mardi 10 avril 2012

Meaux : une lycéenne harcelée pour sa liberté vestimentaire

Abdel*, 16 ans, est décrit comme un élève brillant, « ouvert sur tout sauf la religion ». Ce lycéen, en 1re ES à Meaux, musulman pratiquant, a envoyé des textos d’insultes à une camarade dont il ne supportait pas le port du slim (jean serré) ou du collant opaque sous une jupe à hauteur des genoux.
Nadia* a reçu des SMS blessants la semaine du 19 mars : « Pute » ou encore « tu fais honte à la religion », « tu insultes la religion ». Les deux élèves se sont connus dans une option commune de cours d’excellence d’histoire. Ils ont sympathisé.

Accablée d’insultes par textos

Mais, soudainement, leur relation a dérapé. Nadia est une adolescente moderne, discrète et brillante. Pas un brin provocatrice. Elle ne mange pas de porc, fait le ramadan mais ne fréquente pas de lieu de culte. Quand elle met une jupe avec un collant opaque, Abdel l’accable d’insultes par textos. Le garçon croit détenir la définition de la tenue vestimentaire digne, devant cacher toute féminité.
Au bout d’une semaine, un SMS a fini par tomber entre les mains d’un adulte du lycée, qui a aussitôt alerté sa hiérarchie. Abdel a été convoqué par la direction, son comportement a cessé mais il n’est plus retourné en cours par la suite. « Aucune exclusion n’a été prononcée, souligne Jean-Pierre Geneviève, inspecteur académique adjoint. Cet élève a été rappelé à l’ordre et l’établissement noue un contact avec sa famille pour qu’il revienne en cours. » Les parents de Nadia ont voulu déposer plainte mais l’adolescente s’y est opposée, craignant qu’une suite judiciaire handicape la carrière du garçon. « Il a envie d’entrer à Sciences-po », raconte une élève. Au lycée, certains pensent qu’Abdel a agi en amoureux éconduit, sur un coup de tête. D’autres estiment qu’il faut suivre de près ce dérapage. Comme à l’association Ni putes ni soumises, qui par sa vice-présidente meldoise, Rachida Benahmed, « condamne tous les extrémismes et invite l’Education nationale à protéger ces jeunes filles. L’école doit apprendre le respect, la liberté dès le plus jeune âge sinon les extrémistes des quartiers occuperont le terrain ».

* Les prénoms des mineurs ont été modifiés.

Le Parisien

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