Plus un pouvoir est totalitaire, plus il cherche à se soumettre la culture. La politique de Bruxelles qui prétend absolument introduire la Turquie dans l'Union Européenne contre la volonté des peuples manifestée par de nombreux sondages et trois référendums, n'échappe pas à cette tentation.
Afin de nous familiariser avec cette nation asiatique, une saison de la Turquie a été lancée le 1er juillet dernier qui nous a valu du 11 au 16 octobre, l'illumination de la Tour Eiffel aux couleurs ottomanes, surmontées du croissant islamique.
Aujourd'hui, c'est par une exposition que cette campagne de promotion se poursuit : elle est placée sous la haute autorité de MM. Erdogan et Sarkozy, qui pourtant clame son opposition à ce que l'Union Européenne franchisse le Bosphore. Son titre, De Byzance à Istanbul, un port pour deux continents , porte pourtant en lui-même une invitation à franchir le détroit.
La glorification du meurtrier d’une civilisation
Pourquoi exclure de cette nomenclature la chrétienne Constantinople, qui fut le nom le plus durable de cette deuxième Rome, capitale de l'orthodoxie qui protégea onze siècles durant la Chrétienté des invasions barbares, comme s'il s'agissait d'une parenthèse négligeable entre la Byzance antique et païenne fondée par Byzas en 660 av Jésus Christ et l'Istanbul musulmane d'aujourd'hui, nom qui signifie en turc la plénitude de l'islam, et fut imposé à la ville par Mehmet II (équivalent en langue ottomane du nom de Mahomet) après l'avoir conquise en 1453 ? L'image suggère la même idée que l'onomastique car si l'affiche reproduit le buste en bronze de l'Empereur chrétien Constantin qui refonda Byzance en 330, celui-ci est surmonté du portrait du Sultan Mehmet II, plus volumineux et plus visible grâce à son turban blanc .Veut-on signifier par là que l'Islam est l'avenir du christianisme et du judaïsme, selon l'enseignement des oulémas soutenant que la révélation faite au prophète Mahomet et consignée dans le Coran a rendu définitivement caduques ses ébauches falsifiées contenues dans l'Ancien et le Nouveau Testament ? On peut s'étonner qu'une affiche reniant ainsi nos racines chrétiennes et glorifiant un meurtrier de notre civilisation s'étale sur les murs de notre capitale.
Mais pénétrons dans le Grand Palais : les premières salles, selon l'ordre chronologique, offrent au regard quelques beaux marbres antiques, de superbes mosaïques et instruments liturgiques orthodoxes, des objets usuels et des ivoires vénérables, le tout accompagné de panneaux explicatifs censés éclairer le visiteur sur le devenir de la ville, mais beaucoup de textes, truffés d'omissions ou d'affirmations tendancieuses, relèvent d'une propagande éhontée.
Comment l’Asie mineure devint la Turquie
Ainsi on ne prend pas la peine d'expliquer au visiteur comment l'Asie Mineure devint la Turquie, autrement dit comment cette terre pétrie d'hellénisme depuis près de deux millénaires et christianisée depuis mille ans, patrie d'Héraclite, de Thalès et de St Paul, fut envahie à partir du XIème siècle par des peuples nomades islamisés venus du Turkestan, les Seldjoukides, suivis d'un peuple frère, les Ottomans, qui s'emparèrent définitivement du pouvoir. Nulle mention n'est faite de la décisive bataille de Mantzikert où, en 1071, le seldjoukide Alp Arslan défit à plates coutures les troupes de l'Empereur Romain IV Diogène, évènement qui hâta la turquisation et l'hellénisation de l' Anatolie et dont la nouvelle, parvenue à Rome, décida les Papes à déclencher la 1ère Croisade pour parer à la grave menace qui planait désormais sur la chrétienté.
Le visiteur mal informé
On laisse le visiteur mal informé supposer que les Turcs sont le produit d'une génération spontanée surgie du sein de l'Asie Mineure...On nous annoncera peut-être de même, un jour que les Turcs immigrés chez nous sont des Français de souche, et si nous contestons cette « vérité » historique, nous n'aurons plus qu'à émigrer nous-mêmes!
La tragédie du siège de Constantinople, du 2 avril au 29 mai 1453, par 150.000 Turcs et apparentés, souvent renégats, contre 10.000 Grecs enfermés derrière leurs remparts est évoquée avec des pudeurs de jeune fille. Il est vrai, comme le note Jacques Heers, que les historiens ottomans furent muets sur l'horreur du drame et la barbarie du vainqueur, que révèlent au contraire les chroniqueurs chrétiens de tous bords, qu'ils fussent grecs ou latins : 4.000 tués, un marché de quelques 60.000 esclaves, les incendies de manuscrits précieux. On était en droit d'attendre des organisateurs turcs et européens de l'exposition un effort de mise à jour de leurs connaissances et un peu plus d'objectivité.
