Visas d'étudiant : une faille dans le contrôle aux frontières du Royaume-Uni
LE MONDE
Les dysfonctionnements s'ajoutent aux "bourdes" dans l'affaire des tentatives d'attentats présumés, déjouées mercredi 8 avril, qui auraient visé à faire exploser des bombes à Manchester. Ce fut d'abord l'imprudence du patron de la brigade antiterroriste, Bob Quick, photographié en arrivant au 10 Downing Street avec, sous le bras, un document sur lequel étaient clairement indiqués les noms des suspects et des lieux où les attentats devaient être commis. Ce sont maintenant les procédures d'octroi de visas d'étudiant qui sont mises en cause.
Le premier ministre britannique, Gordon Brown, avait la tête des mauvais jours en annonçant "un complot terroriste majeur". Les tentatives d'attentats déjouées lors de l'opération baptisée "Pathway" (prévue le jeudi 9 avril et avancée au mercredi après la fameuse "bourde"), mettent en cause douze personnes, dont onze étudiants originaires du Pakistan.
Selon des sources policières, les suspects arrêtés lors de quatorze raids dans le nord-ouest de l'Angleterre visaient deux centres commerciaux, une boîte de nuit et une place de la troisième agglomération du royaume. Les terroristes présumés seraient liés à Al-Qaida, indique-t-on de même source. Ils étaient surveillés depuis deux semaines à la suite d'interceptions de communications téléphoniques par un service de renseignement étranger faisant état de préparatifs d'attaques contre des objectifs situés à Manchester.
Ces interpellations ont mis en lumière les lacunes des procédures d'octroi de visas d'étudiants. Le ministère de l'intérieur estime à 2 000 le nombre d'écoles de langues bidon prétendant enseigner la langue de Shakespeare aux jeunes étrangers. "L'abus du système de délivrance de ces visas est la plus grande faiblesse de nos contrôles aux frontières", a reconnu, en mars, le secrétaire d'Etat à l'immigration, Phil Woolas.
Actuellement 330 000 étudiants étrangers séjournent outre-Manche. En 2008, le Royaume-Uni a accueilli 9 300 étudiants pakistanais. Les procédures ont été durcies récemment en exigeant des étudiants présumés leurs empreintes digitales. Par ailleurs, tous les candidats doivent être présentés par une université ou une école de langues dûment agrée. En effet, les islamistes sont soupçonnés d'infiltrer les universités britanniques, "en profitant de la liberté d'expression sur les campus, ouverts et accueillants, pour recruter des militants", insiste Anthony Glees, directeur du centre du renseignement et de la sécurité de l'université de Buckingham.
La méfiance envers la police, la tradition d'autonomie des universités et l'absence d'une véritable tutelle gouvernementale entravent la coopération entre les autorités académiques et le contre-espionnage. La question est désormais de savoir si les activistes présumés ont été recrutés avant d'immigrer ou s'ils se sont organisés une fois sur place. Ont-ils été envoyés en service commandé par Al-Qaida ou se sont-ils rencontrés à l'université ou à la mosquée ? Autant de questions auxquelles la police espère répondre rapidement.
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