que l’on nous montre son caractère meurtrier dans le monde entier. Nous observons ainsi comment les critiques de l’islam instrumentalisent l’antijudaïsme pour éviter d’être taxés de racistes et dire en même temps leur critique des Juifs. C’est d’autant plus odieux que ces mêmes juifs, eux, n’ont jamais bronché devant les énormités que les médias débitent depuis 10 ans sur la communauté juive et Israël.
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