La national-islamisme turc cause des troubles n’est pas nommé
Même attitude, encore plus négationniste à l'égard du génocide arménien et assyro-chaldéen, sans compter la répression féroce des mouvements de libération nationale des peuples colonisés par l'Empire Ottoman: Serbes, Grecs, Bulgares, Roumains, Macédoniens qui passionnèrent tout ce que l'Europe comptait alors d'intellectuels progressistes : Byron, Delacroix, Victor Hugo pour ne citer que ceux-là. Les panneaux relatifs à cette période se contentent d'évoquer confusément « les conflits meurtriers, les nationalismes exacerbés, les violences ethniques », sans désigner les responsables, ou plutôt en faisant le procès des nationalismes, sous-entendu européens, alors que le national-islamisme turc, principale cause des troubles, n'est pas nommé.
On peut constater en outre que ces textes explicatifs véhiculent les thèmes éculés de la propagande euro-mondialiste : diabolisation du nationalisme pour légitimer l'immigration et glorification du cosmopolitisme ; le panneau intitulé « religions » vante le régime de communautarisme instauré par Mehmet II sans préciser que le milet est loin de répondre aux revendications de nos associations bien-pensantes ; l'égalité, la non-discrimination et la tolérance religieuse pour les allogènes, car depuis 1453 juifs et chrétiens sont soumis en Turquie au régime de dhimmitude qui limite les droits des non-musulmans sur les plans fiscal, politique, juridique et religieux.
Splendeurs ottomanes ou chef d’œuvres antiques et chrétiens ?
Les œuvres exposées dans les salles consacrées à la période ottomane de Constantinople -gravures, peintures reflétant la vie quotidienne des Ottomans- sont dues à des artistes européens, l’islam interdisant la représentation figurée, ce qui cantonne la production artistique, en dehors de l'architecture, dans le domaine de l'artisanat.
Somme toute, en fait de splendeurs ottomanes, le visiteur a surtout droit aux chefs d'œuvres antiques et chrétiens ayant échappé à la fureur destructrice des Seldjoukides et autres Ottomans, conservés dans les musées pour les touristes, mais exclus du véritable patrimoine ethnique car étrangers à la culture turque.
Pas de symbiose entre l’orthodoxie et l’islam sunnite
Contrairement à la leçon que voudraient nous faire ingurgiter les organisateurs de cette exposition, ce que nous avions de commun avec Byzance a été en grande partie détruit et ne subsiste plus qu'à titre de témoignage sur un passé mort, car on ne constate pas de symbiose, ni même de coexistence pacifique entre l'orthodoxie et l'islam sunnite, pas plus qu'entre l'esprit grec et l'esprit turc, comme le montre la situation de Chypre, ou la fuite des chrétiens (ils étaient 30% de la population turque en 1900 pour 1% aujourd'hui).
Le génie turc est essentiellement militaire
On sort du Grand Palais avec l'idée que le génie turc est essentiellement d'ordre militaire : un panneau nous rappelle que l'Empire Ottoman créa la première armée permanente de l'histoire, (en partie prélevée sur les familles chrétiennes des Balkans astreintes au devshirmé, c'est à dire à l'obligation de livrer 1/5ème de leurs enfants) ce qui lui permit de terroriser l'Europe durant trois siècles, jusqu'à ce que la l'avance scientifique et technique de l'Occident renverse les rapports de forces. Aujourd'hui la Turquie fournit à l'OTAN sa deuxième armée par le nombre des fantassins et des chars. Sous l'effet d'une inconscience criminelle et démissionnaire de nations devenues essentiellement marchandes, les 27 membres de l'Union Européenne, ce nain politique sous tutelle états-unienne, se rapprochent de plus en plus de l'intégration de la Turquie et vont même jusqu'à lui verser des crédits d'adhésion, nouvel avatar des tributs versés autrefois aux sultans par les peuples soumis.
Une exposition aux relents orwelliens
Cette exposition désinformatrice qui veut nous faire croire à un sens de l'histoire inéluctablement orienté vers l'avenir radieux d'une collaboration harmonieuse entre l'Europe et la Turquie, en dépit des leçons de l'Histoire, dégage des relents orwelliens: « Celui qui a le contrôle du passé ,disait le slogan du parti, a le contrôle du futur; celui qui a le contrôle du présent contrôle le passé. » Mais l'Histoire se laisse-t-elle contrôler si facilement par des géopoliticiens traitres à leur propre civilisation ?
Véronique Aviano
Polémia
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